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18/03/2010

Singularité

Dans le magnifique film de Philippe Kaufman "L'insoutenable légèreté de l'être", adapté du roman éponyme de Milan Kundera, Daniel Day-Lewis est un chirurgien aux allures de  Casanova, figure plus légère et plus respecteuse que celle de  l'ennuyeux Dom Juan. Amant de Léna Olin, artiste peintre, il se voit posé la question suivante : "Mais que cherches tu à travers toutes ces femmes ?". La réponse échappe à la psychologisation nombrilique : "Leur singularité, car toutes ont quelque chose de singulier". Jalousie immédiate : "Ah oui ? et moi quelle est ma singularité ?" la réponse, pourtant formulée sans goujaterie mais avec la touche d'ironie qui convient,  attira la gifle "Ton chapeau".

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Lena Olin - Daniel Day-Lewis - L'insoutenable légèreté de l'être

Malraux disait qu'un être se définit par ses secrets. Je préfère la définition de Kundera et rechercher en chaque individu qui est également porteur de toute l'humanité, les traces de sa singularité. Pour aller un peu au-delà de la formule sartrienne "Un homme fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n'importe qui" on peut s'attacher à voir se combiner ce semblable et ce singulier qui nous caractérisent. C'est à ce petit exercice que je me suis livré pour la Semaine Sociale Lamy à propos des administrateurs d'OPCA. En quoi, ce mandat paritaire est il spécifique ? l'article figure dans le numéro spécial daté du 22 février intitulé "Sens et valeur ajoutée du paritarisme dans la formation professionnelle". La singularité des administrateurs d'OPCA, c'est  certes un peu moins sexy que le chapeau de Lena Olin, mais cette chronique a le plaisir de vous offrir les deux. Au fait, et votre singularité à vous ?

 

17/03/2010

Portabilité en miettes

L'Etat et les partenaires sociaux viennent de s'accorder sur les priorités que doit financer le nouveau Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels. Dotés pour sa création de plus d'un milliard d'euros, le FPSPP doit financer la qualification des salariés ou demandeurs d'emploi, la professionnalisation, les formations d'accès à l'emploi des demandeurs d'emploi, etc. Près de la moitié des financements devraient être orientés vers les demandeurs d'emploi. Et le DIF ? l'annexe financière prévoit que la portabilité du DIF sera financée à hauteur de 20 millions d'euros. Cette somme représente 2 % des ressources du FPSPP. Sur une base de 915 euros par salariés (100 heures de DIF) il y de quoi financer environ 22 000 salariés. A comparer au million de salariés qui quittent leur entreprise dans un cas ouvrant droit à l'assurance chômage (licenciement, rupture conventionnelle, fin de CDD ou Intérim, démission légitime). Des miettes qui, comme celles du Petit Poucet, ne nourriront que quelques oiseaux et ne permettront pas de trouver le chemin de la garantie de la portabilité du DIF.

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Le Petit Poucet

Mais qui sait, le Petit Poucet est un malin et l'échec des miettes ne l'a pas empêché de trouver son chemin et de triompher de l'ogre. Et puis dans la forêt, on fait parfois de bien belles rencontres.
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Par exemple, il est possible de trouver dans la convention entre l'Etat et le FPSPP que 60 millions d'euros ont été réservés au socle de compétences interprofessionnel. Développer la capacité à apprendre, la capacité à travailler en groupe, la maîtrise d'une langue étrangère et la maîtrise des outils informatiques et bureautiques c'est, paraît-il, développer son employabilité. C'est surtout développer sa liberté.

12/03/2010

Milieu du gué

Le milieu du gué est la position de tous les dangers. Les appuis sont mal assurés, le danger peut guetter issu de l'eau ou de chacune des rives, le milieu est sinon hostile du moins inhabituel et les repères manquent pour prendre des décisions qui se doivent pourtant d'être immédiates et n'admettent pas toujours de seconde chance. D'une manière plus générale, les positions médianes ne sont pas toujours les plus confortables ainsi vaut-il mieux n'utiliser qu'une chaise, plutôt que deux, pour s'asseoir. Une seule chose à faire donc lorsque l'on est au milieu du gué : traverser.

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Olivier Debré - Longue traversée gris bleu de Loire à la tache verte

La peinture d'Olivier Debré nous invite à la fluidité du voyage, à se laisser porter par le courant, à dériver autour des ilôts de verdure qui apparaissent ci et là. Le courant dans lequel on s'immerge ici nous est favorable et il ne tient qu'à nous d'en jouir à loisir. Douceur de Loire, force de l'abstraction, immensité du sentiment dans lequel on s'immerge avec volupté. Cette traversée là est bienheureuse et résoud toutes les crispations.
C'est d'une traversée de ce type dont aurait bien besoin le dispositif du Droit individuel à la formation, soumis pour l'instant à des tensions contradictoires qui le laissent au milieu du gué et dont on espère qu'il ne conduira pas à mener les salariés en bateau. Pour plus d'explications, ci-dessous un extrait d'un article réalisé avec Jean-marie Luttringer pour Droit Social qui paraîtra en Avril prochain et qui nous présente un DIF au milieu du gué.

 

10/03/2010

Requiem pour les...

Le requiem n'est pas pour les blondes, même si la chronique fait un clien d'oeil à James Hadley Chase. Le requiem est pour les OPCA ou plutôt pour les OCPA. Quelle est la différence entre les OCPA et les OPCA, pourquoi sont-ils différents des FAF, pourquoi annoncer un requiem pour les OPCA ? les réponses  à ces questions dans la chronique consacrée à la réforme de la formation réalisée avec Jean-Marie Luttringer pour l'AEF.

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Rappelons simplement l'histoire : en 1993, la loi quinquennale supprime les ASFO, associations patronales de formation qui collectent et gèrent les fonds des entreprises destinés à la formation. Les organisations patronales créent, souvent à contrecoeur et a minima, des OCPA (organismes collecteurs paritaires agréés) pour garder la maîtrise des financements. A l'occasion de la réforme de la formation, en 2003, est discutée la notion d'OPCA et de FAF. Quelle différence ? le premier collecte des obligations légales, le seconde collecte des fonds des entreprises destinés à la formation. Ce n'est pas la même chose. Dans les OPCA, le paritarisme est avant tout un paritarisme d'orientation. Dans les FAF, le paritarisme est un paritarisme de gestion. Egalement, le second est a priori plus paritaire puisqu'il ne délègue pas, ou peu, à des organisations patronales. A l'occasion de la réforme, un meurtre failli être commis : celui des FAF par les OPCA. Mais quelques voix soutinrent les FAF qui, originellement, constituent la base du régime d'assurance formation. Le meurtre d'Abel par Cain avait échoué.
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Marc Chagall - Cain et Abel

En 2009, la loi élargit les compétences des OPCA et les rapproche des FAF. Encore un effort : dans le cadre de la restructuration, les FAF seront plus nombreux à demeurer et certains OPCA pourraient se changer en FAF. Ce faisant, l'échec de Cain est patent et la démocratie sociale, représentée par Abel, peut pleinement se développer. Pourquoi ? pour le savoir, reportez vous à la chronique : Requiem pour les OPCA, renaissance pour les FAF.

04/03/2010

Du refus de voir

La loi du 24 novembre 2009 instaure une obligation, à la charge des entreprises et non des OPCA, de financer le nouveau Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP), à hauteur de 13 % de leur obligation légale de financement de la formation professionnelle. Cette taxe nouvelle doit être versée aux OPCA avant le 28 février, eux-même reversant la somme au FPSPP avant le 30 juin. Double surprise dans la mise en oeuvre de cette obligation nouvelle : il a tellement été annoncé que la loi ne créait pas de charges nouvelles que les entreprises découvrent avec stupéfaction qu'un impôt nouveau a été créé dont il convient de s'acquitter. Deuxième surprise de la part des OPCA, voilà que la révolte gronde chez certaines entreprises qui refusent purement et simplement de s'acquitter de la taxe nouvelle au motif que la loi ne devait pas créer de charge nouvelle (mais les promesses n'engagent paraît-il que ceux qui y croient), que les budgets 2009 sont bouclés et que le décret n'est paru qu'en 2010. Pour ces derniers arguments, c'est oublier que la loi date du 24 novembre et qu'elle peut donc créer une taxe pour l'année en cours et d'autre part que l'exigibilité n'intervenant que le 28 février de l'année suivante tous les textes ont été publiés avant l'échéance. Tout ceci du à un double aveuglement : le refus de voir la réalité d'un impôt nouveau et le refus de voir que la règle doit s'appliquer.

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Magritte

On tirera de ces mésaventures deux leçons : la première est que lorsque la communication remplace l'information on s'expose à des retours de manivelle. La seconde est que la culture de la règle est décidément aléatoire en France, mais positivons et considérons que cette culture latine du rapport déficient à la règle présente d'autres avantages. Et pour ce dernier point, attendons avec curiosité la position de l'administration : est-elle prête à redresser à partir du 30 avril prochain, date de la déclaration des dépenses en matière de formation, les entreprises qui ne se seront pas acquittées de leur obligation ou bien se plongera-t-elle dans un silence peu latin dans la forme mais bien plus sur le fond ?

02/03/2010

Libre cours

Dans les rues de Grenade, elles accompagnent vos déambulations. Au détour d'une rue, d'un passage, d'un angle de mur les peintures murales s'amusent de votre surprise et vous proposent clins d'oeil et ouvertures de champs.

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Fatiguée de rencontrer des réponses, j'ai décidé de changer mes questions

Pourquoi Grenade ? autant qu'il m'en souvienne la ville a toujours été un théâtre ouvert et disponible aux graffeurs et les peintures font partie de l'identité de Grenade, comme un écho aux habitations trogoldytiques du Sacromonte. Juste pour se souvenir que peindre les murs est immémorial et profondément humain.
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Les mots se perdent irrémédiablement

Pourtant, la peinture murale fait débat à l'occasion de la condamnation d'un artiste qui a peint un mur sans autorisation municipale, car ici aussi il est des autorités qui considèrent que la liberté doit avoir ses espaces autorisés. En réponse, on voit chez les commerçants des affichettes "Ici nous soutenons les graffitis".
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En souvenir de Chimène peut être ? et parce que le rêve est ce qui rend la réalité possible. Rappelons qu'en France également la peinture murale est un délit.
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On connaît les termes classiques du débat : de la peinture murale artistique pourquoi pas dans les endroits qui s'y prêtent,  mais ces signatures graffitées qui envahissent l'espace et n'expriment aucun talent, non. Petit problème : la créativité ne s'exprime ni à jour ni à lieu fixe. Et le n'importe quoi peut être le chemin qui mène à l'oeuvre.
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Mais comme il fut un temps où les coquineries de Miss Van dérangeaient les autorités toulousaines, peut être cette liberté de laquelle tout peut surgir fait elle peur. Faut-il avoir perdu son âme d'enfant pour craindre qu'en laissant libre cours à leur imagination quelques peintres ne transforment le monde en une libre cour récréative.

Et les ressources humaines dans tout cela ? laisser libre cours à la créativité des salariés en prenant parfois le risque du n'importe quoi ? allons, allons, l'entreprise n'est pas une cour de recréation, retournez à vos petits dessins pendant que nous accomplirons, nous, le grand dessein. J'y cours !

01/03/2010

Insécurité

A chaque retour de l'étranger, tout du moins d'un pays européen ou occidental, il est un fait qui frappe et auquel, il faut bien l'avouer, on ne parvient à s'habituer : Paris est la seule capitale européenne où la présence policière est aussi visible, la seule également dans laquelle on croise des militaires armés dans les rues et les couloirs du métro. L'insécurité est-elle plus grande à Paris qu'ailleurs ? la menace, mais laquelle (?), plus pregnante ? ou bien s'agit-il d'autre chose qui pourrait avoir à voir au choix avec le marketing politique, le vieillissement apeuré, la phobie du risque et son corrollaire le besoin d'assurance. Il est d'autant plus difficile de se prononcer que pour une grande partie des 800 000 personnes qui ont été gardées à vue en 2009, dont une bonne partie pour des motifs bénins, l'insécurité vient précisément de ceux qui sont censés la faire disparaître. Fatima El Ajj, qui vit au Liban, en connaît peut être un peu plus sur l'insécurité, ce qui ne l'empêche pas de produire une peinture de l'harmonie pleine de grace et d'humanité. Et sans peur.

 

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Fatima El Ajj

L'insécurité, qui décidément se niche partout, peut également être juridique. La loi du 24 novembre 2009 accroît en ce domaine les risques liés à l'activité de formation. Ne sachant comment séparer le bon grain de l'ivraie, le législateur persiste à empiler les textes imprécis relatifs au contrôle de l'activité de formation, dorénavant réalisé tant a priori, belle preuve de confiance, qu'a posteriori. Toujours cette croyance que la loi peut tout. A lui présumer une toute puissance on oublie de réfléchir à sa juste place et l'on perd à la fois en crédibilité et en efficacité. Pour mieux comprendre pourquoi, ci-dessous la chronique réalisée pour l'AEF avec Jean-Marie Luttringer à propos de l'impact de la loi du 24 novembre 2009 sur l'activité de formation.

05/02/2010

Improvisation

Les rapports se sont succédés pendant deux ans, un ANI a été bouclé le 7 janvier 2009, la loi a été adoptée définitivement le 24 novembre 2009, soit un processus de trois ans pour produire une réforme de la formation qui au final est surtout une réforme des financements paritaires de la formation professionnelle mais qui impacte bien peu les entreprises et les salariés (sauf dans un premier temps à réduire les financements disponibles pour les dispositifs de formation). Et surtout, au fil d'arbitrages et compromis successifs, un texte qui pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses. Et comme il s'agit maintenant de construire ces réponses qui n'ont pu être élaborées pendant trois ans, il en résulte un sentiment d'improvisation ou tout au moins d'un manque de préparation des conséquences concrètes des mesures adoptées.

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Vassily Kandinsky - Improvisation

Admettons avec Kandinsky que certaines improvisations peuvent donner d'heureux résultats. A la condition que l'on quitte la cour de récréation dans laquelle chacun veut jouer au petit dur pour créer des collaborations et coopérations qui n'existent guère à ce jour entre les pouvoirs publics et les partenaires sociaux.
La chronique réalisée pour l'AEF avec Jean-marie Luttringer, aborde la question des financements paritaires, de la réforme des OPCA et de la gouvernance tripartite. Voilà ce qu'il faut s'attendre à savoir pour 2010.

01/02/2010

Annonciation

La loi du 24 novembre 2009 cumule plusieurs défauts : rédigée à coup d'amendements visant à défendre des positions catégorielles, elle peine à conserver une cohérence générale, d'autre part la piètre qualité du travail technique de rédaction laisse subsister de nombreuses contradictions ou imprécisions, enfin la portée pratique de la loi n'a pas semblé guider les rédacteurs qui n'ont parfois trouvé que le renvoi à des textes ultérieurs pour tenter de masquer les insuffisances et approximations du texte. Mais nous voici donc au pied du mur de la mise en oeuvre de ce qui n'est certainement pas une réforme de la formation professionnelle mais plutôt une réforme du financement paritaire de la formation professionnelle. Il paraissait donc plus approprié pour la circonstance de convoquer l'ange pneumatique d'Alfred Courmes pour annoncer les difficultés à venir dans l'application de la loi, que l'Ange du Titien ou de Fra Angelico.

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Alfred Courmes - La pneumatique salutation angélique - 1968

Dans la chronique réalisée avec Jean-Marie Luttringer pour l'AEF et intitulée, en hommage à Geneviève Tabouis, "Attendez vous à savoir", vous trouverez donc ce qu'il convient de s'attendre à rencontrer comme difficulté pratique dans la mise en oeuvre du nouveau texte. Deux prochaines chroniques seront consacrées à la réforme des financements et à la modification des règles concernant les organismes de formation.


Mais pourquoi vous priver de ce que le législateur ne mérite guère pour son oeuvre, l'annonciation de Fra Angelico dans laquelle la simplicité ouvre la voie de l'union entre immanence et transcendance.
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Fra Angelico - L'Annonciation - Couvent San Marco - Florence

 

 

 

26/01/2010

Effet Pygmalion

Pygmalion, roi de Chypre et sculpteur, devient fou d'amour pour une statue de femme à laquelle Aphrodite donne vie et qui recevra ultérieurement le nom de Galatée. Tirée de la mythologie, la fable permet d'illustrer le pouvoir du regard sur autrui : l'amour du sculpteur parvient ainsi à donner véritablement vie à la femme de marbre. En pédagogie, l'effet Pygmalion a fait l'objet de nombreuses expériences dont la première a été conduite par Rosenthal en 1964. Dans une classe, des élèves sont soumis à un test qui est censé désigner les élèves à fort potentiel. En réalité, le test est factice et les élèves sont désignés de manière aléatoire mais signalés aux enseignants. L'année suivante, les résultats de ces élèves sont supérieurs de 20 % en moyenne à ceux des autres élèves. Le regard de l'enseignant, comme celui de Pygmalion, a donc le pouvoir de produire un résultat spécifique.

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Paul Delvaux - Pygmalion

Lorsque le législateur élabore une norme, il cède parfois à la tentation de tenter de limiter les possibilités de détournement ou de mésusage. Ce faisant, il porte sur l'utilisateur potentiel un regard de défiance qui ne manquera pas de produire ses effets : devant tant d'efforts, comment résister à la tentation et au plaisir, ludique ou sportif au  choix, de trouver la faille d'une construction qui se veut forteresse et que l'on se plaira à rendre château de sable. Mais laissons le  législateur a ses turpitudes et souvenons nous simplement que la nature du regard porté a parfois le pouvoir de donner vie.

25/01/2010

Le beau label

Que deviendrait l'homo consumeris sans les labels qui garantissent, certifient, authentifient, assurent ou proclament les qualités des produits ? il serait évidemment désorienté. Est-ce pour cela que la loi du 24 novembre 2009 a prévu que les structures d'orientation professionnelles devront dorénavant être labellisées pour pouvoir renvendiquer leur appartenance au service public de l'orientation, chargé d'informer et de conseiller les citoyens dans l'identification des chemins conduisant à l'emploi et à la formation ? et qu'elle prévoit également qu'à côté des certifications officiellement enregistrées dans le Répertoire national de la certification prendront place à titre informatif les Certificats de Qualification Professionnelle mais également les habilitations de personnes. Après la certification des produits et celle des organisations, s'avance la certification des personnes garantissant la traçabilité de la compétence avec autant de rigueur qu'Alfred Courmes garantit la qualité de sa peinture.

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Alfred Courmes - 45 % de BA (Saint-Sebastien) - 1961

Le Passeport Orientation Formation que la loi nous invite à constituer pour garder la preuve de nos compétences n'est-il donc qu'une gigantesque étiquette publicitaire estampillant chacune de nos activités et expériences ? cela serait plus ludique et moins dangereux que s'il s'agissait d'une réhabilitation du Livret Ouvrier, mais pour autant est-il indispensable, tels de frénétiques Petit Poucet, de garder tous les cailloux qui ont parsemé notre chemin ?

Pour nourrir la réflexion sur ces questions, une chronique réalisée avec Jean-Marie Luttringer pour l'AEF consacrée à la Labellisation dans le champ de l'orientation et de la formation.

20/01/2010

Confusion

La loi du 24 novembre 2009 a créé le congé (de formation) sans congé. Elle permet en effet à tout salarié de demander un financement à un FONGECIF ou un OPCA agréé au titre du CIF pour une formation suivie en dehors de son temps de travail. Un décret devait venir préciser la durée minimale des formations concernées. Le projet de décret soumis aux partenaires sociaux et au Conseil National de la Formation Professionnelle Tout au Long de la VIE (CNFPTLV) prévoyait une durée de 150 heures. Ce projet avait été approuvé car la durée de 150 heures permettait de faire la différence entre les formations relevant du DIF (120 heures) et celles relevant du CIF (150 heures). Surprise lors de la publication du décret daté du 18 janvier 2010, la durée minimale a été ramenée à 120 heures. Bonne nouvelle pourrait-on penser puisque les salariés pourront plus facilement accéder aux financements des FONGECIF. Sous couvert d'un droit plus avantageux offert aux salariés, pourrait pourtant se cacher une confusion sans doute bien moins favorable.

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André Masson - Confusion - 1941

L'alignement de la durée minimale du CIF hors temps de travail sur la durée du DIF pourrait en effet traduire une volonté de fusionner les deux dispositifs, ce qui reviendrait à changer totalement la nature du DIF. En effet, le DIF est aujourd'hui avec le Plan de formation un outil de la politique de formation de l'entreprise. Sauf que pour sa mise en oeuvre il suppose un accord entre l'employeur et le salarié, ce qui impose de développer de la négociation dans l'entreprise. On sait que nombre d'entreprises ne se sont pas approprié le dispositif et ont laissé les compteurs DIF croître, tout en s'inquiétant d'un risque futur de provisionnement. Et l'on sait également que les négociateurs patronaux qui ont participé à la création du DIF en 2003 ont reçu quelques volées de bois vert de la part des DRH des grandes entreprises, accusés d'avoir compliqué leur vie unilatérale. L'alignement du CIF sur le DIF, qui offre par ailleurs une nouvelle voie de recours en cas de difficulté pour négocier la mise en oeuvre de son DIF, pourrait préfigurer la volonté de certains de fusionner le DIF et le CIF, ce qui reviendrait à faire du DIF un droit du salarié non négocié avec l'entreprise mais avec les FONGECIF et OPCA et donc expulsé de la sphère de la gestion des ressources humaines. Retour à la tranquillité de la décision autoritaire et descendante assortie d'un semblant de dialogue tout de même, on reste humains. Décidément la culture manageriale française reste allergique au partage du pouvoir. On pourrait également voir dans ce rapprochement DIF/CIF, une marche arrière de la part de certaines organisations patronales qui pensaient en créant le DIF transférer sur le salarié la responsabilité de la gestion de son employabilité.
Peut-on vraiment déduire tout ceci d'une simple réduction de 150 h à 120 h d'une durée fixée par décret ? non bien sur, ce n'est qu'un hasard et un hasard aussi si cette modification a été introduite par le cabinet du Ministre ou du Président de la République sans consultation préalable des principaux intéressés. Simple illustration de cette culture tenace de l'arbitraire et de l'unilatéral.

19/01/2010

Pressé ? non rapide !

Petite bousculade dans les couloirs du métro, erreur d'appréciation sur les vitesses respectives, excuses.  Mais l'interpellation fuse, lourde d'une aggressivité qui s'exprime d'autant mieux qu'elle semble vouloir ne pas apparaître : "Vous êtes pressé ?", réponse dans l'élan, qui emprunte l'insolence à la jeunesse : "Pressé ? non, rapide". Le rythme du corps est de l'esprit, voilà la grande affaire. Votre façon de "corporer", autrement dit de mettre votre corps et votre esprit, car indissociables sont ces deux là, en rythme en dit long sur vous. Votre premier discours. Voyez le rythme chez le placide De Kooning et vous aurez une idée de ce que Sollers nomme une impassible agilité subtile.

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De Kooning - La visite - 1967

Quel est le rythme d'application d'une loi ? juridiquement, un jour franc après sa publication Je suis toujours surpris par ceux qui considèrent que la loi n'existe vraiment que lorsque décrets, voire circulaires sont venus en préciser la portée. Pour la loi du 24 novembre 2009 sur l'orientation et la formation professionnelle, et sans doute bien d'autres, il faudra s'y faire : l'essentiel des dispositions s'appliquent sans délai, notamment une grande partie des règles nouvelles qui concernent les OPCA. Et pourtant le mode d'emploi n'est pas fourni ? prenons l'habitude de porter la vie un peu au-delà du montage de placards IKEA et d'agir de manière autonome, c'est à dire libre et responsable. Sur l'application de la loi aux OPCA, voir ci-dessous l'interview parue dans Entreprise et Carrières.

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14/01/2010

Un peu de couleurs

Les musiciens qui s'expriment à propos d'un orchestre parlent souvent de "sa couleur". On attendrait plutôt "son", "résonnance", "vibration" ou tout autre vocable renvoyant plus directement au musical, mais non, c'est le pictural qui est convoqué pour caractériser l'harmonie produite par un ensemble de musiciens. On se souvient également de Rimbaud mettant l'alphabet en couleurs dans son texte "Voyelles". Et l'on pourrait encore citer l'exemple de Miro qui, en 1941 en pleine guerre mondiale et après la guerre d'Espagne, fait surgir du fond gris du monde qui l'entoure les couleurs et le souffle de la vie.

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Miro - L'éveil au petit jour - 1941

Cet appel à colorer un peu la vie et l'action s'adresse aux négociateurs qui travaillent actuellement sur le congé individuel de formation. L'IGAS a reproché aux FONGECIF, organismes régionaux gestionnaires d'environ 75 % des financements destinés au CIF, de créer des inégalités entre les salariés. Il est vrai que le salarié d'Auvergne, de Limousin ou de Champagne-Ardennes n'a pas exactement les mêmes possibilités d'accès à un financement qu'un salarié d'Ile-de-France ou de Rhônes-Alpes, avec de surcroît un besoin de formation plus important dans un marché de l'emploi moins actif. Pour éviter que l'Etat n'impose la création d'un organisme unique national, les partenaires sociaux ont décidé d'harmoniser les conditions de prise en charge entre tous les FONGECIF et de développer la péréquation financière entre les régions. Il est notamment prévu une modulation, faible, de la prise en charge des coûts pédagogiques du CIF en fonction du niveau de salaire : 100 % pour les salariés ayant un salaire inférieur à 2 fois le SMIC, 95 % pour un salaire compris entre 2 et 3 SMIC, 90 % au-delà. Opposition de la CGC qui voit là une atteinte aux possibilités de formation des cadres. Cette négociation appelle deux remarques. En premier lieu, on rappellera à la CGC que les cadres ont, le plus souvent, suivi un cursus de formation initiale financé  en grande partie par les impôts de ceux qui ont quitté plus tôt le système scolaire pour travailler. Qu'il y ait un rattrapage ultérieur ne paraît pas scandaleux. La deuxième remarque est plus générale : en pratiquant une prise en charge quasi-totale des coûts de formation, les partenaires sociaux font le choix de financer moins de salariés. De la formation gratuite ou presque pour certains, pas de formation pour les autres. Peut être aurait-il été possible de réfléchir à des modalités de financement plus différenciés, tenant compte des niveaux de formation déjà acquis et des niveaux ee salaire en résultant, pour intégrer la logique de formation différée qui est présente dans les ANI de janvier 2008 et janvier 2009. Raté, la négociation continue à se faire sur des bases classiques, sans beaucoup de couleur. Ce n'est ni de la musique, ni de la poésie, ni de la peinture, d'accord, mais le droit peut aussi avoir quelques couleurs quand il se libère de ses cadres de référence habituels et qu'il ose. Si vous voulez l'exemple d'un juriste coloriste, vous pouvez essayer Kandinsky.
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Kandinsky - Composition VII

24/12/2009

Chouette !

La Maison Rouge, à la Bastille, expose la collection de Jean-Jacques Lebel. Plutôt que d'honorer l'auteur de l'Homme révolté, je veux parler de Camus qui n'y peut mais, avec force  numéros spéciaux, éditoriaux et  panthéonisation annoncée, il est possible d'aller à la rencontre de celui pour qui la part de révolte qui est en nous constitue le fond de liberté qui est l'essence de l'humain. Le visiteur découvrira à cette occasion une oeuvre étrange datant du XVIIème et dont l'auteur n'est pas identifié  : "La chasse à la chouette". Chacun pourra interpréter à sa guise cette improbable scène dans laquelle la figure féminine est le centre des préoccupations des beaux parleurs et voltigeurs, mais aussi de figures plus terriennes. Au centre de toutes les convoitises, la nymphe allégorique pourrait figurer la vérité, le pouvoir, la beauté, la femme ou tout autre objet d'une masculine convoitise dont la ribambelle d'oiseaux souligne le côté collectionneur. Mais le miroir qu'elle tient et la possibilité d'inversion qui lui est attachée interdit toute interprétation trop mécanique. Il faut rêver encore devant le tableau pour en apprécier la dimension polyphonique et ne pas craindre le risque de fascination.

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Ecole Française - XVIIème - La chasse à la chouette

L'actualité sociale nous livre un exemple, mais peut être est-il sans rapport, le lecteur en jugera, de chasse à la chouette. L'ANIA, fédération des entreprises agro-alimentaires, vient de claquer la porte du MEDEF en critiquant assez durement sa présidente, et en ménageant une possibilité de retour si la politique de l'organisation patronale venait à changer. La rumeur prétend que nombre de fédérations sont, peu ou prou sur la même ligne. Laurence Parisot serait donc la chouette qu'il faut chasser. Elle avait pourtant tenté de séduire les oiseaux, notamment par son livre "Besoin d'air" dans lequel elle rappelait la précarité de toute chose, ce rappel philosophique étant censé justifier la précarité de l'emploi, et la nécessité pour la société d'ouvrir les fenêtres, entendez laissez le vent balayer les règles qui empêchent le plein déploiement de la liberté de gestion. Ses troupes auront jugé que dans cet appel d'air il y avait surtout du vent, même si le tableau nous rappelle que les discours censés séduire la chouette courent le même risque. "Que salubre est le vent !" disait Rimbaud, mais n'est pas Rimbaud qui veut. Joyeux Noël à toutes et à tous.

18/12/2009

Burqa visible, burqa invisible

Dans cette entreprise, le manque d'enthousiasme pour la formation est patent. Le responsable formation explique : "Nous avons beaucoup de femmes, ce sont les déplacements qui posent problème". Vérifions. Certaines salariées mettent effectivement en avant les enfants. Délicat d'aller plus loin mais allons y tout de même : "Vous n'avez personne à qui les confier ?". Difficile pour les personnes seules et isolées, coûteux pour la garde et impossible d'exiger du conjoint qu'il se libère plus tôt de son travail. Et pour certaines, de toute façon le père est incompétent en ce domaine. Très bien, mais toutes les salariées n'ont pas d'enfant, ce qui permet de poser la question : "Et pour vous, ce sont les enfants qui posent problème ?", la réponse a déjà été entendue et si elle est peu fréquente elle n'est pas rare : "Non, c'est mon mari qui ne veut pas que je me déplace". Le ton laisse peu d'hésitation sur la sincérité du propos et à ce stade, le pourquoi ne s'impose plus.

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Shirin Neshat - I am its secret - 1993

Nos gouvernants n'aiment rien tant que faire des lois à tout propos et sur tous sujets, sans toujours se soucier de l'application, ni même parfois de l'applicabilité, des textes votés. Ce faisant, ils en viennent souvent à traiter le symptome et non la cause. Plutôt que d'interdire les burqas visibles il faudrait  se préoccuper des burqas invisibles. Plutôt que de s'acharner sur la brindille qui cache la forêt, il faudrait oser entrer dans la réalité des relations entre hommes et femmes en ce début de XXIème siècle en France. Si l'on pense que tout ceci est dépassé, on peut aller voir au théâtre du Lucernaire "La ballade de Simone". On y découvrira à la fois la force et la beauté de la passion et pourquoi il reste encore nombre de burqas symboliques, invisibles mais bien réelles.

17/12/2009

Le syndrome de Prométhée

Pour Gaston Bachelard, le syndrôme de Prométhée était la soif de connaissance habitant tout un chacun : en savoir plus que ses pères, plus que ses maîtres, voilà le complexe d’Œdipe intellectuel. Ce n’est pas à cette définition qu’il est fait référence ici mais à cette crainte de subir le terrible châtiment de Promothée, condamné à voir chaque jour un aigle dévorer son foie, pour avoir osé sortir de ses prérogatives, défié les dieux et ne pas être resté à sa place en donnant le feu, et la connaissance, aux humains. Le syndrome de Prométhée est donc celui qui conduit à déifier la hiérarchie et l'organisation et à se sécuriser dans le périmètre de sa fonction, ce qui revient en réalité à ne pas vraiment l'exercer.

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Prométhée enchaîné - Rubens

Le syndrome de Prométhée était présent lors de la journée organisée par Demos sur le thème de l'évaluation de l'efficacité de la formation. Si l'on veut véritablement apprécier l'impact de la formation, il faut aller au-delà de la formation et ne pas hésiter à s'inviter sur le terrain d'autrui : l'organisation et l'évolution des contenus de fonctions en lien avec l'évolution des compétences, le management et l'intégration par les managers de la prise en compte systématique des formations suivies, la rémunération parce que le développement de compétences passe aussi à un moment donné par la reconnaissance salariale, le résultat économique et la contribution de la formation à la performance, le confort au travail du salarié mieux formé, etc. Bref, il faut aller sur l'ensemble de la politique RH, de la politique manageriale, de l'organisation de l'entreprise et de ses résultats économiques. Ici, pour certains responsables formation, on était trop loin de leur fonction. En réalité, on y était pleinement : c'est au-delà de la fonction que celle-ci produit du sens. Pas facile de briser les chaînes de Prométhée, c'est pourtant indispensable si l'on veut retrouver la liberté et la vie, à l'instar du Prométhée de Frantisek Kupka.
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Frantisek Kupka - Prométhée

09/12/2009

Formateur périphérique

« Vive les vacances ! Fini les pénitences ! Les cahiers au feu, la maîtresse au milieu ! ». On connait la comptine aux paroles cruelles, qui délecte d'autant plus les enfants. Elle marque le début des vacances et pourrait bien constituer le seul moment où l'enseignant se retrouve au centre. Les récurrents débats sur l'autorité du maître, le respect du à son savoir disciplinaire et sa fonction d'enseignant ramenée à celle de raconteur, avec plus ou moins de talent, à une assemblée muette qui doit faire son miel de l'interminable discours et avoir le plaisir de poser des questions qui font valoir le maître dans les quelques interstices qu'il veut bien laisser, ces débats donc devraient être dépassés. La place de l'enseignant ou du formateur n'est pas au centre, au milieu, mais à la périphérie. Tournant autour du groupe, il peut l'observer et voir chacun. Passant des commandes, engageant à produire, apportant des informations, livrant des connaissances, invitant à en découvrir d'autres, imaginant des apprentissages, réagissant aux initiatives, découvertes et productions, le formateur, le maître, le professeur ou l'enseignant, selon la terminologie qui vous convient, n'oublie pas qu'il est au service de chacun et de tous et qu'il est là pour développer l'autonomie et non apprendre à exécuter. Il sait qu'à chaque instant son savoir est relativement plus pauvre compte tenu de la production incessante des connaissances. Il sait qu'il ne peut  lutter avec la technologie et les bibliothèques pour les apports d'information. Il sait que son travail est pédagogie.

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Jacques Courtejoie - Sans titre

Jacques Courtejoie est un enseignant belge dans une école des Beaux-Arts. Il enseigne la photo. Ou plutôt enseignait. Car il consacre aujourd'hui l'essentiel de son temps à rephotographier en polaroïd des tirages multiples entreprosés qu'il retravaille ensuite à l'encre et à la peinture, puis qu'il épingle au fond du boîte noire tendue de velours. Tous ses fantasmes, tout son imaginaire et son visage également sont présents dans ses oeuvres à forte connotation autobiographique. Jacques Courtejoie s'est placé au centre de son oeuvre. Et même si ses travaux constituent des balises précieuses pour ses anciens étudiants, en se plaçant au milieu de manière logique et cohérente il a cessé d'être enseignant.

08/12/2009

To win, to loose

Si l'on ne se répétera pas sur la perte de l'art de légiférer (trop tard), force est de constater que la piètre qualité technique de la loi du 24 Novembre 2009 saute aux yeux chaque fois qu'il s'agit de mettre en oeuvre ses dispositions. Dernier avatar en date, la proposition de DIF au salarié lors du licenciement. Les partenaires sociaux ont souhaité, dans l'ANI du 7 janvier 2009 que la faute grave ne soit plus privative du droit au DIF lors du licenciement. Le législateur a suivi cette volonté. Toutefois, il n'a pas modifié les dispositions selon lesquelles le DIF doit être demandé par le salarié pendant le préavis. Problème : comment demander un DIF pendant le préavis lorsqu'on est privé par la faute grave du droit au dit préavis  sans être toutefois privé du droit au DIF ? certains confrères, ou plutôt d'autres consultants, affirment que le droit au DIF ne pouvant être mis en oeuvre, il est donc perdu, le salarié ne bénéficiant que de la portabilité post-contrat. Il est vrai qu'il est nécessaire de prendre position et de dire blanc ou noir, to win ou to loose.

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Alain Garrigue (Maturana) - To Loose - 1999

Le juge dira peut être, s'il n'a d'autres chats à fouetter, qui a raison et qui a tort. Mais la solution est sans doute inverse : les partenaires sociaux et le législateur ont voulu garantir au salarié licencié le droit au DIF. L'article L.6323-17 prévoit le droit au DIF dans le cadre du licenciement  sauf faute lourde. Le droit est donc bien garanti en cas de  faute grave. Que la procédure ne soit pas prévue et adaptée ne remet pas en cause le droit. Quant à la portabilité post-contrat, elle est aussi garantie mais par l'article L. 6323-18. Les deux dispositifs, solde du DIF en cas de licenciement et portabilité, sont donc bien distincts et le salarié doit bénéficier des deux en cas de faute grave.
Reste à imaginer (diable !) une procédure non prévue par la loi : la belle affaire. Il suffira de laisser au salarié un délai équivalent au préavis théorique pour faire son choix. Et de lui fournir un certificat de travail provisoire indiquant pour la portabilité : droit à établir ou solde à établir dans l'attente du choix du salarié.
Il est toujours confondant de constater que des juristes persistent à conclure que lorsque la loi ne prévoit pas expressément une procédure c'est qu'elle ne peut exister. Aujourd'hui comme hier, l'imagination au pouvoir !

Pour ceux qui souhaiteraient une analyse complète, ou presque de la loi, ci-dessous l'analyse publiée par la Semaine Juridique Sociale.

03/12/2009

Tuez les tous...

Arnaud Amary, légat du Pape Innocent III, participant au sac du Sud-Ouest conduit par Simon de Montfort, est l’auteur de la réponse célèbre à un soldat qui s’enquerrait de qui tuer (le propre du soldat étant d’exécuter, au double sens du terme) dans la ville de Béziers qui abritait cathares et catholiques : « Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens ».

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Bibi - Chasseur - Exposition "Tuez les tous !"
http://www.bibi.fr

Cette subtilité dans l’analyse des situations sied totalement au rapport de l’IGF et de l’IGAS concernant les OPCA qui a été publié le 2 décembre 2009 et aussitôt repris par une presse plus soucieuse de parfum de scandale que d’information critique et argumentée, c'est-à-dire professionnelle.

Les reproches fait au système paritaire sont ici généralisés à la hâte, dénoncés sans mesure et au final plein de présupposés vérifiés uniquement par l’exemple. Ainsi la gestion de leur trésorerie par les OPCA leur est reproché alors qu’il est constaté une bonne performance de rentabilité, ainsi le mode de gestion est critiqué de même que le plan comptable mais le lien n’est pas effectué entre la cause et l’effet ou encore on estime que le système fonctionne hors tout contrôle sans tenir compte de la souveraineté de l’OPCA dans la détermination de sa politique et de l'inclusion de celle-ci dans un ensemble plus vaste de relations sociales.

Au final, on peut reprocher à ce rapport une approche exclusivement technique et financière qui ne prend pas en compte la nature même de ce qu’est un OPCA. Rien sur les résultats, rien sur les actions conduites, rien sur les effets de la gestion paritaire sur l’accès à la formation et sa promotion dans les entreprises, rien sur les actions innovantes. Une lorgnette étroite et embuée par les préjugés.

Ne soyons toutefois pas naïf : le système de gestion paritaire n’est ni un parangon de vertu, ni au maximum de son efficience. La responsabilité des partenaires sociaux est de n’avoir pas plus tôt mis en place une évaluation rigoureuse, professionnelle, de leur action. Ils ont ainsi fourni le bâton qui leur bat les côtes aujourd’hui. Plutôt que de se plaindre du mauvais traitement que leur réserve l’Etat, à eux de reprendre l’offensive en montrant clairement où sont les valeurs ajoutées de la gestion paritaire, en haussant leur professionnalisme au niveau nécessité par les problématiques d’emploi, de formation et de gestion des ressources humaines et en mettant enfin en place des politiques avec des objectifs et des résultats qui ne seront plus présentés dans la langue de bois institutionnelle qui caractérise le secteur mais avec le souci de l’ambition et du pragmatisme. A défaut, effectivement Dieu reconnaîtra les siens.

RapportIGF-IGAS-OPCA.pdf