31/07/2012
Faire abstraction
C'est en Angleterre, lors d'une visite à la National Gallery, qu'est véritablement né mon goût pour la peinture abstraite. Pourquoi ? parce qu'à côté d'une toile, il y avait un petit panneau qui expliquait que la peinture abstraite se regardait comme de la musique s'écoute. Grâce à cette clé, j'ai pu entrer dans quelques toiles et puis beaucoup d'autres. Du coup, lorsque j'ai découvert que les musiciens parlaient de la "couleur" d'un orchestre pour traduire sa manière de jouer, cela ne m'a qu'a moitié surpris. La musique est par nature une abstraction et il n'est guère surprenant que la vibration des couleurs lui soit familière. Et cette vibration est, au moins pour les oeuvres majeures, un chemin qui mène vers la lumière. Illustration avec quelques unes des oeuvres de la magnifique collection de l'Institute of Art de Chicago.
Dans cette peinture de la Vallée d'Aoste par Turner, le panthéisme doit sa puissance à la fusion lumineuse des trois éléments : l'air, la terre et l'eau. Sous le paysage toujours présent, l'abstraction lyrique pointe les poils de sa brosse.
Dans le chef d'oeuvre de Seurat, Un dimanche à la Grande Jatte, le pointillisme est, avant l'heure, une pixelisation de l'image ramenée à des points de lumière qui composent la scène. Si l'on s'éloigne, zoom arrière, l'image gagne en netteté et les petits points disparaissent. Si l'on se rapproche, zoom avant, la toile n'est qu'une infinité de touches, comme le corps humain se réduit à des atomes selon la distance à laquelle on l'observe.
Cette décomposition de la lumière, Cézanne, ici avec Les baigneuses, et Matisse, avec son Géranium, y travaillèrent toute leur vie. Avec joie souvent, obstination toujours, acharnement fréquemment.
Puis vint le temps de la radicalité. Celui où le mouvement devait l'emporter définitivement sur le motif et la couleur se tenir toute entière devant vous. Non pas comme une décomposition progressive mais au contraire comme un ensemble cohérent. Comment en peignant avec cette vitesse et cette énergie De Kooning parvient-il à une composition totalement cohérente, équilibrée et fascinante ? ici ce n'est plus la musique de chambre de Matisse, mais une symphonie proche de Turner. Vous avez devant vous, en musique, l'histoire du XXème siècle qui vous est présentée.
Difficile de faire mieux en matière de déconstruction/reconstruction. Ce n'est pas un hasard si c'est un hollandais passé par Paris qui y parvint à New-York, à l'image de la French Théory qui traversa l'Atlantique et marqua profondément la recherche et la pensée américaine en sciences humaines. Dès lors, il fallait repasser par la technique pour essayer d'aller au-delà. Ce que fit Gerard Richter (dont on peut apprécier le travail à Beaubourg cet été) en retravaillant la matière et la lumière, toujours.
Mais celui qui parvient sans doute à aller le plus loin, jusqu'à y laisser sa vie même, ce fût Rothko dont les oeuvres sont des sirènes : le sourd ne risque rien, mais gare à celui qui entend la musique qui l'absorbera dans la toile. Car il n'aura ensuite de cesse de retrouver cette extase et fera projet de s'installer un jour au centre de la Chapelle Rothko, à Houston, pour écouter encore et toujours les sirènes. De tout le reste, il aura fait abstraction.
06:17 Publié dans TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, musique, abstraction, chicago, institute of art, turner, matisse, de kooning, cezanne, richter, beaubourg, rothko
30/07/2012
1 + 1 = 3
Dans une de ces banlieues américaines où les maisons s'alignent à l'identique, avec des drapeaux américains aux fenêtres, des pelouses tondues à l'anglaise, de larges allées, des arbres, des parcs, des églises, quelques magasins, un découpage de l'espace à la règle et à l'équerre, dans cette banlieue de Chicago qui s'appelle Oak Park, se trouve la maison natale d'Ernest Hemingway. Il y passa les premières années de sa vie avant d'emménager dans une maison plus vaste, mieux adaptée à la fratrie de 6 enfants. Ce n'est pas la maison dans laquelle Hemingway vécut jeune qui a été préservée, mais celle dans laquelle il naquit. Peut être parce que, comme il l'écrivit : "Nous naissons avec tout notre avoir et nous ne changeons jamais. Nous n'acquérons jamais rien de nouveau. Nous sommes complets dès le début".
Pourquoi Ernest Hemingway, fils de docteur et de musicienne, membres de la communauté conservatrice d'Oak Park, pourquoi donc est-il devenu Ernest Hemingway ? après 18 années passées dans cette banlieue chic et résidentielle, pourquoi les voyages, les guerres, l'alcool, la littérature, les femmes ? éternelle question : pourquoi devient-on ce que l'on est ? Pourquoi par exemple, Frank Lloyd Wright, considéré par ses pairs comme le plus grand architecte américain du 20ème siècle et dont la maison-atelier jouxte quasiment celle d'Hemingway, a-t-il développé à ce point l'architecture horizontale, dans une ville toute verticale. L'amour du lac Michigan ? ou des prairies qui donnèrent leur nom à son style d'architecture ?
Pour la guide qui assure la visite de la maison d'Hemingway, le jeune homme ne peut être ce qu'il est devenu qu'en s'inscrivant dans une filiation. De son père scientifique et amoureux de la nature il tient sa rigueur, son sens de l'observation et son goût de la pêche, et de sa mère artiste le talent littéraire. Mais tout ceci est un peu court car des jeunes hommes de bonne famille aux parents dotés de talents complémentaires il y en eût des milliers, et à toutes époques, et un seul Ernest Hemingway. Car ce souci biographique de déduire le présent du passé n'est que l'application du principe mathématique selon lequel 1+1 = 2. Or en matière de filiation, 1+1 = 3, et le passage du 2 au 3 demeure un mystère qui permet à tout être, serait-il complet lors de sa naissance, de tracer son propre chemin.
05:25 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, hemingway, architecture, frank lloyd wright, oak park, chicago
28/07/2012
Vous êtes formidables !
Non il ne s'agit pas de remettre au goût du jour l'émission de Pierre Bellemarre créée il y a plus de 50 ans, mais d'un simple constat : la rue, c'est le cinéma gratuit. Il suffit de prendre le temps de regarder. Et hop, cela surgit, comme ce batteur très concentré sur son affaire.
Mais il y aussi ces cyclistes qui se préparent pour The underwear Mass, une bike ride en sous-vêtements pour affirmer l'égalité de droits en montrant la différence assumée de chacun.
La loi à Chicago interdit en effet aux femmes de paraître seins nus en public, mais pas aux hommes. C'est, notamment, pour contester cette illégalité de droits que les manifestants se dénudent en riant et sans que cela ne provoque d'émoi particulier chez les spectateurs.
Détour par l'intérieur un court instant pour surprendre deux pasteurs en admiration devant un tableau de Monet. Le jardin de la maison familiale leur rappelle le temps des culottes courtes, plus courtes que leur soutane qui s'obstine à nier un corps qui quelquefois se rebelle.
Retour à la rue pour apercevoir, tout droit sorti des jardins de l'enfance, un ours qui semble attendre sagement le passage au feu vert pour prendre la fuite.
Les gens sont vraiment étonnants. Jusqu'à s'émerveiller de voir surgir Chilly Willy (Frisquet en français), le petit pingouin frigorifié qui apparaissait toujours après les dessins animés de Woody Woodpecker. Pas la peine de chercher plus loin pourquoi formateur c'est un beau métier.
06:23 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : chicago, rue, gens, formation, éducation, voyage, manifestation, bike ride, underwear mass
27/07/2012
Back in seventies
L'été est une période propice à la nostalgie, par le ralentissement du temps, le désencombrement de l'esprit et l'état de disponibilité qui rapelle celui de l'enfance. Mais si en plus vous tombez sur une affiche annonçant Blondie et Devo en concert, vous êtes téléporté instantanément dans la deuxième moitié des années 70, celle où l'on commençait à peine à parler de la crise.
Les années 70 ce sont celles où les filles portaient des grosses lunettes, des jupes courtes et des fringues aux couleurs psychélédiques, ce qui mettait des couleurs sur la grisaille du monde environnant. Si la colorisation passait parfois par les petites pilules, pour d'autres les smarties suffisaient, ceux-là ne se sont jamais remis de la disparition des Treets !
Les seventies, puisque nous sommes au coeur de l'été, c'était le sexe joyeux d'avant les années Sida, celles où le curseur était bloqué côté liberté et se moquait bien de la sécurité. Si vous en doutez vous pouvez réécouter Atomic de Blondie pour avoir une idée du monde d'avant. Pour ce qui est venu après, vous il suffit de passer à Are we not men ? de Devo.
18:03 | Lien permanent | Commentaires (0)
26/07/2012
Mexico !
L'individu le plus démuni ne migre jamais sans emporter au moins sa culture. Les mouvements de population qu'a connu l'amérique centrale ont contribué à faire du Mexique une terre de syncrétisme culturel. Des aztèques aux afro-caraibbéens en passant par les colons espagnols, les influences ne manquent pas qui ont façonné des références et traditions qui, loin de s'opposer, se retrouvent mêlées en un de ces joyeux assemblages dont sont friands les pays latins. Le Musée national d'art mexicain de Chicago, situé au coeur du quartier hispanique, illustre une nouvelle fois la phrase d'André Breton : "Le Mexique est le pays le plus surréaliste qui soit". Les photos de Flor Garduno, présentée l'an dernier aux Rencontres photographiques d'Arles, en rendent compte par leur mystère et leur poésie.
Les femmes sont d'ailleurs à l'honneur, avec notamment cette oeuvre d'Alma Lopez qui associe la culture libertaire californienne et la religiosité mexicaine en une peinture qui doit son titre à l'émoi qu'elle suscita parmi les associations catholigues de voir ainsi la Vierge de Guadaloupe revêtir une combative et féministe attitude.
Alma Lopez - Notre Dame de la controverse - 2002
Et comme il se doit, l'art n'est pas que dans les musées. En parcourant le quartier hispanique, sous un soleil tout mexicain qui rend approximative la réalité des lieux, on peut apercevoir une cadillac noire au rythme lent.
Mais l'on croise aussi, dans la tradition des peintures murales mexicaines, ces femmes parées pour la fête du jour des morts qui, à l'instar des vanités flamandes, vous rappellent que le soleil ne brille qu'un temps.
Mais ne vous inquiétez pas outre mesure, le jour des morts, c'est une fois par an et surtout ce n'est qu'une des 5 000 fêtes annuelles mexicaines. Et voilà comment le Mexique fait mieux, bien mieux, qu'Alice et ses annaniversaires !
16:39 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mexique, chicago, rue, poésie, art, voyage, femmes
25/07/2012
Double regard
Il est toujours possible de voir une ville à la manière dont Yann Arthus-Bertrand voit le monde : de haut, en couleur, avec effet spectacultaire garanti et en guise de commentaire quelques statistiques qui achèvent de faire disparaître l'humain du paysage. Ici par exemple, vous êtes monté en 40 secondes au 94ème étage et vous pouvez apercevoir l'ancienne plus haute tour du monde, avant que la Chine et le Moyen-Orient n'entrent dans la compétition, sachant que vous êtes vous même au sommet de la plus haute tour du monde d'appartements.
Une fois redescendu, le spectacle est un peu différent. Vous pourrez par exemple constater qu'en 2012 il y a toujours des noirs avec des chapeaux coloniaux qui chargent les valises des blancs et ferment pour eux la portière.
Vous pouvez également être frappé par le nombre d'obèses dans les rues, de tous âges y compris très jeunes. Dans ce temple de la consommation qu'est Chicago, et plus globalement les Etats-Unis, l'obésité est un symbole facile mais bien réel de ce trop plein de tout qui finit par vous déposséder de vous même et devient un handicap.
Dans le dernier film de Leos Carax, Holy Motors, Michel Piccoli prononce cette phrase : "On dit que la beauté est dans l'oeil de celui qui regarde" à laquelle Denis Lavant répond : "Mais alors s'il n'y a plus personne pour voir ?".
Rashid Johnson, exposé au Musée d'Art Contemporain de Chicago, y voit. Double. Parce que l'on se voit aussi à travers le regard des autres. Je vous fais face, mais mon côté droit est le gauche pour vous. Lequel est le vrai ? Le plus troublant est que ses doubles portraits sont parfois ceux d'une même personne, parfois pas. Une autre manière d'exprimer le Je est un autre de Rimbaud et de créer un lien entre un jeune français de province du 19ème siècle et un citadin noir américain. Comme quoi la singularité n'est pas fondamentalement incompatible avec la mondialisation. Il s'agit juste de savoir depuis où et sous quel angle on souhaite aller y voir.
15:42 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chicago, etats-unis, obésité, photo, art, ville, cinema, voyage
24/07/2012
Le temps suspendu
La voiture m'ennuie et me fatigue. La marche ou le vélo m'excitent, parce que l'on se rapproche du rythme du paysage et qu'il n'y a pas d'autres moyens de l'apprécier vraiment. Mais ma préférence va aux voyages en train et plus encore en avion. Des voyages longs pendant lesquels le temps est totalement suspendu. Vous vous surprenez même, si vous traversez l'atlantique, à reculer dans le temps au fur et à mesure que l'avion avance. La technologie n'ayant pas (encore) franchi toutes les limites, pendant le temps du vol vous disparaissez totalement. Injoignable, inraccordable, incommunicable. Vous pouvez vous dédier entièrement à qui voyage avec vous et vous plonger dans les livres dont vous avez goulument empli votre besace, avec la gourmandise des heures à venir qui vous offrent leur immobilité bienveillante.
Et puis j'aime les avions gris argentés d'American Airlines. Ils me rappellent les caravelles qui me fascinaient. Ce qui fut fascinant également ce jour c'est la moyenne d'âge de l'équipage de cabine : au moins la moitié des 6 stewards et hôtesses avaient largement atteint l'âge auquel on peut faire liquider sa retraite. Jamais vu un tel équipage. Signe que la crise frappe à tout va et que le niveau des pensions s'en ressent ? ou vieillissement prématuré par l'absorption répétée de décalages horaires ? difficile à dire, mais ces navigants aux rides prononcées et aux yeux rieurs mériteraient aussi que pour eux, le temps soit suspendu.
04:35 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (0)
22/07/2012
Paradis
L'été s'installe enfin, le soleil ralentit les pas et le temps,les ombres disparaissent jusqu'à la fin de journée et avec elles la crise, la dette et autres joyeusetés qui les accompagnent ; bref, c'est le paradis. Et l'on apprend ce jour, que les paradis ne manquent pas sur terre. Ils ont même proliféré depuis la fin de la seconde guerre mondiale pour, paraît-il, maintenir la suprématie des banques londoniennes malgré la chute de l'Empire britannique. Selon un ancien économiste de chez Mc Kinsey, autrement dit un repenti ces paradis fiscaux abriteraient environ 25.000 milliards d'euros d'actifs financiers qui échappent à toute imposition (on ne compte pas les actifs immobiliers ni les dépôts en or et autres métaux monétaires). Rappelons que le budget de la France est de 366 milliards d'euros, et donc très loin du paradis.
Germain Vandersteen - Oiseau de Paradis
Pour nous gâcher le paradis, il y avait déjà eu, la veille, cette effarante nouvelle : l'agence Moody's a dégradé la note des hôpitaux publics français. Vous avez bien lu : les hopitaux publics, qui relèvent de la politique de santé nationale et du choix que fait une nation d'y consacrer une partie de ses ressources, font l'objet d'une notation à l'instar d'entreprises cotées dont la notation a pour objet l'information des actionnaires. Ici, on se demande bien quelle est la finalité d'une telle notation, si ce n'est de tenter de nous chasser du paradis. Heureusement que c'est l'été et que nos pensées vagabondent, car sinon l'on trouverait que tout ceci ne nous annonce pas le paradis.
20:06 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paradis, économie, paradis fiscaux, oiseau, vandersteen, peinture, art, hôpitaux, notation
20/07/2012
Que se jodan !
Hier, jeudi, des milliers de personnes sont descendues dans les rues des villes d'Espagne pour protester contre le plan d'austérité présenté cette semaine par le Gouvernement devant le Parlement. Simple répétition estivale avant la grande grève générale prévue le 26 septembre prochain, où l'on peut prévoir que tout le pays sera paralysé. S'il fallait un aiguillon supplémentaire aux manifestants, la députée du parti populaire Andréa Fabra le leur a fourni. En pleine séance parlementaire, alors que les députés du PP applaudissaient vigoureusement l'annonce de la réduction des aides sociales ou du montant de l'indemnisation du chômage, Andréa trouva que ce n'était pas assez et lança : "Que se jodan !", autrement dit, qu'ils aillent se faire f.....Et oui, c'est ainsi au début du 21ème siècle, dans une démocratie apaisée, une élue du peuple crie au sein de l'Assemblée que les chômeurs l'emmerdent. Evidemment, Andréa Fabra et ses amis n'en ont pas fini avec l'affaire.
Il est paradoxal de traverser des pays comme l'Espagne, ou la France, ou l'Italie, pays qui regorgent de richesses, où la consommation bat son plein, où jamais il n'y a tant eu à la disposition de tous, et d'entendre toujours la même antienne : fini l'Etat providence, fini la société du bien être, à nous les efforts, les sacrifices et l'alignement par le bas. Ainsi doit-il en être, et ceux qui ne sont pas d'accord, que se jodan !
23:39 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : que se jodan, andrea fabra, espagne, politique, économie, crise, démocratie
19/07/2012
Lire
A San Sebastian, pardon à Donostia, une affiche sur les murs de la mairie proclame : "La culture rend libre", que l'on peut entendre en espagnol comme la culture rend livre ou ivre, ce qui n'est jamais exclu.
On ne s'étonnera donc pas de surprendre une lectrice dans un salon d'herbe, près de l'abat-jour au coeur des rues de Bilbao.
Pour Victor Hugo, lire c'est voyager, voyager c'est lire. On pense à Gérard de Nerval arrivant à Alexandrie, qui s'enferme dans un hôtel et se met à lire sans sortir car le véritable Orient est dans les livres. Vous pouvez choisir vos livres, comme vous choisissez vos amis. A la première page s'ouvre le dialogue entre l'auteur et vous. Vous ne saurez jamais ce qu'il a écrit (le sait-il ?), mais vous pouvez savoir ce que vous êtes en train de lire. Sortez votre chaise, installez vous, c'est parti !
09:16 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : bilbao, espagne, lire, livre, littérature, culture
18/07/2012
En attendant le loup
La Conférence sociale qui s'est tenue au début du mois de juillet s'est donnée pour objectif de tracer un nouveau chemin pour le dialogue social. Mais il ne faudrait pas confondre la méthode, qui n'est jamais que la carte, et le territoire sur lequel se trouvent les véritables obstacles à surmonter. Comme le petit chaperon rouge doit choisir entre le chemin de l'aiguille et celui de l'épingle, le Gouvernement et les partenaires sociaux ne pourront se contenter de la méthode et devront in fine en venir au droit. Car toute l'histoire du petit chaperon rouge ne trouve de sens que dans la confrontation avec le loup.
Kukuxumusu
Viendra donc le moment où le droit frappera à la porte et où il s'agira de faire les véritables choix. Car si la méthode montre le chemin, elle ne nous indique en rien le comportement à avoir avec le loup.
Pour la liste des questions qui devront être résolues et qui pourraient faire que sous couvert de ne pas réformer on modifie en profondeur notre système de formation professionnelle, on peut se reporter à la chronique écrite avec Jean-Marie Luttringer pour l'AEF sur les suites de la Conférence Sociale dans le champ de la formation professionnelle.
00:35 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : conférence sociale, droit, formation, dialogue social, chaperon rouge, loup, méthode, travail, emploi
17/07/2012
Le temps d'avant
C'était le temps d'avant. D'avant que l'homo economicus ne réduise l'humain à l'état d'agent économique. D'avant que les commerces soient ouverts tous les jours de l'année, comme vient de le décider la communauté de Madrid. Avant que l'horizon de l'individu ne soit borné par les centres commerciaux et les galeries marchandes. Dans le temps d'avant, la liberté de l'esprit passait par celle du corps et supposait que l'on ait le temps de s'abandonner.
Dans le temps d'avant, les parents accompagnaient les enfants lors de dimanche après-midi proustiens où le temps passait plus lentement qu'à tout autre moment. Et dans cet intervalle, il suffisait de regarder pour voir et sentir la grâce.
Et dans ce temps mêlé d'ennui et de plaisirs, pouvaient s'épanouir les premières expériences qui constituent profondément les êtres. Il faut prendre le temps pour être là lorsqu'une petite fille dévoile le dessous de ses jupes.
Ce temps d'avant, c'était les dimanches où les parents de la petite fille ne faisaient pas commerce et ceux du petit garçon ne couraient pas les boutiques. Ils avaient mieux à faire : regarder la vie se déployer devant eux. Ils ne comprenaient même pas ce qu'est un agent économique. C'est vous dire si c'était vraiment le temps d'avant.
01:52 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dimanche, travail, espagne, crise, madrid, emploi, chômage, économie, fille, liberté
16/07/2012
Investir ou dépenser
L'ancien Gouvernement voulait inscrire l'impossibilité d'avoir un déficit budgétaire dans la Constitution. Cela se serait appelé la "Règle d'or". Il aurait mieux valu l'appeler la règle d'airain. Car c'est une règle de fer, comme une épée au creux des reins. Interdire le déficit, car il ne faudrait pas vivre au dessus de ses moyens et surtout ne pas endetter les générations futures, est une absurdité. Ce sont les mêmes qui refusent les déficits et encouragent les étudiants à s'endetter pour financer leurs études ou les ménages à recourir à l'emprunt pour devenir propriétaire. Supercherie idéologique. Et tout le monde semble se laisser enfermer dans la religion du chiffre aveugle : 3 % de déficit en 2013 et 0 en 2017 nous dit le nouveau Président. Alors qu'il faudrait y regarder à deux fois en matière de dépense et raisonner suivant leur nature et non en fonction de leur volume. Voyez le musée Guggenheim de Bilbao.
L'investissement de la ville a été de 100 millions d'euros. Les retombées des dizaines de fois plus importantes. Les millions de visiteurs ont dynamisé l'économie de la ville. Et cela fait 15 ans que cela dure, sans vraiment s'essouffler. Aurait-il fallu en 1997 écouter celui qui prêchait que l'investissement était trop important et que la ville ne devait pas s'endetter ? la question n'est pas dans l'endettement ou le déficit mais dans la nature des dépenses que l'on expose. Etre en déficit pour favoriser l'éducation, la recherche, la création d'entreprise ou l'innovation, ce n'est pas obérer l'avenir, c'est le préparer. Pas vraiment la même chose que si j'emprunte pour financer le train de vie de l'Etat, des dépenses somptuaires ou des sondages par dizaines. Nos politiques seraient bien avisés de faire le tri dans les dépenses et de considérer qu'un déficit est justifié uniquement lorsqu'il engage des dépenses qui préparent l'avenir et non qui sont exposées au seul profit immédiat de leurs bénéficiaires. S'il fallait une règle d'or, on serait mieux avisé d'en choisir une qui ne soit pas qu'un chiffre global mais qui sache faire la distinction entre dépense et investissement.
00:01 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bilbao, guggenheim, investissement, déficit, règle d'or, économie, politique, budget, rigueur, crise
14/07/2012
Le défilé du 14 juillet
Tous les 14 juillets, je prends des nouvelles de mes voisins...d'en face. Prendre des nouvelles de sa voisine de palier ou de son immeuble, cela fait partie sinon du quotidien, du moins d'échéances régulières. Pour les voisins de l'immeuble d'en face, c'est déjà plus compliqué. Heureusement, il y a le 14 juillet. Vers 11 heures, lorsque passent les avions, je les vois tous apparaître : l'individu a souvent autant de mal à résister à l'appel du téléphone qu'à celui du spectacle. Bonjour les voisins !
Et je peux faire moi aussi ma revue de défilé : le vieux monsieur du 2ème étage est toujours alerte, la jeune fille du dernier a encore changé d'amoureux, les deux petits du second sont encore plus rieurs que l'année dernière, le couple de retraité ne s'est pas mis à la même fenêtre, à chacun la sienne, y aurait-il de l'eau dans le gaz de la retraite paisible ce matin ? et l'étudiante du 3ème n'est pas sortie voir les avions. Tant pis. Allez, il fait un peu frais en ce mois de juillet, on ferme la fenêtre. A l'année prochaine !
11:12 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : défilé, 14 juillet, voisins
13/07/2012
Qui sait ?
L'homme de gauche, qui dort les bras croisés sur sa mallette, s'est peut être levé très tôt. Il a sans doute parcouru en train puis en métro des distances longues au milieu de banlieues improbables de villes longues. Il est arrivé tôt à son travail qu'il a entrepris sur un rythme intense. Les dossiers sont complexes, les exigences multiples, l'énergie nécessaire immense. Il n'a guère pris le temps de manger. Il a fini tard. Puis il a marché jusqu'au métro et repris le chemin long qui le mène à son appartement étroit. Il est tard, c'est le dernier métro, il dort. Rentré chez lui, il saluera son épouse puis ira se coucher.
L'homme du milieu, qui dort les mains croisées sous sa sacoche, s'est peut être levé tôt. Son bagage est lourd. A l'intérieur, des instruments de mesure du bruit. Il travaille pour la Mairie et mesure l'intensité des bruits lorsque des habitants se plaignent de pollutions sonores. Il est en jean car son travail se déroule essentiellement dehors. Aujourd'hui, il mesurait les bruits près d'un chantier puis il a déjeuné de quelques makis sur une place arborée. Il a mesurée le bruit des feuilles des grands arbres que le vent secouait. Il a été surpris par le nombre de décibels. Il a été surpris aussi par une jeune fille qui riait en le regardant faire et plus encore quand il s'est aperçu que s'était sa petite amie. Elle l'a entraîné pendant une heure dans un love hôtel. Culpabilisé d'avoir abandonné son travail pendant un temps, mais secrètement heureux de s'être offert ce luxe inouï, il est retourné à la mairie. Puis il a accompagné ses collègues de bureau dans plusieurs bars et ils ont bu du saké. Il est sorti juste à temps du dernier bar pour prendre le dernier métro. Maintenant il dort.
Le troisième homme fait semblant de lire, mais il dort aussi. A-t-il travaillé ou a-t-il fait semblant également toute la journée ? c'est lui qui a pris la photo et m'a raconté l'histoire de ses deux covoyageurs qu'il croise tous les matins. Mais au final, il m'a indiqué qu'il ne savait plus très bien si c'était celui de gauche ou celui du milieu qui mesurait les bruits, ou si ce n'était pas un troisième qui n'est pas sur la photo. Il se demande même s'il n'a pas rêvé cette histoire. Qui sait ? et vous, en regardant la photo, vous savez ?
22:05 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : japon, métro, travail, poésie, boulot, histoire, rêve
12/07/2012
Banal
En droit de l'Ancien Régime, la banalité était un privilège féodal. Un monopole qui garantissait au seigneur que les communautés vivant sur ses terres utiliseraient ses équipements (four banal, moulin banal, etc.) ce qui lui assurait le paiement des droits afférents. Ce privilège n'a pas résisté à la Révolution de 1789 et surtout à celle de 1793 qui les a totalement abolis. Il est des personnes pour qui la banalité demeure un privilège. Tous ceux qui s'estiment réduits à une identité assignée ou différenciés par une caractéristique discriminatoire n'aspirent qu'à la banalité. Tous ceux qui ressentent un sentiment d'exclusion n'aspirent qu'à la banalité. Combien de personnes handicapées souhaiteraient être vues autrement qu'à travers leur handicap, comme des individus avant tout sans que toute leur vie ne soit lue au crible de ce handicap. Rapportée au plan juridique, cette demande de banalité s'exprime à travers l'exigence de disposer d'un droit commun qui soit le plus large possible et d'éviter autant que faire se peut les lois spéciales. Le droit de la communauté doit être défini de manière à englober toutes les situations. C'est ainsi que l'on rend le droit simple et efficace. Cela s'obtient par la qualité de conception et de rédaction des textes.
Alessandra BANAL - Terrible/Perfect
SFR vient de donner un coup de pouce à la banalité en décidant de rendre accessible le congé de parentalité à tous les couples qui accueillent un enfant, y compris lorsque les deux membres du couple sont de même sexe. L'entreprise dans ce cas, assumera la charge financière du congé que la sécurité sociale ne prend pas en charge, à ce jour.
En décrétant la banalité de la situation, SFR fait entrer dans le droit commun des catégories de salariés qui n'y avaient pas accès. Et c'est ainsi que la banalisation devient à la fois un privilège et un progrès.
23:30 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : banal, droit, sfr, égalité, parentalité, couples de même sexe, entreprise, société, discrimination
11/07/2012
La réforme ne peut pas tout
La phrase de Jospin face aux salariés de Vilvorde après la décision de la direction de fermer le site : "L'Etat ne peut pas tout", a durablement traumatisé la classe politique. Elle a hanté pendant 5 ans Nicolas Sarkozy qui n'a cessé d'agir, elle a sans doute été présente dans l'esprit de François Hollande lorsqu'il a créé le Ministère du redressement productif. Que l'on puisse agir ou pas, il n'est plus question de laisser penser que l'on agit pas au maximum de ce qu'il est possible. Au risque de l'agitation, du mouvement brownien et de finir par créer un mouvement perpétuel qui est le plus droit chemin vers un immobilisme de fait, à l'instar de la rotation de la terre qui ne la ramène jamais qu'à son point de départ.
Magritte - Le mouvement perpétuel - 1935
La Conférence sociale a, semble-t-il, échappé à ce traumatisme, tout au moins sur le champ de la formation professionnelle. Pas d'annonce de grande réfome, pas de projet de loi salvateur, pas de velléité de penser qu'il suffira d'un texte. C'est déjà ça et c'est comme au rugby : ce n'est pas en modifiant sans cesse les règles que l'on améliore la qualité du jeu. Reste que le pari fait est celui de la confiance : confiance dans la capacité des acteurs à se mobiliser, confiance dans l'action de terrain, confiance dans la collaboration qui doit s'instaurer dès lors que chacun agit dans son rôle. La confiance responsabilise celui auquel elle est donnée. A ce titre, si la balle n'est pas que dans le camp des partenaires sociaux, c'est à eux aujoud'hui de démontrer que cette confiance trouve un écho dans la conscience qu'ils ont d'avoir un rôle à jouer qu'ils doivent assumer pleinement. Car le credo de l'Etat "qui peut tout" a parfois trouvé une oreille attentive chez des organisations patronales et syndicales pour lesquelles il constituait un confort appréciable. Fini donc la réforme, chacun à son poste et souquez ferme !
23:47 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : reforme, conférence sociale, formation, mouvement, syndicats, patronat, travail, emploi
10/07/2012
Marketing constitutionnel
Nous avons donc confirmation, au soir de la première journée de la Conférence sociale, que le dialogue social sera consacré par la Constitution, qui devrait intégrer une disposition selon laquelle toute loi en matière de travail, d'emploi et de formation professionnelle doit être précédée d'une consultation des partenaires sociaux. Le fait que cette disposition existe déjà dans le Code du travail qui la reprend dans son article 1 n'y fera rien. La Constitution c'est mieux paraît-il car cela permettra au juge de veiller à ce que le législateur respecte vraiment la loi. Vous avez bien lu : faute de mieux, c'est pour éviter que le législateur ne détourne une loi qu'il a lui même votée que l'on souhaite mettre dans la Constitution le principe du dialogue social préalable. Protégeons de la tentation ces pauvres députés et changeons les textes plutôt que les pratiques. On aurait préféré que nos gouvernants avouent qu'il y avait là volonté de communication et peut être aussi qu'il était important que la norme suprême articule démocratie politique et démocratie sociale. Pour une si belle entrée, on eût souhaité un argumentaire qui ne soit pas au petit pied.
Dans la série, je ne fais pas du marketing, je contribue au débat de fond, nous avions déjà la demande du MEDEF d'inscrire également dans la Constitution la liberté d'entreprendre. Que celle-ci soit déjà reconnue par le Conseil Constitutionnel comme une liberté constitutionnelle en vertu de la Déclaration des droits de l'homme (art. 4), n'y change rien. L'inscription doit avoir lieu car ce sera un message d'encouragement à tous les entrepreneurs. Nous voici donc dotés d'une Constitution en forme de panneau publicitaire sur lequel il fait bon inscrire des messages à portée communicationnelle, symbolique et politique (en clair de la pub). Pour le droit, on verra plus tard.
Et s'il s'agit de faire passer des messages à nos concitoyens, je propose que soient inscrits en post-scriptum de la Constitution ces phrases de Rimbaud :
A quatre heures du matin, l'été,
Le sommeil d'amour dure encore.
Cela a un peu plus d'allure que la liberté d'entreprendre et le dialogue social non ?
00:59 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : conférence sociale, constitution, liberté d'entreprendre, dialogue social, rimbaud, marketing, publicité, réclame
09/07/2012
Au rythme de la technique
A l'heure où l'on range les minitels dans des cartons qui prendront le chemin de l'oubli dans un coin des caves et greniers, à l'heure où trois ministres se mobilisent parce qu'un opérateur téléphonique a brutalement cesser de relier les conversations entre elles, à l'heure où l'on découvre que nous évoluons au rythme de la technique, prenons le temps du retour arrière. Il y a 25 ans, lorsqu'un client me demandait de manière urgente une consultation, j'avais le temps de l'écrire, de l'imprimer, de la poster et d'attendre qu'elle soit reçue pour en reparler. Un bon rythme. Puis, les clients m'ont demandé de leur faxer le document et me rappelaient lorsqu'ils l'avaient lu. Aujourd'hui ils me demandent de leur envoyer le document par mail tandis que nous parlons et le lisent pendant que nous finissons de parler. A chaque évolution technique, l'homme est un peu plus expulsé du temps de circulation de l'information.
Le fil qui relie les hommes, ancêtre de l'onde
A ceux qui glosent sans fin sur la génération Y et ces jeunes zappeurs incapables de se concentrer plus de trois minutes sur un même sujet, on rappellera juste que toute génération vit avec son temps, qui n'est pas celui de la précédente. Sollicités de toute part, comment pourraient-ils échapper à la prodigieuse accélération technologique qui nous saisit entièrement ? dans son livre intitulé "La lenteur" Kundera écrit que "La vitesse est la forme d'extase dont la technique a fait cadeau à l'homme". Pas facile dans ces conditions de trouver l'extase dans la lenteur. Essayez quand même, c'est l'été.
01:32 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lenteur, vitesse, technique, kundera, technologie, orange, bug, minitel, travail
05/07/2012
Eté
C'est l'été et quelques orages ou pluies d'été ne nous gâcheront pas le plaisir. L'été c'est le moment d'échapper à la morosité, à la dette, à l'austérité, aux éléments de langage et aux désagréments de tous ordres. Comme on est pas aux Etats-Unis et que le harcèlement moral ou sexuel n'est pas constitué lorsque l'on invite un collègue d'un autre sexe à prendre quelques minutes au soleil, n'hésitez pas.
Mais si vous préfèrez le silence et la fréquentation des auteurs qui sont quasiment devenus vos amis, c'est bien aussi. Dans tous les cas, passez à l'acte, et vite. La rentrée c'est demain.
02:03 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : été, parcs, jardins, travail, soleil, rentrée, invitation, collègue