04/08/2014
Mirages du temps
Au détour d'une rue, on peut changer d'époque.
Le temps a des caprices dont nous sommes les jouets, ainsi va le temps de l'attente semblable aux ombres interminables des fins d'après-midi. Lou reed est bien vivant : i'm waiting for my man.
L'heure bleue est présente à toute heure, et l'on peut la surprendre à attendre elle aussi.
On croit savoir ce que l'on attend, mais qui sait véritablement ce qui l'attend ?
A tout instant, un regard posé sur vous, attend.
Et si ce n'était pas le cas, vous seriez ce regard vous même. Un souvenir, en attendant.
Mais que peut-on donc bien attendre ainsi ? Est-ce que quelqu'un doit vraiment venir ?
Car l'attente est parfois si longue. Bientôt est comme l'horizon, une ligne de fuite perpétuelle.
Mais non, il ne faut pas s'inquiéter. Elle viendra bientôt. Elle finit toujours par venir.
08:30 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : attente, time, temps, regard, yeux, cinéma, photo, san francisco, voyage
06/05/2014
Contemporain
L'art contemporain mérite parfois les procès qu'on lui fait, lorsque le discours et le concept tentent vainement de combler la pauvreté de l'oeuvre ou quand la prétention et l'absence d'humour sapent irrémédiablement toute signification. Mais tout ceci n'empêche qu'il faut y retourner, ne serait-ce que parce que c'est un moyen d'être dérangé, de penser contre soi-même.
S'ouvrir à des expériences nouvelles c'est l'attention de cette petite fille dont le regard embrasse la toile pendant que sa maman met des mots sur des motifs.
Et que peuvent penser les deux amies de cette femme, cette autre, au regard fixe qui les fixe et les trouble, peut être malgré elles.
Mais il n'y avait pas que des filles pour la biennale du Whitney Museum, au contraire, l'ambiance était très gay.
L'essentiel lorsque l'on sort d'un musée est de savoir si l'art y est resté enfermé où s'il est sorti avec nous. La réponse à la question est dans ce qui se présente à notre regard.
Car tel est, pour ceux que le non sens effraieraient, le sens de l'art, changer la vue pour changer la vie.
08:16 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END, EN PHOTOS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, contemporain, musée, regard, vue, new-york
24/08/2013
Le temps d'un regard
Ils rythment la rue et murmurent à l'oreille des passants. Les adultes s'arrêtent au premier qui leur fait signe, sous l'effet de surprise. Au second on accorde déjà moins de temps et au troisième on est retourné à ses préoccupations d'adultes. On ne verra donc pas les autres.
Les enfants les regardent tous. Un par un. Reviennent en arrière parfois, pour vérifier le nombre de doigts, la forme de la bouche, la texture de la robe légère. Ils savent que ce sont des fantômes avant qu'on le leur ait expliqué.
A l'adulte qui les tire par le bras en disant : "Allez viens, dépêche toi !", les petits répondent qu'ils veulent aller voir encore, suivre les fantômes, tourner le coin de rue dans le sens des flèches rouges, parce qu'il y a sans doute encore à découvrir et que de toute façon les fantômes ils disent que c'est par là qu'il faut aller.
C'est assez simple finalement de savoir ce que l'on a fait de l'enfant qui est en nous. Il suffit juste de se demander si on a le temps. Parce que l'enfant il a toujours le temps et l'adulte jamais.
Suivre les fantômes, c'est accepter d'être conduit n'importe où sans poser de question. Juste en regardant ce qu'il se passe, comme par exemple quand le regard d'une petite fille de l'autre bout du monde croise celui de la plus énigmatique jeune femme de l'art occidental. Pour connaître la suite, prière de s'adresser aux fantômes.
11:01 Publié dans EN PHOTOS, FRAGMENTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fantôme, japon, petrus christus, peinture, regard, enfant, adulte, art, photo
08/05/2013
Voir
Ce n’est pas parce que le baccalauréat approche qu’il faut succomber aux tartes à la crème des sujets (ne devrait-on pas dire objets d’ailleurs ?) de philosophie. Pas de discussion donc à partir de l’éculé « l’art imite-t-il la nature ? » ni de son plaisant inversé, nous voulons parler de la formule d’Oscar Wilde « la nature imite l’art ».
Bornons nous ici à constater que la réponse à ces questions, et à bien d’autres, est dans le regard. Notre manière de voir, d’observer, nous définit mieux que de longs discours.
Voir, regarder, observer, c’est une question d’échelle, de catégorie, de représentation, de mode d’appréhension du réel, du symbolique et de l’imaginaire, coucou Lacan.
Mais si l’on veut savoir ce qu’il y a véritablement dans une toile de Rothko, et donc la raison pour laquelle ce peintre consacra la plus grande partie de sa vie à enduire des toiles de grandes surfaces colorées, les traces de voyage, de temps et de poésie prélevées sur une épave de bateau sont les bienvenues.
Le regard, où la manière dont chacun d’entre nous appréhende les ombres et lumières du monde auquel il appartient.
00:10 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : regard, peinture, photographie, photo, art, picasso, rothko, richter, cubisme, nature
06/08/2010
Regarder, voir
L'apologue zen est rapporté par André Breton dans Signe Ascendant (1947) : "Par bonté bouddhique, Bashô modifia un jour, avec ingéniosité, un haïkaï cruel composé par son humoristique disciple Kikakou. Celui-ci ayant dit : "Une libellule rouge - arrachez-lui les ailes - un piment", Bashô y substitua : "Un piment - mettez lui des ailes- une libellule rouge". Il appartient à chacun de nous de se façonner un regard qui voit des piments dans les libellules ou des libellules dans les piments.
14:07 Publié dans TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : goethe, schopenhauer, andré breton, soleil, désir, regard, photo, art, littérature