04/11/2014
Ecole, le retour
L'inscription d'Arnaud Montebourg à une formation de l'INSEAD dans le cadre d'un projet de création d'entreprise a ouvert la boîte aux clichés : "retour à l'école", "l'élève Montebourg", "le Ministre qui doit apprendre à gérer une entreprise", "Mais que va apprendre Montebourg à l'INSEAD ?", "Dommage qu'il ne se soit pas formé avant", "Montebourg reprend son cartable", j'en passe et des moins bonnes. La majorité des commentaires témoignent de trois présupposés :
- la formation continue c'est le retour à l'école ; ce qui en dit long sur l'incapacité de voir la formation autrement que par la formation initiale, ce qui est hélas vrai pour beaucoup de ceux qui ont en charge, aujourd'hui, la formation professionnelle continue ;
- se former c'est signe d'incompétence ; d'où les ricanements narquois devant ce Ministre qui a besoin de se former, signe qu'il est vraiment nul. Alors qu'il faut une sacré dose d'humilité pour reprendre une formation, à tous les niveaux ;
- comment peut-on diriger un Ministère si on n'est pas capable de diriger une entreprise ; ou la confusion totale entre les compétences exigées par des fonctions totalement différentes.
Reste la question la moins souvent posée : quel rapport entre les idées défendues par Montebourg homme politique et celles qui guident sa carrière nouvelle ? la réponse ne concernant plus un homme public mais une vie professionnelle privée, elle ne relève que du jugement que chacun porte sur soi et n'appelle donc pas de réponse par autrui. Laissons donc l'ancien Ministre à ses projets et saluons la démarche formative comme il se doit. Surtout qu'à évoquer sans cesse le retour à l'école, les journalistes m'ont donné la nostalgie de cette période où, sur les bancs de l'Université, de jolies filles fredonnaient des chansons de Daho et souhaitaient ne pas quitter leur lit pour que toute la nuit dure toute la vie. Alors comme à l'INSEAD c'était complet, j'ai pris un billet à l'Olympia où l'élégant Etienne continue à chanter ses élégantes chansons. Bien agréable en fait le retour à l'école.
00:38 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : daho, montebourg, école, formation, insead, travail, emploi, musique, chanson
20/10/2011
Le grand sommeil
Ils sont nombreux à nous rappeler les "réalités économiques", comme si l'économie ne relevait pas, à l'instar de tout le champ social, d'un construit mais d'un donné. L'homme ne serait que caprices et l'économie aurait ses lois d'airain, autant dire des lois naturelles. Qu'une telle inversion puisse sembler l'évidence chez certains est toujours source de stupéfaction voire d'effroi. C'est ce vent glacial du retour à la réalité qui souffle sur les années 90. En 1991, Martine Aubry, déjà Ministre du Travail, restreint le crédit formation "aux emplois disponibles dans l'économie". Et puis la formation disparaît des radars : les années 1992 et 1993 sont terribles pour l'emploi et comme souvent, toujours pourrait-on dire, dans ces cas là, plutôt que de déléguer, multiplier les signes de confiance et parier sur les initiatives de la base, le pouvoir considère que lui seul doit tenir le manche dans la tempête. Ce sera, déjà, la réforme des OPCA qui laissera sur le carreau près de 150 organismes mutualisateurs, entre 1993 et 1995. Est également porté disparu pendant 10 ans le dialogue social alors qu'il était moteur en matière de formation professionnelle. Du coup la belle s'assoupie : pour le secteur de la formation, les années 90 resteront comme le grand sommeil.
Giorgione - Vénus endormie - 1510
La croissance revenue à la fin des années 90 ne modifiera pas la donne : l'envol de l'économie numérique, surnommée économie virtuelle par ceux qui voudraient continuer à croire aux réalités économiques de papa, dope l'activité et l'emploi. Pas la formation : dans les start-up on se forme en travaillant et d'une manière plus générale on fait d'ailleurs plein de choses en travaillant. Mauvais temps pour les frontières et repères traditionnels. La formation informelle triomphe, les bricoleurs informatiques trouvent à exercer leurs compétences, mais les thermomètres habituels sont incapables de prendre la mesure de ces pratiques nouvelles. On court vers la fin de siècle et certains continuent à croire à la fin de l'histoire. Le réveil ne va pas tarder.
00:14 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : formation, éducation, politique, économie, peinture, giorgione, daho, ressources humaines