10/08/2011
La part d'ombre
L'été, période solaire, est aussi celle des ombres et des pénombres. Plus le soleil est présent, plus l'ombre l'accompagne. Osons la transposition : plus nous sommes présent à nous même, plus notre part d'ombre vient au jour. L'époque n'est plus aux vérités simples et révélées. Dans le monde de la complexité, l'analyse doit intégrer son contraire pour avoir quelque chance de pertinence. Le "penser contre soi-même" de Sartre est plus que jamais d'actualité. Et si le soleil vous inspire quelque méditation ensommeillée, les meilleures, vous pouvez laissez vagabonder votre esprit sur le fait que toute identité est faite de masculin et de féminin, mais que le féminin de l'homme n''équivaut pas au masculin de la femme. C'est clair non ?
11:20 Publié dans FRAGMENTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ombre, identité, été, soleil, masculin, féminin, photo, photographie
05/08/2011
Communication paradoxale
Le paradoxe de la conversation est qu’elle vous met en relation en même temps qu’elle vous isole. Relation avec votre interlocuteur, isolement de votre entourage. Ainsi ce jeune homme assis à l’écart de la foule qui goûte la fraîcheur d’un parc : autiste aliéné par la technologie ou jeune terrien du XXIème siécle en communication constante avec le reste du monde. Eloignement du proche, rapprochement du lointain.
L’abolition des distances est aussi celle du temps. La tablette interactive cohabite parfaitement avec l’instrument traditionnel. Musiques différentes, rapports à autrui multiples, coup de pied aux fesses à aux étiquettes et à l’assignation.
Si vous goûtez les paradoxes, vous apprécieriez celui du mobile immobile.
Si vous êtes habitués à ces voisins de trottoirs qui vous croisent en parlant seuls, vous demandez-vous quelle nouvelle tout à coup fige les corps, et sans doute l'esprit ?
Toujours plus de communication égale toujours plus de transparence ? encore faudrait-il ne pas seulement écouter mais entendre, regarder mais voir. Les sens ne s’usent que si l’on ne s’en sert pas.
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04/07/2011
Promesse
On sait que les promesses n'engagent que celles et ceux qui y croient. On sait aussi que les périodes préélectorales sont propices à toute sorte de promesses. Ceux qui les formulent le savent. Ceux qui les écoutent aussi. Mais l'on continue pourtant le curieux manège, chacun faisant semblant d'y croire. Comme si tout cela était fatal, comme s'il n'y avait aucune autre règle du jeu possible. Comme si le défaut d'imagination était équitablement partagé par tous. Comme si la résignation était le seul synonyme possible de réalité. Une sorte de manège permanent, de valse éternelle. Comme cette femme "au corps plein de promesse dont l'oeil provoque mais ne donne rien" selon la formule de Muriel Rossetti.
Après François Hollande, appelant au renouveau de la démocratie sociale, voici Jean-François Coppé qui s'y colle. La loi et l'Etat ne peuvent tout régler. La confiance doit être accordée aux partenaires sociaux. L'Etat doit fixer le cadre et laisser toute sa place à la négociation. Les bonnes intentions ne manquent pas. Et nous n'avons sans doute pas tout entendu. Sauf que...
Sauf que le temps de la négociation est rarement celui du politique, sauf que le politique n'aime rien tant que la négociation qui poursuit les objectifs qu'il s'est fixé, sauf que le politique considère qu'il est LA France et que les partenaires sociaux sont une des composantes de cette France qu'il doit administrer, sauf que la négociation est peu présente dans la culture de nos gouvernants et de l'administration sur laquelle il s'appuie. Sauf que le jacobinisme étatique demeure la culture dominante dans quasiment tous les partis politiques de l'UMP au PS en passant par le Front de Gauche ou le Front national (pour les Verts, j'ai un peu de mal à identifier la culture dominante).
Alors ? la démocratie ne se nourrit pas aux promesses. Peut être qu'un bon sevrage, comme pour les sportifs dopés, serait nécessaire si l'on veut véritablement fortifier les mécanismes démocratiques et particulièrement ceux de la démocratie sociale. Le savoir est un promesse de compétence que réalise le passage à l'acte. La démocratie a besoin que chacun soit responsable et passe à l'acte à son niveau, pas de la facilité de promettre ni de la facilité de s'en remettre au promis.
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20/04/2011
Ce que l'art nous montre
Deux photographies de l’artiste américain Andres Serrano ont été détruites à Avignon, après avoir provoqué scandale. On se souvient des ligues d’extrême-droit tentant de brûler le film surréaliste de Luis Bunuel et Salvador Dali, L’Age d’or. Nous n’aurions pas avancé ? pas énormément non. Destruction des Bouddhas ici, fatwa sur un écrivain là, représailles pour des caricatures du Prophète plus loin, destruction de photographies d’un crucifix donc. Si l’on voulait une seule preuve que l’art n’est pas inutile, elle est fournie. Sa capacité à susciter la haine démontre largement sa puissance de révélation.
Que nous révèle l’art ? que le regard que nous portons sur l’œuvre nous en apprend plus sur nous même que sur l’œuvre en question. Certaines œuvres vous choquent, vous exaspèrent, vous irritent, vous indignent, vous révulsent ? vous n’avez que l’embarras du choix : ignorez-les et ne perdez pas votre temps à parler de ce qui n’en vaut guère la peine, combattez-les par une critique bien sentie dont les arguments feront mouche, produisez-vous-même une œuvre qui ridiculisera celle que vous abhorrez, ou bien montrez-les à profusion pour discréditer leur auteur qui n’y résistera pas.
Mais évitez la destruction, l’autodafé, la censure, le mépris, l’injure et autres joyeusetés. Vous ne ferez que justifier ce qui déclenche votre courroux.
Un crucifix dans de l’urine, c'est sale ? injurieux ? blasphématoire ? Cela peut aussi se lire comme le témoignage qu’en toute circonstance, en tout lieu, au cœur même du sordide, il y a une place pour Dieu et que son éclat ne s’en trouve pas amoindri. Cela supposerait d’avoir un regard ouvert sur l’œuvre et de belles intentions à faire valoir. La destruction violente de la photo nous conforte dans l’idée que l’art est nécessaire et nous enseigne que, loin de leurs discours, le regard porté par les destructeurs sur l’œuvre n’a pas grand-chose de divin. Et que l’insulte faite à Dieu est sans doute plus grande de penser qu’il peut se noyer dans un peu d’urine que d’essayer de démontrer, serait-ce laborieusement, le contraire.
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22/12/2010
Articulations
On pourrait rapidement règler la question du régime de la rupture conventionnelle pour s'intéresser à celle de son articulation avec une procédure de licenciement ou une transaction. Allons y donc.
La rupture conventionnelle peut être quasi-totalement sécurisée à deux conditions : que les délais de réflexion soient respectés et la volonté du salarié véritable et que soient passés en revue lors de la négociation, qui doit être loyale, tous les droits en cours dont il convient de règler le solde (congés payés, jours de RTT, DIF, salaires à percevoir, etc.).
Ceci étant fait, venons en aux articulations. Peut-on engager une rupture conventionnelle et, faute d'accord, enchaîner sur un licenciement ? oui à une condition. Que le processus de rupture conventionnelle, comme toute négociation, ait été ouvert et fermé. Ouvert par une première réunion officielle sur le sujet, fermé par un relevé de désaccord actant les positions des parties et l'impossibilité de parvenir à un accord. Pourquoi ? parce que si un licenciement est mis en oeuvre et qu'il doit ensuite y avoir transaction, les discussions relatives à la rupture conventionnelle ne doivent pas être assimilées à des pourparlers transactionnels qui, intervenus avant le litige, conduiraient à la nullité de la transaction. Attention donc à clôturer formellement toute négociation sur une rupture conventionnelle afin de retrouver de la liberté de décision.
En cette période de Noël, la poupée de Bellmer s'impose pour illustrer ce que peuvent être d'harmonieuses articulations.
Hans Bellmer - Série "La poupée"
L'inverse est-il praticable ? à savoir, est-il possible d'interrompre une procédure de licenciement en cours pour conclure une rupture conventionnelle ? la Cour de cassation l'exclut, considérant que dès lors qu'il existe un contexte conflictuel, la rupture conventionnelle est impossible En l'occurence, la procédure de licenciement serait considérée comme plaçant le salarié en situation de ne pouvoir exprimer librement sa volonté.
Dernière question, est-il possible de conclure une transaction après une rupture conventionnelle. Oui dans deux cas. Le premier concerne toute autre question que la rupture. En l'absence de litige sur la rupture puisqu'il y a eu accord, il peut y avoir conflit sur une autre question (salaires, heures supplémentaires, etc.). Et c'est sur cette question que doit porter la transaction avec toutefois la conséquence que portant sur des salaires et non sur l'indemnisation d'un préjudice, elle ne bénéficiera pas des exonérations sociales et fiscales liées à la transaction sur une rupture du contrat de travail.
La seconde hypothèse est celle d'une transaction portant sur l'accord de rupture. A priori il s'agit d'un non sens : pourquoi transiger si on s'est mis d'accord ? la conclusion d'une transaction supposerait que l'accord n'ait pas résisté au temps et qu'un litige oppose le salarié et l'employeur, par exemple sur l'absence d'une volonté véritable du salarié. Tel serait le cas d'un salarié qui invoquerait après coup une situation de harcèlement ayant vicié son consentement. Mais comment acter qu'un litige a supplanté l'accord autrement qu'en saisissant le Conseil de Prud'hommes de cette question ? et l'on réservera donc la possibilité de conclure une transaction valable aux litiges dont la preuve se déduit de la saisine d'un Conseil des prud'hommes, offrant alors le choix d'une transaction judiciaire ou extra-judiciaire.
Toutes les questions ayanté été réglées, vous voici disponibles pour construire de belles articulations et apprécier celles de la poupée.
00:05 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rupture conventionnelle, licenciement, transaction, dif, poupée, bellmer, photographie
15/11/2010
Vive la complexité !
Tout dans l'image invite à la rêverie : la mer, le sommeil, la langueur infinie de la fin d'après-midi, la douceur des couleurs. La géométrie des formes est invraisemblable : table ronde, angles droits, mer ourlée, courbes du corps, lignes horizontales du paysage, lignes verticales de la véranda. Le dégradé des couleurs est une féérie hasardeuse, comme souvent les fééries : bleu de la mer et de l'automobile, vert des arbres et de l'herbe, jaune orangé du pré et corps moiré qui fait pénétrer le soleil dans l'image. Et puis l'histoire ou plutôt les histoires. La jeune femme attend-elle celui que l'automobile annonce ? fait-elle repos au contraire après une conduite à vive allure sur les routes sinueuses de la côté ? son corps de sportive anglo-saxonne emprunte une toute orientale lascivité : où sommes-nous véritablement ? ici, on peut penser à Paul Morand, Paul Bowles ou se croire dans une BD de Loustal. Je tiens cette image pour l'équivalent de la tempête de Giorgione. Un chef d'oeuvre.
Saul Leiter - Lanesville
Pour produire cette merveille, Saul Leiter a appuyé sur le bouton d'une boîte photographique. L'appareil photo est une machine complexe qui peut s'utiliser très simplement et livrer d'admirables résultats. Certes, l'on peut faire des utilisations sophistiquées et il existe des experts. Mais l'appareil est accessible à tous, quelle que soit la complexité interne.
On a beaucoup reproché au système de formation professionnelle sa complexité. En mélangeant tout. Qu'un système soit complexe, la belle affaire. Comment ne le serait-il pas alors qu'il se propose d'éduquer, d'intégrer, de reclasser, de promouvoir, de professionnaliser, d'accompagner, de réinsérer, de développer ou encore de qualifier des millions d'individus avec des moyens nécessairement diversifiés et en sollicitant le concours d'acteurs multiples. Que le système soit complexe est consubstantiel à sa nature et après tout c'est l'affaire des professionnels que de veiller à ce que seules les complexités nécessaires se développent. Par contre, comme l'appareil photo, le système doit être simple pour l'utilisateur. C'est au professionnel qu'il appartient de se débrouiller avec la complexité et il faillirait à sa tâche s'il la reportait sur ceux pour le compte desquels il travaille. Tout l'effort des acteurs doit tendre non pas à partager sa technicité avec les bénéficiaires, objectif absurde, mais à favoriser la prise de décision autonome. A l'aune de ce critère, nous aurons progressé lorsque les entreprises et les salariés ne seront plus encombrés d'informations institutionnelles, juridiques ou jargonnantes (et souvent les trois à la fois) pour leur expliquer tous les dispositifs de formation mais lorsqu'on les informera à partir de leurs propres préoccupations et à partir de solutions clés en main. Ouvrir la boîte noire, ce n'est utile que lorsqu'elle ne marche plus ou en cas d'accident. Le reste du temps, il faut juste s'en servir en appuyant sur le bouton.
02:02 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : saul leiter, photo, photographie, formation, complexité, appareil photo
02/11/2010
Fidélité indépendante
Pendant 70 ans, André Kertesz a pris des photos, ne s'interrompant que peu de temps avant sa mort, à 90 ans en 1985. Kertesz, juif hongrois, a traversé le siècle. Cette exceptionnelle longévité a fait de lui le référent des plus grands photographes du XXème siècle : Cartier-Bresson, Brassaï, Doisneau, et bien d'autres. Cartier-Bresson dira à Capa : "Quoi que nous ayons fait, Kertesz l'avait fait avant". L'exceptionnel avec Kertesz est qu'il n'est pas catégorisable : portraits, scènes de rues, architectures urbaines, fragments de villes, cheminées parisiennes et new-yorkaise, célébrités, anonymes, images recadrées, corps déformés, esthétisme aux lignes épurées,...Kertesz aura passé sa vie à donner une phénomènale unité à des genres différents.
De manière étonnante, en se tenant à distance du monde et des villes, en photographiant des ombres, des reflets, en ne jouant pas de proximité avec les gens qu'il photographie, Kertesz fait preuve d'une poésie humaniste rare.
Le nuage solitaire qui se heurte aux gratte-ciels new-yorkais rend une humanité bouleversante. Comme ce bateau qui emporte tous les souvenirs de toutes les enfances de tous les adultes du monde.
N'ayant jamais voulu transiger avec ses commanditaires ni trahir son regard, Kertesz connaîtra l'échec commercial et ne sera reconnu que très tardivement. Timide, mélancolique, introverti, Kertesz fait mais ne parle ni ne montre. Pudeur. Mais qui veut voir Kertesz doit le regarder avec Elisabeth.
Il la rencontre en 1920 à Budapest. Se rend à Paris, se marie, avec une autre, divorce, revient et repart à Paris avec Elisabeth qu'il épouse en 1931 et qu'il ne quittera plus jusqu'à sa mort en 1977.
Elisabeth qu'il semble ici protéger, avec bienveillance, alors que ce fut sans doute le contraire. Elisabeth dont la mort fut le drame de ses dernières années. Elisabeth qu'il continua à photographier, à travers un buste de verre.
Buste qu'il posa sur le rebord de sa fenêtre et qu'il photographia longuement, loin de la rigide altérité des twins towers.
Kertesz était indépendant, et fidèle. Il n'aimait pas être défini comme surréaliste et sans doute l'épithète ne lui convenait guère. Pourtant, il a incarné à sa manière très personnelle les trois exigences dont André Breton ne voulut jamais démériter : l'amour, la poésie et la révolte. Preuve qu'il est possible à toute époque, même les plus rudes, d'exister de manière personnelle, c'est à dire en étant présent à soi, présent à l'autre et présent au monde. Vous pouvez faire l'expérience vous même jusqu'au 6 février 2011 au Jeu de Paume.
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27/09/2010
Singularité
Vous avez le sentiment d'avoir déjà vu cela. Les moyens mis en oeuvre ne vous paraissent pas nouveau. Se prendre pour modèle cela fait tout de même des siècles que l'on en sort pas, que peut-il donc en sortir de nouveau ? et que pourrait créer une jeune fille qui est entrée dans l'adolescence très rapidement et n'en est sortie qu'en même temps qu'elle prenait congé de la vie ? la question la plus troublante demeure pourtant celle-ci : pourquoi ce qui n'arrive pas à prendre de dimension chez la plupart devient tout à coup un chef d'oeuvre ? quelle différence entre des milliers de photos ou de peintures qui ne vous procurent aucune émotion et celle qui impose à vous sa singularité et vous trouble ?
Francesca Woodman
Tandis que se montent et se démontent les estrades de la semaine de la mode, que défilent de graciles jeunes filles qui ont appris à gommer leur sourire pour ne pas risquer de faire de l'ombre aux vêtements qu'elles doivent mettre en valeur, tandis que Milan s'offre aux projecteurs, dans le décrépi Palazzo de la Ragione se tient une rare exposition consacrée à Francesca Woodman.
Il serait trop rapide, et faux, de croire que les oeuvres de Francesca Woodman sont promues par la légende d'une jeune adolescente suicidée à New-York le 19 janvier 1981 à l'âge de 23 ans. Ce n'est pas la biographie ni le mythe de la jeune fille en fleur qui produit la grâce et le trouble des photos de Francesca, même s'il est évident qu'elle est un ange.
Ce qui produit inévitablement le chef d'oeuvre, c'est la singularité. Qui se construit dans la comparaison et la concurrence perd inévitablement de sa vérité. Celui, celle en l'occurence ici, qui ne s'en soucie guère a quelques chances de suivre son chemin propre. Voilà peut être pourquoi les mêmes actes produits par des individus différents ne produisent pas les mêmes effets.
Quant à Francesca, elle met plus d'élégance dans sa manière de s'effacer que ne pourront jamais en créer tous les couturiers milanais. L'exposition est présentée jusqu'au 26 octobre 2010.
01:01 Publié dans FRAGMENTS, TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : francesca woodman, photo, photographie, singularité, management, art, exposition, milan, mode
23/09/2010
Fille de l'air
Je n'ai pas, comme Dutronc, rêvé toute ma vie d'être une hôtesse de l'air. Par contre, j'ai pris pendant des années la navette Toulouse-Paris, et retour, sans faire un tour dans le cockpit. Mais voilà que sur un Paris-Nice, le commandant de bord repère mon accompagnatrice et lui propose de voyager dans le cockpit. Dépité que jamais pareille proposition ne me fut faite, je m'installe bougon dans mon fauteuil, quand la susdite souriante vient me chercher après avoir négocié le second strapontin avec le commandant. Et le dépit changea de camp.
Accrochez les ceintures, c'est parti !
Décollage à Roissy et première surprise : sitôt en l'air le copilote se contorsionne et scrute le ciel. Dans l'embouteillage de Roissy, le radar se double d'un contrôle visuel. Commentaire : "Il était pas loin celui-là". On sous-estime à quel point l'ignorance peut être source de sérénité. Il est vrai que la connaissance est source de plaisir.
Depuis la Cabine, j'imaginais que sitôt le décollage effectué, le pilote automatique faisait son office pendant que les pilotes faisaient relâche dans l'attente de l'approche et de l'atterissage. Que nenni ! négociations des routes, évitement des orages et turbulences, contrôles divers et variés, check-up permanents, y a du taff !
La baie de Cannes, le cap d'Antibes, la baie des anges.
La piste vient à notre rencontre en souplesse. Toujours rien compris aux cadrans, mais c'est bien joli.
Merci au commandant et au copilote, plus dépités du tout ! Ceci dit, l'égalité professionnelle c'est quand on me proposera le cockpit un jour où je voyagerai seul !
00:48 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : air france, avion, cockpit, photo, photographie, ressources humaines, consultant, nice, paris, voyage
22/09/2010
Couper le moteur
Les salariés sont venus un dimanche matin. Ils étaient plus de soixante. Maquillage, déguisements, plus de fonctions, plus de hiérarchie ou plus exactement une nouvelle hiérarchie : celle du réalisateur qui crie Moteur ! puis, après cinq minutes de plan unique à l'improbable coordination, Coupez ! Le Lipdub de cet établissement mérite bien du genre. Les salariés en sont fiers, ils peuvent. Le film est envoyé au CODIR, comme exemple d'initiative d'un établissement qui se bouge. Résultat ? enfouissez le film, pas de You Tube, pas de diffusion, pas de concours, pas dans l'image, pas à l'époque des réductions de coût et des PSE qui couvent, pas à l'époque des dividendes exigés par les banquiers prêteurs, bref qui a eu cette idée à la con ? le travail c'est sérieux, pas le temps de rire ni de sourire. Ceci n'est pas une photo du CODIR :
Olaf Breuning - Easter Bunnies - 2004
Il est des jours où l'on désespère un peu, un peu seulement, de constater à quel point l'organisation fonctionne de manière descendante et si peu ascendante, à quel point l'autisme la mutile et à quel point plus elle est mutilée, plus se renforce l'autisme. Sous le doux nom de réalités économiques se dissimulent souvent des incompétences humaines et sociales qui conduisent inévitablement à l'échec collectif, mais qu'importe si cela se traduit par le succès pour quelques uns. Il est des jours où l'on peut avoir la tentation de l'Ile de Paques devant tant d'acharnement à couper le moteur de ceux qui ne demandent qu'à crier MOTEUR ! Vaine tentation vite oubliée, merci Olaf, pas de raison de s'arrêter, on remet ça dimanche prochain, allez MOTEUR !
00:47 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : olaf breuning, photo, photographie, lipdub, entreprise, management, compétence, économie, ressources humaines
17/09/2010
Citation du jour
Comment vivre sans inconnu devant soi ?
René Char
01:22 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rené char, avenir, citation, inconnu, photo, photographie
15/09/2010
Transmettre les savoirs
Visite dans un centre expérimental de l'éducation nationale qui accueille des lycéens dont le comportement n'a pas permis leur maintien dans le système éducatif traditionnel. Il s'agit d'un internat. Encadrement, dialogue, activités culturelles et sportives, travail, tout semble aller pour le mieux. On sent bien des tensions individuelles sous-jacentes mais on a pas le temps de constater ce qu'elles produisent collectivement. Les discours tenus peuvent paraître de circonstances, ils traduisent un effort pour canaliser une énergie considérable qui trouve mal à s'exprimer au sein de l'institution éducative. Tout cela paraît ne pas trop mal marcher. Question posée à un enseignant : pourquoi cela a l'air de marcher ici ? la réponse est directe : parce que nous travaillons avec des pédagogies actives et un dialogue permanent. Mais alors cette expérience va être généralisée : non, le coût est trop élevé, il y aura au maximum un centre de ce type par département. C'était trois minutes de reportage au JT.
Gilbert Garcin - La transmission du savoir
Double surprise : on nous répète pourtant que l'éducation nationale ce n'est pas un problème de moyens, mais là s'il y en avait plus on pourrait faire mieux ? et le c'est trop coûteux concerne on l'imagine le prix immédiat, mais le prix différé du non-investissement éducatif, il est chiffré ? La deuxième surprise concerne la pédagogie : les résultats de la pédagogie active sont non seulement satisfaisants mais ils sont mieux adaptés aux caractéristiques de la société telle qu'elle fonctionne aujourd'hui : capacité à agir, à prendre des décisions rapides, à traiter une information foisonnante, à travailler en groupe, à gérer des contradictions et oppositions, etc. Pourquoi alors s'échiner sur le retour de l'autorité, le b-a ba, ou encore les contenus au détriment de la pédagogie ? lorsque les allemands ont constaté, dans les années 80, le retard de niveau des jeunes allemands par rapport à d'autres pays nordiques européens, ils ont massivement introduit la pédagogie active à tous les niveaux de l'enseignement. En France, de multiples expériences, expérimentations et innovation existent, le système ne les reconnaît que marginalement et ne les tolère que pour mieux les cantonner sans jamais se poser la question vitale : quand est-ce qu'on généralise ?
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30/08/2010
Clefs et serrures
Dans un livre intitulé "Des clefs et des serrures", Michel Tournier écrit : "La serrure évoque une idée de fermeture, la clef un gest d'ouverture. Chacune constitue un appel, une vocation, mais dans des sens tout opposés. Une serrure sans clef, c'est un secret à percer, une obscurité à élucider, une inscription à déchiffrer. Il y a des hommes-serrures dont le caractère est fait de patience, d'obstination, de sédentarité. Ce sont des adultes qui jurent : "Nous ne partirons pas d'ici avant d'avoir compris !". Mais une clef sans serrure, c'est une invitation au voyage. Qui possède une clef sans serrure ne doit pas rester les deux pieds dans le même sabot. Il doit courir les continents et les mers, sa clef à la main, l'essayant sur tout ce qui a figure de serrure. A quoi cela sert-il ? demande à tout moment l'enfant persuadé que chaque objet est une clé que justifie une serrure".
Tournier propose également une classification. Serrures : le visage humain, le livre, la femme, chaque pays étranger, chaque oeuvre d'art, les constellations, le ciel. On pourrait ajouter, tous les lieux, les organisations, les situations, etc. Clefs : les armes, l'argent, l'homme, les moyens de transport, les instruments de musique, les outils. Ajoutons : l'éducation, la formation, le jeu, la pédagogie, la compétence, tous les modes et moyens d'action en général.
Pour un lundi, de rentrée pour beaucoup de surcroît, faisons l'inventaire des clés qui sont en notre possession et des serrures que nous comptons bien ouvrir. Dis moi quelles sont les clés que tu as accrochées à ton trousseau et les serrures qui t'obsèdent, je te dirai qui tu es. Une fois l'inventaire réalisé, nous constatons que le seul moyen de savoir si une clé est adaptée à une serrure est de la faire jouer. Bonne semaine.
00:05 Publié dans FRAGMENTS | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : michel tournier, clés, clefs, littérature, photo, photographie, formation, éducation, connaissance
25/08/2010
Sid et Johnny formateurs
Une des expositions les plus réussies des Rencontres photographiques d'Arles s'intitule "I am a cliché", titre d'une chanson du groupe X Ray Spex. La première fois que j'ai lu le mot "Punk" ce devait être en 1977 dans le Dépêche du Midi (petite digression : la Dépêche était le Journal de Jaurès, puis elle eut René Bousquet comme administrateur, elle est aujourd'hui dirigée par Jean-Michel Baylet, voyez la trajectoire). Il était question d'un mouvement de jeunes violents et qui faisaient peur. Déjà. Pour beaucoup, le punk renvoie à l'épingle à nourrice. Pour encore plus le punk c'est des fringues et de la musique qui n'en est pas, à ceux-là on conseillera les raves party. Et pour quasiment tous les autres le punk ce sont des jeunes clodos cloutés avec des crêtes. Quelques spécialistes émettent l'idée qu'il y des punks fascistes et des punks gauchistes.
00:29 Publié dans DES IDEES COMME CA, PEDAGOGIES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sex pistols, formation, arles, rencontres, photographie, photo, punk, my way, la dépêche, jaurès, baylet
24/08/2010
Faire l'humour à tout âge
Les rencontres photographiques d'Arles sont une institution qui vieillit bien. Après la flamboyance des quarante ans en 2009, la 41ème édition proposait des parcours aux thématiques diversifiées tant dans les sujets traités que dans les approches, techniques ou projets. Mais dans le foisonnement d'expositions, de photos, de vidéos, d'images et d'émotions, un sentiment réjouissant qui s'impose au fil des déambulations : l'humour est souvent présent et n'exclut pas le sens. On peut dire et rire.
00:05 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arles, rencontres, photo, photographie, leon ferrari, di liu, chine
17/08/2010
Focale et profondeur de champ
La sélection de l'entrée de la lumière dans l'appareil photo, le choix de la focale, permet de déterminer sa diffusion. Une focale ample distribue largement la lumière sur la proximité mais réduit la profondeur de champ. Vous privilégiez le premier plan avec une ouverture à F4.
09:30 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : audit, ressources humaines, photographie, focale, organisation
11/11/2009
Egalité toujours
Le Brooklyn d'aujourd'hui n'est plus celui d'Henry Miller. Pour autant, il ne manque ni de charme ni de surprise. La gentryfication, ou boboisation pour parler français, a certes modifié le quartier mais il a l'âme suffisamment trempée pour y résister. Et l'on peut toujours y faire des découvertes : à Brooklyn vit Rachel Papo.Elle vient de publier son premier ouvrage chez PowerHouse Books, intitulé "Serial n° 3817131". A l'heure où l'Amérique exécute ses condamnés, il ne s'agit pas de l'histoire d'un serial killer mais du numéro de matricule d'une jeune fille qui accomplit ses deux années de service dans l'armée Israélienne, ce que fit Rachel Papo.
06:13 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rachel papo, brooklyn, new york, photographie, égalité professionnelle
01/10/2009
Centralisation et paupérisation
Le centre Pompidou présente depuis le 23 septembre l'exposition "La subversion des images" ou l'image surréaliste. L'occasion de constater l'extraordinaire créativité qui a résulté des activités collectives des surréalistes et de l'émulation suscitée au-delà même des membres du groupe surréaliste. La diversité, des talents, des parcours, des oeuvres, est la marque de l'exposition mais aussi du surréalisme même qui s'est nourri d'influences croisées, souvent par delà les siècles.
00:36 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : centralisation, lieux de savoir, surréalisme, photographie, man ray
25/08/2009
Le myope voyant
Lucien Clergue présente à Arles, à l’Abbaye de Montmajour dans le cadre des Rencontres de la Photographie, qu’il a fondées il y a 40 ans, des photos de corrida et de nus superposées à des peintures, souvent religieuses. La double exposition du film n’aboutit pas à la fusion des images, comme le ferait l’informatique, mais à une image unique porteuse de ses propres émotions, références et lumières. Une photo est-elle autre chose que de la lumière projetée et le regard du photographe une manière personnelle d’éclairer le monde ?
Lucien Clergue est myope. Très myope. Il porte de lourdes et peu esthétiques lunettes. Il y voit donc mal. Voilà pourquoi il nous aide à voir et nous dévoile.
L’invitation de Lucien Clergue, au-delà de la promenade esthétique, corporelle et fantasmatique à laquelle il nous convie avec ses photos en devient plus profonde : utiliser nos limites pour bousculer nos limites, faire de nos handicaps des atouts ou encore refuser de subir pour mieux s’approprier. Le plaisir, avec Lucien Clergue, est aussi pédagogique.
00:05 Publié dans PEDAGOGIES | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : lucien clergue, arles, photographie, corrida, tauromachie, peinture, management
04/07/2009
Le temps du regard
L'exposition "Une image peut en cacher une autre" se tenait au Grand Palais jusqu'au 6 juillet 2009. On pouvait y observer un manège étrange : les visiteurs scrutaient chaque tableau avec une attention particulière, prenaient le temps de l'observation, traquaient les détails, s'approchaient du tableau pour mieux voir, ou au contraire s'en éloignaient pour déterminer la bonne distance qui allait révéler le mystère de la peinture, de la photographie ou de la sculpture proposées à leur regard. Mais où donc se niche la chouette ? quel rocher figure une tête humaine ? quel paysage est un corps nu de belle endormie ? quel est le double de cet homme au chapeau ? ah oui, un lapin ! Que représentent ces 80 animaux taxidermisés ? le couple de leurs assembleurs.
21:34 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, image, double, grand palais, ressources humaines, temps