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06/06/2013

On dirait le Sud

TGV du matin pour voir un client à Marseille. Soleil matinal, lumières pâles de la Provence, sols secs, on en oublie même que le compartiment bruisse  des inévitables cadres qui paufinent fièvreusement leurs présentations Powerpoint et vérifient leurs tableaux croisés dynamiques avant leur réunion du jour. Dès que la mienne est terminée, de réunion, je retarde mon retour pour un tour de ville dans laquelle il y a longtemps que je n’ai plus traîné. Avec pour débuter un détour par la Belle de Mai.

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Une déambulation marseillaise est l’occasion de constater que le Sud ne manque pas d’imagination pour favoriser l’emploi. Tout d’abord, pour lutter contre les idées reçues, à Marseille c’est celui qui travaille qui est assisté et non l’inverse.

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Ensuite, on ne lésine pas sur la sécurité au travail, ça créé de l’emploi.

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Enfin, on privilégie le travail collectif parce que dans le Sud, la convivialité et l’esprit d’équipe, c’est fondamental.

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Y a pas à dire, dans le Sud, on a du génie. Et comme on est autonome, Marseille c’est déjà un peu la Corse, hé bien le génie, en cas de coup de mou, il se répare lui-même. Pas de doute, on est bien dans le Sud.

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14/10/2011

La belle europe

Mais quelle mouche a donc piqué les juges du fond ? après le Tribunal d'Orléans qui vient de considérer que le Code du travail ne respectait pas les textes européens et ne devait pas s'appliquer en matière de désignation des représentants syndicaux (c'est ici), voilà le tribunal de Marseille qui donne tort au Conseil Constitutionnel. Celui-ci avait jugé que l'exclusion des contrats liés à la politique de l'emploi (contrat d'apprentissage, contrat de professionnalisation, contrat unique d'insertion...) pour le calcul des seuils d'effectif était conforme à la Constitution. Les juges marseillais eux considèrent que cette exclusion prive les salariés  du bénéfice de directives européennes qui doivent profiter à tous les travailleurs et que par conséquent elle ne peut trouver application. Plutôt que l'Europe libérale régulièrement stipendiée, le juge sait aller chercher la belle europe sociale garante des droits des salariés. Martial Raysse apprécierait.

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Martial Raysse - L'enlèvement d'Europe - 1936

L'argument des juges est solide : dans l'association en cause dans le litige, il y a plus de 100 salariés, mais sans les contraits aidés, le chiffre retombe en dessous de 50, ce qui les prive de Comité d'entreprise, des garanties en matière d'information et de consultation, des garanties en cas de licenciement, etc. Or des directives européennes garantissent les droits des salariés en ce domaine. Il n'est donc pas possible, serait-ce dans l'objectif de favoriser l'emploi, d'adopter des mesures dérogatoires qui aboutissent à priver les salariés des garanties offertes par le droit social européen.

Les juristes français connaissent en général assez mal le droit européen, en tous les cas insuffisamment, l'auteur de ce blog en premier lieu. Mais cette lacune semble se combler puisque, de plus en plus fréquemment, la norme européenne est sollicitée pour écarter une loi française moins favorable. L'Europe garantirait donc des droits sociaux supérieurs à ceux qui existent en France ? ce n'est pas ce que l'on nous dit, mais c'est pourtant ce que les juges, jour après jour, s'efforcent de démontrer. Nous ne sommes sans doute pas, dans ce domaine, au bout de nos suprises.

TI Marseille - 7 Juillet 2011.pdf

21/12/2009

Mensonges

L'homme qui ment, si on lui prête la bonne foi, est un homme qui prend ses songes pour la réalité. A moins que ce ne soit l'idéologie qui l'aveugle. L'actualité met sur le devant de la scène la souffrance au travail. Jean-François Copé, président du parti majoritaire à l'Assemblée Nationale, s'est saisi de cette question et a réuni une commission parlementaire, sans l'opposition toutefois, pour conduire un travail d'enquête dont on trouvera ci-dessous les conclusions. Ce travail débute par une affirmation, non étayée : la France est un pays dans lequel on travaille moins qu'ailleurs. Ah bon ? comment peut-on l'affirmer ? toutes les enquêtes et études internationales sur ce sujet relèvent la difficulté d'une telle comparaison, en l'absence de durée légale dans tous les pays, de la diversité des durées conventionnelles et surtout de l'écart existant entre les durées réelles et les durées officielles. Copé lui même  indique que les nouvelles technologies rendent poreuses les frontières entre vie privée et vie professionnelle, qu'il n'est pas rare de traiter ses mails, de se connecter au système d'information de l'entreprise ou de prendre des appels professionnels sur ses temps personnels et  que le "présentéisme", qui conduit les salariés à être présents très tôt et partir tard, est un mode managerial qui sévit davantage en France qu'ailleurs. Sur ces bases, même la statistique selon laquelle la productivité horaire en France est plus élevée que dans les autres pays est sujette à caution. Par ailleurs, des dizaines de milliers de salariés travaillent dorénavant en France au forfait jour, ce qui rend les comparatifs en heures obsolètes. Mais ne doutons pas que d'éminents spécialistes (allons y au hasard : Jacques Marseille, Nicolas Baverez, Jean-Marc Sylvestre, Michel Godet et quelques autres) viendront relayer cette pseudo lapalissade qui n'est que mensonge : en France on travaille moins qu'ailleurs. Au mensonge, préférons la Rue des Songes d'Eddy Saint-Martin.

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Eddy Saint-Martin - La rue des songes

Il est de bonne communication, paraît-il, de répéter sur le ton de l'évidence n'importe quoi en vue d'en faire une vérité. Le principe est simple : combien vérifieront ce qu'ils entendent ? tout est dans le ton, pas sur le fond, et le tour est joué. En ces périodes de fête, si l'on veut se prémunir contre la propagande, ce qui après tout n'est qu'un salubre réflexe d'autonomie de la conscience, on peut offrir, ou s'offrir, deux ouvrages qui occuperont avantageusement les attentes dans les voitures, trains ou aéroports si la neige veut bien s'en mêler. Le premier est l'oeuvre du Québecois Normand Baillargeon et s'intitule "Petit cours d'autodéfense intellectuelle", le second est écrit par Denis Grozdanovitch et porte le joli titre de "L'art difficile de ne presque rien faire". Donnez raison, au final, à nos dirigeants : travaillez moins, lisez plus, vous gagnerez en productivité et l'on réduira la souffrance au travail. Voilà une résolution du lundi matin qui vaut presque une résolution de début d'année.

Copé-Souffranceautravail.doc