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24/11/2014

Aïe, aïe, aïe...Ouille !

Jacques Dutronc nous a appris que le monde entier était un cactus, et qu'il y en avait partout partout, mais vraiment partout ! et bien il y en a aussi dans le portail d'information sur le Compte personnel de formation qui vient d'être mis en ligne. Et pas que des petits, que l'on en juge : 

- A la question "Je suis demandeur d'emploi, que deviennent mes heures DIF au 1er janvier 2015 ?" il est répondu : "Comme pour toute personne ayant des heures de DIF, elles sont utilisables au titre du CPF". Aïe ! en une ligne est évacuée l'épineuse question de la portabilité. Tout d'abord le DIF portable ce ne sont pas des heures mais un budget, ensuite les textes ne prévoient que la reprise des heures constatées par le solde établi par l'employeur au 31/12, ce qui signifie que la réponse n'a aucune base légale. Mais il aurait fallu avouer que la portabilité devenait monnaie de singe à compter du 1er janvier 2015 ! Ouille !


- à la question les formations que l'on peut suivre sont-elles les mêmes pour les salariés et les demandeurs d'emploi, il est répondu non, pour les salariés ce sont les listes de branche et pour les demandeurs des formations qualifiantes du programme régional de formation. Aïe ! Et la liste nationale interprofessionnelle qui sera adoptée demain par le COPANEF et qui est accessible à tout le monde ? pertes et profits ? les partenaires sociaux n'ont-ils pas été consultés ou n'ont-ils pas relu ? Ouille !

- à la question qui détermine les listes de formation éligibles, sont cités les CPNE et les COPAREF. Redisparition du COPANEF qui élabore pourtant la liste principale. Aïe !

- à la question du financement du CPF pour les titulaires, on arrive sur une page inconnue ! Mauvais présage ? Ouille !

- à la question "Puis-je me former à l'étranger ?", il est répondu "Uniquement si la formation figure sur les listes et q'elle est délivrée par un organisme français ou étranger ayant une déclaration en France". Aïe ! que la formation figure sur les listes certes, mais nombre de certifications de l'inventaire sont internationales (le TOIC par exemple). Comment et pourquoi refuser une formation dans un organisme étranger (sur quelle base juridique) dès lors que la formation est éligible ? et comment assujettir à déclaration des organismes qui ne relèvent pas de la règlementation française ? Ouille !

Allez, ça suffit la chasse aux cactus...il faut en laisser pour les autres. Mais gare à ne pas vous piquer !

 

23/11/2014

Oyez, oyez....

Avis à la population métropolitaine et domienne en âge de travailler, ayant volonté d'acquérir des compétences nouvelles, et faisant confiance à la formation pour cela. Vous tous qui attendiez fébrilement, et réclamiez si fort, les moyens d'accéder à la formation, soyez heureux et satisfaits : vous voici dotés d'un compte personnel de formation dont vous devrez faire bon usage. 

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Dans notre société de communication, il n'est de droit qui n'ait son site : sans le virtuel, point de réel. Je vous annonce donc dès à présent la matérialisation virtuelle de votre droit réel avec l'ouverture ce jour, du portail du compte personnel de formation à l'adresse suivante : 

www.moncompteformation.gouv.fr

 Et pour ceux qui se poseraient encore des questions après lecture du susmentionné portail, ils trouveront réponse sur l'excellent forum du non moins méritant Bruno Callens : 

www.compte-personnel-formation.org

Qu'on se le dise !

19/11/2014

Et puis sont venus les autres...

La première année, tu as découvert la vie. La seconde année, ceux qui t'entourent se sont faits plus distincts dans l'environnement. La troisième année, le langage est devenu un jeu dont celui du face à face. En cette quatrième année, tu as véritablement découvert les autres. Sans nous, en toute autonomie, dans un rapport personnel que tu établis avec ceux qui ne partagent pas ton quotidien. Tes grands parents que tu suis avec plaisir vers de nouvelles découvertes, ton parrain parisien avec qui tu retrouves instantanément une complicité naturelle, tous ces enfants rencontrés au hasard des promenades ou côtoyés à l'école. Ta quatrième année fût une course vers les autres pour devenir un peu plus toi même. 

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Et puis il y a Paul. Ton affinité élective. Celui qui chasse les fatigues du matin, les mauvaises humeurs passagères, les moments difficiles. Celui qui se met à l'unisson sans tarder. Celui qui t'aide à grandir en grandissant lui même. Celui qui échange avec toi des rires, des cris, des courses, des jeux, des pensées, des rêves. Paul, ton frère en amitié, ton repère, ton jumeau comme on peut l'être au Sud. 

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Te voir ainsi te construire ta vie propre, choisir tes compagnies, te confronter aux autres et y prendre plaisir et un bonheur quotidien qui rend la vie bien douce. Bon anniversaire Ioannes !

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Accrochés aux branches

Le feuilleton du compte personnel de formation continue...Conséquence de l'approche constructiviste qui prévaut en matière de CPF, autrement dit on construit sans avoir fait les plans au préalable, les problèmes apparaissent au détour du chantier.  Parmi les quelques uns qui parsèment encore le chemin, se trouve la question du rattachement des salariés à une branche professionnelle. Les listes de formation éligibles étant élaborées, notamment, par les CPNEFP et les financements accordés par l'OPCA, il est indispensable de rattacher chaque salarié à l'une et à l'autre. Nous avions soulevé cette question en son temps au Ministère, pour indiquer que le moins mauvais critère en ce domaine qui n'en connaît pas de bon, était celui de la convention collective. Mais nos arguments furent balayés et l'on resta sur l'indicateur clé qui fera le rattachement : le code APE (nous n'avons pas osé parler du NAF....). Ce qui laisse pour le moins rêveur. 

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Paul Leroy - Dans les branches du grand pin

Car outre les approximations qui président à l'attribution des codes NAF, outre les évolutions d'activités non traduites par un changement de code, plusieurs conventions collectives différentes, et plusieurs secteurs d'activités se cachent derrière un même code. Certes les conventions collectives ont leur défaut : pas celui de ne pas couvrir l'ensemble du secteur privé puisque toutes les entreprises qui n'ont pas de CCN relèvent pour la formation de l'interprofessionnel ce qui est assez simple, mais celui de voir des entreprises appliquer une autre CCN que celle de leur secteur. Sauf que la loi prévoit qu'il ne peut y avoir de dérogation en matière de versement des cotisations formation à la CCN obligatoire. Et que le croisement CCN/OPCA fournit les seuls critères pertinents. Mais l'on décida donc qu'il en serait autrement, ce qui nous promet de joyeux méli-mélo en début d'année prochaine. Nous proposerons alors aux initiateurs de la solution de prendre à leur tour un peu de hauteur...et de s'accrocher aux branches. 

17/11/2014

Guetter, déchiffrer, agir !

C'est le leitmotiv depuis le 5 mars : on attend les décrets d'application pour savoir ce que l'on va faire. Leitmotive trompeur car certains n'attendent pas, tout leur travail consistant à faire que les décrets donnent  à la loi la coloration qui correspond le mieux à leurs intérêts. Car l'élaboration de la norme est un long chemin qui part de la négociation, passe par la loi et les débats à l'Assemblée puis chemine dans les méandres des couloirs de l'administration et du Conseil d'Etat, couloirs plus ou moins ouverts aux vents de l'influence, avant de s'incruster sur Légifrance. Fin de la première étape. Car vient ensuite le travail d'interprétation : mais qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire ? 

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On sait qu'un texte, lorsqu'il est mis en circulation, n'appartient plus à ses auteurs mais à ceux qui s'en servent. Et que s'ouvre alors le temps de l'identification des espaces que les textes laissent à l'action. Et au final la responsabilité de chacun dans la mise en oeuvre car il ne faut évidemment pas attendre des textes qu'ils prescrivent ce que nous devons faire, même s'ils le font parfois, mais qu'ils ouvrent des chemins que chacun pourra choisir, ou non, d'emprunter. 

En attendant, voici le point complet des décrets publiés à ce jour et des échéances prévues pour les autres. A vos marques, prêts ? Guettez !

Decrets loi 5 mars - Le point au 12 novembre.pdf

16/11/2014

Au Sud

Le Sud, c'est un pays imaginaire. Et les pays imaginaires, il y a ceux qui pensent que, comme c'est imaginaire, cela n'existe pas. Il y a ceux qui en rêvent, qui le portent en eux, mais qui n'iront jamais, par peur, par manque de foi, par défaut d'avoir sauté dans les trains qui passent quelquefois pour aller au Sud. Il y a ceux qui y vont, qui se brûlent et qui en reviennent, se mettre à l'abri. Il y a ceux qui s'y établissent, s'y épanouissent et s'en servent de boussole, de soleil, de gourmandise, de fête et de quotidien paradis. Lucien Clergue lui, le Sud il le photographiait. 

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Comme le chante Nougaro, à Toulouse l'Espagne pousse un peu sa corne. Mais où est donc passée la deuxième ? Dans ce Sud-Est qui s'habille lui aussi parfois de cette lumière de la vie qui se confronte à elle-même. 

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Dans le Sud, on pourrait vivre un million d'années, et toujours en été. 

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Pourvu que l'on sache prendre le taureau par les cornes, et la vie avec pour l'offrir comme l'on offre de partager son expérience lors des stages photos, ou ses coups de coeur, ses amis et les oeuvres que l'on aime dans les Rencontres d'Arles. Lucien Clergue a toujours été jeune, il est donc mort jeune, comme on vit dans le Sud. 

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12/11/2014

Le soldat inventé

C'est la route du week-end : la rue de Rivoli, les Champs-Elysées, la Défense, la Normandie. Le petit bonhomme connaît bien et commente toujours. La Tour Eiffel qui scintille le vendredi soir, l'Obélisque de la Concorde, les statues équestres qui ouvrent les Champs, la grande avenue, l'Arc de Triomphe. Et puis ce grand pavois balayé par les courants d'air de l'arche, que l'on ressort  pour les cérémonies. Alors je lui parle du soldat inconnu et de plus inconnu encore, sa femme. Le petit écoute. Et puis on passe à autre chose. Et lors d'un trajet suivant, tout d'un coup la question : "On va le voir le soldat inventé ?". 

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Moi qui aime les formules courtes, précises et singulières, me voilà servi. Ce soldat inventé débusque la supercherie du soldat inconnu, réduit à un symbole, désincarné, sans corps, sans histoire, sans boue, sans crasse, sans peur, sans courage, démuni de tout puisque ramené à une fonction symbolique plus facile à manipuler que les êtres de chair. Ce soldat inventé, il surgit chaque fois que l'on convoque des mots pour remplacer des êtres, chaque fois que l'on réduit les histoires singulières à une histoire officielle, chaque fois que l'on généralise en niant les individus, chaque fois que la sensibilité particulière doit laisser la place à l'émotion collective. Chaque fois donc que la vérité recule derrière la fiction, surgit le soldat inventé qui occupe toute la place du soldat inconnu. 

09/11/2014

A l'Est

A l'époque, on avait pas un hamster (je veux dire un journaliste avec un bonnet en fourrure sur la tête pour montrer qu'il fait froid) en direct sur BFM TV, I-télé, LCI pour hurler : "Restez avec nous, ici il y a beaucoup d'émotion, les gens s'embrassent dans la rue, c'est extraordinaire...monsieur, monsieur, pourquoi ce moment est si important pour vous ?" et pour passer à un autre car le quidam choisi regardait fixement la caméra, sans même pleurer ce qui aurait été un minimum. Ce soir là,  toutes les fissures et lézardes du mur de Berlin craquaient et laissaient passer des mains, des bras, des jambes, des têtes, des cris, des chants qui ouvraient une nouvelle page d'histoire. 

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La Spree se préparait à redevenir un lieu de promenade amoureuse, où peu à peu les amants allaient oublier les noyés, les pourchassés, les tirés à vue. 

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L'Ouest allait découvrir qu'à l'Est le temps s'était figé. Que les traces de la guerre étaient soigneusement préservées pour maintenir le moral des troupes et persuader les plus récalcitrants que les nazis étaient à l'Ouest, lequel reconstruisait à tout va pour démontrer exactement le contraire. 

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Encore un peu plus à l'Est, à Dresde, il avait bien fallu reconstruire, puisqu'il ne restait plus rien à montrer ou presque. Et la manière dont on avait reconstruit ne laissait aucun espoir de retrouver un jour le paradis perdu. 

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Des voitures minuscules et la grande tour de télévision de Berlin Est, comment mieux faire sentir aux individus leur petitesse face à la grandeur de l'Etat ? 

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L'Alexanderplatz d'Alfred Döblin a laissé place à une agora sur laquelle quelques ambulants vendent d'ignobles saucisses aux égarés qui ont franchi Check Point Charly et cherchent en vain un bistro au coeur de la ville. 

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Celui qui marche sait-il que dans quelques mois, la reconstruction allait commencer ? c'était il y a 25 ans, c'était le monde d'avant. 

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06/11/2014

Dialectique

Colloque mercredi 5 novembre, organisé par la DGEFP, sur la place du travail dans la réforme de la formation professionnelle et plus largement sur la possibilité de prendre appui sur le travail pour se professionnaliser.  Avec la double conviction qu’il est nécessaire de mieux prendre en compte le travail réel dans les situations pédagogiques et que le temps du tout formation comme solution à un problème de compétence, individuelle ou collective, est révolu.

 Allons un peu plus loin : développer ses compétences c’est accepter à un moment donné la confrontation. Confrontation avec de nouvelles situations de travail, confrontation avec des pensées opposées à la sienne, avec des pratiques différentes, avec des méthodes qui ne sont pas les notres. Bref, pour progresser il faut se mettre en situation d’inconfort, sortir des situations endogamiques, du cercle de ceux qui nous confortent et aller au-devant de ceux qui nous dérangent. Rien d’autre que le retour de la dialectique en somme.

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Marcel-G Lefrancq - La dialectique - 1945

 Pour progresser il va donc falloir que je lise le bouquin d’Eric Zemmour, que je passe une journée de travail avec des managers persuadés que le droit du travail est le premier frein à l’économie, que j’accompagne une négociation avec l’objectif qu’elle n’aboutisse pas, que je participe à une table ronde avec Marc Ferracci, que je préconise de s’affranchir de règles qui pourtant font sens, que je lise en détail les jurisprudences qui ne vont à rebours  de constructions qui tenaient la route, que je présente des lois absurdes en essayant de leur donner du sens, que j’encourage l’expression des opinions les plus farfelues dans les formations…et bien j’ai essayé tout cela et manifestement ça marche  (sauf le bouquin de Zemmour, faut pas déconner quand même, je m’en suis tenu à la lecture de Causeur, ce qui n’est déjà pas mal). A ceux qui s’inquiéteraient, livrons une conclusion rassurante : la dialectique on est pas obligé du matin au soir, on peut aussi faire ce que l’on aime, comme on aime, avec ceux que l’on aime. Il faut juste ne pas oublier de sortir, régulièrement, du confort.

05/11/2014

Vague abonde

Dans James Bond contre le Dr No, Ursula sort de la vague en exhibant sa corne d'abondance censée faire tourner la tête du héros de Ian Fleming qui restera impassible jusqu'au bout...ou presque. Dans le Sud, on est bien persuadé que l'abondance ne peut pas nuire et que l'excès est un régime acceptable voire recommandé. A condition toutefois de ne pas se perdre dans la profusion, ce qui est un risque pour qui se penche sur les abondements possibles du compte personnel de formation. Car même en laissant de côté les abondements qui peuvent résulter du compte pénibilité, on peut lister pas moins de 4 sortes d'abondements possibles que l'on pourrait nommer abondement d'acquisition, d'utilisation, d'articulation et correctif (on peut aussi oser "de correction"). 

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Tant de possibilités ne relèvent pas du hasard : conscients d'avoir créé un droit qui peut s'avérer insuffisant, avec ses 24 heures par an et son plafond à 150 heures, pour accéder à la qualification, les députés ont multiplié les possibilités d'augmenter ce crédit. D'où la profusion d'abondements possibles. Pour ceux qui souhaitent s'y retrouver un tant soit peu, gagnez du temps avec la note jointe. Cela vous laissera du temps pour revoir le premier James bond, et pas le moins bon(d).

LES ABONDEMENTS DU CPF.pdf

04/11/2014

Ecole, le retour

L'inscription d'Arnaud Montebourg à une formation de l'INSEAD dans le cadre d'un projet de création d'entreprise a ouvert la boîte aux clichés : "retour à l'école", "l'élève Montebourg", "le Ministre qui doit apprendre à gérer une entreprise", "Mais que va apprendre Montebourg à l'INSEAD ?", "Dommage qu'il ne se soit pas formé avant", "Montebourg reprend son cartable", j'en passe et des moins bonnes. La majorité des commentaires témoignent de trois présupposés :

- la formation continue c'est le retour à l'école ; ce qui en dit long sur l'incapacité de voir la formation autrement que par la formation initiale, ce qui est hélas vrai pour beaucoup de ceux qui ont en charge, aujourd'hui, la formation professionnelle continue ;

- se former c'est signe d'incompétence ; d'où les ricanements narquois devant ce Ministre qui a besoin de se former, signe qu'il est vraiment nul. Alors qu'il faut une sacré dose d'humilité pour reprendre une formation, à tous les niveaux ;

- comment peut-on diriger un Ministère si on n'est pas capable de diriger une entreprise ; ou la confusion totale entre les compétences exigées par des fonctions totalement différentes. 

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Reste la question la moins souvent posée : quel rapport entre les idées défendues par Montebourg homme politique et celles qui guident sa carrière nouvelle ? la réponse ne concernant plus un homme public mais une vie professionnelle privée, elle ne relève que du jugement que chacun porte sur soi et n'appelle donc pas de réponse par autrui. Laissons donc l'ancien Ministre à ses projets et saluons la démarche formative comme il se doit. Surtout qu'à évoquer sans cesse le retour à l'école, les journalistes m'ont donné la nostalgie de cette période où, sur les bancs de l'Université, de jolies filles fredonnaient des chansons de Daho et souhaitaient ne pas quitter leur lit pour que toute la nuit dure toute la vie. Alors comme à l'INSEAD c'était complet, j'ai pris un billet à l'Olympia où l'élégant Etienne continue à chanter ses élégantes chansons. Bien agréable en fait le retour à l'école. 

03/11/2014

Faites votre marché !

Le suspense n'est pas intenable, l'action laisse à désirer, quant au casting je vous laisse juge. Mais si vous souhaitez vous offrir une petite séance de cinéma, en ce lundi matin de rentrée scolaire et de petit goût de fin de l'été indien, vous pouvez aller faire un  tour sur le site du Colloque qu'organise la DGEFP la semaine prochaine. Consacré à la dimension formative du travail, il met en ligne plusieurs interviews, dont l'auteur de ces lignes, sur le sujet. C'est ici et vous pouvez faire votre marché : 

http://www.emploi.gouv.fr/espace-evenementiel/seminaire-f...

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A la question qui m'était dévolue, essentiellement savoir si la loi du 5 mars 2014 faisait une place ou pas au travail formateur, force est de constater un paradoxe : si la défiscalisation des plans de formation ouvre la voie à des formes plus diversifiées de développement des compétences, l'absence d'évolution de la définition de l'action de formation et le cantonnement des OPCA dans un contrôle bureaucratique des actions de formation n'est pas bon signe. Ambivalence des lois de liberté : elles ouvrent des espaces mais elles laissent également la possibilité de les refermer à ceux qui ont en charge de les mettre en oeuvre. Bon assez, discutaillé, place au cinéma !

29/10/2014

Le savoir-faire du rat

Pourquoi parle-t-on de rat de bibliothèque ? parce que le rat dévore tout ce qu'il trouve, sans discernement, comme le bibliomane lit tout ce qui lui tombe sous l'oeil ? aimant les bibliothèques et lisant absolument tout ce qui passe à ma portée, j'ai  toutefois tendance à prendre l'appellation pour un compliment. Au demeurant, l'avantage du comportement ratier, à savoir de tout dévorer, c'est que l'on fait parfois de belles surprises. Ainsi aujourd'hui, cherchant quelques définitions terminologiques, je compulse la norme AFNOR X50-150 (cela pourrait être le nom d'un robot de la guerre des étoiles) et tombe soudain sur la définition du Savoir-être ! persuadé depuis toujours que le savoir-être n'existe pas, qu'il est une supercherie conceptuelle et que la compétence n'est jamais que du faire, je salive d'avance (mon côté rat...) à la lecture de la définition. 

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Exemple de savoir-faire relationnel

Et voici ce que les normalisateurs osent écrire : "Savoir-être : savoir-faire relationnel". Redevenons un instant cartésien (le rat est impulsif de nature et calculateur par culture) : si le savoir-être est un savoir-faire, pourquoi avoir créé le savoir-être si le savoir-faire suffisait ? et pourquoi démontrer par l'absurde l'incapacité qu'il y a à définir en tant que tel le savoir-être si on ne le ramène pas au savoir-faire ? Conforté dans l'idée que l'être relève de la métaphysique et non de la gestion des ressources humaines et que le faire est le royaume de la compétence, je peux retourner à ma bibliothèque, tel un bon rat alléché par tout ce qu'il reste à découvrir.  

28/10/2014

Manqué !

On y a cru l'espace d'un instant, le temps de l'été, celui des amours enfantines. Les conditions paraissaient réunies et il y avait des indices encourageants. Un décret avait bien assoupli, à la fin du mois d'août, les formalités liées à la mise en oeuvre des formations à distance. La notion d'assiduité était apparue, plus pédagogique que celle de présence. La logique poussait en ce sens : tous les financements des OPCA étant orientés vers les coûts pédagogiques et les frais annexes, l'imputabilité ayant disparu, il n'y avait plus beaucoup d'intérêt, du moins du point de vue du droit de la formation, à tracer à l'heure près la présence des participants. Même l'administration en convenait, qui prévoyait dans un décret la fin des feuilles d'émargement. Et puis le Conseil d'Etat est passé par là. Et sans doute cet air du temps un peu poisseux dont n'arrive pas à se défaire le champ de la formation professionnelle, de suspicion permanente. Et du coup, voilà maintenues dans le code du travail, par le décret du 24 octobre 2014 relatif aux OPCA, des dispositions qui n'ont plus de sens qui imposent aux OPCA de ne payer les prestations que sur production des feuilles d'émargement. 

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Sont ainsi confirmées les conditions de la bureaucratisation des OPCA, à qui l'on demande par ailleurs de développer la qualité des formations et leur gamme de services. Tout en maintenant la limitation de leurs frais de gestion (plutôt que d'en laisser la responsabilité aux Conseils d'administration avec une obligation de transparence) et en les obligeant à exposer des coûts, donc, pour une activité inutile. Le même raisonnement peut d'ailleurs s'appliquer aux organismes de formation qui continueront à gérer de la paperasse pour répondre à la défiance que l'on fait peser sur eux et qui perdront une partie de leur capacité à investir. Vous avez dit choc de simplification ? 

27/10/2014

Real robots

Il paraît que ce n'est pas une bonne idée de fabriquer des robots à la pelle. Dans un de ces rapports d'anticipation qui encombrent une actualité dont ils ne traitent pas, s'appuyant sur la veille recette selon laquelle l'annonce de l'Apocalypse ne restera jamais sans succès (génie des rédacteurs de la Bible...), on nous annonce que les robots détruiront trois millions d'emploi à moyen terme se substituant peu à peu aux travailleurs salariés. On avait déjà vu ça avec Real humans, mais avec quelques graphiques et statistiques prolongés à la règle, cela donne un fond scientifique pour finir de paniquer ceux qui aiment bien ça. 

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Bref, le tissu habituel de balivernes, qui pourrait toutefois éventuellement nous faire réfléchir à ces emplois pour lesquels  on est prêt à se battre pour ne pas les livrer aux robots. S'agit-il d'activités que seule l'intelligence artificielle sera capable de réaliser compte tenu de leur complexité ou de la masse d'informations à utiliser ? Celles-là, l'informatisation s'en est déjà occupé. S'agit-il alors de ces tâches répétitives qui ont déjà transformé les individus en robots, leur remplacement n'étant somme toute que le bout de la logique de l'organisation du travail existante ? Car plutôt que de s'effrayer pour un avenir fait de réal humans, il est bien plus inquiétant de constater qu'il existe déjà, et depuis bien longtemps, des real robots. 

24/10/2014

C'est pas les bronzés...

La Cour de cassation a établi une distinction qu'elle s'attache à faire respecter entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Elle reconnaît, et même protège, le droit à la schizophrénie du salarié : si dans le cadre de son activité professionnelle il est soumis au contrôle de l'employeur, il a toute liberté dans le champ de sa vie personnelle, sous réserve de ne pas commettre des actes incompatibles avec l'exécution de son contrat de travail. Si tel était le cas, l'employeur ne pourrait sanctionner disciplinairement le salarié, puisqu'il n'est pas sous l'autorité de l'employeur pour ce qui relève de sa vie personnelle, mais il pourrait toutefois en tirer des conséquences sur le contrat de travail si le comportement du salarié a un lien avec l'activité. Ainsi, il a déjà été jugé qu'il était possible de licencier une salarié d'une CAF, chargée du contrôle des prestations, qui dépose des faux dossiers dans une autre CAF, ou un chauffeur sanctionné pour conduite en état d'ébriété au volant de son véhicule personnel. Pas de sanction disciplinaire donc mais une cause réelle et sérieuse de licenciement. Les juges suprêmes viennent, au-delà de ces deux catégories, de préciser le régime des périodes pendant lesquelles le salarié participe à des activités organisées par l'employeur, en dehors de son temps de travail. Et leur conclusion est que l'entreprise, c'est pas les bronzés !

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Dans la décision rendue le 8 octobre 2014, les juges examinaient le licenciement d'un salarié qui, au cours d'un voyage organisé par l'employeur pour récompenser les commerciaux vainqueurs d'un concours interne, avait manifestement tutoyé la bouteille puis insulté, menacé et agressé ses collègues. Licencié pour faute grave, il contestait la sanction, survenue selon lui en dehors du travail. Mais pour la Cour de cassation, le temps passé à des manifestations organisées par l'employeur, serait-ce en dehors du temps de travail, ne relève pas de la vie personnelle mais de la vie de l'entreprise. Dès lors, le pouvoir disciplinaire pouvait s'exercer. Le licenciement s'en trouve justifié et le salarié débouté. 

Avis donc mesdames et messieurs, les repas de fin d'année, les voyages d'entreprise et les diverses sauteries qui sont organisées par votre employeur, ce n'est pas les bronzés : que cela ne vous empêche pas de vous servir un dernier verre (en atlantide comme il se doit). 

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(Note : Un dernier verre en Atlantide est un recueil de poèmes de Jérome Leroy que nous recommandons vivement à nos aimables lecteurs)

22/10/2014

Les nouveaux amis

Sandrine travaille depuis 20 ans comme assistante commerciale. Elle connaît tout le monde ou presque dans l'entreprise. Elle y a des amis, des connaissances et elle croise aussi des gens qui ne lui parlent jamais. La vie normale. Elle a plus que fait le tour de sa fonction et décide de postuler sur un emploi d'assistante ressources humaines. Elle est retenue et prend ses fonctions. Elle travaille sur tous le périmètre des ressources humaines, elle a accès à toutes les informations, y compris les plus confidentielles comme les salaires, elle participe à tous les projets. Elle se régale. Prise par ses nouvelles activités, un peu stressée par le changement, désireuse d'être à la hauteur, elle qui n'a pas toujours confiance en ses capacités, elle s'investit pleinement. Du coup, elle ne remarque pas au début les petits changements, les attitudes, les comportements. Certains lui parlent moins, d'autres ne l'évitent pas, pas encore, mais sont plus distants, et le mot ami ne lui vient plus aussi spontanément. 

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Ah par contre, elle en a des nouveaux amis. Des personnes qui ne lui parlaient jamais et qui la tutoient, des aussi anciens qu'elles qui la découvrent, des plus récents qui viennent lui demander conseil. Bref, en quelques semaines quasiment toutes les relations ont été revisitées. Quelques exceptions bien sur, mais pas tant que ça. Et un persistant sentiment un peu étrange : celui de tout redécouvrir de cette entreprise qu'elle a l'impression de connaître depuis toujours. Un nouveau monde en quelque sorte, avec de nouveaux amis. Jusqu'au prochain changement de fonction ? 

21/10/2014

Hollande

Le samedi, les rues sont animées dans l'après-midi. Ensuite les magasins ferment tôt. Faudra que j'en parle à Emmanuel Macron. 

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Le dimanche, les magasins sont fermés, pour l'essentiel. Au centre, certains ouvrent de 12h à 17h. Ce qui laisse le temps des relations qui ne sont pas comptabilisées dans le PIB. 

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Dans ce pays où le ciel et la mer s'accordent dans le gris, les couleurs sont partout. Affaire de volonté. 

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Les jeunes filles sont rêveuses. D'ailleurs leur regard se perd dans les nuages. 

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Mais non, elles ne sont pas désincarnées. Etre rêveur n'a jamais empêché de pédaler avec joie dans un décor d'automne qui parsème le sol de feuilles roussies qui accompagnent les joues rosies des jeunes filles. 

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Le batave comme le flamand est industrieux. Et cela n'enlève en rien le goût et la douceur de vivre. Il faut vraiment que j'en parle à Emmanuel Macron. 

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20/10/2014

Un artisan singulier

Vieille question : quelle différence entre un artiste et un artisan ? certainement pas le talent, l’artisan peut d’ailleurs être plus talentueux que l’artiste. Pas plus le génie, auquel ni l’un ni l’autre ne sont tenus. Alors quoi ? d’un côté une capacité à faire, une maîtrise des conditions de production d’une œuvre, de l’autre une capacité à créer, c’est à dire à ne pas reproduire ce que l’on a appris à faire mais à inventer des méthodes nouvelles, des objets nouveaux, des représentations différentes de ce que l’on connaît jusque-là. L’artisan perpétue, l’artiste commence. C’est pourquoi le peintre copiste est un artisan et le bricoleur délirant est un artiste. Reproduction contre création, là se situe la ligne de partage.

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Vermeer est un remarquable artisan. Sa virtuosité technique lui aurait permis de créer à l’infini ces tableaux que la Flandres a produit avec la même profusion que celle que l’on retrouve sur les toiles : bouquet de mille fleurs, banquets de mille mets, fêtes de mille gens ou mers de mille vagues, en ces terres austères l’abondance est une seconde nature.  Mais Vermeer est surtout un artiste, par sa capacité à rendre la lumière, à créer une atmosphère, à intégrer le spectateur à la scène, à faire redécouvrir ce que nous pensions connaître pour l’avoir vu déjà. Et à être le seul à le faire de cette manière.

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Au final, on pourrait dire que l’artiste, c’est un artisan plus une singularité. Celui qui parle de sa propre voix et non avec celle des autres qu’il se contenterait de répéter, quelle que soit la qualité de son élocution. C’est pourquoi il est possible de former des artisans, dès lors que les personnes veulent bien s’inscrire dans l’apprentissage des modes opératoires qu’elles pourront ensuite utiliser. Et c’est pourquoi il n’est pas possible de former des artistes, car c’est leur propre langage, et non celui des autres, qu’il leur faut trouver. 

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Faisons le parallèle avec la compétence : s'il s'agit d'acquérir des modes opératoires, alors référentiels et outils d'évaluations des pratiques seront pertinents. S'il s'agit de savoir quelle contribution singulière chacun peut apporter à une entreprise commune, alors il faudra travailler différemment : travailler plutôt sur le contexte et offrir un environnement propice à la créativité et accepter que toute oeuvre ne soit pas un chef-d'oeuvre, autrement dit comprendre qu'il faut beaucoup de travail et beaucoup d'esquisses pour que la singularité s'incarne dans une production de qualité. Comme les peintures de Vermeer que l'on peut détailler dans le Mauritshuis rénové. 

19/10/2014

Chant vibratoire

L'expérience fondamentale a été vécue en 2009, à la Tate Gallery, dans les grands espaces des salles hautes où étaient présentées les toiles conçues pour habiller les murs de l'immeuble Seagram. Dans l'espace immense, les ondes émises par les peintures de Rothko pouvaient se déployer sans mesure, et pour la première fois à ce point, on pouvait avoir l'impression d'être traversé par ces champs vibratoires qui devenaient un chant intérieur. Cette expérience initiale se répète à chaque confrontation avec les oeuvres de Mark Rothko. 

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Le musée municipal de La Haye, le Gemeentemuseum, présente jusqu'au 25 janvier une splendide exposition de toiles mises à disposition par le musée de Washington. L'occasion de vérifier que Rothko est un chaman. Mais pour cela, il faut se confronter à la toile même. Les peintures de Rothko, pourtant largement diffusées sous forme de reproductions, affiches ou cartes postales et même sur ce blog, sont sans doute celles qui perdent le plus de leur pouvoir à être ainsi dupliquées. Car le changement de support détruit définitivement les ondes qui habitent les couleurs. Ne restent que de jolis ensembles, car Rothko est un excellent coloriste, décoratifs dont on peut orner ses murs sans danger. Tel n'est pas le cas de ces grands formats qui vous attirent, vous absorbent et constituent, pour qui veut bien s'y abandonner, des passages vers des mondes intérieurs dont Rothko a manifestement trouvé la clé. 

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Les peintures de Rothko, c'est la redécouverte sans fin du conseil de Léonard de Vinci aux peintres : "Regardez un mur jusqu'à ce que vous y voyez surgir la scène". Quelles scènes surgissent de ces à plats de couleurs qui ont une profondeur sans fin ? Lorsque l'on regarde ces toiles, on perd l'oreille interne et il faut prendre garde à ne pas tituber. Si vous êtes mystique disait Rothko, voir mes peintures sera une expérience mystique, si vous ne l'êtes pas, ce sera une expérience profane. Regarder vraiment ces toiles, c'est prendre le risque, comme sous hypnose, de voir sa conscience se modifier et faire ainsi l'expérience du dédoublement. Qui est tenté à jusqu'au 25 janvier 2015. 

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