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13/08/2016

Le jour où je suis devenu un nuage

D’abord je les ai regardés. Apparaître dans des ciels clairs, raccourcir l’horizon, filtrer la lumière, refléter les couleurs du sol,…

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…puis je me suis amusé de leurs formes, de leur dessins, des sculptures éphémères qu’ils érigent dans le vent,…

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…et puis je m’en suis rapproché, intellectuellement, puis corporellement,…

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…et soudain c’est arrivé. Sans y réfléchir, tout naturellement, en toute logique, je suis devenu un nuage…

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….intégré aux autres nuages, aux éléments, sensible à toute chose, suspendu dans le temps, j’étais un nuage…

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 …du monde ancien ne me parvenait plus qu’un lointain écho d’acrimonie : « Il va bien falloir en redescendre de ton nuage »…

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…comme si les nuages n’étaient pas sur terre…

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…comme si rien ne vivait à l’intérieur de nous…

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…le nuage peut sembler s'effacer, il est présent à jamais.

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04/08/2016

WOMEN II

Ici, il y a des femmes kangourous. Beaucoup. On les remarque davantage que les femmes opposums, qui sont présentes aussi.

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Et les femmes-rhinocéros.  

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Et puis il y a la louve qui fait le tour du monde. Et  entoure le monde de musique. 

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 Elle vous fait perdre tout sens de la réalité.

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Mais cela fait bien longtemps que les artistes ont montré que la réalité n’existe pas. Il n’y a que des représentations.

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 Et ces représentations vous mènent par le bout du nez. 

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Pas de liberté sans imaginaire. 

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10/08/2015

De l'énergie et pas qu'à revendre

Quel que soit l'intérêt et le charme de toutes les villes américaines, pas une ne dégage l'excitation, l'énergie, les vibrations, de New-York. Nougaro l'a chanté à sa manière, mais ici pas de doute, ça pulse. 

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A tous les étages, et à tous les coins de rue. 

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Evidemment, la chauve-souris de Gotham City s'y met aussi. La moindre des choses. 

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Bien sur, le trop plein d'énergie conduit souvent au n'importe quoi. 

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Mais la ville de l'image, du mouvement, et donc du cinéma, sait aussi se faire littéraire et vous plonger à tout moment dans un roman de James Ellroy. Des grandes envolées aux bas-fonds, le désir de tout trace souvent une ligne droite. Ici, c'est direct, c'est pas du Ronsard, c'est de l'amerloque. 

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23/11/2013

Des failles

C’est une peinture qui vous parle du 21ème siècle. Pas une peinture contemporaine, une peinture qui vous raconte l’histoire de son époque à travers l’histoire. Sur fond de couleurs fadasses, d’éclairage aux néons sans goût, de lignes aussi diffuses que les flous idéologiques du temps, se déroule une scène de série télé. Parce que sur l’écran rectangulaire de la toile télévisée, la banalité du sordide au quotidien ne nous est pas simplement montrée, elle est  mise sous nos  yeux sans recul, sans pensée, sans émotion mais avec la ferme intention de l’effroi. Froid comme les couleurs, froid comme l’inanité du commentaire, froid comme l’absurdité de la vie tragique. C’est ce flot d’images sans intérêt du début du siècle qui vient se cristalliser sous la lumière blafarde du tableau.

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Marie Rauzy - Il ne faut pas faire la guerre - 2013

Qui n’en peut plus et s’ouvre en son milieu. De  cette faille de l’espace et du temps surgit le minotaure. Enfant des jeux de l’amour et du pouvoir, tragique et dérisoire, il se pare des atours publicitaires pour se fondre dans le décor. Mais son œil le trahit. C’est l’œil de l’âne du Gilles de Watteau. C’est l’œil des soldats qui sont revenus des tranchées du siècle dernier. C’est l’œil des millions d’animaux qui entrent dans les abattoirs. C’est l’œil de la conscience qui ne peut plus parler, suffoquée. C’est l’œil d’épouvante du Minotaure qui comprend que même au sein du labyrinthe, les hommes ne le laisseront pas en paix. C’est pourquoi, au-dessus de cet œil sont plantées les ailes des chauves-souris baudelairiennes qui, comme l’Espérance, s’en vont battre contre  les murs humides du cachot dans lequel nous enferme le siècle, 21ème du nom. Il y a longtemps que la vie s’est réfugiée dans les failles, c’est là que la peinture vous donne rendez-vous.

16/09/2013

Trop c'est trop

Le néerlandais Erik Kessels a imprimé toutes les photos qui ont été publiées sur Flickr pendant une période de 24 heures. Ces photos sont toutes différentes, uniques, et pourtant elles constituent un ruban de moebius de la photographie personnelle. L’impression d’avoir déjà vu, revu et rerevu tout cela et finalement, l’accumulation finit par tuer toute vision tant l’œil est submergé par l’entassement.

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Comme dans une décharge à ciel ouvert, ce qui pourrait être une des définitions possibles d’internet, on se dit qu’il y a sans doute, dans le tas, quelques pépites qui s’amusent à se dissimuler, à éprouver leur clandestinité et prennent un malin plaisir à jouer à la lettre volée. Mais oui, je suis là, devant toi, tu ne vois rien ? et bien non, rien de rien, carrément rien. Trop c’est trop.

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Et pourtant les centaines de photos de Daido Muriyama ne produisaient pas cet effet de chantilly au kilomètre. Peut-être tout simplement parce que peu importe le nombre, comme au Tango, ce qui compte c’est le geste juste.

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Les photos d'Erik Kessels invitent à penser que ce qui tue le droit, c’est moins l’invraisemblable quantité de textes, même si elle ne facilite rien, que la médiocrité de leur qualité. Et  l’on se dit qu’il faut la ténacité, ou la folie, d’un chercheur d’or pour s’évertuer encore à traquer dans tout ce fatras quelques pépites.

05/06/2013

Deux films à voir

La rediffusion du film Journal de France, réalisé par Raymond Depardon et son épouse, Claudine Nougaret, est l'occasion de refaire une ballade en France mais aussi dans les films précédents de Depardon. Et notamment de revoir les scènes stupéfiantes de Délits Flagrants, qui permet d'assister au travail des juges du tribunal correctionnel de Paris. On est saisi en entendant la manière dont la justice s'adresse aux petits délinquants, aux voleurs, aux agresseurs, de constater combien le discours est loin du droit et emprunte tour à tour à la morale, au paternalisme ou au mépris, à l'évidence non intentionnel mais c'est peut être pire. Et en retour, on est frappé de voir que ce discours semble venir d'un autre monde que celui dans lequel vivent ceux qui sont jugés. Au final, un total dialogue de sourds et d'immenses doutes à la fois sur la manière dont la justice est rendue et sur ses effets.

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Raymond Depardon - La France

Alors que Depardon réalise un film  qui laisse la parole à ceux qui sont filmés, très loin des pesants commentaires off qui accompagnent bien des documentaires, ni les juges ni les avocats ne font grand cas des personnes qu'ils ont la charge de juger ou de défendre. Leur parole est systématiquement niée, lorsqu'encore elle est entendue. Heureusement, les prises de vue choisies par Depardon permettent de se dégager de  cette atmosphère pesante. Peut être faudrait-il de temps en temps mettre les juges dans une camionnette et leur faire faire le tour de France, dormir sur des places incertaines, errer sur des routes de montagne entre chien et loup, être surpris à tout moment par ce que va révéler le prochain virage. Après un tel périple, les juges prendraient peut être le temps d'écouter ceux qui sont en face d'eux.

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10/05/2013

Voir encore

C'est ce que je fais qui m'apprends ce que je cherche (Pierre Soulages)

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Ne cherchez pas à voir la réalité, c'est avant que la réalité existe (Yves Tanguy)

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Son langage est un mot de passe vers la lumière du jour (Roland Penrose à propos d'Yves Tanguy).

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Si quelqu'un a des oreilles, qu'il voie, si quelqu'un a des yeux, qu'il entende (Jean Arp)

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Chère imagination, ce que j'aime surtout en toi, c'est que tu ne pardonnes pas (André Breton).

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04/07/2009

Le temps du regard

L'exposition "Une image peut en cacher une autre" se tenait au Grand Palais jusqu'au 6 juillet 2009. On pouvait y observer un manège étrange : les visiteurs scrutaient chaque tableau avec une attention particulière, prenaient le temps de l'observation, traquaient les détails, s'approchaient du tableau pour mieux voir, ou au contraire s'en éloignaient pour déterminer la bonne distance qui allait révéler le mystère de la peinture, de la photographie ou de la sculpture proposées à leur regard. Mais où donc se niche la chouette ? quel rocher figure une tête humaine ? quel paysage est un corps nu de belle endormie ? quel est le double de cet homme au chapeau ? ah oui, un lapin ! Que représentent ces 80 animaux taxidermisés ? le couple de leurs assembleurs.

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Tim Noble / Sue Webster - British Wildlife - 2000

Spectacle inhabituel dans les expositions où la foule est souvent un flot continu qui défile devant les tableaux regardés avec plus ou moins d'attention, voire carrément oubliés comme la belle ferronière qui ne voit que le profil des visiteurs du Louvre qui cherchent la Joconde. Mais ici, le visiteur était prévenu : il faut regarder, le spectacle est invisible au premier abord, il faut en percer le mystère pour en jouir, le regard quotidien ne saisit que la surface des choses. Reste à ne pas oublier la leçon en sortant de l'exposition.