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27/10/2014

Real robots

Il paraît que ce n'est pas une bonne idée de fabriquer des robots à la pelle. Dans un de ces rapports d'anticipation qui encombrent une actualité dont ils ne traitent pas, s'appuyant sur la veille recette selon laquelle l'annonce de l'Apocalypse ne restera jamais sans succès (génie des rédacteurs de la Bible...), on nous annonce que les robots détruiront trois millions d'emploi à moyen terme se substituant peu à peu aux travailleurs salariés. On avait déjà vu ça avec Real humans, mais avec quelques graphiques et statistiques prolongés à la règle, cela donne un fond scientifique pour finir de paniquer ceux qui aiment bien ça. 

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Bref, le tissu habituel de balivernes, qui pourrait toutefois éventuellement nous faire réfléchir à ces emplois pour lesquels  on est prêt à se battre pour ne pas les livrer aux robots. S'agit-il d'activités que seule l'intelligence artificielle sera capable de réaliser compte tenu de leur complexité ou de la masse d'informations à utiliser ? Celles-là, l'informatisation s'en est déjà occupé. S'agit-il alors de ces tâches répétitives qui ont déjà transformé les individus en robots, leur remplacement n'étant somme toute que le bout de la logique de l'organisation du travail existante ? Car plutôt que de s'effrayer pour un avenir fait de réal humans, il est bien plus inquiétant de constater qu'il existe déjà, et depuis bien longtemps, des real robots. 

16/09/2014

Le meilleur est avenir

C'est donc entendu, le code du travail devient un bréviaire managerial en indiquant quand, comment et pourquoi employeurs et salariés doivent prendre le temps de se parler. La loi du 5 mars 2014 n'échappe pas au mouvement qui prévoit un nouvel entretien obligatoire, sous la forme d'un "entretien professionnel". L'appellation n'est pas très heureuse, puisqu'un entretien professionnel, au format très différent, avait déjà été créé en 2004. Mais pourquoi donc un nouvel entretien ? pour parler d'avenir et c'est là que les difficultés commencent. 

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Aborder dans un entretien le travail effectué, l'atteinte des objectifs, les moyens d'accompagnement nécessaires, rien de plus simple. L'activité est un support objectif sur lequel on peut s'entendre. Mais devoir envisager avec chaque salarié les perspectives d'évolution de l'emploi occupé à deux ans et les perspectives d'évolution du salarié à la même échéance, c'est une autre paire de manche. On pourra toujours essayer de nourrir l'entretien avec la politique de formation, de mobilité, l'utilisation envisageable du Compte personnel de formation ou encore recueillir les souhaits des salariés. Mais il faudra bien parler d'avenir, sans que chaque manager ne le peigne à ses couleurs, sans que chaque perspective ne prenne forme d'un engagement et sans que les scénarios envisagés ne constituent des limites à l'invention de l'avenir. Autant dire que ce n'est pas gagné, même si le meilleur est toujours avenir. 

SUPPORT ENTRETIEN PROFESSIONNEL.pdf

07/05/2012

Une autre musique

En 1985, Barclay ne renouvelle pas le contrat de Claude Nougaro. Son dernier album est décevant. Sa carrière paraît derrière lui, lentement déclinante. Ses succès de demain seront ceux d'hier et l'on imagine guère qu'il puisse en être autrement. De la chanson française un peu datée et puis voilà. Nougaro, on connaît merci ça va. Tout ce qu'il pourrait encore produire, on se doute qu'on aura le sentiment de l'avoir déjà entendu. Donc c'est fini. Sympathique, succès d'estime certes, mais il a fait son temps. C'était en 1985. Nougaro vend alors sa maison parisienne et part à New-York, rencontre des musiciens, hume l'énergie de la ville, s'en fout plein la tête et plein les muscles, rentre en studio, prend plaisir avec les musiciens et balance Nougayork. Comme un défi claqué dans le vent, comme une humilité assumée qui permet toutes les audaces, comme une vie nouvelle, comme un changement qui n'en est pas vraiment un pour qui connaît l'animal mais qui étonne ceux qui l'ont approché sans jamais le rencontrer vraiment. Nougayork !


La preuve, si elle était nécessaire, que l'on ne connaît jamais la vérité d'un individu ; la preuve, si elle était nécessaire, que le potentiel de chacun est toujours un peu au-delà de ce qu'il paraît, même pour soi même ; la preuve, si elle était nécessaire, que le pronostic basé sur le passé ne sait rien de l'avenir ; la preuve, si elle était nécessaire, que demain n'est pas écrit par hier ; la preuve, si elle était nécessaire, que celui qui ose la liberté se dégage l'avenir ; Nougaro avoir de nouveau du succès ? on rêve ! après Nougayork, il y en aura encore trois autres. Bon lundi à tous.

03/04/2012

GREC

La gestion prévisionnelle des emplois et compétences (GPEC) se heurte à plusieurs biais, dont le principal a été très rapidement identifié par Pierre Dac : "La prévision est difficile, surtout quand elle concerne l'avenir". Combien de plans stratégiques à trois ans révisés au bout de six mois, combien de projets si longtemps travaillés qui ne virent jamais le jour parce qu'entre temps le dirigeant ou promoteur du projet avait changé, combien de certitudes d'aujourd'hui qui seront balayées demain par un contexte nouveau. Au-delà de l'instabilité qui caractérise notre monde frénétique, un second biais se trouve dans l'adéquationisme mécanique : je prévois les compétences de demain, je mesure celles des salariés, je comble l'écart et l'affaire est faite. Que le monde serait simple s'il ne s'agissait pas d'humains encore plus instables que l'environnement ! Cette logique d'adéquation, qui condamne le salarié a toujours courir vers les compétences de demain, est une impasse. Peut être que pour voir loin, il faut une GREC.

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La Gestion Réactive des Emplois et des Compétences ne s'inscrit pas dans un avenir tracé mais au contraire dans un avenir ouvert. Que sera demain ? on en sait rien, raison de plus pour s'y préparer. En travaillant son crawl comme aurait dit Nougaro. En se donnant les moyens de faire face à l'imprévu, en évitant les routines, les paresses, les reproductions, les situations sans aucune créativité et en privilégiant l'évolution, la curiosité, l'envie, la confrontation à la nouveauté et le désir de découverte. En apprenant à apprendre, en faisant de la méthodologie de travail, en structurant son action. Ce qui permet de faire face sans appréhension à l'inconnu. Avec la GREC, l'avenir ne fait plus peur et on en vient à prendre plaisir à ce qu'il ne soit pas écrit.

17/09/2010

Citation du jour

Comment vivre sans inconnu devant soi ?

 

René Char

 

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27/04/2010

Devenir

Le directeur du centre de formation m'avait annoncé son départ à la retraite et dit le plaisir qu'il avait eu à travailler avec moi. Phrases entendues, et parfois convenues, de ceux qui partent et se soucient soudain du souvenir. Mais ce n'est pas ainsi que j'ai reçu cette annonce. Elle m'a touchée. Je n'avais pourtant pas développé, comme cela arrive, une amitié ni même une intimité dans la relation qui justifie quoi que ce soit. Mais c'était ainsi, ce départ me touchait. J'ai offert à cet homme un ouvrage de Doisneau avec une lettre qui se concluait à peu près par ceci : "A l'instant de faire d'autres choix, il importe, comme toujours, d'avoir comme boussole la fidélité à l'enfant que l'on a été". Cette fidélité n'est pas immuabilité. Elle doit laisser de la place au devenir. Il s'agit simplement, quelles que soient les évolutions, mutations, transformations, de déceler si l'on a nourri le bon loup (les indiens disent que deux loups sont en nous et s'affrontent : le bien et le mal. Le dominant est celui que l'on nourrit). Tout formateur qui se sent un tant soit peu éducateur a ce souci du devenir de ceux avec qui il travaille. C'est pour cela qu'il fixe leurs yeux avec parfois un air étrange : pour apercevoir le loup, la louve, le rêve, que chacun porte en lui.

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1959 Josefine 1983

Cette histoire m'est revenue en feuillettant chez un bouquiniste  le livre de Fee (!) Schlapper intitulé "Portraits à travers le temps". Le principe en est simple : des photos dépouillées, en noir et blanc, à quelques années de distance. Juste pour voir. Pour traquer le devenir. Pour Josefine on appréciera que le regard inquiet et tombant soit devenu une belle volonté portée par un regard de grand large, un visage clair et lumineux, non plus apeurée mais épuré.
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1961 Dominik 1983

Pour Dominik, le temps n'a pas desserré le carcan des bras ni de la chemise. Du coup le sourire s'est estompé et la vivacité du regard est moins présente. La vie s'est alourdie. Peut être faudrait-il enlever lunettes et moustaches et laisser place au hasard. En confiance.
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1957 Renate 1983

L'ennui est formateur. Renate s'est ennuyée, heureusement pourrait-on dire. Et cet ennui est devenu une belle maturité, une lente sérénité qui n'exclut pas la rébellion de tous les enfants qui s'ennuient. Renate, les pieds sur terre, rêve à la louve. Et vous, à quoi rêvez-vous ?

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1964                                       2009