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11/11/2015

Multidimensionnel

Avec l'art contemporain, on a parfois l'impression de redécouvrir l'évidence, mais comme ce qui est évident est souvent ce qui est perdu de vue, ce n'est pas plus mal. A l'entrée de la Biennale de Venise, un panneau expose le récit d'une expérimentation réalisée avec la Clinique de San Diego (Etats-Unis comme son nom l'indique). Des adolescents ont été initiés, lors d'un camp d'été, à la chirurgie robotisée. A la fin du camp, la plupart étaient capables de piloter une hystérectomie, une cystostomie ou de réparer une valve artérielle. Deux sont parvenus à pratiquer une revascularisation cardiaque. 

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Voici donc des robots, construits après de longues années d'études, qui mettent à disposition d'enfants des gestes professionnels normalement acquis après de longues années d'études. On en conclura une certaine déprofessionnalisation des chirurgiens,  non pas "sèche" comme disent les sociologues mais s'accompagnant d'un déplacement de la professionnalité : maîtrise de nouveaux outils, participation à l'invention de ces nouveaux outils, imagination de nouvelles applications, etc. Bref, la redécouverte que depuis que l'homme s'est saisi d'un caillou pour en faire un marteau, il interagit avec la technique pour aller vers de nouvelles inventions. Sauf, comme disait Marcuse dans l'homme unidimensionnel, s'il est totalement soumis à la technique, dominé par elle et dans l'incapacité de toute interaction. Surgit dans ce cas l'homme dissocié replongé dans la caverne de Platon. 

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On pourrait transposer le constat à la différence entre la capacité à faire (maîtrise de la duplication) et la compétence (capacité à comprendre ce que l'on fait, à le mettre à oeuvre, à le corriger éventuellement, à le faire évoluer). Bref toute la différence entre être dominé par la technique ou la dominer. A ceux qui seraient surpris par ce langage guerrier, soulignons qu'il n'est pas le fruit du hasard : c'est bien d'un combat qu'il s'agit. Et comme nous voici armés par la réflexion, on peut se mettre en route vers le futur. 

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14/10/2015

Entrelacs

Elle n'est pas toute jeune. Il ne l'est pas non plus. "Elle", c'est la  règle  contenue dans l'article 1134 du Code civil (c'est "il"),  promulgué en 1804. Soit le  Code Napoléon. Elle s'exprime comme les règles de l'époque, ou plus exactement selon les formes du 18ème siècle qui vient de s'achever : peu de mots, beaucoup de sens. A peu près l'exact inverse de la manière contemporaine de légiférer. Et elle nous dit ceci : les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites. Admirable ellipse. Si l'on développe, en perdant au passage la beauté de la phrase : les conventions ne tiennent que parce qu'instituées par la loi, mais lorsqu'elles sont valides, le contrat a force de loi. Magnifique entrelacs des sources du droit. 

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Crédits photographiques : Marrie BOT

Dans le débat actuel sur le Code du travail, il n'est question que d'opposition des sources : la loi est elle meilleure que le contrat ou faut-il donner la priorité à ce dernier ? et si le contrat prévaut, au niveau de la branche ou de l'entreprise ? cette manie hystérique de l'opposition symétrique est une marque de la culture latine  : le bien/le mal - le vrai/le faux - l'intellectuel/l'émotionnel - le littéraire/le matheux - l'idéaliste/le pragmatique - le noir/le blanc - le corps/l'esprit - le col  blanc/le col bleu, etc. Certes, il y eût Héraclite et son harmonie des contraires, sorte de grand-père originel de la dialectique, mais s'il y a mérite à vouloir dépasser les contraires, ce dépassement ne se produisant que par un recyclage permanent des oppositions il vient conforter ce qu'il se propose de rendre caduque. 

Formulons donc un voeu : que tous ceux qui considèrent qu'il est nécessaire de réforme le code du travail, ce qui ne sera sans doute jamais inutile, cessent de mener des débats d'opposition et se concentrent sur la manière la plus intelligente d'articuler les différentes sources de droit, à l'instar de la loi de 1804. Et si l'on est capable de trouver plus belle et plus efficiente formule que celle du Code Napoléon, alors on pourra considérer que la réforme s'impose. A défaut, nous en resterons sur ce sujet, comme sur bien d'autres, au stade de la croyance. 

31/08/2015

Rappel

"Bon ben faut y aller là...

- hum....qu'est ce que tu dis ? ....aller où....?

- Comment ça aller où ? le travail, les clients, les travaux à rendre, je te connais tu dois déjà être en retard...

- t'as raison, j'ai toujours du retard de lecture, surtout que je viens de dégotter des Manchette du tonnerre et que je veux relire Ada ou l'ardeur...

- Quoi ? Ada ou l'ardeur ?

- Oui, parfait pour la liaison été-automne, solstice, exaltation, nostalgie juste ce qu'il faut, du solaire avec une brume légère...

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- Non mais la formation, les réformes, le CPF, les clients, le blog, la loi Rebsamen, la qualité, la certification...

- Mais ne pourrait-on envoyer un billet à l'égal de celui de Van dans Ada : "Papa, J'ai eu une petite prise de bec avec un inconnu que j'ai giflé et qui m'a tué, en duel, près de Kalougano, désolé, Van" ;

- Tu es sérieux ?

- Toujours...

- Mais c'est la rentrée...

- Non c'est demain...

- Demain ce sont les enfants...

- C'est bien ce que je dis".

18/08/2015

American dreams

Dream number one : Money

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Dream number two : Entertainment

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Dream number three : Technicity 

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Dream number four : Publicity

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Dream number five : Sea, Sex and Sun, of course

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Et en même temps,  derrière tout rêve il y a une volonté. 

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17/08/2015

En toute illégalité

Peindre sur un mur, coller des affiches, dessins, peintures ou collages, réaliser des pochoirs, c'est illicite. L'auteur peut être mis à l'amende. Par contre, défigurer les entrées de ville avec des panneaux publicitaires immondes c'est légal. Un graffiti, un tag, c'est du vandalisme. De la publicité agressive c'est de l'économie. Pas à dire, ça donne envie de faire le mur. Allez, fouette cocher !

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A Brooklyn, Basquiat est toujours là. Au musée de Brooklyn, pour ses carnets de notes pas scolaires pour un sou, et sur les murs bien entendu, avec son pote Andy. 

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Basquiat devait, comme quelques autres, échapper à la police parce qu'il mettait un peu de poésie sur les murs. 

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Par contre, Monsieur démolition peut poser ses plaques partout et continuer son oeuvre, il a bien mérité de la société. 

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Pour échapper à Monsieur démolition, il faut un peu d'ingéniosité. Cela permet de constater que le pneu d'un caterpillar est un excellent support. 

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Grace aux dessinateurs de rue, on peut admirer le nouveau favori des sondages pour la primaire républicaine. 

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Après un tel effort, on comprend que l'artiste fatigué rejoigne le modèle pour faire le mur. Mais au fait, c'est pas Basquiat qui s'approche du mur là ?

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Je vais lui demander. Je reviens (ou pas). 

16/08/2015

Garder l'intensité

L'intensité est addiction, comme l'amour...

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...intensité d'un regard...

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...intensité corporelle...

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...intensité du hasard, chance en anglais qui ne connaît que des hasards heureux...

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...intensité de la vie, NF.F.NS.NC, Non Fui. Fui. Non Sumo. Non Curo...

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...intensité duelle...

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...intensité de l'humour salvateur...

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...intensité du rouge et noir, parce que c'est toujours bien le rouge et noir...

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...intensité des gitanes, flamandes si possible...

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...intensité des lieux que l'on ne voudrait pas quitter, et que d'ailleurs on ne quitte pas vraiment...

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...pour garder l'intensité, ce n'est au fond pas très compliqué. Il faut s'entraîner. Et donc beaucoup pratiquer. 

 

14/08/2015

Des éclipses

Quand Monica Vitti

Au coeur de l’insomnie

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Nous rappelle

À nos éclipses

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On aura beau dire

On aura beau faire

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On en pourra pas nous retirer

Cette élégance des temps endormis

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Là-bas

En Atlantide.

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Jérome Leroy, Des éclipses, extrait d'Un dernier verre en Atlantide, Ed. de la Table ronde.

13/08/2015

Divers City

Toutes les langues, tous les styles, toutes les nationalités, toutes les attitudes, on peut absolument tout croiser dans les rues de New-York. Ce n'est plus l'Amérique, c'est l'arche de Noé moderne. Ce qui ne va pas sans surprises. Par exemple dans la ville du mouvement et de l'énergie, on trouve à tous les coins de rue des gens qui attendent, attendent et attendent encore. Comme si la ville était une horloge du temps qui ne passe pas. 

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Il y a des Flash dancers...

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...il y a ceux qui travaillent, ou en tout cas qui sont dans leur bureau...

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...il y a ceux qui trouvent que 24 heures, c'est long...

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...il y a celles qui lisent, et celles qui n'ont pas le temps because shopping...

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...il y a celles dont les rêves s'envolent...

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...il y a ceux qui rêvent cash...

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...il y a ceux qui ne s'intéressent pas à la psychanalyse, mais qui devraient quand même se méfier...

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...il y a ceux qui vivent en musique, dans leur tête peut être mais vit-on jamais ailleurs...

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...il y a celles qui se toisent...

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...il y a ceux qui sont surpris, toujours dans le même sens d'ailleurs...

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...il y a celle qui a été surprise, pourtant New York c'est bien la ville jaune...

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...il y a ceux qui font la manche avec les copains, mais ça marche pas fort cet été...

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...et puis il y a les plus insupportables, ceux qui se la jouent touriste. Ils pourraient sourire au moins, ça donnerait l'impression qu'ils prennent du bon temps. 

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12/08/2015

Sur le bitume, le soleil

Si la plage est sous les pavés, où se trouve le soleil ?

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Dans les cheveux des filles, évidemment...

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...dans les mains des amoureux...

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...et dans les baisers des amants, les nuits d'été. 

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11/08/2015

Washington Square

Toutes les villes des Etats-Unis ont leur Washington Square, comme les villes françaises ont leur hôtel Terminus ou Au Lion d'or (l'esprit français, que voulez-vous). Mais celui de New-York a le pouvoir d'arrêter le temps dans la ville qui ne s'arrête jamais et qui connaît mieux l'argent que le temps. On y a même implanté un arc romain, alors que les villes historiques se sont toutes dotées de colonnes grecques pour essayer de donner un peu d'épaisseur temporelle à un pays qui fait tellement l'histoire qu'il ne peut s'empêcher de s'en raconter, des histoires et surtout la sienne. Bref, le Washington Square est une enclave magique, le point G de la grande pomme. 

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Dimanche soir, il y avait séance d'écriture collective. Chacun pouvait raconter une histoire, son histoire ou une autre histoire, en une page et une affiche. Toutes les histoires font ensuite une histoire qui fait un livre. J'en ai retenu deux. La première est celle des deux filles aux troubles alimentaires qui redécouvrent le paradis et la liberté. 

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La seconde est celle d'un jeune homme qui s'apprête à partir à Paris, et qui serait prêt à partir n'importe où ailleurs, parce qu'il aime une fille extatique. 

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La liberté et l'amour nous conduisent assez naturellement au trouple que rien ne trouble (pour ceux qui méconnaissent le trouple, voir ici). 

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Les Roméo new-yorkais ne miaulent pas sous les balcons de leur Juliette, ils apportent leur petit tabouret pour  le shooting de leur star personnelle. A vous décomplexer Blanche-Neige et les 7 nains !

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Des guitaristes des années 70, des artistes en herbe, en bois, en fer blanc et en carton pâte, des rêveuses en tous genres, des transgenres et d'étranges gens, des amis de passage, des avis partagés, des ravis allongés, des fumées sans feu, un peu de diable par la queue et je ne vous dis pas tout, vous n'avez pas rêvé, vous êtes au Washington Square. 

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10/08/2015

De l'énergie et pas qu'à revendre

Quel que soit l'intérêt et le charme de toutes les villes américaines, pas une ne dégage l'excitation, l'énergie, les vibrations, de New-York. Nougaro l'a chanté à sa manière, mais ici pas de doute, ça pulse. 

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A tous les étages, et à tous les coins de rue. 

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Evidemment, la chauve-souris de Gotham City s'y met aussi. La moindre des choses. 

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Bien sur, le trop plein d'énergie conduit souvent au n'importe quoi. 

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Mais la ville de l'image, du mouvement, et donc du cinéma, sait aussi se faire littéraire et vous plonger à tout moment dans un roman de James Ellroy. Des grandes envolées aux bas-fonds, le désir de tout trace souvent une ligne droite. Ici, c'est direct, c'est pas du Ronsard, c'est de l'amerloque. 

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09/08/2015

A never ending story

L'an dernier il y a eu Ferguson, la nuit dernière c'était à Dallas. Et entre temps, quasiment tous les mois, l'annonce qu'un policier blanc a tué un noir. A Philadelphie, au centre de la prison désaffectée construite en forme de panopticum à l'époque où la science devait avoir réponse à tout, un peu comme aujourd'hui en quelque sorte, il y a ce monument qui matérialise la croissance de la population carcérale aux Etats-Unis. 

Plus de 600 % d'emprisonnements supplémentaires entre 1970 et 2010. On doute que pendant cette période la criminalité ait augmenté de 600 %...ou qu'elle ait diminué de la même proportion du fait des emprisonnements. Dans la ville  où fut rédigée et adoptée la Déclaration des Droits ainsi que la Constitution américaine, on peut se référer à Montesquieu : le degré de civilisation d'une société se mesure à son code pénal, plus les peines augmentent et plus les libertés reculent.

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La représentation graphique permet également de constater que les noirs constituent 60 % des prisonniers et seulement 30 % de la population des Etats-Unis. Un panneau invite à se poser la question du pourquoi ? les clivages politiques traditionnels ont leurs réponses toutes faites : à droite on ne voit que responsabilité individuelle (ne commettez pas de crimes et vous n'irez pas en prison, ne défiez pas la police et vous ne serez pas tués, etc.) et à gauche que faillite collective (éducation, milieu social, ségrégation,...tous ces obstacles accumulés qui rendent les minorités plus fragiles face aux comportements délinquants) ou choix de société : vous allez plus facilement en prison pour une barrette de shit que pour une infraction financière.

 

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Mes lunettes personnelles sont celles du droit et de l'histoire. Dans le pays qui a connu plusieurs siècles d'esclavage et qui, malgré la déclaration des droits, a maintenu des lois raciales dans le Sud jusqu'au début des années 70, les parents du jeune homme tué à Dallas sont sans doute nés alors que la ségrégation existait toujours légalement, il y a une certaine fatalité à ce que la couleur désigne celui qui tire et celui qui est tiré. Les contradictions du droit ne sont jamais sans conséquences Un peu comme la déclaration de 1789 proclamait l’égalité en droits de tous les citoyens, pour ne reconnaître le droit de vote aux femmes qu’en 1945. L’histoire laisse des traces profondes et durables dont les individus sont, bien malgré eux, les acteurs dans des rôles qu’ils n’ont pas toujours choisis.

08/08/2015

When there is a will, there is a way

Philadelphie ce n'est pas Houston. La rue est vivante et la foule miscellaneous. 

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Aux Etats-Unis le lock-out (fermeture de l'entreprise par l'employeur dans le cadre d'un conflit social) n'est pas interdit, comme en France. L'employeur est maître chez lui et il peut décider de ne plus fournir d'activité, suspendant par là même le paiement des salaires. Pratique lorsque l'on a du stock ou en période de ralentissement de l'activité. 

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Pour ceux qui travaillent, l'heure de la pause est le temps des rencontres...avec la salade du midi ou la presse du jour, qui rend largement compte du premier débat entre les candidats républicains à la primaire. 

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En voici sans doute des adeptes des républicains et du Tea Party. On ne fait pas plus conservateur : rose pour les filles, bleu pour les garçons. 

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Mais foin des considérations sociales, l'Amérique c'est l'entertainment et les fameux escaliers du Museum of Fine Arts immortalisés par l'entraînement de Stallone alias Rocky. 

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D'ailleurs, ce ne sont pas les 120 statues de Rodin installées à quelques encablures de là qui attirent la foule, mais celle que Mister Stallone a généreusement offerte à la ville qui le vit naître. Offrir une statue de soi-même ce n'est pas de très bon goût ? demandez aux filles ce qu'elles en pensent. 

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Et le vieux Nelson, ça lui inspire quoi Rocky ?

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Ah oui, des slogans en forme de vérité : quand on veut on peut, il faut entreprendre pour réussir, à chacun son dû, on a que ce qu'on mérite, et pour la suite demandez à Donald Trump, il a des ressources et de la ressource. 

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Moi je préfère les artistes de rue.

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Et les tableaux de Hopper. 

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Mais la nuit est déjà là, avec tous ses mystères. 

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Tout le monde a disparu...

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Même le cinéma va fermer. Mais avant d'aller dormir, on se souviendra qu'aux Etats-Unis on peut voir des dômes florentins en haut des immeubles. Il l'a bien dit Donald, quand on veut on peut. 

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07/08/2015

Au théâtre ce jour

Si les rêves c'est le cinéma gratuit, la rue est un théâtre permanent. Un anglais l'avait déjà constaté, il s'appelait Shakespeare et écrivait : "Le monde entier est un théâtre, dont les hommes et le femmes ne sont que les acteurs". Pas vrai mister ? 

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Les ouvreuses font la pause, mais l'entracte n'a pas la même durée pour tout le monde. 

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Evidemment on ne peut s'empêcher de jeter un coup d'oeil à ses voisins, le spectacle est dans la salle. 

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Et il ne faut pas oublier de lever la tête, pour les hommes araignées. 

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On peut avoir la tentation, parfois, de vouloir échanger les rôles. C'est d'ailleurs ce qu'ajoutait Shakespeare, que l'on jouait plusieurs rôles. Pas si évident. 

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La technologie a remplacé le souffleur, en plus efficace. 

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Sur une aussi grande scène, pas étonnant que tout le monde ne joue pas au diapason. Mais c'est pas grave, demain j'y retourne. 

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06/08/2015

Des murs si lisses

Philadelphie est la ville des murals, grandes fresques peintes sur les murs aveugles des immeubles qui mettent de la couleur dans la ville et dans la vie. 

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Chemin faisant, on peut tout de même trouver que les thèmes traités sont bien consensuels, à rebours de toute l'histoire du street art et du graffiti, qui ne vit et se développe que dans l'illégalité. 

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Après avoir lu "La patience du franc-tireur" d'Arturo Perez-Reverte, difficile de s'émouvoir devant ces grandes compositions formelles qui ont sans doute reçu l'approbation d'une commission municipale avant d'être posées sur les murs qui n'en demandaient pas tant. 

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Les murs de mosaïques, bouteilles, roues de bicyclettes et autres récupérations de South-Street n'emportent pas plus la conviction. Lorsque l'art est dépourvu de toute autre intention que de faire joli, il perd ses aspérités et son intérêt. 

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A ce stade, il n'y a d'ailleurs guère de différence entre l'art et la publicité, qui s'en tire évidemment mieux. 

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Pourtant, au détour d'une rue, on peut se retrouver face à des représentations moins consensuelles, plus intrigantes, plus interrogatives. Si l'art ne s'affranchit pas des règles, que peut-il ? Pour citer Banksy : "Les plus grands crimes ne sont pas commis par des gens qui brisent les règles mais par ceux qui obéissent aux ordres". On peut le vérifier tous les jours. 

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Et puisque on en est à Banksy, il disait également que dans la plupart des musées, la seule chose qui vaille la peine ce sont les étudiantes en arts plastiques. C'est pourquoi pour aller à la rencontre des véritables oeuvres de rue, on a décidé de suivre cette jeune fille dont la foulée défie l'apesanteur et qui devrait pouvoir nous faire quitter la pesante transparence des murs si lisses. 

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04/08/2015

David Lynch à Houston

Dans les films de David Lynch, les premiers plans sont tout à fait banals. Tout à l'air normal. Au début. Bien sur, si on ne somnole pas devant la vision du quotidien, il y a parfois une question qui se présente, par exemple : "Mais que fait ce serveur dans un restaurant vide et fermé ?", mais la raison reprend vite ses droits : "Il prépare la salle avant d'ouvrir". Tout simple non ? 

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Par petites doses, l'incongru s'impose et vous ne remarquez rien. Ainsi ce palmier n'a rien à faire avec le béton, le verre et la végétation qui l'entoure, mais il paraît à sa place. 

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Vous ne savez pas pourquoi, mais une étrange sensation vous envahit. Pas un malaise, mais une lointaine angoisse. Devant ces traces de vie, sans vie. Ces immobilités qui vous font douter que tout cela est bien réel. Si l'on était dans un film de David Lynch, il y aurait soudain un évènement effrayant. 

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C'est dans un bassin qui vous attire pour la fraîcheur de l'eau que l'inattendu se manifeste. Le volatile a-t-il été placé là par un garnement qui l'a trouvé mort ? s'est-il vraiment pris les pattes dans la trappe d'évacuation pour mourir noyé ? pourquoi est-il là à vous regarder ? 

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Ce n'est pas ce minuscule incident qui va perturber votre pas. Et vous approchez du jardin qui promet ses chaises et ses ombres. Et puis vous la voyez, un détail attire votre regard, et là vous vous dîtes qu'il est peut être temps d'aller voir plus loin car cela fait un certain temps que David Lynch a arrêté le cinéma. 

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03/08/2015

Les miroirs de Rothko

A droite de la grande allée d'un quartier résidentiel de Houston, on ne peut parler de banlieue pour les villes qui n'ont pas de centre, apparaît la maigre pancarte de béton posée à même la pelouse. Nous sommes bien à la Rothko Chapel, objet de cette venue dans le Sud extrême des Etats-Unis. Ces oeuvres qui paraissaient si lointaines, et si inaccessibles, sont maintenant toutes proches. La chaleur est sèche, enveloppante, bienveillante et toute en retenue. A l'unisson. 

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En janvier 2009, l'exposition Rothko à la Tate Modern de Londres avait été un choc phénoménal. Jamais je n'avais senti à ce point la peinture m'envahir physiquement, émotionnellement, corporellement, esthétiquement qu'au moment où je suis entré dans la grande salle contenant les peintures destinées au Seagram Restaurant, que Rothko avait finalement refusé de vendre et dont il a fait don à la Tate Gallery. Cette année encore, revoir ces toiles a provoqué un bouleversement profond. Comme l'exposition présentée l'année dernière à La Haye et comme ces quatre toiles composant la Rothko room, découvertes cette semaine à Washington. Les toiles de Rothko ont cette faculté de vous faire vibrer avec elles et de vous saisir intégralement. C'est dire si devant la porte de la chapelle, spécialement conçue pour accueillir 14 toiles du peintre, l'excitation est présente. 

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Et à l'intérieur, surprise. Pas de couleurs rouges, jaunes, ocres, bleues ou oranges. Sur les murs, 7 grandes toiles noires encadrées d'un pourpre profond et 7 violets mats aux variations infinies. Mais surtout, pas de vibrations, éteintes par le noir, totalement plat, totalement opaque et qui ne s'ouvre pas sur des horizons infinis, comme le font si souvent les toiles de Rothko. Un noir radical, fini, arrêté, brut, définitif. Et puis les 7 violets sur lesquels le regard se concentre. Au centre d'un triptyque, la toile monochrome à des reflets qui racontent toute l'histoire de la peinture italienne : dans la monochromie verticale se dessinent la création du monde de Michel-Ange, l'Annonciation de Fra Angelico, les madones de Giotto et toutes les peintures religieuses de toute l'Italie. Alors que la Chapelle est sans doute le seul endroit où la majorité des visiteurs ferme les yeux pour mieux ressentir les peintures (les caustiques pourraient en conclure que fermer les yeux devant les peintures est bien la preuve qu'il n'y a rien à voir), c'est en les fixant que l'on voit défiler les maîtres italiens. 

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Alors on se tourne vers les autres grands violets et l'on découvre les maîtres chinois, les paysagistes japonais, les encres de Victor Hugo et toute la clique de ceux qui ont décidé un jour que leur vie se jouerait devant la toile. Et puis l'on revient vers les noirs. Et cette lumière venue du toit ajouré qui se pose durement sur le haut des toiles, les éclaircissant d'une manière surprenante lorsque l'on se souvient que pour Rothko le sombre doit être en haut. Et comme Rothko a tout contrôlé dans la création de la Chapelle, venant à bout de la patience de l'architecte, on se demande pourquoi il a laissé filtrer une lumière si forte, alors qu'il n'avait de cesse de baigner ses toiles dans la quasi-pénombre. Et ressurgissent les annonciations, élévations, résurrections et autres échanges entre le divin et le terrestre. La lumière éclaircit le noir qui devient lumière et l'on se demande si Rothko n'a pas réussi à atteindre ce point surréaliste livré par André Breton dans le second manifeste : "Tout porte à croire qu’il existe un certain point de l’esprit d’où la vie et la mort, le réel et l’imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l’incommunicable, le haut et le bas cessent d’être perçus contradictoirement.". Dans la chapelle Rothko, on peut voir ce point. 

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En ressortant, devant le Broken Obelisk de Barnett Newman, on se dit que le Dalaï-Lama, Desmond Tutu et tous les visiteurs religieux de la Chapelle, se foutent le doigt dans l'oeil. Et pourtant, il n'est pas question de discuter la sincérité de ceux qui vivent une expérience mystique dans la Chapelle, qui sont émus aux larmes ou qui en ressortent transfigurés. Et pour ma part, il est certain qu'il y aura un avant et après Chapelle dans la manière de regarder la peinture. Mais ce que l'on peut voir ici c'est l'extraordinaire récit de la condition de l'homme dans l'histoire, telle que les peintres ont tenté d'en rendre compte au fil des siècles. Et ce combat là, il est autant physique qu'intellectuel. Mais vous l'aurez compris, dans la Chapelle de Rothko, comme ceux qui lèvent le voile d'Isis ne voient que leur propre image, on peut faire l'expérience de se trouver pleinement face à soi-même. Chacun à sa manière. 

02/08/2015

Big things are coming !

Mais pourquoi les rues de Houston sont-elles désertes ? 

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Où sont donc passés les habitants ? 

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Et que célèbre cette jeune fille enthousiaste ? 

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Quelles sont ces big things à venir ? 

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Mais bien sur, ils sont tous partis se procurer le  premier des deux numéros thématiques de Liaisons Sociales consacré au droit de la formation après la réforme. Celui qui fait le point sur les responsabilités de l'employeur : diagnostic et gestion des compétences, employabilité, élargissement des plans de formation, élargissement de l'usage possible des financements, diversification des moyens de professionnalisation, et bien d'autres choses encore. 

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Nous voilà rassérénés, on peut reprendre les promenades en barque au coeur de la ville à la campagne car Houston, en fait, ce n'est pas vraiment une ville, enfin pas comme on l'entend en Europe mais tout à fait comme un européen peut imaginer une ville américaine : un centre d'affaires qui tient lieu de coeur de ville, des banlieues résidentielles à n'en plus finir et des centres commerciaux géants pour le ravitaillement et le divertissement. Comme dirait le vieil Henry, le cauchemar climatisé. 

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01/08/2015

Sondages et liberté

Dans le magnifique musée de la presse, ou du journalisme, le newseum, il est possible d'exprimer ses opinions sur des sujets d'actualité. Par exemple, sur la décision de la Cour suprême des Etats-Unis, située à quelques encablures de là, de considérer comme illégale toute restriction par les états à la possibilité de se marier entre personnes du même sexe. J'ai voté avec une petite pastille bleue, vous la voyez ? 

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Au second sondage, je n'ai pas voté. Les avis étaient d'ailleurs plus partagés sur le fait de savoir si le drapeau confédéré, autrement dit le drapeau de guerre des Etats sudistes, symbole aujourd'hui de la persistance du Sud pour certains, et de l'esclavage, la ségrégation et le racisme pour d'autres, de savoir si ce drapeau donc pouvait continuer à être affiché dans l'espace public. Et là les avis sont plus partagés. 

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Même s'il est difficile d'interpréter la volonté qui se trouve derrière chaque point coloré, il semble que la désapprobation de l'affichage de ce symbole du passé l'emporte, mais que l'attachement aux libertés conserve un attrait puissant, y compris la liberté de dire ou faire ce qui est moralement condamnable. Car la liberté a ceci de singulier qu'elle est nécessairement radicale. Toute entrave en constitue la négation. Dans un pays où le premier amendement de la Constitution garantit 5 libertés fondamentales pour les citoyens : la liberté de la presse, la liberté d'expression, la liberté de religion, la liberté d'assemblée et la liberté de pétition ; toute restriction à une de ces libertés est considérée comme une atteinte aux droits individuels. C'est pourquoi l'on trouve des américains qui, en tant qu'héritiers des Lumières mais aussi de Voltaire, se battront toujours pour que chacun puisse exprimer toute opinion, quelle que soit sa nature. Et trouveront normal de défendre le droit d'afficher un drapeau dont la vue les choquera pourtant. Et ce n'est pas un paradoxe, mais une grande rigueur au contraire. 

31/07/2015

Washington d'ici

Capitale du plus puissant Etat du monde, Washington a des allures de ville provinciale, que la verdure accentue. Alanguie sur les rives du très lent Potomac, Washington semble absente au présent. La litanie de mémoriaux et autres monuments historiques, tentent de donner de l'épaisseur à une ville qui semble attendre, on ne sait trop quoi. Mais peut être n'est-ce que la torpeur de l'été. 

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Vu d'ici, les clichés sont faciles, tel celui qui voudrait que l'on est au pays de l'argent roi, et il est un fait que partout s'affiche l'ordre moral selon lequel la liberté a toujours un prix. 

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Dans le pays où, qu'il s'agisse de Google ou de la CIA, on se moque assez largement de la liberté d'autrui, le contraste est saisissant. Et l'on ne voudrait pas avoir affaire à la police, chargée justement de défendre les libertés. 

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Car si sous le soleil, la torpeur de Washington a quelque chose de débonnaire, il ne faut guère plus d'un orage pour entrevoir les zones grises qui font aussi l'histoire d'un pays. 

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Assez rapidement, les drapeaux aux fenêtres, les signes d'appartenance, la vision totalement autocentrée du monde, cesse d'être du folklore...

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...pour dessiner un paysage qui n'est pas un paradis pour tous. 

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Et pourtant, ici, la liberté n'est pas qu'un mot, elle s'incarne à tout coin de rue. 

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Et c'est moins Obama à la Maison Blanche qui en est le garant, qu'une jeune fille qui avance avec l'héritage de Lincoln et de bien d'autres. Elle peut trouver que l'histoire est lente, mais elle avance. 

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Et comme l'on trouve de tout aux Etats-Unis, on y trouve aussi...le CPF, sous forme d'une société spécialisée dans l'installation de conduits souterrains pour chauffage thermique. Vous l'aurez deviné, des spécialistes de l'usine à gaz en quelque sorte. 

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