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15/08/2014

L'Amérique raciste

Comme la France moisie pétainiste qui n"a jamais totalement disparue, pas besoin de gratter beaucoup pour retrouver l"Amérique raciste, pour laquelle l"élection d"Obama n'est qu'un cache sexe qui masque bien mal la forêt de préjugés qui structurent les consciences. Si Philippe Roth dans son formidable livre "La tâche" montre l"absurdité du politiquement correct déconnecté de toute réalité, il n'en reste pas moins que l"on peut voir, au quotidien, comment les préjugés structurent les représentaions. Rendant compte des manifestations qui ont eu lieu à Ferguson suite au meurtre d"un jeune noir par la police, USA Today présente en Une le bilan des arrestations en distinguant les blancs et les noirs. Qu'une presse réactionnaire existe n'est pas un problème, c"est la presse, mais que l'Attorney General décompte les arrestations en fonction de la couleur de la peau, quand bien même serait-on au pays des quotas et de la discriminations positive, n'est rien d'autre qu'une conception raciste de la société.

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Pourquoi ne pas présenter les arrestations des jeunes et des vieux, des chauves et des chevelus, des chômeurs et des travailleurs, des républicains et des démocrates, des végétariens et des carnivores, des imberbes et des barbus, des diplômés et non diplômés, des nomades et des sédentaires, des mariés et des célibataires ou toute autre distinction arbitraire qui constitue un fait dépourvu de sens. Mais non, c'est la couleur de la peau qui importe te continue d'importer. En France on a bien les xénophobes maladifs qui, dès qu'un fait divers survient, traquent le patronyme de l"auteur et salivent de convictions confortées s'il a, à leurs yeux, une consonance étrangère. Mais ici, en Amérique, l'élection d'Obama n'a manifestement pas fait le printemps. Bienvenue dans l"American dream !

11/08/2014

Vertigo

Le temps géologique est un vertige. Si rationnellement on sait compter jusqu'à 4,5 milliards, éprouver la sensation physique de ce temps longs est une autre affaire. Dans un corps que le temps borne étroitement, comment traduire la durée sinon en acceptant que nous soyons un assemblage atomique momentané, qui fait suite à bien d'autres et en précède d'autres encore. 

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Le Grand Canyon est une cathédrale du temps et à ce titre il renvoie moins aux pionniers de l'Ouest américain qu'à cet européen old fashion qu'est Marcel Proust pour lequel tout ce que nous voyons n'est que mémoire, y compris l'immémorial. 

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Mais avec les Américains, peuple sans Histoire mais plein d'histoires, l'entertainment a naturellement pris la place de la mémoire. Aussi n'est-on pas surpris, lorsque l'hélicoptère prend de la vitesse pour raser les derniers arbres de la forêt et accentuer la sensation de vertige lorsqu'il surgit dans l'immensité du Canyon, d'entendre dans le casque les tambours, trompettes, violons et cymbales de 2001 Odyssée de l'Espace. 

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La démesure du film de Kubrick est à la hauteur du grand sillon tracé par le Colorado au coeur des hauts plateaux de l'Arizona. Et comme le film, le Canyon est un spectacle, une méditation philosophique et une vision hallucinée dont on ressort lessivé. 

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Mais avant de quitter les lieux, on pourra une nouvelle fois vérifier que la nature imite l'art et que si le temps est un peintre de qualité, les Navajos ont fait mieux depuis. 

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Après une telle expérience, les habituels feux de forêt estivaux semblent bien anecdotiques, un peu comme une vie à l'échelle du temps. 

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10/08/2014

On your own road

Lorsque se présente une rare courbe (on ne peut vraiment parler de virage) l'invariable question est : est-ce que la prochaine ligne droite atteindra l'horizon ?  ah les routes tracées à la règle dans l'immensité et sur lesquelles les américains utilisent davantage le limiteur que l'accélérateur. En pick up, en combo, en berline, en jeep, en tout terrain, peu importe, le mode Harley Davidson est toujours sur "on". L'Amérique qui roule c'est un piston de presse qui inexorablement va modeler l'alliage le plus résistant, mais sans frapper, sans se presser, avec la lenteur de celui que la certitude habite. 

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Même en vitesse de croisière limitée, on rattrape parfois, sur les routes de l'Arizona, ces "miles trains" qui tirent et qui poussent (trois locos devant, deux derrière) plus de containers que ne peuvent en contenir les tankers qui déversent le made in china dans tous les ports du monde.

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Le container, c'est la plaie du voyageur. Comment aurait fait Kerouac s'il avait du voyager en container ? une terrasse sur le toit du grand rectangle ? un trou percé comme un rat dans la tôle ondulé ? comme les containers urbains ont tué la chasse aux livres abandonnés sur les trottoirs des villes, les bennes à bimbeloterie transforment les trains en gazoducs de la consommation. 

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C''est dans ces containers que se trouve toute la camelote de la route 66 qui est en passe de devenir une galerie marchande dans laquelle, comme disait l'ami guy, le vrai devient un moment du faux. 

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La capacité de l'Amérique à transformer n'importe quel lieu, n'importe quelle activité, n'importe quoi en business est à la fois admirable et consternante. En même temps, dès qu'il y a du rouge et noir, c'est toujours bien. 

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Si l'on veut échapper aux clichés, il ne reste qu'une solution. Plutôt que de refaire à l'infini ce qui a déjà été fait, autant tourner la page, laisser la route 66 à ceux qui l'ont parcouru avant qu'elle ne devienne un commerce et chercher ses propres routes. Il y a toujours d'autres lieux où aller voir, et si parfois on trouve porte close, c'est une raison supplémentaire pour essayer encore. On ze road again !

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09/08/2014

La peinture aux anges

Dans la ville du cinéma, des séries TV, de l'entertainment et des paillettes, dans la ville sans fin qui n'a pas de centre, au détour de ces rues qui ressemblent à des rues de banlieues de villes américaines, il est possible de rencontrer d'incroyables peintures. Au Lacma tout d'abord, qui présentait cet été une magnifique exposition intitulée "De Van Gogh à Kandiinsky" et montrait comment l'Europe existait bien avant qu'elle ne devienne un marché commun. Mais c'est la collection permanente qui procura malgré tout les plus fortes sensations. 

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De Kooning - Montauk Highway - 1958

Difficile de trouver un peintre qui mette autant de vitesse, d'énergie, de mouvement, de rapidité et de force dans une peinture. Le grand hollandais discret était en cela un vrai américain. Tout le corps tourné vers l'action et une seule réponse aux sempiternelles questions humaines : peins !

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Rothko - White center - 1957

Avec Rothko, c'est différent. On entre littéralement dans la toile qui vous absorbe physiquement, mentalement, musicalement, corporellement. S'obstinant à vouloir peindre ce qui n'existe pas, l'âme humaine, Rothko ne pouvait qu'échouer. Mais c'est aussi celui qui a le mieux réussi. 

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André Masson - Le vertige du héros

Masson, c'est l'enfance de l'art. Le théâtre grec, les rêves d'ailleurs, la fulgurance, l'immédiateté, l'air de l'eau, la nature et la culture entremêlés, l'eros triomphant, sont dans sa palette. Comme toujours, et quelle que puisse être l'âpreté du thème traité, Masson lance ses couleurs sur la toile comme un hymne permanent à la joie de vivre. Et pour terminer d'étourdir celui qui regarde, il y a cette salle aux 13 Picasso qui témoignent de l'impossible créativité du génie espagnol. 

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Après le Lacma, on peut se rendre au-dessus des Hills de Beverly, au Getty Center et à son incroyable musée. Que faire de sa fortune acquise avec des bidons de pétrole ? acheter des oeuvres d'art, faire construire un musée entouré de terrasses sur les flancs de Los Angeles et en livrer l'accès au public (l'entrée est gratuite). Et donner l'occasion aux angelinos, et aux autres, d'admirer la peinture flamboyante de Gustave Moreau, mais aussi de Watteau, Fragonard, Goya, Tiepolo, Gauguin, Van Gogh, Cézanne, Manet et d'autres. 

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Gustave Moreau - Automne - 1872

Dans le Getty Museum, pas de peinture moderne. Les peintres sont ceux d'autrefois. Seule la partie consacrée à la photo fait une place aux modernes et aux contemporains. Une manière de s'ouvrir à d'autres formes de créativité. 

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08/08/2014

Venice, California

Le sable est plus blanc qu'au Lido, la mer est moins verte, les cabanes des Baywatchers n'ont pas d'équivalents, et on a jamais vu de carabinieris soulever des monceaux de sable avec leurs voitures vertes, alors que les police cars zigzaguent entre les plagistes toutes sirènes hurlantes. Bref, Venice c'est pas Venise. 

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Ici, la couleur est plus présente. L'Espagne aussi, sur cette côte Ouest où les noms sont plus souvent hispaniques qu'américains, à moins qu'américain puisse se traduire par : de toute origine, ce qui paraît effectivement être le cas. 

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Aux Etats-Unis, comme on le sait, tout est possible. Il n'est donc pas étonnant, dans la ville des anges, de courir "on air", à défaut de marcher sur l'eau. 

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L.A ville des anges et du rêve, comme celui de cette mère et sa fille qui attendent le sunset pour compléter le book de la lolita qui a déjà cessé de jouer au modèle pour entrer dans le business. 

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Qui sait si dans quelques années la même sera encore sur cette plage pour faire d'autres photos, elle sera alors pleinement entrée dans la carrière. 

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Le principal, c'est d'être vu. Pas de risque, il y a toujours un regard, des yeux, une caméra. Cinéma pour tous. 

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Pourtant, pas si difficile que ça d'échapper au lieu et de ne pas être tributaire de son environnement. Juste une question de feeling. 

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06/08/2014

Psychédéliques

Rouler comme on glisse le long d'un rail, faire de son siège un fauteuil de cinéma, avoir une playlist adaptée au temps et au lieu. A base de vieux LP : yes, ange, king crimson, cannes heat, jefferson airplane, the papas and the mamas (California dream), etc. Bien sur on peut rajouter un peu de côte Est avec Patti Smith ou Blondie et quelques anglais comme Bowie, les Clash ou Bryan Ferry. Avec ça, on est prêts pour la Jellies expérience. 

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Les Jellies, c'est de l'électricité pure. Comme celle produite par la guitare de celui qui reste le meilleur compagnon pour les highways : The Boss lui-même, Bruce Springsteen. C'est peut être pour cela que les méduses à Monterrey sont présentées au milieu de décors psychédéliques, manifestement elles planent. 

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Et nous aussi à regarder ces formes improbables évoluer au rythme d'une respiration qui est celle de l'énergie pure. 

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Le regard fixe la méduse et la réalité s'estompe pour laisser place au mystère des formes que peut prendre la vie. Il n'en faut pas plus pour qu'opère le processus alchimique de l'union entre l'infiniment grand et l'infiniment petit. 

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Nul besoin de coke, de LSD, de marijuana ou de gâteau à base de champignons hallucinogènes : la jellies expérience garantit le transport et les sensations. 

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Avant même Los Angeles, on peut ainsi voir des étoiles, de toutes les couleurs. 

05/08/2014

Pacific one

Ce n'est pas son nom, mais cela devrait. La route qui relie San Francisco à Los Angeles longe indéfiniment le froid Pacifique qui envoie ses brumes rafraîchir la côte, qui prend parfois des allures d'Ecosse ou de Bretagne, face à la mer grise. Les photographes sont souvent fascinés par le gris, comme les peintres. 

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Et le vent vient de loin, des terres d'Asie ou peut être des steppes de Mongolie, où il a déjà fait disparaître les arbres. 

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Et soudain tout s'éclaire, passée la baie de Monterrey, le vent s'est imposé à la brume pour colorer l'eau pacifique. 

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A travers les montagnes russes des collines de Big Sur, ce sont des cartes postales du temps d'avant qui ressurgissent. 

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Et inévitablement Henry Miller s'invite au voyage, comme il savait s'inviter pour bouffer un peu certains jours. Dans ces montagnes rudes, Miller vécut dans des cabanes sans confort, partît se ravitailler comme on part en expédition et fit plus tard disperser ses cendres, auxquelles il n'attachait pas plus d'importance que nous n'en accordons à chacun des atomes qui nous constitue. 

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Sitôt redescendu de Big Sur, voici les éléphants de mer, grands balourds anéantis par les efforts que leur demande tout déplacement terrestre. Tels des naufragés qui savoureraient leur bonheur sans avoir la force de l'apprécier totalement, ils s'alignent sur la plage et se laissent aller à l'abandon le plus total, sauf les deux imbéciles qui jouent au mâle dominant. 

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Le temps de regarder philosopher les éléphants, et hop, la nuit surgit sur la plage de Santa Barbara qui prend des allures de Sunset Boulevard. 

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En vue de Los Angeles, s'ouvrent les plages de Malibu et ses villas sur pilotis qui défient le prochain tsunami. Car le big one ne sera pas véritablement un pacifique one. 

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04/08/2014

Mirages du temps

Au détour d'une rue, on peut changer d'époque. 

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Le temps a des caprices dont nous sommes les jouets, ainsi va le temps de l'attente semblable aux ombres interminables des fins d'après-midi. Lou reed est bien vivant : i'm waiting for my man. 

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L'heure bleue est présente à toute heure, et l'on peut la surprendre à attendre elle aussi. 

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On croit savoir ce que l'on attend, mais qui sait véritablement ce qui l'attend ? 

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A tout instant, un regard posé sur vous, attend. 

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Et si ce n'était pas le cas, vous seriez ce regard vous même. Un souvenir, en attendant. 

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Mais que peut-on donc bien attendre ainsi ? Est-ce que quelqu'un doit vraiment venir ? 

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Car l'attente est parfois si longue. Bientôt est comme l'horizon, une ligne de fuite perpétuelle. 

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Mais non, il ne faut pas s'inquiéter. Elle viendra bientôt. Elle finit toujours par venir. 

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03/08/2014

Murales

Le quartier de Mission, à San Francisco, étale ses blocs au Sud de la ville, au pied des Bernal Heights. Il abrite les différentes communautés hispaniques : argentins, chiliens, colombiens, espagnols, honduriens, mexicains s'y mélangent avec tous ceux qui n'ont pas les moyens de vivre dans les collines ou qui ont fait le choix de venir vivre au milieu des murales. 

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Los murales, ce sont ces fresques qui fleurissent à chaque coin de rue et transforment le quotidien en petit paradis. 

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Parce qu'en dépit de la couleur, ce n'est pas le paradis tous les jours pour tous. 

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Alors on peint les murs, comme pour en sortir, mais la peinture ramène inévitablement à la rue et à soi. Peindre les murs c'est refaire le chemin des disciples à Saïs qui, soulevant de manière sacrilège le voile de la déesse, découvrirent leur propre visage. 

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Le plus souvent, los murales n’aiment pas la guerre, préfèrent l’amour, la paix et que l’on soit tous frères. Ils sont parfois plus combatifs, comme ces hybrides que l’on dirait peintes par Schroeder Sonnenstern. 

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Art brut, BD, graffiti, street art, peinture psychédélique, dazibao, tags, art contemporain, los murales sont aussi multiples que les origines de leurs auteurs.

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Et sur les murs, chacun peut devenir un super héros, même si la véritable héroïne, c'est la rue. 

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Comme la mort fascine les mexicains, cet héroïne là, lorsqu’elle vous regarde, vous savez déjà que vous ne pourrez lui échapper et que vous allez y retourner, rien que pour apercevoir à nouveau la reine de los murales. 

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02/08/2014

Fidèle Castro

Castro c'est le quartier Gay de San Francisco. Un des quartiers devrais-je dire, ou le principal, car rien ne ressemble moins à un Ghetto que les rues de Castro. 

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En haut de la rue principale, l'ancien magasin et appartement d'Harvey Milk, homme politique et premier gay revendiqué élu à la mairie de San Francisco. 

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Et s'agissant de revendications, elles restent nombreuses tant les représentations évoluent moins vite que l'on pourrait l'imaginer et  les stéréotypes également. 

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Devant les voitures à moustaches roses, les affichages aux fenêtres, les drapeaux partout, on se demande si en d'autres lieux, et en France par exemple, cette visibilité ne génèrerait pas d'autres réactions que de la tolérance ou de l'indifférence, comme cela semble être le cas ici. 

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Cette déambulation dans Castro permet de constater la banalisation de la relation homosexuelle, ou lesbienne et la mutation des regards portés. Ce qui signifie que l'on peut vivre en toute quiétude et fraternité...et profiter du soleil !

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01/08/2014

Yes, they can

On le sait, la misère est moins pénible au soleil. C'est peut être pour cela que dans les villes du Sud, la misère est plus évidemment présente. Plus centrale, plus visible pourrait-on penser, mais en réalité tout autant invisible. Le destin des marginaux est d'être à la marge, en tous lieux. 

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Comme dans toutes les métropoles, il n'est pas très difficile de constater que des mondes se croisent sans vraiment se côtoyer.

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Il paraît qu'Obama a pris un coup de vieux, et peut être même deux, depuis qu'il est élu. En tous cas, le "Yes we can" paraît bien loin. Surtout pour ce qui concerne le "we", car ce nous inclusif relève du voeu pieu tant les autres sont parfois dans un monde d'ailleurs. 

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Les travailleurs, en tant que classe, n'existent que dans les catégories statistiques où les écrits de ceux qui voudraient y croire. Chez les intéressés, la lutte n'est pas sans frontière et les frontières ne sont pas que géographiques. 

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Collectivement, la résignation semble l'avoir emporté et planté son drapeau noir sur les visages défaits de ceux qui ne croient plus à grand chose, pas même à eux-même. 

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Et l'on continue à se raccrocher au "jusque-là tout va bien" en refusant de croire à la chute finale. 

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Bien sur il y a des lieux de réaction. De conscience individuelle et collective, de volonté de ne pas subir, de créer des espaces de liberté. 

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Reste tout de même une question, LA question : "Mais qu'aurait fait Zapata ?".

31/07/2014

Couleurs du Sud !

Si l'on doute que la terre est ronde, il suffit d'examiner le trajet d'un avion qui va dans le Sud : parti de Paris il survole le Groënland et la partie nord du Canada avant de se poser à San Francisco, la ville de la maison bleue. Le Forestier was here !

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Car si l'on doutait que San Francisco était bien au Sud, (Sud-Ouest je vous prie...), il suffit d'ouvrir les yeux et de regarder. 

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On est au Sud dès qu'on en voit de toutes les couleurs et qu'il y un peu d'excès : une maison bleue, c'est bien trop peu. 

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Au Sud, on aime les renversements de perspectives, ceux qui permettent de voir la vie un peu différemment. 

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Et comme il se doit, au Sud le rouge est de mise, il occupe les rues commerçantes mais aussi les no man's lands qui viennent singulariser les espaces urbains qui s'uniformisent. 

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Dans cette ville d'une autre Amérique, celle qui conserve encore des traces du monde d'avant, le vert est très présent. Moins qu'au Japon où il est une toile de fond permanente à l'intérieur de laquelle s'inscrive les vies humaines, mais d'avantage comme une touche artistique ou un tapis de jeu. 

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Et même lorsque la brume déploie ses rouleaux de gris sur la ville, on a le sentiment que c'est pour mieux faire contraste et rehausser le rouge vermeil du Golden Gate. 

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Et sans doute pour le plaisir, comme au théâtre, de dévoiler d'un coup d'un seul la scène aux yeux des spectateurs qui, en cet instant, redeviennent des enfants. 

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Même les House Boats de Sausalito ont subi les assauts de peintres fougueux aux pots colorés. 

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Mais qui donc a placé cette ville sous le signe de la Couleur ? on me dit qu'un consultant aurait apporté son concours à l'entreprise ? je n'en crois pas un mot. 

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Il faudra que je pense, à la rentrée, à faire évoluer ma raison sociale. Mais le problème, si je deviens Color Consultant, c'est qu'il risque d'y avoir pas mal de rouge et noir. Après tout, rouge et noir, c'es toujours bien. 

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26/07/2014

A l'Ouest

Si ce blog a quelque peu sommeillé au mois de juillet, il est bien le seul. L'actualité est une maîtresse tyrannique à qui les jours ne suffisent pas toujours. Mais pour l'heure, rideau. Et paradoxalement, la fermeture du cabinet jusqu'au 20 août va redonner un peu d'espace à ces chroniques quotidiennes qui ne l'étaient plus. Espace est le bon mot puisqu'il s'agit d'aller se perdre dans des paysages plus grands que soi, des villes sans fin et de prendre le temps de savourer les routes interminables tracées à la règle sans autre forme de procès. L'an dernier le voyage était à l'Est, au coeur de l'archipel japonais, cette année il sera à l'Ouest, là où le soleil se couche : 

Elle est retrouvée

Quoi ?  - L'éternité

C'est la mer allée

Avec le soleil

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A l'Ouest, à la poursuite du soleil, dans la tanière du diable, l'un des endroits les plus chauds de l'Ouest. Pour se préparer à une rentrée qui sera plus chaude encore lors de laquelle il faudra s'atteler, notamment, à l'accompagnement du COPANEF pour la constitution de la liste nationale du CPF. Après quelques semaines sur le pont, il faudra donc redescendre dans la salle des machines. Et pour ne rien vous cacher, si le pont est un plaisir, la salle des machines est une excitation. Ce n'est donc pas pour faire le plein d'énergie que l'on part à l'Ouest, juste pour l'Ouest. 

01/06/2014

L'air joyeux

Comme disait Alphonse Allais, on devrait construire les villes à la campagne, l'air y est plus pur. 

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Et l'air pur, cela rend les enfants joyeux. 

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30/05/2014

Ambivalences

Dans une ville portuaire, on s'attend à un monde horizontal, imbriqué dans la mer comme une main dans un gant. On anticipe également des horizons industrieux, laissant place aux machines et refoulant les hommes dans les cabines, les soutes, les docks, les camions, enfermés dans la tôle, le fer et l'acier. Et l'on découvre à Anvers une horizontalité lascive dans une ville qui s'arrête de travailler tôt le soir, heureuse coutume des pays nordiques, et qui ne se demande pas s'il faudrait travailler les jours fériés. Pas besoin d'aller très loin pour vérifier que le mythe du français qui serait toujours en RTT tandis que ses voisins se tuent au travail est une mystification totale. 

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Et sur le port, la verticalité qui s'impose n'est pas celle des grues, mantes religieuses qui fouillent les entrailles des bateaux sans relâche, mais celle du MAS, qui rappelle les trois omniprésences de la Flandres : la terre rouge des briques, le ciel blanchi de nuages et la mer qui le reflète. 

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En ces terres ouvertes sur la mer et le voyage, la diversité semble chose naturelle. 

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Elle ne l'est pourtant pas, tant il est vrai que la flamboyance des jeunes filles n'en finit plus d'effrayer les hommes. 

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Les frontières de l'enfermement et de la liberté ont parfois des contours imprécis. 

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C'est ainsi qu'en tout lieu, se côtoient la grisaille et la couleur. 

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Le piéton des villes est un éternel amoureux des ambivalences. 

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17/05/2014

Breton en Normandie

L'homme propose et dispose.

Il ne tient qu'à lui de s'appartenir tout entier. 

André Breton

 

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13/05/2014

Postcards from NY

Allez, encore un petit peu, comme ça, juste pour le plaisir, avec tous les clichés auxquels vous pensiez avoir échappé, style la skyline en plein jour et le vieux brooklyn bridge à qui on ravale encore le fondement. 

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Et la presque bientôt terminée One World Trade Center, plantée au dessus des deux trous béants du mémorial du 09/11. 

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Tout autour des bassins noirs, les noms des pompiers ensevelis dans le brasier de l'effondrement des twins.

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La grande tour bleue et ses fantômes par millier ne fait pas d'ombre au Flat Iron. 

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Dans la Grande Pomme, tout est great, pas toujours de bon goût, mais toujours great. 

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Alors on ne s'étonne pas de voir l'homme araignée jouer à saute mouton par dessus les blocs colorés de la ville downtown. Il y a quelques années sur ce panneau une publicité disait : "Ce sont des hommes en jeans qui ont bâti ce pays". 

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Et ce sont les mêmes qui mettent des drapeaux partout, même sur le cheval de fer qui traverse le pont de Manhattan en faisant trembler tous les boulons et toute la ferraille dans un bruit de fin du monde. Mais comme dirait Cendrars, le train retombe toujours sur ses roues, le train retombe toujours sur toutes ses roues. 

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Central Park c'est une autre planète, la lisière de la ville du Nord, froide, hautaine, un peu absente à elle-même. Vous prenez juste le temps de regarder le ciel et puis vous redescendez : downtown !

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Parce que la vie elle est là, près des docks, des friches qui s'effacent peu à peu, des traces du 19ème siècle qui s'accrochent à leurs histoires et qui se foutent bien des tours de carbone et de verre qui vont venir fêter leur défaite. 

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Car ici le passé n'est pas une nostalgie, c'est juste un moment vers le futur, comme l'averse est une promesse de soleil. Sade, qui n'a jamais quitté la vieille Europe, a pourtant forgé ce qui pourrait être la devise de la ville : "Le passé radieux a fait de brillantes promesses à l'avenir : il les tiendra".

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Et s'il ne les tient pas, spiderman viendra lui péter la gueule, à condition qu'il ne se prenne pas le poteau. 

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11/05/2014

So long Saul

Il suffit d'un peu de brume, de quelques gouttes de pluie, d'une douce confusion qui s'installe dans le temps, les couleurs, les lieux et les pourquoi, pour que s'impose, dans sa ville d'élection où il est mort le 26 novembre dernier, l'image de Saul Leiter. 

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Officiellement, Saul Leiter était un photographe travaillant pour des magazines de mode. 

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En réalité, c'était un clandestin qui aimait la liberté, avait refusé l'ordre social paternel, et s'était emparé d'un appareil photo sans intention particulière, juste parce que c'est un travail qui se fait en marchant et en regardant. Et parce qu'il aimait prendre des photos. 

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Et que Saul Leiter était bien persuadé qu'en tout lieu on peut trouver des interstices qui ouvrent grand les portes du mystère. 

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C'est presque par hasard que Saul Leiter exposa ses photos au MoMa et c'est pas tout à fait par hasard qu'il laissa passer d'autres occasions d'y exposer encore. 

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Saul Leiter avait l'élégance de ceux qui ne sont jamais dans leur bon droit, ceux qui ont l'évidence de la sensation comme philosophie et la disparition comme art de vivre. 

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Il aurait pu continuer à rôder autour de son bloc d'East Village et à prendre des photos, toujours les mêmes, jamais la même. 

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Il avait raison de penser que toute porte qui s'ouvre est une promesse d'heureuse surprise, tout en se fichant éperdument de savoir s'il avait raison. 

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La jubilation est une exubérance intérieure qui ne trouve pas d'autre manifestation extérieure que le clin d'oeil à qui veut bien le voir. Une manière de rendre visite aux amis en quelque sorte. 

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Saul Leiter avait photographié la belle Audrey, à Paris, en Noir et Blanc, en passante des quais de Seine...elle est installée en couleur, près de chez lui, guettant le flâneur en dérive. 

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Par jour de brume légère, il n'y a pas de doute, le passant passera, comme un clin d'oeil. So long Saul. 

08/05/2014

Fashion victim

Il est à croire que toutes les photos de mode sont faites à New-York (sauf s'il y a plus de revues que je ne peux l'imaginer). Pas de jour sans tomber sur une séance de shooting, et inévitablement, en de multiples ricochets, les amatrices, aspirantes, prétendantes, impétrantes et futures covergirls s'essayent à la pose. 

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On en viendrait à croire que le mariage n'est qu'un prétexte...

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...quant aux professionnels on les repère sans problème, eux ils ne s'amusent jamais...

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...et les hommes ne sont pas en reste...

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...pour les femmes, le mystère demeure : un seul et même modèle fait-il fureur en ce mois de mai ou bien les canons de la beauté sont-ils aussi figés que les mâchoires des belles ? 

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...et puisqu'il s'agit d'attirer l'oeil, autant faire direct...

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...la photo étant par définition un plaisir de voyeur, il ne faut pas négliger, au milieu des corps exposés, le charme des beautés cachées...

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...reste un mystère, quelle est donc la nature du plaisir que prennent ces jeunes gens à se faire photographier. Franchement, on a pas idée...

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07/05/2014

Périphéries

 En France, les penseurs des années 60 ont mauvaise presse : Deleuze, Foucault, Barthes, Lacan...sont renvoyés au rayon des intellectuels verbeux déconnectés, presque par définition, de ce que serait la réalité. Les rhizomes de Deleuze et Guattari ont pourtant gagné en actualité. Ils renversent la vision hiérarchique et postulent que l'organisation rhizomique n'a pas de centre, chaque élément ayant son influence propre sur les autres de manière non subordonnée. Une belle manière d'appréhender la ville.

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Car aux Etats-Unis, la French Theory fait toujours recette. Et si le dernier livre de Thomas Piketty est en tête des ventes des livres économiques, les frenchys des années soixante ont toujours un lectorat. Peut être dans ce quartier de Bushwick, à l'écart de l'énergisante Manhattan et à l'abri de la gentrification de Brooklyn (message personnel : Alain, dans quelques mois ton ancien atelier sera un Hôtel 5 étoiles).

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Dans ces espaces périphériques, les immeubles bas et les larges avenues accueillent la lumière à bras ouverts et sont un appel à la couleur. Et l'on peut constater que c'est dans les périphéries que la normalisation de l'habitat a pris sa source avant de gagner irrémédiablement les centres villes qui bientôt n'en seront plus. 

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Comme ailleurs, la religion et la consommation sont les deux piliers de la société et leurs temples saturent l'espace. 

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Dans les périphéries, il arrive que le temps soit plus long. Que l'attente se fasse plus présente. Sans autre but qu'elle même. Aujourd'hui, demain et pour les siècles...vous connaissez la formule. 

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Devant chaque maison, chaque fenêtre, chaque carrefour, chaque immeuble coincé entre un expressway et un centre commercial, une voie de métro aérien et des friches qui attendent le promoteur, devant chaque lieu où quelqu'un rentre chez lui le soir, se pose la question : comment vit-on ici ? de quoi est faite la vie en ces lieux ? et l'on voudrait vivre à tout endroit à tout instant pour expérimenter sans fin, pour aller encore un peu plus loin. 

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Chaque panneau de location est une invitation à la disparition. 

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Dans les périphéries, comme dans les centres, l'entre-soi est de mise. Répartis par nationalité, par classe sociale, par idiome ou par origine, les groupes humains se rassurent par la grégarité. Car le groupe vous offre en sécurité ce qu'il vous demande d'abandonner en liberté. 

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Alors on peut choisir de faire de sa vie un long tunnel balisé dans lequel il n'est que peu de place au questionnement. Et le pire, si l'on peut dire, c'est qu'il n'est pas exclu que le tunnel soit rose. 

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