06/05/2014
Contemporain
L'art contemporain mérite parfois les procès qu'on lui fait, lorsque le discours et le concept tentent vainement de combler la pauvreté de l'oeuvre ou quand la prétention et l'absence d'humour sapent irrémédiablement toute signification. Mais tout ceci n'empêche qu'il faut y retourner, ne serait-ce que parce que c'est un moyen d'être dérangé, de penser contre soi-même.
S'ouvrir à des expériences nouvelles c'est l'attention de cette petite fille dont le regard embrasse la toile pendant que sa maman met des mots sur des motifs.
Et que peuvent penser les deux amies de cette femme, cette autre, au regard fixe qui les fixe et les trouble, peut être malgré elles.
Mais il n'y avait pas que des filles pour la biennale du Whitney Museum, au contraire, l'ambiance était très gay.
L'essentiel lorsque l'on sort d'un musée est de savoir si l'art y est resté enfermé où s'il est sorti avec nous. La réponse à la question est dans ce qui se présente à notre regard.
Car tel est, pour ceux que le non sens effraieraient, le sens de l'art, changer la vue pour changer la vie.
08:16 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END, EN PHOTOS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, contemporain, musée, regard, vue, new-york
05/05/2014
En couleurs...et en musique
Technicolor pourrait être le nom du dernier super héros de Stan Lee. Son pouvoir : mettre de la couleur partout afin que la grisaille disparaisse de l'horizon et que paraisse la joie de vivre. Une sorte de Matisse en plus moderne si vous voulez. Technicolor vole, virevolte et d'un coup de pinceau multicolore, comme chez Disney, il envoie la barbouille !
...et sa palette s'accorde à la lumière du ciel. Les jours de voile céleste, elle s'adoucit et s'alanguit, comme le jeune homme faussement endormi qui s'efforce de nous signaler que David Bowie vit dans les parages. Gare à toi l'affiche en noir et blanc, Technicolor va s'occuper de tes états d'âme...
...car Technicolor n'aime pas l'uniformité des couleurs et se refuse à rendre le monde triste pour doper la consommation...
...alors Technicolor, c'est plus fort que lui, se jette sur les murs qu'il repeint, le plus souvent, de rouge. Rouge comme les lèvres. Technicolor il aime bien les lèvres...
...le problème c'est que comme tous les passionnés, il ne sait pas toujours très bien où s'arrêter, ni où se trouve la limite du goût...
...vite, changeons de couleur pour mettre fin à l'obsession. Tiens virons au bleu, à l'outremer, à l'indigo, au bleu prusse ou au pastel, pour retrouver les couleurs du monde d'avant...
...et une figure humaine, car Technicolor aime bien les gens. Il a même la faiblesse de croire que tout le monde est un super héros...
...en même temps, il faut bien reconnaître que les gens sont formidables, inépuisablement créatifs et joyeusement surprenant. Tenez, tombée de l'averse qui a brumisé Central Park, une danseuse sortie de sa boite à poupées...
...dont le geste a tant troublé Technicolor qu'il est allé le déposer chez tous ceux qu'il croisait...
...et pour encourager ces danseurs improvisés, Technicolor eût la bonne idée d'offrir à tous, avec ces supers pouvoirs, un peu de musique que nous livre ce pianiste, tout heureux d'avoir soudain un piano sous doigts au coeur de la rue. Merci Technicolor !
07:35 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END, EN PHOTOS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : danse, couleur, musique, photo, architecture
04/05/2014
Décor des corps
L'énergie repose, elle galvanise et les corps reviennent dans le décor. Des pulsations parcourent la ville, à tous les rythmes et sur tous les tempos. Il ne faut donc pas s'étonner de voir les corps s'animer.
...et quand risque de surgir l'ennui, alors on danse...
...et le corps assoupli est mieux disposé à l'abandon que réclame la lecture...
...dans laquelle on peut être tout entier absorbé...
...car la ville des migrants, de la finance, du commerce, du nouveau départ, des faiseurs de monde, des faiseurs de rêve, de la puissante frénésie, de la confiante agitation, de l'idée perpétuelle et du désir de faire, est aussi, évidemment, une ville littéraire...
...qui peut vous transporter à l'instant dans un film de Woody Allen...
...ou plus avant dans le temps, lorsque dans les docks coulait le sang de la vie de la ville...
...aujourd'hui, l'énergie est toujours là mais elle est plus douce...
...plus libérée également, moins de prohibition et moins d'inhibitions...
...c'est pourquoi les corps sont plus souples, moins agressifs, plus sensuels...
...et si le corps ne répond pas, ou plus, reste la voix, The Voice...
...car New-York c'est encore, et toujours, définitivement, la ville des Sirènes !
15:44 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END, EN PHOTOS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : new-york, corps, danse, voice, sirène, ville, rue
03/05/2014
C'est reparti !
Mais qu'est-ce qu'il se passe ? il n'y a plus de chroniques sur ce blog ? il dort maintenant la nuit le consultant ? il faudrait lui rappeler qu'il se passe des choses en ce moment et qu'il faudrait peut être pas abuser des ponts, des week-ends et des congés ?
Ok, Ok, c'est reparti.....mais du côté de chez Hopper.
C'est le printemps, le retour de la couleur...
...de la plongée dans les douceurs des après-midi rougeoyantes, de la vie partout et des mystères de la foule et de la tentation d'y disparaître...
...le temps de la déambulation, des portes ouvertes, des départs et des belles occasions...
....le temps d'être à l'aise avec soi-même, et donc avec les autres...
...le temps de se souvenir qu'à regarder droit devant on en oublie ce que l'on a autour de soi...
....le temps de retrouver le monde ancien, celui des livres et des affinités électives, choisir avec qui on a envie de dialoguer...
...et puis se mettre en route, encore, toujours...
...se repasser sans fin la scène de fin, c'est dans les rues qu'on s'embrasse le mieux...
...les nuits sont chaudes comme les lumières de la ville, et on a toute la nuit. C'est reparti...
15:05 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END, EN PHOTOS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vacances, new-york, en route, ville, nuit, printemps
09/03/2014
Fragments
J'ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d'or d'étoile à étoile, et je danse.
Le haut étang fume continuellement. Quelle sorcière va se dresser sur le couchant blanc? Quelles violettes frondaisons vont descendre ?
Pendant que les fonds publics s'écoulent en fêtes de fraternité, il sonne une cloche de feu rose dans les nuages.
18:05 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END, FRAGMENTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : soleil, printemps, week-end, rimbaud, poésie, normandie
28/02/2014
Un sport de combat
- Well, well, well, Watson, si ne je m'abuse, cet aujourd'hui est bien le demain dont vous parliez hier, il est donc temps de faire valoir l'argument qui doit me donner l'envie, assez lointaine à cet instant il faut bien l'avouer, de rentrer...
- Je ne me déroberai pas Holmes, mais tout d'abord une question : vous êtes bien né dans un lieu de culture rugbystique, ce sport de voyou joué par des gentlemen...
- Et comment Watson, le rugby partage avec la boxe, que je pratique à un niveau décent si j'en crois les visages de mes adversaires, le plaisir d'entrer tout entier dans ces mots de Rimbaud : l'élégance, la science, la violence...
- Et vous savez bien Holmes, en curieux de tout et amateur d'énigmes que vous êtes, qu'un texte de loi rédigé comme une circulaire, puisque c'est désormais ainsi qu'officie le législateur, est aussi difficile à appréhender que les baleines matinales...
- C'est juste Watson car le propre de l'écrit est de l'être deux fois : une fois par le rédacteur et l'autre par le lecteur...
- Vous en conclurez aisément Holmes qu'après le vote définitif de la loi sur la formation, la grande parade va commencer et que chacun ira de son commentaire...
- je vois bien où vous voulez en venir cher ami, et vous connaissez mon goût pour la joute d'arguments, conçue comme une dialectique formatrice...les débats à venir ne manqueront pas d'exciter ce goût, mais pas au point d'interrompre sans délai la sereine torpeur du moment...
- Cette retenue toute britannique ne me surprend pas Holmes, mais là n'était pas mon argument...une invitation vient de nous parvenir de Bercy qui, dans le cadre de ses séminaires consacrés à l'emploi, vous invite à débattre de la réforme avec Marc Ferracci...
- Watson les hélicoptères sont de merveilleux fauteuils de cinéma volants, mais ils ont l'inconvénient de n'avoir aucun respect pour les fonctions auditives...pouvez-vous me confirmer ce que j'ai cru entendre ?
- vous avez parfaitement compris Holmes, et je ne nous ennuierai pas à me répéter...
- pilote s'il vous plaît, pourriez vous avoir l'amabilité d'écourter cette enivrante plongée vers le lagon et de vous poser au plus vite...nous rentrons !
13:15 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : réunion, vacances, hélicoptère, baleines, holmes, watson, formation, loi, réforme
27/02/2014
Du droit et de la justice
- Holmes, vous êtes bien pensif aujourd'hui, comme si votre corps et votre esprit avaient entièrement absorbé votre environnement pour en épouser le rythme...
- Cher Docteur et ami, votre perspicacité est aussi lumineuse que vos conclusions sont brumeuses...En vérité c'est ce petit panneau qui retient mon attention...
- Vous voulez dire l'inscription apposée sur la maison de la justice et du droit...
- Comme je le disais, Watson, vos fulgurances sont épatantes...si je contemple ce panneau c'est parce s'y trouve exprimées à la fois l'idée que la justice et le droit sont choses distinctes, ce qui est juste, mais également choses de même nature, ce qu'exprime la conjonction "et" qui relie les semblables...
- Je vous avoue Holmes que si votre ironie me paraît bien facile, vos propos demeurent obscurs. Je ne vois pas en quoi Justice et Droit sont à la fois différents et semblables...
- Excusez ces mouvements d'humeur mon cher Watson, et mettez les sur le compte de la méditation interrompue...mais je vais répondre à votre interrogation...la justice peut s'entendre au sens moral, ce n'est pas de cela qu'il s'agit ici mais de la justice qui se propose de donner solution à tout litige et s'appuie pour ce faire sur le droit...sans faille, et sans vide comme vous le savez...
- De fait Holmes, vous répétez si souvent qu'il n'existe point de vide juridique, sauf dans la tête corsetée de quelques juristes et dans l'esprit approximatif de journalistes pressés, que cela ne m'a guère échappé...
- La justice est donc différente du droit en ce qu'elle est une manière d'en faire usage...mais elle est semblable à lui dans sa finalité...régler les relations entre les individus...car voyez-vous le seul objectif de tout ceci est strictement opérationnel tant il est vrai que ce sont les principes qui guident le mieux l'action...
- Fort beau discours Holmes...et pour abonder en votre sens je vous dirai que je pense avoir enfin trouvé le principe qui nous fera, de manière très opérationnelle, rentrer pour nous occuper de la loi nouvelle...
- Vous m'intriguez Watson, et quel est donc ce moyen ?
- Vous le saurez demain, Holmes, et d'ici là bonne nuit méditative...
22:00 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : holmes, watson, réunion, vacances, dialogue, formation, loi, réforme, photo
26/02/2014
Un nouveau pari
- Holmes ! Holmes ! cette fois-ci c'est fait ! la commission mixte a statué, la loi va être votée, il faut rentrer et commenter sans attendre...
- Watson, mon ami, je vous remercie pour la délicatesse dont vous témoignez à mon endroit en faisant mine de ne pas constater que le soleil voilé du volcan a totalement empourpré mon visage, généré de petites et ridicules poches d'eaux sous mes yeux et m'a virtuellement transformé en chinois écarlate et boursouflé...
- Puisque vous en parlez, Holmes, je vous avoue à ma grande honte et confusion que je me suis égaré à penser que les leçons que vous m'aviez donné ces jours derniers vous étaient rendues et même, pardonnez-moi, qu'elles n'étaient pas imméritées...
- Holmes, la sincérité est le gage de l'amitié, et vous êtes mon ami...
Japon
- Merci Holmes, mais si nous ne rentrons pas avant que vous retrouviez de plus ordinaires couleurs, au moins pouvons nous commenter...vous pourriez dire en quelques mots ce que vous pensez de loi nouvelle maintenant que son contenu est fixé...
- Bien, je cède Watson. Vous connaissez mon goût pour la liberté, et conséquemment pour la responsabilité. Mesurée à ces deux critères, nous avons plutôt une bonne loi : moins de contrainte bureaucratique pour l'entreprise et plus de responsabilité d'employeur, plus de liberté pour le salarié avec le CPF et moins de contraintes dans le choix des formations, plus de possibilités de régulation pour les branches et un champ plus ouvert à la négociation...une seule véritable réserve, la même logique n'a pas été retenue pour les prestations de formation et les organismes qui les assurent...au final, à cette réserve près, un pari sur l'intelligence plutôt que sur la contrainte...
La Réunion
- Mais Holmes, vous aviez dit la même chose il y a dix ans à propos du DIF : un pari sur l'intelligence et il semble bien qu'il ait été perdu...
- La loi nouvelle n'en est que plus méritoire...il aurait été facile de céder à la tentation de la contrainte, de l'obligation, de la prescription...s'adresser de nouveau à la faculté de dialogue, de négociation et à la responsabilité de chacun en ouvrant de nouveaux espaces de liberté, c'est plutôt une bonne surprise...
- Vous êtes bien positif Holmes...et toujours aussi rouge...
- Vous voyez bien qu'il est trop tôt pour rentrer...allons plutôt goûter au Ti punch qui nous attend...
15:37 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, CHRONIQUE DE WEEK-END, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : formation, vacances, dif, réunion, japon, holmes, watson, loi, réforme
25/02/2014
Fog and smog !
- Holmes, sauf votre respect, vous m'aviez parlé de feu et je note, de manière tout à fait factuelle et dépourvue de la moindre ironie, que nous marchons depuis deux heures dans le brouillard et la bruine et que la fureur du volcan nous échappe quelque peu dans ces conditions...
- Watson, vous êtes désespérant, qu'un sujet de sa Majesté, que Dieu la préserve, puisse se plaindre du smog est aussi inconcevable que l'idée que les français puissent renoncer à la quête de l'homme providentiel à travers l'élection de leur Président ou bien qu'ils prennent conscience du ridicule de leur déception dès lors qu'ils s'aperçoivent qu'un homme ne peut pas tout...
- Mon cher Holmes, je suis désolé d'être dans l'obligation de vous reprendre, non sur l'incompréhension des comportements du peuple d'infra-manche, que je partage, mais sur l'emploi du mot smog. Nous sommes tout de même ici dans la nature et fog serait plus approprié...
- Prenez garde à vos pas Watson, la roche volcanique a les caprices des coulées qui prennent plaisir à désespérer les sculpteurs, ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour votre sécurité, et cessez de me donner des leçons de sémantique. Smog est le mot approprié dès lors que vous vous plaignez. Fog supposerait que vous soyez heureux de marcher ici...Ce à quoi devrait vous incliner cet arc-en-ciel surgit de la brume...
- Magnifique Holmes, magnifique...Holmes, je ne voudrai pas gâcher votre plaisir, ni le mien, mais ne faudrait-il pas se pencher sur le texte de la commission mixte paritaire pour voir de quoi il retourne précisément ?
- Watson, cher ami, voilà que vous proposez tout à la fois de vous pencher et de vous retourner, votre intégrité physique pourrait s'en trouver mise à mal...Chassez vos préoccupations saugrenues et imaginez un instant que le smog, ou le fog s'il vous plaît, est celui de Londres et que Big Ben sonnera lors de notre arrivée au sommet...on se demande d'ailleurs pourquoi les panneaux indicatifs prennent la silencieuse Tour Eiffel comme échelle alors que le son de Big Ben est seul à la mesure du lieu...
- Holmes, décidément vos propos s'égarent et je me demande comment vous parviendrez à commenter cette loi rationnellement et raisonnablement...
- Mon cher Watson, cette loi n'ayant été conçu ni rationnellement ni raisonnablement ce serait une erreur de vouloir l'analyser à cette aune...c'est pourquoi marcher sur le volcan est un chemin bien plus pertinent que ceux que vous proposez. Et maintenant, Watson, concentrons nous sur le paysage et laissons venir le feu !
17:10 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : watson, holmes, réunion, vacances, volcan, loi, formation, fog, smog, londrès
24/02/2014
Elémentaire mon cher Watson !
- Voyez-vous, Watson, j'aime beaucoup cette photographie...
- Elle est plaisante Holmes, mais je n'y distingue toutefois rien qui justifie un tel enthousiasme dans l'expression...
- C'est que voyez-vous, Watson, mais apparemment non, vous ne voyez pas, sur une même image figurent les quatre éléments...
- Le décalage horaire est faible cher Holmes, mais il aura affaibli votre esprit. Ne sont représentés ici que la terre, l'eau et l'air, point de feu à l'horizon à moins que vous ne considériez que le soleil qui nous brûle la nuque est présent par la lumière qu'il apporte à la scène...
- Excusez-moi d'être brutal Watson, mais manquer d'imagination à ce degré relève, pour un détective, de la faute professionnelle...ne sentez-vous point le feu qui habite la roche volcanique sa minérale complice pour sculpter tout entièrement cette côte ? ne voyez-vous dans chaque cavité de la roche la flamme repousser le gazeux qu'elle n'a pas consommé pour se consumer ?
- Tout cela mon cher Holmes, est bien tiré par les cheveux...mais si l'imagination ne vous fait pas défaut alors dite moi quand sera adoptée la loi sur la formation professionnelle et quand la Commission mixte paritaire se prononcera-t-elle ?
- Mais elle vient de le faire Watson, l'inattention est donc votre seconde nature...
- Alors nous avons le texte définitif ? Hâtons nous de rentrer Holmes, dès demain il nous faut le commenter...
-Mais Watson, vous n'y pensez pas, nous avons rendez-vous demain matin avec le Volcan, et cette fois-ci mon ami, tâchez d'y déceler le feu sans qu'il ne soit nécessaire de vous le mettre sous le nez, comme le soleil qui fait rougir le ciel...après cela, nous serons dans les meilleures dispositions pour nous occuper de la loi...
20:34 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : réunion, mer, vacances, soleil, dialogue, loi, formation, holmes, watson
04/01/2014
Le géant qui ne dort pas
C'est l'heure bleue. La ville prend son temps pour terminer la nuit. Lui, impassible, ne dort jamais. Toujours actif. Par en dessous. Pas sournois pour deux sous, c'est juste dans sa nature. Depuis que le géant Encelade vit puni sous la Sicile et ne retient pas toujours son haleine de feu. Mais le feu attise et le feu attire.
Alors il faut aller y voir de plus près. De bien plus près. Sauter par dessus les contreforts, grimper en lacets, découper la neige et enfin marcher sur le dos du géant.
Le cratère central est juste derrière, à l'abri des nuages qui viennent caresser les quelques fumées grises.
Il faudra s'en tenir à cette belle bouche d'ombre dont la chaleur prend soin de ne pas disperser la neige. L'Etna aime bien jouer les Mont-Fuji au coeur de la méditerranée.
Même au pied de la grande montagne, la douceur demeure, le soleil fait sa révolution, mais ce soir encore, le géant ne s'endormira pas.
00:05 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : etna, volcan, sicile, catane, montagne, vacance, mer, douceur
02/01/2014
Un bleu qui pétille
On peut être face à la méditerranée et se souvenir de ce poème de Cendrars :
L'Océan est d'un bleu noir le ciel bleu est pâle à côté
La mer se renfle tout autour de l'horizon
On dirait que l'Atlantique va déborder sur le ciel
Tout autour du paquebot c'est une cuve d'outremer pur
Il suffit de se mettre en situation, et même les tableaux de Nicolas de Staël se présentent au sein du grand bleu.
A partir de là, on sait que tout ba bien, le rêve a repris sa place, le corps est sorti du trou, ça pétille de nouveau, c'est la nouvelle année !
00:05 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : syracuse, italie, poésie, bleu, bateaux, mer, cendrars, littérature, nouvel an, joie
31/12/2013
Prendre son temple
Le temps a beau se prêter aux équations les plus complexes, il n'en est pas moins relatif. On peut l'étirer comme un caoutchouc tendre, le comprimer comme un trop plein d'air, le dilater comme des papilles pour mieux le goûter. Pour cela, quoi de mieux qu'une petite prise de recul à côté de pierres qui ont 25 siècles et continuent à profiter de l'art des romains pour choisir les sites de leurs cités. Pas de manière absurde et orgueilleuse, le point le plus haut, pas le plus escarpé, mais le plus ouvert, celui qui embrasse le mieux les alentours, souvent tapissés de vignes afin que le plaisir soit complet.
Le théâtre de Ségeste fait exception : situé au sommet d'une colline, il embrasse la vallée, les montagnes et le golfe qui lui ouvre la vue. Là, dos au vide, les acteurs jouent dans un panthéisme d'évidence. Et, génie de l'architecture, lorsque l'on est au centre exact de la scène, la voix porte en tous points du théâtre avec une puissance décuplée. L'amplification naturelle avant les machines électroniques. Et la confirmation que la plus belle esthétique est toujours la plus efficace.
Le temps d'un lent parcours tortueux au coeur de la Sicile de cinéma (Corleone, Prizzi), pour constater à nouveau que tant de douceur au Sud peut abriter tant de violence (révolue manifestement puisque le village de Corleone vous accueille avec ce panneau officiel : Corleone, capitale mondiale de la légalité, ce qui laisse tout de même rêveur, à tout point de vue), et voici Agrigente.
On hésite, devant le temple de la Concorde, entre un tableau de Chirico et l'affiche du film de Wenders les Ailes du désir. Et finalement, devant le beau visage de l'ange aux yeux fermés, on opte pour Antoine Blondin : l'homme descend bien du songe.
Posés sur de petites collines qui s'ouvrent sur la mer et que surplombent les montagnes, les temples prennent leur temps. Ils ont tout le temps. Et comme au cinéma, l'écran s'éclaire quelques instants pour que l'histoire puisse avoir lieu, peut être indéfiniment.
11:03 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : temps, temple sicile, agrigente, cinéma, littérature, voyage, vacances
29/12/2013
Le Sud sur ordonnance
Un petit moment d'inattention, un espace ouvert par mégarde, un léger relâchement, et hop, le corps qui tenait bon en dépit des courtes nuits, des gourmandises intempestives, des nectars des Dieux un peu trop présents, des vains efforts pour rattraper le temps perdu qui le restera, le corps qui se rappelle à vous et présente une facture plus douloureuse que les impôts. Il ne faut jamais négliger le corps, bien entendu, mais un homme averti n'en vaut pas plus qu'un qui a la tête ailleurs. Donc voilà, le corps embourbé et qui patine drôlement pour tenter de repartir. Que faire ? le Sud bien sûr. Où pourrait-on trouver les anges qui seuls pourront peut être quelque chose ?
Mais d'où ont-ils donc surgi ? et tous ces Dieux, Poséidon, Athéna, Dionysos, Appollon, Aphrodite, Pan et tous les autres ?
De Palerme, terre italienne, normande, grecque, romaine, arabe, phénicienne, byzantine, espagnole, française, sunnite, même les vandales et les ostrogoths ont trainé leurs guêtres dans le coin. Une sorte de quintessence du Sud qui s'est offerte quelquefois aux nordiques histoire de se faire regretter à jamais. Car elle est généreuse la Sicile, comme souvent au Sud (n'est-ce pas mon jumeau ?).
On a beau être sur une île, on voit grand. Comme le Théâtre Massimo, l'un des plus grands d'Europe après Paris et Vienne.
Et ce soir là, l'ouverture du concert de Noa fut l'occasion d'un discours de l'édile local qui rappela avec force que l'identité de la Sicile c'était avant tout une identité de migrants. Tous ceux qui sont venus, tous ceux qui sont partis, tous ceux qui sont passés. Par les temps qui courent, ça change avec bonheur du morbide discours sur les racines. Rien qu'avec ça, on se sent déjà mieux.
Et mieux encore après avoir entendu Noa chanter en Hébreu, en Italien, en Napolitain et même en anglais, c'est dire si elle fit preuve d'ouverture !
La maladie n'a pas encore lâché sa proie. Tenace la bête. Mais avec ce régime là, elle va bien finir par y perdre son latin, ce qui me permettra de retrouver le mien.
23:33 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : palerme, sicile, vacances, maladie, concert, noa, sud, italie, mer
23/11/2013
Des failles
C’est une peinture qui vous parle du 21ème siècle. Pas une peinture contemporaine, une peinture qui vous raconte l’histoire de son époque à travers l’histoire. Sur fond de couleurs fadasses, d’éclairage aux néons sans goût, de lignes aussi diffuses que les flous idéologiques du temps, se déroule une scène de série télé. Parce que sur l’écran rectangulaire de la toile télévisée, la banalité du sordide au quotidien ne nous est pas simplement montrée, elle est mise sous nos yeux sans recul, sans pensée, sans émotion mais avec la ferme intention de l’effroi. Froid comme les couleurs, froid comme l’inanité du commentaire, froid comme l’absurdité de la vie tragique. C’est ce flot d’images sans intérêt du début du siècle qui vient se cristalliser sous la lumière blafarde du tableau.
Marie Rauzy - Il ne faut pas faire la guerre - 2013
Qui n’en peut plus et s’ouvre en son milieu. De cette faille de l’espace et du temps surgit le minotaure. Enfant des jeux de l’amour et du pouvoir, tragique et dérisoire, il se pare des atours publicitaires pour se fondre dans le décor. Mais son œil le trahit. C’est l’œil de l’âne du Gilles de Watteau. C’est l’œil des soldats qui sont revenus des tranchées du siècle dernier. C’est l’œil des millions d’animaux qui entrent dans les abattoirs. C’est l’œil de la conscience qui ne peut plus parler, suffoquée. C’est l’œil d’épouvante du Minotaure qui comprend que même au sein du labyrinthe, les hommes ne le laisseront pas en paix. C’est pourquoi, au-dessus de cet œil sont plantées les ailes des chauves-souris baudelairiennes qui, comme l’Espérance, s’en vont battre contre les murs humides du cachot dans lequel nous enferme le siècle, 21ème du nom. Il y a longtemps que la vie s’est réfugiée dans les failles, c’est là que la peinture vous donne rendez-vous.
23:27 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END, TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marie, rauzy, peinture, tableau, minotaure, guerre, télévision, image
09/11/2013
Selon où se porte le regard...
Si vous regardez devant vous, les cases colorées saturent l'espace. Vous ne verrez rien d'autre que ces maisons aux couleurs vives qui attirent les photographes comme le bas clergé la vérole (le haut clergé est précautionneux).
Si vous tournez la tête sur le côté, vous verrez encore ces façades éclatantes, censées guider les pêcheurs par jour de brume, à moins que ce ne soit pas jour embrumé.
Mais si vous regardez derrière vous, vous découvrirez la lagune touchant le ciel et vous pourrez vous demander lequel réfléchit l'autre.Gris et bleus composent une même étendue immobile, immuable, silencieuse, comme un grand monochrome.
Il faut marcher encore un peu pour découvrir que la couleur peut se mêler aux gris, surgissement inattendu pour rappeler que l'art de la synthèse est celui de marier les contraires, un des meilleurs moyens de faire surgir la beauté.
01:01 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : venise, lagune, mer, gris, couleur, maison, ciel, photo
08/11/2013
Un ange passe
Lorsque la lumière décline peu à peu, que le vert d'eau de la lagune se confond avec les suaves nuages qui enveloppent le ciel, que les passants passent sans que leurs pas ne marquent le temps, que les canaux font silence au défilé des barques, dans ce temps retrouvé d'on ne sait quand, un ange passe.
Un proverbe québecois dit que lorsqu'on rêve d'un ange, on voit ses ailes. Au détour d'un pont, les anges modernes de la réclame, messagers de la 4G, valident la proposition.
Mais il en va des anges comme des hommes, innombrables et tous différents. Laissons à leur commerce ces anges modernes et retournons aux anges anciens, messagers de l'amour et de la révélation.
Diable, que voilà un langage direct, décidément, à qui se fier. A Melville peut être : "Si tu gouvernes le requin en toi, tu seras un ange ; car les anges ce n'est rien de plus que des requins bien gouvernés". Amis anges et requins, bonne fin de semaine.
10:04 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ange, requin, venise, vacance, melville, littérature, photo, canal, temps
06/11/2013
L'eau, le feu
Connaissez-vous, Perdita, demanda soudain Stelio, connaissez-vous au monde un autre lieu qui, autant que Venise, possède, à certaines heures, la vertu de stimuler l’énergie de la vie humaine par l’exaltation de tous les désirs jusqu’à la fièvre ? Connaissez-vous une plus redoutable tentatrice?
Celle qu’il appelait Perdita, le visage penché comme pour se recueillir, ne fit aucune réponse ; mais elle sentit passer dans tous ses nerfs l’indéfinissable frisson que lui donnait la voix de son jeune ami, quand cette voix devenait révélatrice d’une âme véhémente et passionnée vers qui elle était attirée par un amour et une terreur sans limites.
— La paix, l’oubli ! Est-ce que vous les retrouvez là-bas, au fond de votre canal désert, lorsque vous rentrez épuisée et brûlante pour avoir respiré l’haleine des foules qu’un de vos gestes rend frénétiques ? Moi, lorsque je vogue sur cette eau morte, je sens ma vie se multiplier avec une rapidité vertigineuse ; et, à certaines heures, il me semble que mes pensées s’enflamment comme à l’approche du délire.
— La force et la flamme sont en vous, Stelio ! — dit la Foscarina, presque humblement, sans relever les yeux.
Gabriele d'Annunzio - Le Feu - 1900
10:35 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : venise, vacances, eau, feu, littérature, photo, soleil
05/11/2013
Comme d'habitude
Pendant que les anciens annoncent avec gravité que le monde est en train de sombrer, la jeunesse consulte sa messagerie pour vérifier si les copains sont au rendez-vous. Rien de nouveau sous le soleil depuis quelques siècles, il faudrait en informer Finkielkrault. Ah, pas le temps, je crois que j'ai un SMS.
10:41 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : venise, jeunesse, vieux, finkielkrault, décadence, passé, monde
04/11/2013
Encyclopédique
C'est le visage de cire d'André Breton qui vous accueille à l'entrée du Pavillon central de la Biennale de Venise placée cette année sous le thème du Palais Encyclopédique. Les yeux fermés car pour Breton le rêve, l'onirisme, constituent des chemins d'accès à la connaissance que ne fréquente guère la conscience.
Ce qui frappe dans les oeuvres présentées lors de la biennale, c'est l'omniprésence de trois thèmes : l'accumulation, l'enfermement et l'éros. L'accumulation car le savoir, la connaissance est un empilement, une profusion, une curiosité incessante qui avait conduit Cendrars à regretter qu'une vie entière de lecture ne suffirait pas à épuiser la plus grande des bibliothèques.
Mais cette accumulation débridée de savoir peut finir par perdre son sens, à saturer l'espace et à provoquer l'étouffement par l'encombrement, tout comme le cancer conduit à la mort par excès de vie et prolifération des cellules.
C'est pourquoi le souci de classer, d'ordonner, de hiérarchiser, de compiler méthodiquement le savoir a toujours existé. Ce souci d'ordonnancement est d'ailleurs le propre de l'Encyclopédie qui permet de remettre de manière intelligible la connaissance à disposition. Mais en choisissant une manière de structurer le savoir, on l'enferme dans un cadre d'analyse, on le réduit à un projet particulier, on l'oriente idéologiquement et finalement on enferme également l'individu dans ce quadrillage de la connaissance.
C'est ici qu'intervient l'éros, car l'éros c'est la vie comme le proclamait Marcel Duchamp, alias Rrose Sélavy. Il n'aura échappé à personne, depuis Adam et Eve, que la soif de connaissance est une curiosité qui relève de l'érotique et que la pulsion de vie ne saurait se réduire aux pulsions sexuelles. Qui en doute pourra consulter longuement les innombrables cahiers du bien nommé Othake qui associent photos, couleurs, passions, érotisme, politique, science, arts, passé, présent et tout ceci à la manière d'un enfant coloriant les livres comme il peint le monde aux couleurs nouvelles de sa singularité.
Au sortir de ce tourbillon d'images, de créations, de collections, de déferlements anarchiques, on peut se demander comment sortir de ce dilemme : l'appétit sans limite de tout et la folie qui inévitablement en résultera. Une solution possible est de s'en remettre aux muses qui allègeront l'envie, satisferont l'éros et éloigneront les prisons. Comme il se doit, celles qui se présentent pour ce faire sont japonaises.
11:48 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : biennale, venise, vacances, art, peinture, sculpture, exposition, encyclopédie, savoir