02/01/2012
25 ANS
En 1987
Gorbatchev publie « La Pérestroïka »
Le mur de Berlin commence à se fissurer
La movida espagnole enflamme l’Europe, elle a encore l’Atlantique à traverser pour renverser Pinochet,
Primo Levi s’échappe définitivement des camps
Nous sommes 5 milliards de terriens
Les super héros déprimés de Watchmen courent après leur jeunesse
Les All-Blacks sont champions du monde de rugby en battant la France en finale à Auckland
Le silicone n’est pas le passage obligé de la beauté
Je profite du ralentissement de la rotation de la Terre et du rallongement d’une seconde de l’année 1987 pour créer le Cabinet Willems Consultant qui fêtera ses 25 ans cette année.
00:05 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : willems, 1987, 25 ans, movida, politique, rugby, primo levi, europe, espagne, création, entreprise
01/01/2012
BONNE ANNEE !
En 2012
Evitez de porter votre croix
Ne vous laissez pas crucifier
Pour vous encourager
Je dégusterai le nectar des Dieux
A votre santé !
TRES BELLE ANNEE A TOUTES ET A TOUS
01:51 Publié dans DES IDEES COMME CA, PEDAGOGIES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bonne année, vin, 2012, formation, éducation, politique, religion, bologne, italie
29/12/2011
Histoire courte
La cathédrâle de Sienne est un chef d'oeuvre du gothique italien du 13ème siècle, bâti sur une première cathédrâle romane datant du siècle précédent. Mélange des genres, des architectures, des inspirations. Le Nord et sa rigueur, le Sud et son élégance, le mariage d'une Europe qui vit déjà au sein des baronnies féodales dispersées : les frontières politiques n'arrêtaient déjà pas le commerce des idées (pour se souvenir que commerce ne signifie pas que marchand et qu'il est des êtres d'un commerce agréable). Tout voyage en Europe donne des occasions de le constater : la Mosquée de Cordoue est une cathédrâle aujourd'hui, alors que la Mosquée d'Istanbul a longtemps été la cathédrâle Sainte-Sophie. Pour qui veut bien regarder, l'européanisation ne date pas d'hier et les turcs, entre autres, y ont leur place.
Qui aurait un doute à propos des Turcs, pourrait visiter la Cathédrâle de Venise et ses somptueuses mosaïques, ou bien, toujours à Sienne, admirer la Maesta de Duccio, synthèse de l'art gothique et de l'art byzantin. L'Europe est une terre à l'intérieur de laquelle les idées, les hommes, les arts, les marchandises aussi, ont toujours circulé. Croire que cela ne daterait que de quelques années et pire encore penser que l'avenir doit se trouver dans le rétablissement des frontières, c'est vraiment avoir l'histoire courte.
Duccio - Maesta - 1311
00:19 Publié dans TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, économie, politique, turcs, italie, sienne, histoire
28/12/2011
Paradis
Dans le Duomo de Florence, la cathédrâle Santa Maria de Fiore, se trouve un tableau de Domenico de Michelino représentant Dante. A sa droite l'Enfer, à sa gauche sa ville natale, Florence, et au fond les neuf cercles qui permettent d'accéder au Paradis. Dante tient en main la Divine Comédie.
Domenico de Michelino - Dante - 1465
Il est frappant que l'association la plus fréquente, lorsqu'il est question de Dante, soit l'Enfer. Et que le langage courant n'ait conservé d'expressions qu'à ce sujet : "C'est l'Enfer de Dante", "c'est Dantesque !". Rien à propos du Paradis, qui est pourtantl l'aboutissement de l'ouvrage qui se déploie en un long chemin, celui de l'expérience intérieure, vers le Paradis. Mais le goût du malheur conduit à s'arrêter à la première étape du chemin, l'Enfer. Le Paradis ? on verra plus tard, c'est à dire jamais. Dante nous permet donc de comprendre pourquoi il convient de se méfier de tous ceux qui nous promettent le Paradis plus tard, ce qui permet de justifier l'Enfer tout de suite, et pourquoi les journaux télévisés, par exemple, s'attachent méthodiquement à nous détailler l'Enfer au quotidien. Le Paradis ? allons vous plaisantez. Et personne ne s'attache davantage au titre de l'ouvrage "La Divine Comédie", initialement raccourci en la seule "Comédie". Amen.
10:35 Publié dans FRAGMENTS | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : florence, dante, enfer, paradis, politique, actualité, comédie
26/12/2011
Paresse
En 1928, Paul Morand s'embarque à Marseille pour Dakar et traverse l'Afrique Occidentale Française. Pour cet occidental français, l'Afrique s'offre comme il convient à tombeau ouvert et tous sens aux aguets. Pendant le voyage, il prend des notes, il écoute, il observe, il découvre, il écrit. Notamment ceci dans le récit de son voyage intitulé Paris-Tomboctou : "Il faut à un indigène, me dit-on, quarante cinq jours de travail pour se nourrir pendant un an. Pour qu'ils travaillent davantage, il est nécessaire, hélas, de leur "créer des besoins"". Et oui, moins de besoin, moins de travail, moins d'emprunt, moins de dette et plus de vie. Moins égale plus, l'équation ne peut être comprise que dans le Sud.
Georges Barbier - La paresse
Et de Morand, un peu plus tard, cet éloge de la paresse que ne renierait pas l'autre Paul, le gendre de Marx et auteur du "Droit à la paresse". Extrait de Tendres Stocks : "Après dîner, tout le monde admit que le goût du travail n'existe plus. On s'attendrit sur la vague de paresse, sans penser que grâce à elle il y a des assassins qui ne peuvent se tirer du lit pour aller tuer, des cambrioleurs qui s'attardent aux plages, laissant passer la saison des fractures, et des invertis professionnels qui plutôt que de se rendre où le métier les appelle, préfèrent rester chez eux, le soir, à jouer aux dominos avec leur femme et leurs gosses. Et les espions ?".
Dans cet entre deux fêtes, vous pouvez donc sans culpabiliser vous livrer à la paresse, c'est à dire à une foule d'activités qui ne seront pas des besoins mais du plaisir. Bonne semaine.
08/12/2011
Européen de France
C'est à Paris que cela se passe, salle Pleyel. Une cantatrice italienne, Cécilia Bartoli, chante un opéra écrit par un allemand, Haendel, en langue anglaise et présenté pour la première fois à Covent Garden. Elle est accompagnée d'un orchestre Suisse dirigé par un chef singulier au prénom espagnol, Diego Fasolis. Le thème, les déboires de Sémélé victime de l'amour de Zeus et de l'exaltation qui en résulte, met en scène des dieux Grecs. En une soirée, toute l'Europe est offerte dans ce qu'elle a de meilleur.
Gustave Moreau - Zeus et Sémélé - 1895
Le couple franco-allemand ? foutaise. L'Europe à deux vitesses ? pourquoi pas à trois ou quatre, c'est à dire plus d'Europe. L'Europe dans ce qu'elle a de meilleur ce n'est ni l'Europe sans les nations, ni un peu d'Europe par dessus les nations. Ce sont des nations singulières qui font le choix, ou plutôt le confirment, de s'inscrire dans une histoire commune. C'est la suite de Voltaire et Diderot conseillers des princes de l'Est, c'est la suite des mouvements de population qui ont façonné l'Europe, des Wisigoths installés à Toulouse en passant par les Espagnols en Flandres, c'est la confirmation que le chemin de l'universel passe par le singulier. On peut trouver du sens à la nation en étant internationaliste. Parole d'un européen de France : si vous n'y croyez pas, courez écouter Sémélé.
01:43 Publié dans DES IDEES COMME CA, FRAGMENTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sémélé, musique, opéra, cécilia bartoli, zeus, europe, politique
30/11/2011
Le salarié que l'on ne peut licencier
Mais si ce salarié existe. Il ne s'agit pas des représentants du personnel, qui peuvent être licenciés avec l'autorisation de l'inspecteur du travail, ni des salariés en accident du travail ou en maternité, dont le licenciement n'est impossible que momentanément. Il s'agit vraiment de salariés dont le licenciement est impossible car il n'est pas prévu par le Code du travail. Ces salariés sont environ 400 000. Diable ! mais qui sont ces 400 000 salariés pour lesquels le licenciement n'existe pas ? Pour répondre à la question, un peu d'histoire.
En 1974 Giscard est élu président de la République. Une de ses premières mesures est d'abaisser l'âge de la majorité de 21 à 18 ans. Comme le titre Charlie Hebdo à l'époque "Giscard joue les jeunes : perdu !".
Quelques temps auparavant, en 1971, l'apprentissage avait été profondément réformé. Il était à l'époque ouvert aux jeunes de 16 à 20 ans. Ce qui signifiait que tous les apprentis étaient mineurs. Pour assurer leur protection, le législateur avait donc prévu dans la loi du 16 juillet 1971 qu'en cas de manquement du jeune, la rupture du contrat serait soumise au juge chargé de vérifier la réalité du motif reproché à l'apprenti et de tenir compte de sa situation de jeune en apprentissage. 15 ans plus tard, en 1986, le contrat d'apprentissage est ouvert aux jeunes de 16 à 25 ans. La plupart des apprentis sont majeurs. Mais rien n'y fait, personne ne proposera de modifier les dispositions relatives à l'impossibilité de licencier un apprenti. L'accord mutuel ou le recours au juge demeurent donc les seuls modes de rupture possibles après la fin de la période d'essai. Le fait que la règle ait perdu en route sa justification et son sens ne semble émouvoir personne.
Quand à Giscard, longtemps après son licenciement de l'Elysée, il écrit des romans d'apprentissage. Sans doute une manière de tenter de rester jeune : perdu !
00:21 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : apprentissage, apprenti, giscard, économie, travail, emploi, éducation, formation, politique
28/11/2011
Comme un lundi
Une légère impression de déjà vu, comme si la panne d'idées s'était répandue avec la grisaille de novembre et les premiers froids. Comme si les cerveaux engourdis n'étaient plus capable que de se répéter sans cesse dans un mouvement hypnothique et lénifiant. Comme si l'imagination avait définitivement renoncé à avoir quelque rapport que ce soit avec le pouvoir.
Pour s'en tenir aux registres de l'éducation, de la formation, de l'emploi et du travail, la campagne électorale qui s'annonce n'aura qu'une vertu : nous rajeunir de quelques années puisqu'il n'y a aucune des thématiques abordées qui n'ait déjà été usée jusqu'à la corde. D'un côté les sempiternelles 35 heures, l'assistanat, la TVA sociale, la rémunération au mérite exonérée de charges ou plus moderne encore la blouse à l'école et le redéguisement de l'enseignant en père fouettard. De l'autre, les emplois jeunes, les préretraites contre embauche, les nouveaux emplois qui finiront bien par arriver et l'interdiction des licenciements boursiers que la Cour de cassation censure déjà.
Bref, un profond ennui devant l'inanité de tout ceci.
De Chirico - Mélancolie
On peut toujours, dans un élan de fol optimisme, se dire qu'il ne s'agit là que de tours de chauffe et que dans les 5 mois à venir, une fois l'hiver passé et dans l'euphorie de l'accueil du printemps, fleuriront mille propositions qui n'auront ni la prétention de faire le bonheur des individus malgré eux, ni celle de penser que l'élection garantit que l'élu a toujours raison.
Mais dans l'attente, que faire ? aller chercher la créativité ailleurs. Par exemple Salle Pleyel ce soir où l'on pourra voir et écouter Hélène Grimaud. Contre les légers découragements du lundi matin, mieux qu'un remède.
11:23 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grimaud, emploi, travail, politique, ump, ps
23/11/2011
Jardin d'agréments
Le jardin d'Epicure était lieu de plaisir et de raison car en ce temps là il ne venait à personne l'idée d'opposer l'un et l'autre. Le jardin est un lieu de curiosités. Fourmillant de vies multiples, il varie selon le temps et au gré du temps. On peut s'y établir dans un immobilisme tout empreint de mouvements perpétuels. Et si l'on s'y assoupit, le réveil s'agrémente du plaisir de la re-découverte.
Festival des jardins de Chaumont 2011
Le jardin est le reflet de celui qui le cultive, et tous n'ont pas le charme de ces champignons magiques. Ce jardin ci-dessous, qui rassemble les noms des plantes disparues et des lieux de leur disparition est un cimetière austère dont l'homme est responsable.
Festival des jardins de Chaumont 2011
La politique suivie par le Ministère du travail pour délivrer l'agrément aux nouveaux OPCA qui officieront à compter de 2012, ne s'est guère inspirée des champignons magiques, tournesols joyeux et violettes vibrionnantes. Les OPCA ont été méthodiquement passés au défoliant fiscal qui leur a fait perdre quelques uns de leurs atours sociaux, considérés comme des herbes folles qu'il convenait d'éradiquer.
La chronique réalisée avec Jean-Marie Luttringer pour l'AEF montre comment une logique fiscale restrictive a systématiquement été préférée à une logique sociale porteuse de dynamiques de négociation. A chacun ses jardins.
Les OPCA passés au défoliant fiscal - La Fabrique des OPCA.pdf
00:05 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : formation, opca, ministère du travail, emploi, politique, jardin, chaumont, photographie
15/11/2011
Malades
Le Gouvernement préfère l'optimisation fiscale à l'optimisation sociale. Voici donc ressorti à l'approche des élections présidentielles, le slogan de la lutte contre la fraude aux allocations, systématiquement présentées comme ce qu'elles ne sont pas, une assistance sur le mode de l'aumône, et jamais comme ce qu'elles sont, un droit dont on ne bénéficie qu'à certaines conditions dont souvent celle d'avoir contribué à financer le régime. Tel est le cas notamment des indemnités journalières d'assurance maladie mises sur la sellette à travers deux annonces retentissantes : les salariés bénéficiant de faux arrêts maladies seraient mis à l'amende et un quatrième jour de carence serait rajouté aux trois jours légaux existants. Juridiquement, dans les deux cas, le coup est à côté de la cible.
Edward Munch - L'enfant Malade - 1896
Si le "responsable mais pas coupable" a un sens juridique, la responsabilité civile n'étant pas la culpabilité pénale, le "pas responsable mais coupable" n'en a aucun. On ne peut être coupable, de fraude en l'occurence, que si l'on est responsable, c'est à dire si l'on dispose du pouvoir de décision. Les salariés ne pouvant se prescrire de faux arrêts maladie, il faudra si l'on veut véritablement un coupable se tourner du côté des médecins. Quant à la seconde mesure, elle ne fera qu'accroître le fossé entre les catégories de salariés sans règler le problème. Qui subit aujourd'hui la carence de trois jours ? les salariés des PME, ceux qui sont couverts par une convention collective peu protectrice et ceux qui ont une prévoyance minimale. Qui ne la subit pas et ne la subira pas plus sur 4 jours que sur 3 ? les autres, c'est à dire les salariés ayant une convention protectrice, une bonne mutuelle ou travaillant dans une grande entreprise qui prend à sa charge la carence. Les salariés les moins protégés le seront donc encore un peu moins sans que rien ne change pour les autres. Quant aux médecins, ils peuvent dormir tranquille, en période préélectorale ils ne sont carrément pas dans la cible.
00:05 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, arrêt maladie, économie, fraude, élection, ressources humaines, droit, travail, munch
14/11/2011
Impossible gouvernance
Le système de formation professionnelle est un canard sans tête. Ou un avion aux multiples pilotes dont l'énergie est tout entière accaparée par la tenue du manche. Bref, un système qui avance par à coups mais n'est guère gouverné, point sur lequel tous les diagnostics s'accordent. Avançons une explication. La formation continue est le produit de Mai 68 et de la nouvelle société de Chaban-Delmas. Soit le fruit de l'union entre une pensée socio-culturelle marxisante tendant à l'autogestion, dans la mouvance des structuralistes et de la French Théory, et un courant catho-social fortement marqué par le personnalisme d'Emmanuel Mounier diffusé notamment par la revue Esprit et Témoignage Chrétien. C'est ce couple improbable qui a su se retrouver dans la création d'un système responsabilisant les acteurs, nécessairement multiples mais différenciés dans leur positionnement et leur fonction, dont les objectifs relèvent à la fois de l'autonomisation de la personne et de son éducation morale et politique. Le problème est que ce couple est le fruit d'une conjonction historique qui ne s'est plus représentée depuis et qu'il s'est rarement retrouvé en situation de pouvoir faire vivre et dynamiser ce qu'il avait créé.
Charles Le Brun - Le Roi gouverne par lui-même - 1661
La majorité de la classe politique française est fortement jacobine et étatique. De la droite bonapartiste à la droite monarcho-républicaine en passant par les communistes et le centralisme démocratique, ou encore la gauche républicaine qui ne jure que par Valmy et l'Etat, il reste bien peu de place pour les tenants d'une pensée plus girondine. Elle exista quelque peu avec l'entrée de la deuxième gauche dans le premier gouvernement Mauroy en 1981 (suivirent les accords de 82 sur le CIF, de 83 sur l'alternance et la loi de 84 sur la formation comme pendant des lois Auroux de 82) et lorsque Michel Rocard, figure historique du PSU autogestionnaire, fut premier ministre en 1989 et mit en oeuvre le crédit formation. Ce fut l'époque de la décision collective et coordonnée au sein des Comités régionaux de l'emploi et de la formation, seule période sans doute où ces instances furent de véritables lieux de pouvoir concerté. Depuis, ce sont des jacobins centralisateurs pur jus de droite et de gauche qui sont chargés de faire vivre un système conçu pour fonctionner de manière décentralisée. Ce sont des tenants de la décision unilatérale éclairant de sa pertinence les insuffisances des acteurs qui pilotent un système qu'ils rêveraient de mettre cul par dessus tête. Faut-il dans ces conditions s'étonner que le pilotage soit impossible ?
Si l'on veut bien suivre ce diagnostic, on en concluera que ce n'est pas en réformant la tuyauterie et en créant de multiples obligations nouvelles que l'on établira une gouvernance efficace. Soit l'Etat va jusqu'au bout de sa logique centralisatrice et il s'oblige à détruire en partie l'existant, c'est ce qui est à l'oeuvre aujourd'hui, soit il effectue une révolution culturelle et il reprend, 40 ans plus tard, un pari sur la responsabilité d'acteurs ayant des champs d'autonomie et de responsabilité distincts et articulés. Ce retour en arrière serait sans aucun doute un grand bond en avant.
17:38 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : formation, marxisme, deuxième gauche, politique, économie, éducation, jacobins
04/11/2011
Rêve Grec
Panique, stupéfaction, colère, l’annonce du référendum Grec a consterné l’Elysée, mis en émoi les marchés, énervé Angela et ahuri les financiers : on peut refuser de l’argent qui est donné et pas prêté ? la réaction n’a pas trainé, menaces de sanctions, bras de fer, autoritarisme, mesures de rétorsion, Papandréou est sommé de revenir à la réalité.
Car les Grecs, inventeurs tout à la fois de la pensée Occidentale, de la démocratie et de la philosophie auraient oublié les réalités. Alanguis sous des oliviers, contemplant l’incomparable bleu du ciel au dessus de la mer Egée, rêvant à Zénon d’Elée, ne sortant de leur torpeur que pour saisir le regard noir d’une belle grecque, bref profitant de tous les charmes de la vie, les grecs auraient oublié que le monde est consommation et production et que les réalités économiques doivent primer. Eux qui pensaient que l’on pouvait danser sur l’horizon, sont priés de revenir à l’horizon indépassable de l’équilibre budgétaire.
Janine Antoni - Touch - 2002
Peut être que les Grecs ont aussi en tête une autre réalité : celle d’une crise qui était avant tout celle des subprimes, que les efforts qu’on leur demande n’ont pas été demandés aux prêteurs, que sous couvert de sauver la Grèce la plupart des pays pensent surtout à se sauver eux-mêmes, que personne ne se soucie de comment l’on peut vivre avec un pouvoir d’achat divisé par deux ou encore que si la Grèce est attaquée c’est parce qu’elle est un paradis, mais pas fiscal. Aux allemands qui conseillaient aux Grecs de vendre leurs îles, les Grecs répondent qu’ils préfèreraient voir vendues les îles caïmans, les îles vierges, Jersey ou Guernesey. Mais que ces paradis là, il faut les préserver car l’argent lui, y travaille.
Les Grecs se disent peut être aussi que lorsque l’on a la tête sous l’eau, que ce soit de 10m ou d’1m, on est toujours noyé et que quitte à l’être, autant mettre un coup de pied dans la fourmilière et conseil pour conseil inviter Angela, en hommage à son prénom et à son pays, à aller voir Les ailes du désir. Mais le Grec est un rêveur comme chacun sait et la réalité va venir le réveiller et le sortir de sous son olivier pour le remettre dans son rôle de producteur-consommateur. Il n’est pas certain que ce soit vraiment une bonne nouvelle. Pour personne.
00:05 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, grèce, économie, finance, marchés, philosophie, démocratie, europe, euro
22/10/2011
Fin de l'histoire en combat de coqs
L'histoire avait débuté par une belle dynamique : d'un conflit social, Mai 68, est sortie une négociation dont la loi a généralisé et amplifié les effets. Cette dynamique entre la négociation sociale et le législateur a longtemps constitué le moteur du système de formation professionnelle. Aux partenaires sociaux l'initiative et l'innovation, à l'Etat la légitimation et la mise en cohérence des politiques et moyens de formation. Lorsque la dynamique entre l'Etat et les partenaires s'essouffle, c'est l'ensemble du système de formation professionnelle qui ralentit sa course. Ce fut le cas dans les années 90, c'est encore le cas aujourd'hui où les relations entre l'Etat et les partenaires sociaux tiennent plus du combat de coqs que d'une action guidée par l'intérêt général.
Edouard Pignon - Combat de coqs
La possibilité pour notre système de formation professionnelle de gagner en efficacité tient moins à une énième réforme annoncée, pour laquelle chacun y va de ses idées "que si on les écoutait ça irait mieux", qu'à la restauration d'une relation de confiance durable entre l'Etat, les partenaires sociaux et les conseils régionaux. Que chacun joue pleinement son rôle et accepte de le cantonner aux champs qui sont les siens en reconnaissant pleinement la légitimité des autres acteurs. Bref, en instaurant de la confiance et non de la défiance, en partageant le pouvoir et non en le confisquant, en recherchant la cohérence par d'autres moyens que la centralisation des décisions. Tel est le véritable enjeu pour l'année 2012 et les suivantes. Et s'il est nécessaire de réfléchir aux voies et moyens d'un meileur accès et d'une meilleure efficacité de la formation, il est plus urgent encore d'en régler enfin la gouvernance.
16:38 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : formation, éducation, économie, politique, syndicats, histoire
21/10/2011
De l'invention collective à la liberté entravée
Les années 2000 débutent sous les meilleurs auspices pour la formation professionnelle. Si le lourdaud Claude Allègre fanfaronne en se consacrant roi du dégraissage de mammouth, il contribue largement, et pour cela il lui sera beaucoup pardonné, à la création de la VAE en 2002. Pour la première fois depuis la Révolution française, le travail est remis sur un pied d'égalité face à la formation. La révolution pédagogique est totale : il ne s'agit plus d'acquérir des compétences en formation et de les mettre en oeuvre au travail, fini la théorie d'un côté et la pratique de l'autre. Il s'agit dorénavant de reconnaître que l'on développe certaines compétences en formation et d'autres dans le cadre de ses activités. Dans la foulée, les partenaires sociaux, absents de la création de la VAE qui est une innovation étatique, refondent le système de formation continue : l'ANI de 2003, repris par la loi en 2004 est une remarquable création collective. La compétence est placée au coeur des dispositifs, la professionnalisation se substitue avantageusement à la seule formation, le DIF introduit la négociation dans la décision de formation, les outils de gestion de compétences sont mis à disposition des entreprises et salariés. Une belle oeuvre collective.
Magritte - L'invention collective - 1935
Ce bel élan d'innovation va se heurter au volontarisme d'Etat qui se transformera vite en autoritarisme étatique. Sommés de produire une nouvelle réforme avant que celle de 2003/2004 n'ait produit tous ses effets, les partenaires sociaux remettent l'ouvrage sur le métier et concluent l'accord du 7 janvier 2009. Insuffisant pour l'Etat qui n'a de cesse de restreindre le champ d'autonomie des partenaires sociaux, qu'il s'agisse de l'action du FPSPP ou de celle des OPCA. La pire culture jacobine, celle qui a raison contre la terre entière, sévit de nouveau et ne connaît qu'une vertu aux représentants des entreprises et des salariés : se plier au desiderata du pouvoir en place. On ne saurait mieux créer les conditions pour entraver l'innovation. Dommage, cela avait pourtant bien commencé.
00:05 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : formation, innovation, éducation, etat, politique, économie, magritte, peinture, photo
20/10/2011
Le grand sommeil
Ils sont nombreux à nous rappeler les "réalités économiques", comme si l'économie ne relevait pas, à l'instar de tout le champ social, d'un construit mais d'un donné. L'homme ne serait que caprices et l'économie aurait ses lois d'airain, autant dire des lois naturelles. Qu'une telle inversion puisse sembler l'évidence chez certains est toujours source de stupéfaction voire d'effroi. C'est ce vent glacial du retour à la réalité qui souffle sur les années 90. En 1991, Martine Aubry, déjà Ministre du Travail, restreint le crédit formation "aux emplois disponibles dans l'économie". Et puis la formation disparaît des radars : les années 1992 et 1993 sont terribles pour l'emploi et comme souvent, toujours pourrait-on dire, dans ces cas là, plutôt que de déléguer, multiplier les signes de confiance et parier sur les initiatives de la base, le pouvoir considère que lui seul doit tenir le manche dans la tempête. Ce sera, déjà, la réforme des OPCA qui laissera sur le carreau près de 150 organismes mutualisateurs, entre 1993 et 1995. Est également porté disparu pendant 10 ans le dialogue social alors qu'il était moteur en matière de formation professionnelle. Du coup la belle s'assoupie : pour le secteur de la formation, les années 90 resteront comme le grand sommeil.
Giorgione - Vénus endormie - 1510
La croissance revenue à la fin des années 90 ne modifiera pas la donne : l'envol de l'économie numérique, surnommée économie virtuelle par ceux qui voudraient continuer à croire aux réalités économiques de papa, dope l'activité et l'emploi. Pas la formation : dans les start-up on se forme en travaillant et d'une manière plus générale on fait d'ailleurs plein de choses en travaillant. Mauvais temps pour les frontières et repères traditionnels. La formation informelle triomphe, les bricoleurs informatiques trouvent à exercer leurs compétences, mais les thermomètres habituels sont incapables de prendre la mesure de ces pratiques nouvelles. On court vers la fin de siècle et certains continuent à croire à la fin de l'histoire. Le réveil ne va pas tarder.
00:14 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : formation, éducation, politique, économie, peinture, giorgione, daho, ressources humaines
19/10/2011
Suite de l'Histoire : Europe et décentralisation
Ce n'est pourtant pas si loin. Trente ans. Trente ans qu'à la Bastille la foule célébrait la victoire de François Mitterrand. Trente ans que l'on a pas vu un Ministère s'intituler "Ministère du Temps Libre". Aujourd'hui l'ambiance est plutôt au Ministère de l'identité nationale. Autre temps, autres moeurs. Mais parmi les ministères il y avait également le Ministère de la Formation Professionnelle. Le premier de ce nom dans l'histoire de la République. Confié à un des 4 ministres communistes du Gouvernement. Leurs noms ? (ça change un peu des 7 nains) Jack Ralite, Charles Fiterman, Anicet Le Pors et Marcel Rigout, en charge donc de la formation professionnelle. Et dans la foulée la loi de décentralisation de Deferre et la relance de l'Europe par Jacques Delors. Delors ? il aura donc été à l'origine de la première loi sur la formation en 1971 et de l'implication forte de l'Europe dans la formation à partir de 1986 et de l'entrée de l'Espagne et du Portugal dans ce qui est encore la CEE.
Publication de l'année 1990
Temps béni que celui de l'entrée de l'Espagne dans l'Europe. L'occasion d'aller plonger dans la movida, de trainer dans le barrio chino avant qu'il ne se boboïse, d'accompagner ces élus imbéciles qui pensaient que les Espagnols les attendaient pour s'émanciper alors qu'ils étaient déjà à Bruxelles et actifs. L'occasion d'associer au travail, déjà, les petits personnages poétiques de Miro qui avaient bien gagné de faire la fête également. Les années 80, ce n'étaient pas que les années fric et les années Tapie, pas que les années Mitterrand et le rendez-vous manqué de la gauche avec ses électeurs, pas que les années Thatcher et Reagan, pas que celles du chômage et de la crise qui n'en est plus une tant elle est devenue permanente. C'est aussi ce double mouvement, de décentralisation avec plus de responsabilités au local, et de construction européenne avec des transferts de compétences au plan international. Une belle tentative de mise en oeuvre du penser global/agir local qui mériterait d'être approfondie et développée : plus de décentralisation et plus d'Europe à la fois et en même temps. Voilà peut être la leçon de l'histoire de la formation professionnelle dans les années 80.
00:38 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : education, formation, politique, économie, europe, espagne, tapie, thatcher, reagan
18/10/2011
Un peu d'histoire
La formation tout au long de la vie ne saurait être précisément datée : l’histoire de l’apprentissage et de l’éducation se confond avec celle de l’homme. Il n’est pas une communauté qui ne se soit bâtie sans culture commune et des mécanismes éducatifs, quelles que soient leurs formes et modalités. Peu après la Révolution de 1789, Condorcet déclarait devant l’Assemblée qu’il était nécessaire que l’instruction soit délivrée aux enfants mais également aux adultes. Pour autant, il est habituel de situer au début des années 70 la création de notre système de formation professionnelle continue. C’est à cette période en effet que furent réunies les conditions pour qu’une construction dotée de fins et de moyens explicites voit le jour et se développe.
Le système de formation professionnelle vient donc de fêter ses quarante ans. Ces années ne furent pas linéaires. Rythmées par les changements politiques, les cycles économiques et la vie des relations sociales, les 40 années de formation professionnelle peuvent être divisées en quatre décennies aux orientations très différentes. On est ainsi passé d’un projet inscrit dans la nouvelle société prônée par Jacques Chaban-Delmas 1971) à une formation professionnelle censée accompagner le changement de société (1981). La situation économique du début des années 90 a rendu le dialogue social atone et remis la formation au service des politiques d’emploi (1992), avant qu’une vaste réforme initiée par les partenaires sociaux ne modifie le point d’équilibre du dispositif et s’intéresse davantage à la compétence qu’à la formation (2003). Reste que cette réforme n’a pas réglé les problèmes de gouvernance, malgré la loi du 24 novembre 2009 qui en faisait un de ses objectifs principaux. Sans doute l’ouvrage devra-t-il être remis sur le métier après 2012.
Découvrez en 5 étapes, l'histoire de la formation professionnelle. Aujourd'hui, première étape qui va de la nouvelle société de Chaban-Delmas et de son conseiller social Jacques Delors, aux Plans Barre pour l'emploi des jeunes.
12:16 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : formation, histoire, droit, politique, chaban, barre, emploi des jeunes, éducation, mai 68
12/09/2011
N'évacuez pas, travaillez !
Dans le flot d'images et de commentaires consacrés au 11 septembre, deux témoignages. Le premier, d'un salarié d'une société financière qui travaillait dans la Tour Sud. Le premier avion d'American Airlines vient de s'écraser sur la Tour Nord. Les personnels commencent à évacuer la Tour Sud effrayés par le choc et l'incendie. Mais rapidement la consigne arrive : restez à vos postes de travail, nous ne sommes pas concernés, le problème concerne la Tour Nord. Hésitation et puis l'ouverture des bourses dans cinq minutes, on s'installe et on travaille. Des centaines de personnes seront victimes de cette consigne.
Site du World Trade Center - Juillet 2011
L'emprisonnement dans le routinier, l'incapacité à penser l'évènement qui survient sans avoir été imaginé, la paupérisation de l'imagination même par l'enfermement dans les codes du quotidien. Une vision unilatérale et simpliste du monde qui participe à la destruction et dont on peut se demander si elle n'en est pas une des causes. A cet effet, la thèse des bons et des méchants, du diable et des héros permettra d'éluder tout questionnement. Et l'on redonnera la parole aux architectes qui construiront plus haut, plus fort, comme avant, en mieux.
Le second témoignage est celui de William Langewiesche, journaliste à Vanity Fair. Un des rares journalistes a avoir eu accès au site de Ground Zero. Il était interrogé par Faustine Vincent :
Vous écrivez que la catastrophe a fait voler en éclat les hiérarchies sociales. En quoi?
C’était un chaos à la fois physique, politique, technique et social. Face à l’urgence, les hiérarchies sociales n’importaient plus, tout le monde se foutait de qui était le patron. Les gens avaient pris le pouvoir par la pratique: les petits ingénieurs, les ouvriers, les pompiers, les policiers... Pour eux c’était une vaste libération personnelle. Comme en temps de guerre, parce qu’il n’y avait plus les mêmes règles.
Vous avez dit avoir découvert la «quintessence américaine» à travers vos reportages à Ground Zero. Quelle est-elle?
Le manque de hiérarchie et la liberté de laisser les gens avoir de la puissance selon leurs capacités et non leurs diplômes. C’est l’ancien idéal des Etats-Unis. Le «self made man», en quelque sorte. Je crois que si le World Trade Center était en France, on n’aurait pas vu ça. Parce que la France étouffe sous la hiérarchie des diplômes.
Pourquoi «l’ancien idéal» des Etats-Unis? Ce n’est plus le cas?
Ça existe toujours un peu dans les affaires, dans la Silicon Valley, mais sinon, de moins en moins. Le pays et la société vieillissent, et quand les structures sont en place, elles deviennent dominantes.
Les avions continuent à passer au-dessus de Manhattan. Est-ce le signe que l'Amérique est plus forte parce qu'elle sait ce qu'est la peur et que l'on est plus fort lorsque l'on en a fait l'expérience ? ou bien est-ce que la routine, et ses réflexes mortifères, ont repris le dessus et que le 11 septembre est devenu un fantasme, un acte d'emblée déréalisé ?
Ciel bleu sur Wall Street, immeubles noirs et puissants, drapeau haut en couleur, nul ne sait ce jour si l'Amérique est vieillissante ou si elle sera capable demain, s'il le faut, d'évacuer et donc d'agir, plutôt que de continuer à travailler, en spectateur de la mort qui vient.
01:35 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : 11 septembre, world trade center, new-york, ground zero, amerique, hiérarchie, diplôme, travail, management, ressources humaines, politique, actualité, société
09/09/2011
DRH à la perle
Sa douceur surpasse celle de la perle qui vient rehausser le diafane velouté de ce visage offrant son geste et son regard mais dérobant ses traits. Sa beauté s'épanouit entre le tragique et le sourire, la pudeur de la coiffe et l'impudeur de la bouche. Innocente succube, la jeune fille à la perle est une fleur en jeune fille. Contrairement aux jeunes filles en fleur de Proust, elle ne passe pas, ne fâne pas, ne se situe pas dans cet éclat éphémère que le temps balaie. Immémoriale, elle persiste à vous offrir le plaisir de son mystère.
Vermeer - La jeune fille à la perle
Les DRH que les Echos ont interrogé cette semaine sur le climat de la rentrée ont-ils visité cet été le petit musée Mauritshuis de La Haye ? toujours est-il qu'ils ont tenu, eux aussi, à accrocher des perles à leur discours, qui du coup s'en trouve plus pâle que la belle porteuse de perle. Et tout d'abord ceux qui nous refont le coup du velcro : je devrai arrêter de tancer les étudiants qui me disent qu'ils vont communiquer pour faire adhérer les salariés en leur expliquant qu'un salarié c'est pas du velcro. Car on peut devenir DRH de grands groupes et persister en ce sens : "Notre priorité première est d'expliquer sans relâche à nos collaborateurs en France notre stratégie pour qu'ils y adhèrent" nous dit celui-ci, et un des ses homologues de renchérir "La communication envers nos collaborateurs est donc plus que jamais essentielle. Nous devons continuer de leur expliquer le business, les conséquences de l'engagement des équipes...".
En d'autres termes : noyons les salariés qui ne comprennent rien sous un flot de communication descendente et ils se tiendront tranquille et partageront les projets des dirigeants. A ce stade, est-ce toujours une perle ou plus simplement une coupure profonde, totale et irrémédiable avec la réalité ?
Pour finir, cette fine analyse autoréalisatrice d'un DRH clairvoyant : "Nous ne pouvons exclure que des clients diffèrent certains investissements. Nous avons donc, par précaution, différé certaines dépenses". Voyant ces dépenses différées, on ne doute pas que les fournisseurs concernés diffèreront eux-mêmes. Et voilà comment la prudence produit un bel effet domino dépressif, qui contentera tout de même le DRH car lorsque tout le monde aura différé et que la situation aura empiré, il sera plutôt content d'avoir été prudent.
Je crois que je vais refaire un tour à La Haye.
00:06 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : drh, rentrée, économie, politique, vermeer, peinture, perle, crise
06/09/2011
L'embrouille de l'expert
L'IGF a produit sur les niches fiscales un rapport volumineux dont l'administration a le secret. Chiffres, tableaux, graphiques, analyses, comparaisons, tout pour faire sérieux. Du travail de pro, du travail d'expert. Du travail de celui qui sait s'y retrouver lui, dans la rationnalité de la complexité et qui vous fait la grâce de vous l'expliquer. Sinon, vous penseriez que tout ça n'est qu'embrouillamini et qu'il aurait sans doute été possible de faire plus simple. Mais non, l'expert aime la complexité qu'il maîtrise et qui l'isole du commun à qui il consent de délivrer parfois quelques recommandations.
Mais l'expert qui s'y retrouve lui, et qui en tant qu'élève prestigieux et gratin de l'administration peut avoir un avis autorisé sur tout, est pris en flagrant délit d'avoir surtout un avis. Se hasardant à faire une comparaison avec l'Allemagne, nos grosses têtes de l'IGF se mettent en demeure de nous expliquer pourquoi nos voisins comptent trois fois plus d'apprentis : l'orientation est plus précoce, l'image est meilleure, la règlementation des métiers plus contraignante. Et il n'y a pas de niche. Voilà donc la clé : on peut raboter la niche du crédit d'impôt apprentissage et faire des réformes institutionnelles, de communication et de règlementation. Et on aura rien fait. Car à force de raisonner à courte vue et de se gargariser de leur expertise, les éminents IGFiens n'ont pas imaginé que pour comprendre l'apprentissage et la formation initiale, il fallait les mettre en relation avec les pratiques de GRH et les modes de régulation de l'emploi. Tant que les entreprises privilégieront le diplôme, le recrutement externe et les grandes écoles pour leurs dirigeants, l'apprentissage n'a aucune chance de se développer. Le jour où, comme en Allemagne, les dirigeants des 200 plus grandes entreprises seront issus de la promotion interne à 75 %, l'apprentissage bénéficiera d'un contexte favorable à son développement. D'ici là, il est toujours possible de continuer à pondre des rapports pour s'interroger sur l'apprentissage en le coupant de toute réalité. La pensée institutionnelle, administrative, règlementaire et financière, en un mot une certaine manière d'appréhender la réalité de la part de l'élite de la nation, n'a pas fini de faire des ravages. En attendant, les apprentis à la niche !
00:56 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : apprentissage, igf, niche fiscale, administration, politique, allemagne, éducation, formation