24/02/2015
L'ombre d'un doute
Les auteurs de la réforme de la formation professionnelle avaient-ils conscience, en orientant l'intégralité des dispositifs légaux vers la certification, de toutes les conséquences qui en résultaient ? on peut en douter tant le raisonnement en terme de "formation" demeure présent dans les esprits alors que le système a déjà basculé vers la certification. On peut en juger au désarroi parfois affiché par des partenaires sociaux lorsqu'ils constatent que, sur le CPF par exemple, toute formation à laquelle est associée une des certifications éligibles doit être financée sans que l'OPCA n'ait à se prononcer sur le parcours. Il faut pourtant louer cette liberté des parcours et lutter contre leur normalisation qui consisterait à réintroduire des durées, des contenus, des programmes standardisés. Osons le dire, il est temps de faire confiance à l'offre et aux personnes et de ne pas asphyxier le système en le bridant par volonté de vouloir totalement le maîtriser. Mais sur ce point, j'ai comme l'ombre d'un doute.
L'exemple du socle de compétences n'est pas pour rassurer : nous avions un référentiel, avec lequel il était possible de travailler, voilà que l'on nous annonce des formations types, des organismes labellisés, une certification. Et au passage quelques mois de plus avant d'entrer dans l'opérationnel. Tout encadrer, tout normaliser, tout prévoir, tout organiser, tout contrôler. tout décider, on ne peut pas dire que l'on soit sur le modèle de la confiance. Ni même sur le modèle pédagogique annoncé : celui de permettre aux acteurs de se saisir pleinement de ce qui est mis à leur disposition pour en faire le meilleur usage possible. Car réduire le champ de décision d'autrui n'a jamais été la meilleure manière de le responsabiliser.
08:27 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : formation, réforme, compte personnel formation, compétence, socle, responsabilité, liberté, photographie
Commentaires
Pour tuer la formation (ou en tout cas la faire plonger) on s'y est pris en 3 temps :
1- Le temps d'un ANI mensonger (janvier 2013 : le CPF dans les 6 mois, universel et sans limite financière)
2- le vote de la loi un an plus tard où les promesses insensées étaient légion (le CPF simple pour le salarié, simple pour l'entreprise, les décrets paraissant tous avant l'été, une grande campagne de communication)
3- les décrets : tardifs, lacunaires, mal rédigés, verrouillant la loi, inventant de nouvelles contraintes ou donnant à la Caisse des dépôts des missions inédites (l'inscription sur le site pour se former)
Maintenant on commence à nous donner la vraie explication de ce bazar : il fallait casser le système et ses 58 000 prestataires de formation (les formateurs indépendants étant honnis car difficilement contrôlables) pour refinancer la machine de formation publique (qui n'est pas gérée évidemment) tout en récupérant quelques fonds pour faire patienter les chômeurs chez Pôle emploi.
Écrit par : cozin | 24/02/2015
Et c'est encore le lieu de répéter que notre système est bridé dès le départ : l'ensemble de la gestion, répartition des fonds de la FPC est confié aux partenaires sociaux, mais les employeurs ne veulent pas de syndiqués dans leurs entreprises !!! et l’échec des dernières négociations le montre une fois de plus ! Résultats une poignée de personnes négocie tout. Voir le dossier d'Alternatives Economiques n°343 de février 2015 : la France arrive en 6ème position sur la représentativité dans les entreprises de plus de 10 salariés; derriere la Roumanie et meme le Luxembourg !
Des partenaires sociaux qui pour la plupart (en tout cas en province) sont de toutes les instances, spécialisés en rien mais présents partout sur des décisions dont ils ne maitrisent absolument pas les conséquences !
Quand pourra-t-on faire l'éducation (oui éducation et non formation) des partenaires sociaux qui, sous prétexte de fondements idéologiques (louables par ailleurs : mais faites ce que je dis pas ce que je fais commence à me courir sur...), compliquent un système qui est déjà plus que barbare !
On parle d'orientation pour le public : c'est à dire savoir faire un choix en connaissances de cause; ne pourrait-on pas appliquer aux partenaires sociaux : quelles sont les conséquences de vos choix sur la vie du professionnel de la formation ET celle des actifs (qu'ils se gardent bien d'informer d'ailleurs !)
Voilà moi aussi je peux m’énerver ;-)
Écrit par : kristine | 24/02/2015
Bonjour,
Je crains fort que les augures ne se seront pas trompés...On va droit dans le mur...
Écrit par : bcallens | 24/02/2015
Quant aux formateurs indépendants, cela n'a pas l'air de les inquiéter plus que cela...
http://www.consultant-formateur-independant.org/
Écrit par : bcallens | 24/02/2015
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