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15/01/2016

D comme....DESIR

Le Marquis de Sade démasqua le désir

Lorsque des responsables formation annoncent que par la formation ils vont faire adhérer les salariés au projet de l’entreprise, il m’arrive de leur rappeler que les salariés ne sont pas des velcro. Et parfois je leur montre des photos de Spencer Tunick.

 Le 17 août 2007, 600 personnes marchent pendant plus de quatre heures pour monter jusqu'au glacier d'Aletsch. Là elles se dévêtent et posent en toute nudité pour Spencer Tunick, photographe spécialisé dans les installations mettant en scène des personnes nues en milieu urbain ou naturel.

La photo était, à l’époque, réalisée pour Greenpeace, commanditaire qui souhaitait attirer l'attention sur le réchauffement climatique et la diminution rapide du glacier. Etait-ce cette motivation écologique qui habitait les 600 participants, tous volontaires et non rémunérés. Comment d'ailleurs connaître les motivations de chacun, rendu invisible par le nombre sur la photo ? Credo naturiste, démarche artistique, plaisir exhibitionniste, simple curiosité, amour de la montagne, militantisme écologique, besoin d'évasion, pari d’ivrogne, recherche de contacts, ballade entre amis, blague potache, envie d’expériences, occasion faisant le larron....????

DESIR.jpg

Esthétique, corporel, fantasmatique

Et comment identifier les motivations des 18 000 mexicains qui ont posé nus sur la place centrale de Mexico ? Et celles des milliers d’allemands qui sont restés sous la pluie et dans le froid des grandes avenues balayées par le vent de Dresde ? Et des lyonnais regroupés dans les Traboules ? Et des catalans dénudés sur le port de Barcelone ? Et de tous ceux qui traversent le monde pour venir se joindre pendant quelques heures à une foule nue, placide, qui répond docilement aux ordres des assistants du photographe, perché sur une échelle ?

 Pour réunir tous ces participants, Spencer Tunick n’a pas identifié les ressorts de la motivation personnelle, il n’a pas réfléchi à partir de l’artificielle pyramide de Maslow (quelqu’un aurait pu expliquer à Maslow que les carences alimentaires causent moins de dégâts chez les enfants que les carences affectives), il n’a pas exigé que chacun partage ses propres motivations. Il a su inventer un événement permettant à chacun d’investir son désir personnel, sans avoir à rendre de comptes. Parler au désir d’autrui, voilà qui suscite toutes les vocations, les engagements, les volontés. Mais comment s’y prend-on pour parler au désir des autres ? Demandez à Spencer Tunick.

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