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28/04/2013

Vite et bien

La route vous tend les bras, les nuages vous accompagnent, vous glissez dans l'air, l'asphalte est un guide bienveillant, vous vivez un instant de paix, vous vous dîtes que si tout était à refaire, vous referiez tout, votre vie ressemble à ce long sillon noir qui s'éclaire comme votre visage. Et soudain comme le flash qui vous rappelle que d'aucuns se préoccupent de conscieusement ruiner tout espace poétique. Dans le monde qui vous a rattrapé, c'est un excès de vitesse,  dans celui dans lequel vous étiez, c'était une pause délicate. Ces gens là ne savent pas vivre.

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Et comme lorsque l'on ne sait pas vivre on met un prix sur toute chose, il va falloir payer ce moment de poésie sous la forme d'une amende. Sauf......sauf si vous êtes salarié et que le moment de grâce a surgi au cours d'un trajet entre deux clients dans un véhicule appartenant à votre entreprise. Car alors, impossible pour l'employeur de demander au salarié le remboursement de l'amende. C'est ce que vient de rappeler, le 17 avril dernier, la Cour de cassation, en application du principe selon lequel un salarié n'engage jamais sa responsabilité vis-à-vis de l'employeur, sauf faute lourde. Et rêver en ligne droite, n'est pas une faute lourde, nous n'en sommes pas encore là.

Mais que l'impunité ne vous conduise pas à prendre trop de vitesse, il y a tant à voir sur les bords des routes.

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Cour de cassation 17 avril 2013.pdf

09/07/2012

Au rythme de la technique

A l'heure où l'on range les minitels dans des cartons qui prendront le chemin de l'oubli dans un coin des caves et greniers, à l'heure où trois ministres se mobilisent parce qu'un opérateur téléphonique a brutalement cesser de relier les conversations entre elles, à l'heure où l'on découvre que nous évoluons au rythme de la technique, prenons le temps du retour arrière. Il y a 25 ans, lorsqu'un client me demandait de manière urgente une consultation, j'avais le temps de l'écrire, de l'imprimer, de la poster et d'attendre qu'elle soit reçue pour en reparler. Un bon rythme. Puis, les clients m'ont demandé de leur faxer le document et me rappelaient lorsqu'ils l'avaient lu. Aujourd'hui ils me demandent de leur envoyer le document par mail tandis que nous parlons et le lisent pendant que nous finissons de parler. A chaque évolution technique, l'homme est un peu plus expulsé du temps de circulation de l'information.

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Le fil qui relie les hommes, ancêtre de l'onde

A ceux qui glosent sans fin sur la génération Y et ces jeunes zappeurs incapables de se concentrer plus de trois minutes sur un même sujet, on rappellera juste que toute génération vit avec son temps, qui n'est pas celui de la précédente. Sollicités de toute part, comment pourraient-ils échapper à la prodigieuse accélération technologique qui nous saisit entièrement ? dans son livre intitulé "La lenteur" Kundera écrit que "La vitesse est la forme d'extase dont la technique a fait cadeau à l'homme". Pas facile dans ces conditions de trouver l'extase dans la lenteur. Essayez quand même, c'est l'été.

13/05/2009

Vite et bien

L’artisan qui lira le titre de cette chronique pourra être choqué : vite et bien ne vont pas ensemble, le travailleur honnête associe depuis Lafontaine patience et longueur de temps. Le vite fait bien fait sent le petit malin qui bâcle, plus ou moins habilement, mais qui ne travaille pas vraiment. Le véritable labeur requiert du temps, dont la patine est la marque de la conscience et de la peine.

Et pourtant, Picasso, Masson, Pollock, Yves Klein, Matisse, Van Gogh,…

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Schroeder-Sonnenstern - La déesse de la hâte

Le rapport au travail est depuis l’origine du salariat un rapport au temps, et demeure fondamentalement un contrôle du temps. Combien d’entreprises ont conclu avec leur encadrement des conventions de forfaits en jours, censées reposer sur l’autonomie des salariés dans l’organisation de leur  temps de travail, sans rien changer à leurs pratiques manageriales de gestion des temps, des présences, et de mesure de l’investissement personnel par le temps passé. Le management par objectif n’est souvent qu’une cautère sur la jambe de bois du manager demeuré ancré dans le modèle industriel et taylorisé de la gestion des temps. Et l’on voit les comptes rendus d’activité, les fiches de temps, les outils de planification, etc. envahir l’espace, et le temps, des salariés. Ce paradoxe pourrait traduire l’impossibilité de dépasser l’oxymore du salarié subordonné et autonome. Il suffirait pourtant d’identifier les champs respectifs de la subordination et de l’autonomie. Le pouvoir de direction peut s'exercer sur la finalité et les moyens à utiliser (manières de faire) et laisser au salarié la liberté, et donc la responsabilité, de son temps. Tiens ? Liberté ? et si le véritable problème était dans l'insupportable que constitue la liberté d'autrui ? vite, des salariés libres et responsables.

Et pour finir, Malcolm de Chazal : "La pensée voyage à la vitesse du désir"