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19/11/2014

Accrochés aux branches

Le feuilleton du compte personnel de formation continue...Conséquence de l'approche constructiviste qui prévaut en matière de CPF, autrement dit on construit sans avoir fait les plans au préalable, les problèmes apparaissent au détour du chantier.  Parmi les quelques uns qui parsèment encore le chemin, se trouve la question du rattachement des salariés à une branche professionnelle. Les listes de formation éligibles étant élaborées, notamment, par les CPNEFP et les financements accordés par l'OPCA, il est indispensable de rattacher chaque salarié à l'une et à l'autre. Nous avions soulevé cette question en son temps au Ministère, pour indiquer que le moins mauvais critère en ce domaine qui n'en connaît pas de bon, était celui de la convention collective. Mais nos arguments furent balayés et l'on resta sur l'indicateur clé qui fera le rattachement : le code APE (nous n'avons pas osé parler du NAF....). Ce qui laisse pour le moins rêveur. 

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Paul Leroy - Dans les branches du grand pin

Car outre les approximations qui président à l'attribution des codes NAF, outre les évolutions d'activités non traduites par un changement de code, plusieurs conventions collectives différentes, et plusieurs secteurs d'activités se cachent derrière un même code. Certes les conventions collectives ont leur défaut : pas celui de ne pas couvrir l'ensemble du secteur privé puisque toutes les entreprises qui n'ont pas de CCN relèvent pour la formation de l'interprofessionnel ce qui est assez simple, mais celui de voir des entreprises appliquer une autre CCN que celle de leur secteur. Sauf que la loi prévoit qu'il ne peut y avoir de dérogation en matière de versement des cotisations formation à la CCN obligatoire. Et que le croisement CCN/OPCA fournit les seuls critères pertinents. Mais l'on décida donc qu'il en serait autrement, ce qui nous promet de joyeux méli-mélo en début d'année prochaine. Nous proposerons alors aux initiateurs de la solution de prendre à leur tour un peu de hauteur...et de s'accrocher aux branches. 

Commentaires

Bonjour JP,

Que tout cela semble complexe... Un salarié devra donc connaitre le code APE de l'activité exercée par son employeur pour savoir à quelle liste de branche il peut accéder, sachant que lesdites listes seront classées par convention collective ??!
Espérons que tout ceci se simplifie une fois mis en place !
Bonne journée !

Écrit par : ValérieC | 19/11/2014

J'en doute...

Après tout, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Pour un juriste, c'est presque une seconde nature. Mais que voulez-vous, nous sommes obnubilés par l'idée de ne plus être indispensable...

Tenez, récemment, une bonne blague que nous a fait le gouvernement.

Il y a quelques jours, la règle traditionnelle (en droit administratif) selon laquelle un silence de deux mois (le délai a longtemps été 4 mois) de l'administration sur une demande est réputée être de rejet a été définitivement abandonnée en application d'une loi de novembre 2013. Désormais "Le silence gardé pendant deux mois par l'autorité administrative sur une demande vaut décision d'acceptation".

Jusqu'à présent, la règle de la décision implicite de rejet se suffisait à elle-même.

L'exception de la décision implicite d'acceptation se retrouvait dans certains textes mais ces textes étaient finalement peu nombreux.

C'était d'ailleurs le cas du DIF dans la fonction publique qui demeure (il est donc inexact d'affirmer que le DIF disparaît le premier janvier prochain).

Maintenant, on se retrouve avec un soixantaine de décrets (!) qui nous détaillent toutes les exceptions et dérogations au principe de la décision implicite d'acceptation, sans compter les textes qui ont modifié les délais...Et vous savez quoi ? Le tout a été conçu dans le cadre du "choc de simplification" ! On sait que Hollande a beaucoup d'humour mais quand même...

Écrit par : bcallens | 19/11/2014

Bonjour,

Merci pour la promo !

Maintenant, il me semble que l'on a eu déjà quelques discussions au sujet de la notion de "vide juridique"...

Or, c'est un peu ce qui se passe. Certaines questions qui se posent pourront être résolues par le raisonnement. Elles susciteront peut-être des controverses (qui devront être tranchées par les tribunaux) mais on pourra dégager des règles (puisque c'est cela que vous faisons en réalité) à partir de celles existantes.

Mais il y a aussi des "trous" que l'on ne peut pas combler par le raisonnement. Ils ne peuvent être comblés que par des textes. Et comme le dispositif est censé être opérationnel dans quelques semaines maintenant, il est douteux que nous soyons prêts.

Nous sommes dans une situation consternante. Le pire est que cela se constate dans d'autres domaines. Le phénomène est généralisé.

Cordialement

Écrit par : bcallens | 19/11/2014

"approche constructiviste". Vous êtes bien indulgent, on pourrait aussi parler d'une approche faite d'improvisations et amateurisme.
J'aimerais voir le cahier des charges complet du CPF (sil existe) afin de comprendre si on s'est lancé la fleur au fusil avec quelques lignes forces et rien en magasin (le plus probable) ou si derrière les retards dans les décrets se cache en fait beaucoup de sérieux et de travail.

Écrit par : cozin | 19/11/2014

Je ne pense pas qu'il s'agisse d'"indulgence"...

Plutôt de l'humour désabusé...

Écrit par : bcallens | 19/11/2014

"le rattachement des salariés à une branche professionnelle".
On avait cru comprendre que la réforme concernait tout le monde (non salariés compris dans un première élaboration du CPF) mais aussi et en premier lieu les salariés les moins qualifiés, les travailleurs précaires, les jeunes sortis sans rien de l'école, les chômeurs de longue durée, les seniors.

Sachant que plus de 80 % des embauches se font désormais en CDD (ou en interim) et qu'un travailleurs précaire peut multiplier les contrats courts (parfois 1/2 journée) tout au long de l'année on aimerait savoir comment ces salariés vont pouvoir être rattachés à des branches professionnelles ?

La manoeuvre tiendra sans doute de l'accrobranche !

La Caisse des dépôts pistera-t-elle un a un les 2 millions de CDD, les 500 00 intérimaires, les travailleurs multipliant les contrats précaires ou seront-ils oubliés une nouvelle fois ?

Prétendre sécuriser les salariés via un compte qui les suivrait tout au long de la vie est facile à écrire mais plus difficile à mettre en oeuvre.

Écrit par : cozin | 19/11/2014

@cozin : pour les intérimaires, ils iront vers le FAF-TT. Les salariés en CDD pourront plus facilement qu'ils ne le pouvaient avec le DIF (dont ils étaient quasiment privés) bénéficier du CPF entre deux contrats sans que la question de la branche ne se pose. Même si le système n'est guère simple par certains côtés, reconnaissons lui les progrès qu'il apporte.
@bcallens: votre remarque comporte sa réponse : des vides juridiques tranchés par les tribunaux, cela signifie bien qu'il n'y a pas de vide puisque les juges nous livreront les réponses si nous sommes incapables de les trouver nous même.

Sinon, patience ! plus qu'un mois pour aller voir de plus près le système d'information et s'y frotter un peu.

jpw

Écrit par : jpw | 20/11/2014

Bonjour,

Vous savez bien que les tribunaux prendront leur temps...Et on a besoin de réponses tout de suite.

Écrit par : bcallens | 20/11/2014

Les commentaires sont fermés.