01/04/2013
Il est libre Max
Son père était allemand et peintre, et très vite l'Allemagne, son père la peinture devinrent trop peu pour Max Ernst. Il quitta son pays de naissance, pour faire de chaque lieu son pays nouveau : Paris, l'Italie, puis New-York, l'Europe, Paris encore, la Touraine enfin qui nous vaut cet exceptionnel jardin de la France (voir ici).
La peinture aussi, c'était trop peu. Il inventa le frottage, que tous les enfants (au moins ceux du monde d'avant) on reproduit en plaçant une pièce de monnaie sous une feuille de papier, puis le décalcomanie, le grattage, multiplia les collages, entrepris de sculpter, s'essaya à toutes les techniques en bricoleur de l'art et du quotidien.
Max Ernst - Pléiades
Il participa à Dada, au Surréalisme, réalisa des décors de théâtre, illustra des livres, raconta des histoires, créa un personnage, Loplop, mi-homme mi-oiseau, comme Max Ernst était mi-peintre, mi-poète, mi-inventeur et quelques autres mi encore.
Max Ernst - Napoléon dans le désert - 1941
Il assembla et utilisa toutes les techniques, faisant naître des mondes oniriques que d'autres avant lui avaient visités, comme en témoignent les dessins de Bosch et de Bruegel également présentés en ce mois de mars à l'Albertina, dans un de ces hasards objectifs qui enchantent le monde.
Max Ernst - Tentation de Saint-Antoine
Cette capacité créatrice de Max Ernst, suppose de s'affranchir des cadres et catégories, de travailler en tous sens et d'associer sans cesse ce qui ne paraît pas naturellement s'assembler. Hier, lors de la visite de l'exposition d'Hundertwasser, découverte de cette phrase : "Notre illettrisme n'est pas notre difficulté à lire ou à écrire, c'est notre incapacité à créer". Hundertwasser se méfiait de la ligne droite comme de la peste, de ce qui segmente et sépare comme du choléra et il inventa une architecture de la rondeur, de la vie dans et hors des maisons et de la mise en harmonie de l'habitat et de la nature. Il abhorrait les règlements d'urbanisme et invitait chacun à peindre sa maison à son goût et à pouvoir la modifier sans architecte (l'architecture ne sera de l'art que lorsqu'elle sera autorisée à tous et non réservée aux architectes).
Hundertwasser - Village thermal
Hundertwasser - La forêt à spirales
A quoi bon l'art s'il ne nous permet pas de développer un regard neuf sur l'alentour et s'il ne nous conduit pas à déshiniber nos capacités créatrices. Toute l'histoire de l'art ne devrait pas se regarder comme l'histoire d'hommes et de femmes d'exceptions, mais au contraire comme un encouragement à ce que chacun fasse entendre sa voix personnelle. Bien loin du Panthéon des grands hommes, un appel lancé à tous les créateurs anonymes, les bricoleurs du quotidien, les inventeurs du dimanche et de tous les autres jours de la semaine, les enthousiastes de la nouveauté et de l'appropriation du monde par la créativité.
Schmoll - Plan de la machine à faire les crêpes
Et les commissaires de l'exposition avaient bien compris le message qui ont placé quelques occasion de créativité sur le parcours. Comme Max, pour nous encourager.
Big brother is shooting you !
01:09 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ernst, peinture, photographie, architecture, vienne, voyage, art, création, liberté
31/03/2013
Vienne, ville rétrospective
Séjour à Vienne pendant le week-end pascal, attiré par la rétrospective Max Ernst, 180 oeuvres présentées à l'Albertina. Mais avant d'aller voir les toiles, la moindre des politesses est de partir se perdre dans les rues de la ville, de marcher, marcher, marcher et de regarder, sentir, humer, renifler, zyeuter, baguenauder, traîner et se laisser surprendre. Et ça n'a pas raté. Au détour d'un carrefour, sur une colonne Morris, tentant de confondre son gris avec celui des pavés, mais cela ne suffit pas pour passer inaperçue, une affiche annonçant une rétrospective, décidément, de Saul Leiter. Vienne, ville rétrospective.
L'exposition se tient à la Kunsthaus, oeuvre de l'architecte, peintre, dessinateur, philosophe, marin, poète et diverses autres choses, Hundertwasser (dont je reparlerai). Les photos sont merveilleuses, avec quelques pépites que je ne connaissais pas, et sont accompagnées de gouaches dont certaines sont d'une extraordinaire qualité. Décidément, voici des gens fort sympathiques qui ne se laissent pas enfermer dans une catégorie. Dans l'exposition, même si tout est splendide, je cherche une photo, LA photo. Mais je ne trouve que ses cousines, tirées de la série intitulée Lanesville (1958).
Ces photos de Dorothy Weaver, ce nom qui évoque la vague (wave) et le rêve (dream), sont magnifiques mais elles trouvent leur aboutissement dans ce que je tiens pour une des plus belles photos qui existe.
Cette photo est un film, une peinture, un dessin, une photo, la vie. Elle raconte plus d'histoires que la Bible ou les Mille et une nuits. Celle de la mer, qui offre de son bleu d'éternité des couleurs de Sud à cet univers insituable. Celle de cette voiture dont on ne sait si elle arrive, se prépare à partir, somnole comme la jeune femme, est abandonnée ou prépare soigneusement sa prochaine virée. Celle d'une herbe qui s'est donnée partiellement au soleil et à ses brûlures de hasard. Celle de cette jeune femme qui dort, ou qui rêve, peut être rêve-t-elle qu'elle dort, peut être s'est-elle assoupie dans l'attente, peut être son corps fait-il repos après s'être énivré d'un autre corps, ou bien se plaît-il à s'offrir, comme la nature, à l'astre solaire chargé de lustrer la peau moirée livrée à ses caresses. Et tout cela ne dit encore rien des secrets de l'image. Saul Leiter lui même disait : "Il me semble que des choses mystérieuses peuvent prendre place dans des lieux familiers". Saul Leiter fête cette année ses 90 ans.
01:33 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vienne, autriche, photo, photographie, exposition, art, saul leiter, hundertwasser
05/11/2012
Vacance(s)
Les vacances s'allongent, allez-vous les passer allongés ? allez-vous garder le rythme ? En ces temps de vacances, la vacance est votre quotidien. Votre emploi du temps s'ouvre à vous et vous laisse face à l'éternelle question :
Faut-il persister à emplir le vide dont le temps fait sa consistance ? Si l'interpellation suscite en vous un instant philosophique, Parménide vous guide : l'être est, le non être n'est pas. Vous en concluerez que, comme en matière juridique, le vide n'existe pas et qu'il n'est qu'un leurre ou une facilité. Alors vous pouvez vous abandonner à ce qui emplit l'espace : le soleil, l'air, la mer.
C'est lorsque toute intention a disparue, toute émotion s'est tue, que la nouveauté peut apparaître. Ici, elle frappe à la fenêtre pour rappeler que les toiles de Rothko sont des portes ouvertes qu'il suffit de franchir. Ni le courage ni la peur ne sont nécessaires. Mais un peu d'abandon.
Ce que vous découvrez, vous avez comme toujours l'impression de le connaître déjà tout en ayant le sentiment profond de n'avoir jamais rien vu de tel. Pas de doute, vous êtes au bon endroit.
Et pour ceux qui supporteraient mal de voir disparaître la part d'ombre, ces zones obscures qui les fascinent tout en les dévorant, il suffit d'attendre le clin d'oeil du soir.
Ombre ou soleil, vous avez toujours le choix du côté vers lequel vous souhaitez regarder. Au besoin, il est des regards qui peuvent vous aider à choisir.
Et c'est ainsi que l'actualité attendra demain. Bon lundi à tous.
15:24 Publié dans EN PHOTOS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mer, soleil, ciel, nature, normandie, photo, photographie, vacance, temps, parménide
26/10/2012
Sécurité ?
Les négociations sur la sécurisation de l'emploi se déroulent difficilement. Lot de toute négociation véritable certes, car lorsque l'on se met d'accord sans délai, c'est que l'on ne négocie point mais que l'on constate une communauté de positions. Le point d'achoppement de la semaine est constitué par la réforme des licenciements économiques. Le texte patronal soumis aux organisations syndicales voudrait rendre plus facile la reconnaissance d'un motif économique, moins importantes les obligations de reclassement et moins susceptibles de recours les décisions de licenciement. Au nom de la flexibilité et de la sécurité juridique. Les organisations syndicales font remarquer que la seule sécurité traitée par le texte est celle de l'entreprise, et que la sécurisation de l'emploi n'est guère présente. On constate surtout que derrière les mêmes mots, s'abritent des intérêts et des intentions différentes.
Ce qui surprend, c'est cette volonté des organisations patronales de vouloir à tout prix sécuriser les licenciements économiques. Il s'en pratique environ 260 000 chaque année, chiffre quasiment constant. Et seuls 2,5 % de ces licenciements donnent lieu à contentieux. Pourquoi ? parce que les sommes perçues par les salariés lors du départ, au moins dans les grandes entreprises, sont supérieures à ce que le juge accorderait en cas de contentieux. Il ne faut pas s'étonner que les conflits à l'occasion de PSE portent sur le montant des indemnités de départ. C'est moins de la résignation que du pragmatisme. En effet, si le licenciement n'est pas fondé en droit, le juge accordera au salarié 6 mois de salaires, voire un peu plus. Jamais la réintégration. Moyennant quoi, en gonflant un peu les indemnités, une entreprise tue l'intérêt à agir. D'où la faiblesse du contentieux. Du coup, c'est moins la sécurité juridique que visent les organisations patronales que la baisse du coût des licenciements. Il suffisait de le dire.
00:45 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : licenciement, sécurité de l'emploi, négociation, économie, emploi, travail, photo, photographie
24/08/2012
Soudain, la nuit
Un jour, ils ont perdu la vue. Soudainement, par accident, maladie, opération ratée, aggression et autres moments qui constituèrent la bascule entre leur vie d'avant et leur vie d'aujourd'hui. Sophie Calle les a rencontrés en Turquie et leur a demandé de se souvenir de la dernière image qu'ils ont vu avant de devenir aveugles. Et elle a photographié cette image, associée à ces visages dont les yeux vous regardent mais ne vous voient pas.
Dans une pièce obscure, sur des grands écrans, des personnes devenues aveugles font face à la mer, vous les voyez de dos. Puis elles se retournent et vous font face. Le vieux pleure. Les larmes ne voient pas, elles sont indifférentes à la lumière. Sophie Calle nous entraîne sur bien des chemins avec ce travail, et notamment celui des moments où tout bascule alors que les choses auraient pu, auraient du, se passer autrement. C'est le terrible chemin de l'irrémédiable et de la perte infinie.
10:13 Publié dans EN PHOTOS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arles, photo, photographie, aveugle, sophie calle, art
23/08/2012
Des filles ordinaires
Les Rencontres d'Arles, cette année, semblent avoir fait une pause. Peu de grands noms de la photographie, Koudelka est une exception fulgurante et ses Gitans une étoile noire dans un monde gris, et beaucoup de travaux de photographe peu connus en dehors peut être du milieu photographique. Et dans les travaux présentés, une minorité d'artificiel, de grandiloquent, de technique sans âme. Pour la plupart des invités, un regard sur le quotidien assez nu, près du sujet ou de l'objet, avec le souci d'en préserver la vérité ou de ne rien brusquer pour la faire surgir. Ils sont nombreux à creuser ce sillon de la différenciation pour une légère inflexion du regard, qui témoigne d'une plus grande singularité que bien des recherches d'effets souvent gratuites quant elles ne sont pas prétentieuses. Parmi ces scruteurs du quotidien, ma préférence va à Géraldine Lay.
Géraldine Lay - Saint-Pétersbourg - 2011
La série intitulée "Failles ordinaires" est un recueil d'instants inscrits dans les interstices du temps qui passe. Géraldine Lay fixe les moments où le quotidien bascule dans l'inquiétant, l'étrange, le romanesque, le cinématographique, ce temps court où une faille du temps vous laisse la possibilité d'aller voir le dessous des cartes. Et, ce n'est pas une surprise, ce sont quasiment toujours des femmes qui habitent ces espaces temporaires qui nous permettent d'accéder à ces contrées que l'on connaît déjà sans jamais y avoir accédé.
Géraldine Lay - Paris - 2010
Ceux qui se prétendent réalistes, mais il est difficile de se prétendre résigné ou impuissant, vous expliquent qu'eux voient le monde tel qu'il est. Ils ne l'ont pourtant jamais vu comme le voit Géraldine Lay lorsqu'elle promène son 24x36. On ne dira jamais assez combien notre monde souffre du manque d'imagination. Heureusement qu'il y des filles ordinaires.
00:29 Publié dans EN PHOTOS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arles, photo, photographie, géraldine lay, filles, ordinaire
22/08/2012
Les photos-pensées
Jamais autant de photos n'ont été prises. Le numérique a fait basculer la photographie dans la démocratisation absolue, puisque photographier ne coûte plus rien une fois l'appareil acquis, et les téléphones portables ont achevé de mettre dans les mains de tout un chacun un appareil photo. Jamais autant de prises de vue et donc de traces, de témoignages, d'images. Quel impact auront ces photos sur les enfants qui pourront, s'ils ne s'en lassent pas, revoir les dizaines de photos de leur première semaine et les milliers de photos de leur première année, pour ne rien dire des autres. Quelle différence entre ces enfants et ceux qui ont revu leur jeunesse à travers une poignée de photos surinterprétées qui comptent moins que les souvenirs ? quel rôle joueront ces prises de vue répétées dans la (re)construction du souvenir ? que dira ce taureau de camargue à son cavalier ?
Dans son très beau livre "La fille aux neuf doigts", Laia Fabregas nous enseigne la méthode, inculquée par des parents autonomistes catalans qui affrontaient le régime franquiste, pour réaliser des photos-pensées. Dans les moments de forte émotion, pour conserver ce ressenti en vous, il est possible de prendre une photo-pensée. Vous commencez par délimiter un cadre, puis vous observez tous ce qui entre dans le cadre et vous le détaillez. Lorsque tout est fixé, vous développez la photo en fermant les yeux et en recomposant minutieusement le cadre et ce qu'il entoure. Ensuite vous pouvez archiver la photo-pensée dans votre mémoire et la reconvoquer à loisir. Le mérite de la photo-pensée est qu'elle vous oblige à observer, ce qui n'est pas vrai par nature avec l'appareil photo. Peut être le taureau et le cavalier auraient-ils mérité une photo-pensée, mais est-il vraiment exclu qu'elle ait été prise ? et qui dit qu'elle ne sera pas transmise avec la photo du téléphone portable ? car le propre des photos-pensées, c'est de vous raconter des histoires.
01:16 Publié dans EN PHOTOS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : photo, photographie, photo-pensée, laia fabregas, littérature, camargue, taureau
21/08/2012
Mais où est le mélangeur ?
Cette année, les Rencontres photographiques d'Arles invitent...les étudiants, ou anciens étudiants de l'Ecole Nationale Supérieure de Photographie (ENSP), installée à Arles. Pour fêter les 30 ans de sa création, l'Ecole a pris quelques nouvelles des 640 étudiants qu'elle a diplômé. Et présente les travaux de quelques uns d'entre eux. Les commentaires accompagnant les photos sont assortis d'une petite fiche biographique. L'occasion de jeter un coup d'oeil sur les parcours des diplômés de l'ENSP. Majoritairement des jeunes gens qui ont fait des études artistiques (Beaux-Arts, sociologie de l'art, sciences de l'art, écoles de cinéma, d'arts plastiques, etc.) ou des sciences humaines (histoire, socio, lettres, philo,...) et il faut chercher longtemps pour trouver une ingénieure et un infirmier. Dorothée Smith, pour sa part, a fait des études de philosophie à la Sorbonne avant d'intégrer l'ENSP.
Dorothée Smith
Je pense justement aux étudiants du Master Développement des Ressources Humaines de la Sorbonne, dont les CV sont posés sur mon bureau. Je regarde également leur parcours : droit, gestion, gestion, droit. Et Ressources Humaines au final. Pas un juriste à l'ENSP, pas un historien, philologue ou sociologue de l'art en Ressources Humaines. Pas de doute, les cloisons sont bien montées et ceux qui ont fait le boulot ont en plus planqué le mélangeur. Il serait pourtant urgent de le retrouver et que ceux qui sont chargés de recruter tous ces jeunes gens osent s'en servir.
02:05 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, EN PHOTOS | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : arles, ensp, photo, photographie, recrutement, formation, éducation, filières, orientation
20/08/2012
L'éventail des possibles
La rentrée c'est maintenant paraît-il. La chaleur continue pourtant à mollement étirer ses tendres bras pour mieux enlacer votre envie de prendre le temps, d'aller au rythme du pas qui va, de glisser entre les arbres et les ombres, de se nourrir de visions passantes et de regards légers ; car l'air chaud allège tout. Il faut ne pas connaître le Sud pour penser que la chaleur écrase. C'est tout l'inverse, elle libère. Ce qui vous rappelle que la rentrée ce peut être l'occasion de prendre de nouveaux trains, de nouveaux chemins, d'avoir la surprise de découvrir ce qui se trouve au bout du quai, lequel est toujours un point de départ, jamais d'arrivée.
C'est alors que s'ouvre l'éventail des possibles qui, comme tout éventail, ne vise pas à rafraîchir mais à créer des courants d'air dans lesquels vous disposerez au choix des gestes, des mots, des regards, des silences ou des invitations que l'éventail délivrera à votre entourage.C'est la rentrée et Eve entaille les possibles, elle les mord, Eve en taille de guèpe, que guapa, et le vent taille la route des possibles.
00:05 Publié dans TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rentrée, chaleur, été, photo, voyage, train, éventail, photographie, départ
19/08/2012
Appropriation
Contrairement à l'idée reçue selon laquelle le travail serait une valeur, il sera ici soutenu que le travail n'est ni une valeur, ni un bien, ni un mal. Il sera également soutenu qu'il y a des sots métiers, des métiers aliénants et dépersonnalisant ; et qu'évidemment le travail peut être source de tous les plaisirs. A condition toutefois de se l'approprier et de le personnaliser. A chacun de trouver la bonne manière d'y parvenir.
00:27 Publié dans EN PHOTOS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photo, photographie, travail, valeur, aliénation, littérature
14/08/2012
Classique
Entendu lors d'une visite à l'exposition consacrée à Eva Besnyo, au Jeu de Paume :
Elle : C'est très beau...
Lui : C'est classique
Elle : En 1930, ce n'était pas classique mais novateur...
Lui : C'est pour cela qu'aujourd'hui c'est classique.
Eva Besnyo - Nu - 1932
Certes, le terme "classique" renvoie à de multiples définitions qui désignent soit des époques (au choix l'Antiquité ou le 18ème), soit le conventionnel, soit une esthétique alliant qualité technique, rationnalité et harmonie, soit l'habituel ou encore ce qui relève de la tradition.
Si vous partagez son point de vue à lui, vous resituez l'oeuvre d'Eva Besnyo dans l'histoire de la photo, des photos vous en avez beaucoup vues et dans votre tête ces courbes, ces ombres, ces lignes, vous renvoient à tant d'oeuvres que tout cela vous paraît bien classique. Si vous partagez son point de vue à elle, l'histoire de la photo n'est pas venue importuner votre regard, vous êtes pris par l'instant que l'on vous offre, vous l'appréciez comme une prune sauvage dérobée à la nature et vous en goûtez malicieusement la beauté. Dans le premier cas, vous êtes classique, dans le second plus inclassable. Et comme souvent, le jugement porté en apprend davantage sur son auteur que sur l'oeuvre elle-même.
Les superbes photos d'Eva Besnyo sont visibles au Jeu de Paume jusqu'au 23 septembre.
23:38 Publié dans FRAGMENTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : exposition, paris, jeu de paume, eva besnyo, photo, photographie, nu
11/08/2012
Willy Ronis
Pour le week-end ensoleillé, et avant les Rencontres photographiques d'Arles, petit clin d'oeil à Willy Ronis.
00:12 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photo, photographie, willy ronis, arles
06/03/2012
Des lois pour les filles
Il y a quelques années, une photo de Nan Goldin sur laquelle une fillette jouait nue, avait provoqué la polémique et surtout la mise en examen du Commissaire de l'exposition "Présumés innocents" organisée à Bordeaux. Après des années de procédure, la Cour de cassation a conclu l'affaire par un non lieu.
Le débat ressurgit à la fois par la contestation des concours de minimiss et par le rapport parlementaire sur l'hypersexualisation des enfants. Parmi les recommandations, l'inévitable retour à l'uniforme envisagé comme un masque et non comme un repère (voir ici). Et au final proposition de légiférer sur la manière décente de s'habiller. Cela ne vous rappelle rien ?
Henry Darger - Vivian Girls
Une loi a déjà été votée concernant l'habillement des femmes : celle sur la burqa, pardon celle sur la dissimulation du visage dans l'espace public, puisqu'il ne saurait être question de faire une loi uniquement sur les femmes. Début de l'hypocrisie persistante. En effet, si le rapport de Chantal Jouanno est consacré aux enfants, en réalité il est surtout question des fillettes et des adolescentes. Sous couvert de lois générales, voilà un pays qui propose que le législateur se préoccupe de la manière dont les filles et les femmes s'habillent, dans leur strict intérêt cela va de soi.Trop habillée d'un côté, insuffisamment de l'autre, faisons confiance à la prochaine très masculine assemblée parlementaire pour nous indiquer avec précision la longueur et la couleur de la jupe.
Rappelons qu'au 1er janvier 2012, la France était classée 131ème sur 134 pays en matière d'égalité salariale. Aucun rapport ? non, bien sur.
19:14 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jouannon, hypersexualisation, filles, femmes, photographie, égalité, égalité professionnelle, éducation, travail
24/02/2012
Du sens des choses
Je me souviens d'un responsable d'un service formation qui prenait un malin plaisir à me citer des articles du Code du travail. Ce faisant, il pensait faire du droit. Il en connaissait plein. Il les savait par coeur et les utilisait souvent. La citation du numéro lui conférait un sentiment de toute puissance qui s'affichait largement sur son visage et que confortait l'impuissance de ses interlocuteurs à faire face à cette redoutable précision. Mais la précision extrême est une des stratégies possibles pour tenter de masquer l'incompétence. En réalité, jamais cet homme n'a fait du droit. Pour deux raisons. La première est que le fait de comprendre tous les mots d'une phrase ne garantit pas d'en saisir le sens. La seconde est que cette phrase ne s'éclaire peut être qu'au vu des intentions qui ont présidé à sa création mais également articles qui l'entourent et à quelques principes dans lesquels elle s'insère.
Thomas Hirschhorn - Concretion
Aucun des éléments utilisés par Thomas Hirschhorn n'est incompréhensible : des mannequins, du ruban adhésif, des traverses de bois. Le sens de CONCRETION est-il pour autant évident ? et peut être faudrait-il prendre connaissance des 19 autres oeuvres qui ont été présentées lors de l'exposition CONCRETION pour donner un sens à cette troupe qui se rigidifie sous nos yeux. Car le durcissement, de la pensée, des relations, du monde, est la thématique proposée. Mais isoler un élément de son contexte rend plus difficile d'en saisir la signification.
La Cour de cassation a illustré cette exigence d'élargissement du regard pour la compréhension du sens dans une décision du 25 janvier 2012. Une salariée prend un congé parental le 1er février suite à un congé maternité, et envoie un courrier à l'employeur pour l'en informer le 7 février alors que le Code du travail prévoit une information un mois à l'avance. L'entreprise procède au licenciement pour absence injustifiée. A tort nous disent les tribunaux. La salarié remplissait les conditions pour bénéficier du droit au congé parental, qui était donc de droit, et avait informé l'employeur par d'autres moyens. L'envoi tardif du recommandé ne constituait donc pas une faute grave. Le manquement de la salariée à une exigence précise d'un texte n'est donc pas une faute dès lors que l'on redonne à ce texte sa véritable portée au regard de la finalité du droit et de son mode d'exercice. Pour qui veut véritablement comprendre le sens des choses, on conseillera donc non pas d'être imprécis, mais de préférer la vision globale à la vision à courte focale.
01:32 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : congé parental, droit, droit du travail, art, art contemporain, jurisprudence, focale, photographie
07/02/2012
Pas touche les congés !
La Cour de Justice des Communautés Européennes poursuit son travail d'harmonisation des droits des salariés au niveau européen. N'en déplaise à ceux qui ne voient dans l'Europe qu'une machine bureaucratique dont la boussole est constituée par la concurrence, le libre-échange et les marchés financiers, il se trouve quelques juges à Luxembourg pour rappeler que l'Europe ce sont aussi des règles et garanties en matière sociale qui doivent bénéficier à tous les européens. Dans une affaire jugée le 24 janvier dernier (CJUE, aff. 282/10, Dominguez), la Cour rappelle que tout salarié doit bénéficier de 4 semaines de congés payés par an, et que ce droit n'est pas conditionné, dans les textes européens, par le fait d'avoir travaillé. Impossible donc de proratiser les congés payés d'un salarié qui, pendant la période de référence, a eu un congé maladie. Vous rentrez de congé ? prenez vos congés !
Robert Doisneau - Congés payés
C'est déjà la CJUE qui avait rappelé que les congés maladie ne pouvaient faire perdre des jours de congés payés acquis et qu'il fallait les reporter au-delà de la période de maladie. Voici une nouvelle étape : les congés payés ne sont pas la contrepartie du travail mais un droit inaliénable auquel doit avoir accès tout salarié, quand bien même n'aurait-il pas travaillé. Il va donc falloir reparamétrer les logiciels de gestion de la paie et arrêter de proratiser les congés payés des salariés malades. Au passage, ceux qui persistent à proratiser les jours de RTT des salariés en forfait jour lorsqu'ils sont malades et que la Cour de cassation avait déjà rappelé à l'ordre, trouveront ici l'illustration que le droit a repos peut être indépendant du travail. Ce n'était pas ainsi que l'on raisonnait jusque-là, il va falloir s'y habituer.
09:44 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : congés payés, maladie, contrat de travail, droit, droit du travail, europe, photo, photographie, doisneau
08/01/2012
Temps morts
C'est la fin de l'année. Les résultats sont corrects, mais le syndrôme des périodes heureuses aidant, ils génèrent tout de même de la frustration, surtout chez les dirigeants car les managers eux, estiment qu'ils ont plutôt tenu la barre par vents contraires. Le séminaire de fin d'année est important pour le COMEX car 2012 s'annonce délicate, au moins au premier semestre. Alors on a pas lésiné : cadre superbe, réception parfaite, nourriture et vins fins, attention constante du personnel de réception. Sur le programme non plus on a pas lésiné. Deux journées saturées d'interventions, des animateurs qui se relaient avec enthousiasme, des powerpoints flamboyants qui défilent à un rythme déconseillé aux épileptiques, des temps forts à tous les instants, des messages clés dans tous les messages et au final du très dense et peu de danse. Dans la salle, les participants se transforment peu à peu en présents puis en absents. Les iPhones et Blackberrys sont de moins en moins discrets, les appartés se multiplient, les comportements potaches saisissent une bonne partie des Top managers sans que l'ordonnancement méticuleusement prévu ne dévie d'un iota car tout a été planifié de 8h à 23h sans temps mort.
Manule Alvarez Bravo - Conversation à côté d'une statue - 1933
Curieuse appellation d'ailleurs que ces "temps morts". Car dès que s'ouvre une fenêtre de liberté, une pause, un repas, une fin de soirée, ceux qui traitaient leurs mails persos, qui luttaient contre la somnolence, qui vagabondaient sur le net, tous ceux-là s'animent et entrent en conversation. Pour parler de quoi ? quasi-exclusivement de travail. De leurs activités, de leurs difficultés, de leurs réussites, ils se lancent à la recherche d'informations, d'avis, de conseils, d'approbations, de partages d'expérience, bref ils profitent du cadre de liberté pour traiter véritablement les questions qui les intéressent. C'est dans ces moments, plus que dans les injonctions communicantes, que se font, ou pas, les communautés de travail, d'intérêts et de fonctionnement. Et lorsque l'animateur fait le tour des couloirs et jardins dans lesquels se sont constitués les groupes de discussion en lançant : "Allez on reprend, au travail !", il ne semble pas percevoir que le vrai travail il vient d'y mettre fin.
15:57 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : travail, formation, temps, économie, management, photo, photographie, alvarez bravo
13/12/2011
Le casse-tête du droit à la vie de famille
Le juge persiste et signe dans sa volonté de faire du droit à la vie personnelle et familiale un principe de droit du travail opposable aux employeurs. L'intention est louable, mais comme on le sait, sous la plage des bonnes intentions surgissent souvent les pavés de l'enfer. Illustration dans une affaire récente. Un salarié travaille selon des horaires un peu alambiqués mais essentiellement le matin. L'employeur, tel un agent des chemins de fer, lui annonce que ses horaires seront modifiés et prendront dorénavant place essentiellement l'après-midi. Le salarié considère qu'il ne s'agit plus de modifications de ses horaires mais de véritables bouleversements qui modifient son contrat de travail. Il refuse donc. Saisi de la question le juge répond par un principe : "sauf atteinte excessive au droit du salarié au respect de sa vie personnelle et familiale ou à son droit au repos, l’instauration d’une nouvelle répartition du travail sur la journée relève du pouvoir de direction de l’employeur" (Cass. soc., 3 novembre 2011, 10-14.702).
Lisa Carletta - Famille Beaupoil de Sauveboeuf - 2009
Voilà donc le salarié doté d'un droit à la vie personnelle et familiale et l'employeur sommé de le respecter. Rappelons tout de même que la vie personnelle et familiale du salarié ne peut fonder une décision de l'employeur, au risque de constituer une discrimination. L'entreprise est donc placée dans la difficile situation de tenir compte de ce qu'elle ne saurait connaître : "Cachez ce sein que je ne saurai voir"...mais montrez le s'il devait vous permettre d'en tirer avantage. Et au passage, l'employeur devra adopter des solutions différentes envers les salariés en considération de leur situation personnelle, déclarativement établie, au risque de ne plus maintenir l'égalité de traitement entre les salariés qui ont des personnes à charge, ceux qui n'en ont pas, ceux dont le conjoint travaille ou non, ceux qui n'ont pas de conjoint, etc. A ce stade, les angles coupants qui caractérisent les pavés des bonnes intentions produisent les effets que connaissent bien les coureurs de Paris-Roubaix : foutre en l'air en quelque seconde ce qui a été patiemment construit de longue date. La voie empruntée par les juges n'est pas plus sûre que la tranchée d'Aremberg. Il est à craindre que le juge qui s'y est égaré ne contribue à distribuer de la confusion dans les entreprises et en voulant tracer des frontières protectrices atteigne le paradoxal effet de les abolir. Bon courage en tous cas à ceux qui vont devoir traduire ces jurisprudences en décisions manageriales.
23:54 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : famille, droit, vie personnelle, droit du travail, ressources humaines, travail, emploi, contrat, carletta, photographie
23/11/2011
Jardin d'agréments
Le jardin d'Epicure était lieu de plaisir et de raison car en ce temps là il ne venait à personne l'idée d'opposer l'un et l'autre. Le jardin est un lieu de curiosités. Fourmillant de vies multiples, il varie selon le temps et au gré du temps. On peut s'y établir dans un immobilisme tout empreint de mouvements perpétuels. Et si l'on s'y assoupit, le réveil s'agrémente du plaisir de la re-découverte.
Festival des jardins de Chaumont 2011
Le jardin est le reflet de celui qui le cultive, et tous n'ont pas le charme de ces champignons magiques. Ce jardin ci-dessous, qui rassemble les noms des plantes disparues et des lieux de leur disparition est un cimetière austère dont l'homme est responsable.
Festival des jardins de Chaumont 2011
La politique suivie par le Ministère du travail pour délivrer l'agrément aux nouveaux OPCA qui officieront à compter de 2012, ne s'est guère inspirée des champignons magiques, tournesols joyeux et violettes vibrionnantes. Les OPCA ont été méthodiquement passés au défoliant fiscal qui leur a fait perdre quelques uns de leurs atours sociaux, considérés comme des herbes folles qu'il convenait d'éradiquer.
La chronique réalisée avec Jean-Marie Luttringer pour l'AEF montre comment une logique fiscale restrictive a systématiquement été préférée à une logique sociale porteuse de dynamiques de négociation. A chacun ses jardins.
Les OPCA passés au défoliant fiscal - La Fabrique des OPCA.pdf
00:05 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : formation, opca, ministère du travail, emploi, politique, jardin, chaumont, photographie
25/10/2011
L'intention et l'attention
On peut se former par intention : en allant en formation, en exerçant une activité dans le but d'exercer ses compétences ou d'en acquérir de nouvelles, en collaborant à des projets pour en retirer une expertise nouvelle. L'intention peut être première ou seconde, elle n'en demeure pas moins intentionnelle, de la même manière qu'il est dans la nature des symboles d'être symboliques. Mais il est également possible de se former sans intention si l'on veut bien prêter un peu d'attention à ce qui nous entoure. Les clins d'oeil à notre attention ne manquent pas, c'est plus souvent nous qui les manquons.
Il n'est rien de pire que le regard d'habitude qui affadit notre environnement. La curiosité des personnes et des situations, l'envie de découverte, le désir d'aller un peu au-delà de l'habituel, constituent des attentions qui remplacent avantageusement l'intention. Cela demande de l'énergie ? de la ténacité ? quelques efforts ? peut être pas, on peut aussi faire avec le plaisir. Un plaisir attentionné.
00:39 Publié dans PEDAGOGIES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pédagogie, formation, ressources humaines, désir, photo, photographie
11/08/2011
A quoi sert l'art ?
C'est un classique des sujets de philosophie au bac, et des thématiques récurrentes qui permettent de combler les pages d'été des journaux lorsque l'actualité s'assoupit, à moins que ce ne soient les journalistes. La question se décline avec de multiples variantes : l'art est-il utile ? que vaut une oeuvre d'art ? faut-il subventionner l'art ? l'art pour quoi faire ? etc.
Au lecteur alangui par le soleil d'août, nous éviterons les longues dissertations au profit d'une démonstration par l'image. Si vous regardez ça :
Vous risquez fort de devenir ça :
Et si la démonstration ne vous suffit pas, vous pouvez comme dans tout bonne copie bachoteuse, ajouter l'indispensable citation de Nietzsche : "Il faut danser sa vie". La suite est dans le mouvement.
10:45 Publié dans FRAGMENTS, TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art, philosophie, peinture, été, danse, baccalauréat, picasso, photographie