Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/01/2010

Effet Pygmalion

Pygmalion, roi de Chypre et sculpteur, devient fou d'amour pour une statue de femme à laquelle Aphrodite donne vie et qui recevra ultérieurement le nom de Galatée. Tirée de la mythologie, la fable permet d'illustrer le pouvoir du regard sur autrui : l'amour du sculpteur parvient ainsi à donner véritablement vie à la femme de marbre. En pédagogie, l'effet Pygmalion a fait l'objet de nombreuses expériences dont la première a été conduite par Rosenthal en 1964. Dans une classe, des élèves sont soumis à un test qui est censé désigner les élèves à fort potentiel. En réalité, le test est factice et les élèves sont désignés de manière aléatoire mais signalés aux enseignants. L'année suivante, les résultats de ces élèves sont supérieurs de 20 % en moyenne à ceux des autres élèves. Le regard de l'enseignant, comme celui de Pygmalion, a donc le pouvoir de produire un résultat spécifique.

delvaux-pygmalion.jpg
Paul Delvaux - Pygmalion

Lorsque le législateur élabore une norme, il cède parfois à la tentation de tenter de limiter les possibilités de détournement ou de mésusage. Ce faisant, il porte sur l'utilisateur potentiel un regard de défiance qui ne manquera pas de produire ses effets : devant tant d'efforts, comment résister à la tentation et au plaisir, ludique ou sportif au  choix, de trouver la faille d'une construction qui se veut forteresse et que l'on se plaira à rendre château de sable. Mais laissons le  législateur a ses turpitudes et souvenons nous simplement que la nature du regard porté a parfois le pouvoir de donner vie.

Commentaires

Bonjour,

Ah, ça, c'est la meilleure !

Vous êtes en train de nous dire que le souci du législateur de formuler ses textes de telle façon que les possibilités d'échappatoires (et disons-le tout net les fraudes à la loi) soient les plus réduites possibles, est constitutif d'une "turpitude" !

Bien au contraire ! Trop souvent , les textes sont rédigés de manière à rendre possibles toutes les dérives ; au point que quelquefois, on a le sentiment que c'est volontaire...

C'est le rôle de la jurisprudence de "fermer les écoutilles" voire, le cas échéant, de "tirer des coups de semonce" en direction des interprètes les plus retors et les plus malintentionnés. Le problème, c'est que la Cour de Cassation n'est pas un modèle de célérité...

Le "regard de défiance " est souvent justifié ; soyons réalistes !

Écrit par : Bruno Callens (NOVATEM) | 26/01/2010

Bonjour,

Je dis que lorsqu'une loi est écrite en se donnant comme objectif d'éviter les fraudes et de prévoir tous les détournements possibles, il en résulte nécessairement un texte d'une piètre qualité juridique qui, immanquablement, n'atteint pas son objectif et complique la vie de ceux qui n'avaient aucune intention de ne pas respecter la règle.

Faisons d'abord de la technique avec le droit, puis laissons la morale aux responsabilités individuelles.

Écrit par : jpw | 27/01/2010

Bonjour,

J'observe que vous avez utilisé le terme de "turpitude" ! Le mot est fort ! (dans le dictionnaire Larousse, à la définition de ce mot on parle de "conduite ignominieuse", l''action "honteuse et basse...").

Les "turpitudes du législateur" ! . Diantre !

Cela étant, et pour revenir au sujet, on peut aussi renverser la proposition : c'est précisément parce qu'il est de piètre qualité qu'un texte autorise certaines combinaisons ou manipulations constitutives de la fraude.

Bien évidemment, on ne saurait éviter toutes les fraudes ni les détournements possibles. Et ce souci peut certes être un facteur de complexification de la norme, complexification pouvant favoriser paradoxalement la fraude. On le voit bien notamment en matière fiscale (mais son caractère complexe peut ici avoir d'autres origines).

Et je conçois que cela peut éventuellement être dangereux : le "petit" contribuable pouvant être sanctionné alors qu'il est de bonne foi, alors que les "gros" contribuables, profitant de certaines "failles" passeront au travers.

Mais, quand même... il suffit quelquefois qu'un texte soit formulé un peu différemment - il suffit quelquefois d'un mot - pour éliminer certaines possibilités de fraudes. Trop souvent, le législateur offre de véritables boulevards à ceux qui veulent se soustraire à des obligations "indésirables".

Nos députés et sénateurs sont certes "surbookés" ces derniers temps...mais quand même...

Et lorsqu'il s'agit de "fraus alterius" comme disaient les glossateurs du moyen-Age, ( type de fraude si fréquente notamment en droit du travail...), cela devient vite insupportable.

Et, franchement, on fraude moins par jeu que par intérêt...

Écrit par : Bruno Callens (NOVATEM) | 28/01/2010

Les commentaires sont fermés.