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06/09/2013

Des comptes, comme s'il en pleuvait

On savait que la période était aux comptables, on ne s'étonnera donc pas de la prolifération des comptes. A peine le compte personnel de formation est-il né de la loi de sécurisation de l'emploi, sans que pour autant personne sache à quoi il ressemblera, que voici le petit frère, le compte personnel de prévention de la pénibilité. Et comme dans les bonnes fratries on va faire en sorte qu'ils s'entendent bien à prévoyant qu'ils fonctionneront de concert. Les principes du compte personnel de prévention de la pénibilité (le C3P donc) sont relativement simples : tout salarié occupant un emploi répertorié comme pénible acquiert 1 point par trimestre. Le cumul des points lui ouvre droit  soit à formation pour exercer un métier moins pénible, soit à passage à temps partiel avec salaire maintenu soit à une retraite anticipée. Trois manières d'alléger la pénibilité.

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Futur bénéficiaire du compte ?

Selon le Gouvernement, 10 points (soit 2,5 ans) ouvriront droit à 50 jours de formation pour exercer un métier moins pénible. Ce qui va réouvrir le dossier du classement des emplois dans les métiers pénibles ou pas, selon les dix facteurs définis par la règlementation (Les manutentions manuelles de charges lourdes ; les postures pénibles définies comme positions forcées des articulations ; les vibrations mécaniques ; les agents chimiques dangereux, y compris les poussières et les fumées ; les activités exercées en milieu hyperbare ; les températures extrêmes ; le bruit ; le travail de nuit ; le travail en équipes successives alternantes ; le travail répétitif.) et mettre une pression supplémentaire, en complément du compte personnel de formation, pour que l'entreprise forme les salariés qui se forment habituellement le moins, et pas sur des formations de deux jours.  Au final, c'est pour les services ressources humaines que la mise en oeuvre du compte risque de s'avérer pénible.

23/01/2013

Petit à petit...

...l'oiseau fait son nid, ou plutôt les pièces du Compte personnel de formation se mettent en place. Après l'ANI du 11 janvier 2013, c'est le projet de loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République (quand on a un Ministère du redressement productif, l'étonnement n'est plus de mise quant à l'emphase des intitulés) qui apporte sa pierre à l'édifice. Le texte prévoit que tout jeune sortant du système éducatif sans diplôme, bénéficie d'une durée complémentaire de formation qualifiante qu'il pourra utiliser selon des modalités à fixer par décret. Comme le Conseil national de la formation professionnelle tout au long de la vie (CNFPTLV) en a émis le souhait,  ces heures de formation complémentaires pourraient être portées au crédit du jeune dans son compte personnel de formation. Quant à son financement, il relève à l'évidence de l'Etat puisqu'il s'agit d'un droit à la formation différé.

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Arno Bouchard - Le nid de l'Engoulevent

Le projet de loi reconnaît donc la responsabilité de l'Etat dans l'accès à un premier niveau de qualification. Si le système éducatif n'a pu y pourvoir, un crédit est ouvert pour y accéder par d'autres moyens. Le lien avec le compte personnel de formation permettrait, notamment, de ne pas simplement remettre le jeune dans le système au sein duquel il a échoué (vous n'avez pas aimé la chantilly ? reprenez en un peu pour voir !) mais également de pouvoir différer l'utilisation de ce crédit, toutes les périodes n'étant pas favorables à une reprise d'étude : en ce domaine, l'horloge personnelle et le calendrier des moyens mis à disposition, doivent s'accorder.

Prochain rendez-vous pour le compte personnel : le projet de loi de transposition de l'ANI début mars, sans doute éclairé par les travaux du CNFPTLV. Peut être que le nid sera prêt pour le printemps !

13/04/2012

Retrouver le temps

Fugit tempus : le temps qui passe et nous échappe est comme le vent d'autan, un ennemi que l'on ne peut saisir et qui met nos nerfs à rudes épreuves. La seule vraie question philosophique serait d'ailleurs celle du rapport au temps : son infinitude dans l'absolu et sa finitude pour l'être humain. Qui maîtrise le rapport au temps, sait jouer avec ses variations et ne s'offusque de son insaisissabilité, sait sans doute ce qu'est la sérénité. Vénus et Cupidon peuvent alors se retrouver sans craindre le temps et ses méfaits.

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Bronzino - Vénus, Cupidon et le Temps

Dans le flot des rapports et propositions sur la formation professionnelle, il est question d'argent, beaucoup, de dispositifs, souvent, de gouvernance, régulièrement, et de divers autres sujets. Mais il n'est quasiment jamais question du temps. Le temps, c'est pourtant la condition de base de la formation. Le temps de l'apprentissage, le temps de l'appropriation, le temps de la transformation de soi qui accompagne toute véritable formation. C'est peut être en partant du temps que l'on a quelques chances de construire des systèmes solides et durables. La chronique écrite pour l'AEF avec Jean-Marie Luttringer s'efforce d'indiquer pourquoi c'est en prenant le temps de réfléchir au temps que l'on avancera le plus vite.

CARNETS DE CAMPAGNE 3 - LE TEMPS DE FORMATION.pdf

11/12/2011

Projet ? disponibilité !

La crise est venue rappeler aux entreprises qui avaient mis en place des plans de gestion prévisionnelle des compétences, que la prévision est décidément ardue et la planification une chimère. Plutôt que de disperser son énergie à prévoir puis à réviser, il paraît aujourd'hui plus pertinent de réfléchir à se mettre en  situation de réactivité. Travailler sur les conditions qui permettront de s'adapter à toute situation, même les plus imprévisibles, prépare mieux l'avenir que la focalisation sur un projet qui demain, peut être, ne sera plus d'actualité. Mais ce raisonnement qui vaut pour les entreprises ne semble guère être envisageable pour les individus qui sont assignés à un projet.

Votre manager vous reçoit ? il vous demande quels sont vos projets. Vous souhaitez faire une formation ? on vous demande pour quel projet. Vous rechercher un financement ? Le projet, le projet, le projet. Et si possible bouclé, validé, ficelé, empaqueté. Et vous êtes prié d'y mettre de la conviction.

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Il n'est donc pas entendable d'avoir comme projet celui de se mettre en situation de saisir les opportunités que l'on se crééra ou qui se présenteront et d'expliquer que le chemin envisagé n'a d'autre objet que de favoriser cet état de disponibilité sans lequel les opportunités ne se présentent jamais, tout simplement parce que nous ne sommes pas en situation de les saisir.

On sait que l'avenir de l'enfant ne passe pas par le projet mais par le regard porté sur le monde. Par l'attention à l'environnement, la capacité à le saisir et l'envie de faire son miel de tout. Il ne s'agit évidemment pas d'opposer la disponibilité au projet, il est parfois nécessaire et structurant, mais simplement de constater que la manière dont on appréhende l'avenir et les moyens que l'on se donne pour le construire contribuent à le faire advenir. Bonne semaine.

22/04/2010

Baiser mortel ?

Le projet de décret relatif aux OPCA qui sera examiné le 23 avril par le CPNFPTLV traduit la persistante suspicion de l'Etat envers les OPCA. On ne veut pas parler des obligations de transparence qui figurent dans le décret : que les OPCA publient leurs règles de prise en charge, la liste des 20 organismes de formation qui reçoivent le plus de financements ou encore qu'ils publient leurs comptes, rien que de très normal et les partenaires sociaux auraient du avoir la bonne idée de faire tout cela avant que l'Etat ne le leur impose.

Plus discutable par contre est la COM : convention d'objectifs et de moyens conclue entre l'Etat et chaque OPCA pour trois ans. Dans tout contrat qui se respecte, les parties souscrivent des engagements réciproques. Or, ici il n'y a d'engagement que pour l'OPCA ! l'Etat lui se réserve de procéder à des mises en demeure dans la digne tradition de l'unilatéralisme administratif qui prescrit et ordonne. La République a décidément du mal à se départir de monarchiques attitudes et habitudes. Pour l'OPCA qui n'atteindrait pas les objectifs, le contrat devient ainsi l'instrument de sa perte. La signature de la COM pourrait donc ressembler au baiser mortel désignant le futur disparu.

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Picasso - Le baiser - Juan les Pins - 1925

La vision réductrice de l'administration transparait également dans l'approche des frais de gestion : sont considérés comme tels à la fois les frais de collecte, les frais de gestion des dossiers de financement et les services apportés aux entreprises sous forme de conseil ou de diagnostics de compétences. C'est faire masse de coûts qui n'ont pas grand chose à voir entre eux. Si les frais de collecte et de gestion doivent être plafonnés et considérés comme des frais de fonctionnement, les coûts d'information, de conseil et d'accompagnement sont des prestations en nature qui bénéficient aux entreprises au même titre que les financements de formation, qui sont eux des prestations en espèces. Il y a ainsi une supercherie précautionneusement entretenue à traiter de la même manière ce qui relève du fonctionnement et ce qui relève des prestations en nature.
Mais après tout, rien de bien surprenant de la part de l'Etat qui agit conformément à sa nature. Quant aux partenaires sociaux qui trouvent que la férule est sévère, ils ne tenaient qu'à eux de se libérer du joug étatique en négociant le passage à une obligation conventionnelle et non plus fiscale de financer la formation. Qui refuse l'autonomie est mal venu à se plaindre d'être soumis.

21/04/2009

Le rêve

Karel de Stoute, autrement dit Charles le Téméraire, rêvait d'un empire sur lequel le soleil ne se couche pas. Ce rêve, Charles Quint son petit-fils le réalisa. Pierre d'Aragon rêvait d'une terre d'Oc unifiée dans laquelle les Pyrénées ne seraient plus une montagne frontière mais au contraire l'union des plaines qui l'entourent. Tous les deux moururent sur le champ de bataille, orgueilleuse manière de donner corps à la rêverie.

Dans un autre domaine, on se souvient de Claude Bébéar emmenant le top management d'Axa dans le désert du Ténéré en 1986 pour jeter les bases de la croissance de la compagnie d'assurance, devenue une aventure mythique pour les participants.

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André Masson - Je rêve

On peut préférer deux autres exemples fameux. Le serment de Koufra du Maréchal Leclerc qui se promit de faire flotter ses couleurs sur la cathédrale de Strasbourg, et qui le fit après avoir été le premier libérateur de Paris. Et surtout la phrase de Pierre-Georges Latécoère, béarnais de naissance et toulousain d'adoption, qui avant de lancer la construction de ses avions et d'ouvrir les lignes transatlantiques, réunit le personnel de ses usines pour déclarer : 'Les calculs de mes ingénieurs sont formels. Le projet est irréalisable. Il ne nous reste donc plus qu'à le réaliser".
Le rêve est non seulement nécessaire à toute entreprise, mais il est sans aucun doute la condition de base de sa réalisation. Quel est le rêve de votre organisation ? et le vôtre ?
Ah au fait, la devise de Charles le Téméraire était : "Je l'ai entrepris".

30/03/2009

Projet collectif, motivations individuelles

Le 17 août 2007, 600 personnes marchent pendant plus de quatre heures pour monter jusqu'au glacier d'Aletsch. Là elles se dévêtent et posent nues pour Spencer Tunick, photographe spécialisé dans les installations mettant en scène des personnes nues en milieu urbain, le plus souvent, ou naturel.

La photo était ici réalisée pour Greenpeace, commanditaire qui souhaitait attirer l'attention sur le réchauffement climatique et la diminution rapide du glacier : l'homme agit sur la nature qui n'auto-produit plus ses cycles de transformation. Etait-ce cette motivation écologique qui habitait les 600 participants, tous volontaires et non rémunérés, chacun recevant pour seule contrepartie de sa participation à ses frais une photo de l'installation. Comment d'ailleurs connaître les motivations de chacun ? credo naturiste, démarche artistique, plaisir exhibitionniste, simple curiosité, amour de la montagne, militantisme écologique, calcul financier sur la valeur de la photographie, besoin d'évasion, recherche de contacts....????

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Spencer Tunick - Campagne pour Greenpeace - Glacier d'Aletsch (Suisse) - Août 2007

Et comment identifier les motivations des 18 000 mexicains qui ont posé nus en 2007 sur la place centrale de Mexico ? Si la démarche de Spencer Tunick a été critiquée, mais quelle démarche artistique ne l'est pas, elle nous délivre au moins un enseignement : pour la réalisation d'un projet, il n'est pas nécessaire que chacun partage les mêmes motivations, bien au contraire, on peut supposer que les motivations de chacun seront particulières. La force du projet sera de permettre à chacun d'investir ce projet d'un sens correspondant à ses motivations personnelles. Indépendamment même des motivations du promoteur de projet. La clé de la réussite est ici le volontariat. Loin des théories manageriales qui visent, vainement le plus souvent, à percer le secret des motivations de chacun pour pouvoir les gérer, la participation volontaire laisse à chacun la responsabilité du sens et des motivations. Participation ? volontariat ? responsabilité ? reste à savoir si ces mots trouvent des traductions pratiques dans les organisations.

Pour celles et ceux qui sont intéressés par le travail de Spencer Tunick : http://www.spencertunick.com/

08/12/2008

PREMIER PROJET

Un premier projet de texte daté du 5 décembre 2008 a été diffusé en vue de constituer le socle d'un ANI sur la professionnalisation tout au long de la vie et la sécurisation des parcours professionnels. L'intitulé marque une première rupture : il ne s'agit plus de formation mais de professionnalisation et de gestion des parcours. Le contenu est également porteur de nouveautés : implication plus forte des partenaires sociaux dans la certification, intervention des OPCA vers les demandeurs d'emploi, rapprochement entre les FONGECIF et France Emploi (structure se substituant le 1er janvier à l'ANPE et l'ASSEDIC), orientation des financements vers les salariés les moins qualifiés, élargissement du champ de compétences des OPCA, ...

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Plein de perspective, avenir radieux

Le projet doit être complété sur deux points : les dispositions relatives au DIF et au CIF ainsi que les obligations financières des entreprises. Ces deux points constituent des points durs de la négociation. De leur résolution dépend en grande partie le fait que ce premier projet puisse être pleinement porteur de perspectives et annoncer un avenir radieux.

24/06/2008

De l'art de prévoir l'avenir

On connaît le mot de Pierre Dac : « La prévision est difficile surtout quand elle concerne l’avenir ». Pourtant, l’injonction de prévision se décline à tous les étages de nos systèmes d’emploi et de formation. Le demandeur d’emploi : tenu d’avoir un projet professionnel définissant les emplois qu’il est prêt à accepter, sinon radié. Le salarié : doit décliner ses souhaits d’évolution dans le cadre de son entretien professionnel, sinon sa passivité pourra lui être reprochée comme un manque d’initiative sur son employabilité. L’entreprise : a l’obligation de faire de la GPEC au niveau collectif en négociant et/ou en présentant ses perspectives d’évolution des activités et de l’emploi au comité d’entreprise, mais également au niveau individuel en livrant au salarié son propre diagnostic sur l’évolution de son emploi ou de sa situation dans le cadre de l’entretien professionnel. A défaut, elle ne pourra mettre en cause l’emploi des salariés ou leur compétence.

 

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Chirico - Portrait prémonitoire de Guillaume Apollinaire
(Peint en 1914, ce tableau  présente la silhouette de Guillaume Apollinaire avec un cercle sur le tempe, endroit où le poète recevra un éclat d'obus le 17 mars 1916. Le visage à l'avant du tableau est celui de Chirico lui-même, avec des lunettes noires comme si le peintre ne voulait voir, ou assumer la responsabilité, de sa prémonition) 

Le droit du travail connaît donc une frénésie prévisionnelle qu’il ne craint pas d’assortir de sanctions. Injonction paradoxale à une époque où toutes les évolutions se produisent à un rythme toujours plus rapide et dans lequel la prévision peut relever, au choix, de la prédiction ou de la galéjade mais sans doute pas d’une rationalité scientifique. Qui avait prévu la crise des subprimes, le pétrole à plus de 150 euros, les pénuries alimentaires dans un monde en surproduction agricole, etc.

Bien évidemment, entre le gosplan (en russe Госплан, abréviation de Государственный комитет по планированию ou comité étatique pour la planification) et le demain n’est pas écrit, il existe sans doute une ligne d’horizon réaliste ne relevant pas du mirage et qui peut constituer un repère pour l’avenir.

Mais constatons que plus l’avenir nous échappe et plus nous nous contraignons à essayer de le prédéterminer, que le droit du travail n’échappe pas à cette tentation et que plus que d'aléatoires prévisions c’est sans doute la capacité de réactivité qu’il importe de développer.