Pour Gaston Bachelard, le syndrôme de Prométhée était la soif de connaissance habitant tout un chacun : en savoir plus que ses pères, plus que ses maîtres, voilà le complexe d’Œdipe intellectuel. Ce n’est pas à cette définition qu’il est fait référence ici mais à cette crainte de subir le terrible châtiment de Promothée, condamné à voir chaque jour un aigle dévorer son foie, pour avoir osé sortir de ses prérogatives, défié les dieux et ne pas être resté à sa place en donnant le feu, et la connaissance, aux humains. Le syndrome de Prométhée est donc celui qui conduit à déifier la hiérarchie et l'organisation et à se sécuriser dans le périmètre de sa fonction, ce qui revient en réalité à ne pas vraiment l'exercer.
Prométhée enchaîné - Rubens
Le syndrome de Prométhée était présent lors de la journée organisée par Demos sur le thème de l'évaluation de l'efficacité de la formation. Si l'on veut véritablement apprécier l'impact de la formation, il faut aller au-delà de la formation et ne pas hésiter à s'inviter sur le terrain d'autrui : l'organisation et l'évolution des contenus de fonctions en lien avec l'évolution des compétences, le management et l'intégration par les managers de la prise en compte systématique des formations suivies, la rémunération parce que le développement de compétences passe aussi à un moment donné par la reconnaissance salariale, le résultat économique et la contribution de la formation à la performance, le confort au travail du salarié mieux formé, etc. Bref, il faut aller sur l'ensemble de la politique RH, de la politique manageriale, de l'organisation de l'entreprise et de ses résultats économiques. Ici, pour certains responsables formation, on était trop loin de leur fonction. En réalité, on y était pleinement : c'est au-delà de la fonction que celle-ci produit du sens. Pas facile de briser les chaînes de Prométhée, c'est pourtant indispensable si l'on veut retrouver la liberté et la vie, à l'instar du Prométhée de Frantisek Kupka.
Frantisek Kupka - Prométhée