19/01/2012
Laissons le tourbillon à la vie
Le sommet social, rebaptisé hâtivement sommet anti-crise, devait parler d'emploi et de compétitivité, mais la formation fût invitée au bal. Pour s'entendre dire qu'il fallait qu'elle revoit sa tenue. Aux orties les habits de salariés, la formation c'est pour les demandeurs d'emploi, ce qui donne dans le texte une réforme radicale de la formation professionnelle "dont l'objectif est simple : que chaque chômeur ait une formation et qu'au bout de la formation chacun soit conduit à accepter l'offre d'emploi qui lui sera proposée" dixit le Président. Remarquons quatre erreurs en une simple phrase : s'il y a moins de formation des demandeurs d'emploi ce n'est pas par manque de réforme mais parce que l'Etat s'est désengagé de ce secteur, il est absurde de penser que tout demandeur d'emploi a besoin de formation, comme d'imaginer que dès lors qu'il y a eu une formation il y aura une offre d'emploi pour tout chômeur et pour finir nul ne peut être tenu d'accepter un emploi, la liberté de contracter restant tout de même la règle, sauf à rétablir le travail obligatoire.
Mais passons sur ces approximations pour aller à l'essentiel : il est demandé à Gérard Larcher de produire en deux mois des propositions en vue de la radicale, donc, réforme de la formation professionnelle. Que le Conseil Economique et Social vienne d'annoncer qu'il était urgent de cesser de réformer n'importe pas plus que le fait que l'entrée en vigueur de la réforme précédente n'ait pas encore vraiment eu lieu. Et l'on découvre que la formation continue se met à emprunter à la formation initiale ce qu'elle a de pire : des réformes qui succèdent aux réformes sans avoir le temps de produire aucun effet, ce qui justifie que l'on réforme à nouveau. Le tourbillon tient lieu de politique, sauf que le mouvement permanent c'est mieux en amour qu'en politique.
William Blake - Le tourbillon de l'amour
Enchaîner les réformes sans prendre le temps de les penser, sans les structurer, sur la base d'un diagnostic hâtif et sans maîtrise technique, c'est produire des effets de rupture qui conduisent à une dégradation de l'efficacité des systèmes, ce qui génère immédiatement un nouveau diagnostic hâtif disant que si cela ne marche pas c'est que l'on a pas réformé suffisamment. Et l'on remet les sangsues jusqu'à épuisement total du malade pour constater une fois mort, qu'il aurait fallu mettre toutes les sangsues d'un seul coup pour que cela fasse effet. On en est là.
Bien loin de 1962, une belle année que cette année-là. Une année où la liberté avait le visage de Jeanne Moreau dont les rires, les chants et l'amour séduisaient Jules et Jim, emportés dans le tourbillon de la vie. Loin des tourbillons politiques. Dans le monde d'avant, celui où on prenait le temps, seule manière de se laisser emporter dans les tourbillons heureux.
00:18 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, sarkozy, réforme, sommet social, crise, économie, formation, jeanne moreau
22/04/2011
Vite fait, mal fait
Il y avait déjà eu la prime exceptionnelle d'intéressement en 2009. Mais inscrite à l'intérieur du dispositif d'intéressement, elle était facultative, liée aux résultats de l'entreprise, corrélée au travail du salarié et accessible à toute entreprise quelle que soit sa taille. La nouvelle prime annoncée par le Gouvernement est quasiment le contrepied de ce qui avait été fait il y a deux ans : obligatoire, limitée aux entreprises de plus de cinquante salariés, déconnectée du travail des salariés et corrélée non pas aux résultats de l'entreprise mais au montant de ses dividendes. On peut s'amuser à faire la liste des incohérences : dans le meilleur des cas, la prime n'améliorera le pouvoir d'achat que des salariés dont les salaires sont déjà dans les moyennes hautes, elle n'aura d'effet que ponctuel, elle creusera les déficits sociaux puisque assortie d'exonérations, elle n'est pas corrélée aux résultats de l'entreprise mais aux dividendes versés dont le montant n'est pas nécessairement proportionnel aux résultats et enfin elle ne s'appliquera qu'en cas d'augmentation de ces dividendes. Ce qui veut dire, par exemple, qu'un maintien au même niveau des dividendes, alors que les résultats se sont dégradés, n'imposera rien alors qu'un prélèvement réduit après une année blanche imposera le versement d'une prime, même s'il n'est pas proportionnel au résultat. Bref, une mesure bâclée, qui oublie que pour agir vite et bien, c'est à dire deux fois bien, il faut un du talent et du travail, comme par exemple Picasso.
Mais il y a peut être plus grave que ces incohérences. Déconnectée de toute logique économique, de toute logique de travail accompli par le salarié, déconnectée donc de toute réalité, cette prime dans son fondement même oppose frontalement l’actionnaire et le salarié, comme dans d’autres domaines on oppose le smicard au chômeur, l’étranger à l’autochtone, le voyou à l’honnête homme. Elle prend pour principe et pilier une division, un conflit, qu’elle ne cherche jamais à comprendre ni à résoudre, mais au contraire dont elle fait une donnée indépassable. Ainsi s’établit une politique de coups qui se construit sur l’opposition des intérêts, en tentant vainement de donner l’impression qu’elle soutient tantôt l’un et tantôt l’autre, signe qu’elle ne vise que le sien propre.
10:35 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, sarkozy, prime, emploi, dividendes, picasso, économie, ressources humaines
20/01/2011
C'était bien avant le déluge !
Avant le déluge, l'humanité vivait dans le plaisir et la licence, ce qui ne fut pas du goût des Dieux qui décidèrent de déclencher de catastrophiques pluies qui faillirent bien mettre un terme à la présence de l'homme sur Terre.
Cornelis Cornelisz - L'humanité avant le déluge - 1615
Musée des Augustins - Toulouse
Depuis, tout bon gaulois craint que le ciel ne lui tombe sur la tête et les déluges sont mal vus. Mais qu'est-ce qu'un déluge ? c'est une production de quantité anormale qui menace l'homme. Aussi peut-on parler de déluge de lois lorsqu'il est constaté que le Parlement vote 59 lois en une session qui exigent 615 mesures règlementaires pour entrer en application. Et le pire, c'est lorsque le déluge faiblit : seuls 20 % des textes règlementaires nécessaires à la mise en oeuvre des lois ont été adoptés trois mois après la fin de la session parlementaire.
Quentin Bertoux - Photo extraite de la série "D'après moi, le déluge"
Cet emballement de la production législative cumule les inconvénients : texte examinés trop rapidement et de mauvaise qualité, inflation règlementaire pour l'entrée en application, délais démesurés entre le vote et l'effectivité de la loi, maquis des textes déjà modifiés à peine que promulgués,...si l'exercice n'est pas facile, il prend néanmoins souvent l'allure de fiasco. Après moi le déluge semblent penser les députés qui ensevelissent le bon peuple sous des tonnes de textes dont il n'a que faire. La loi ne peut pas tout et l'action politique ne saurait, et ne devrait, s'y résumer. A l'heure où le Président de la République fustige le toujours plus quantitatif et recommande le toujours mieux qualitatif, on ne saurait trop lui conseiller d'appliquer ce précepte en matière législative. Parions tout de même que ce n'est pas pour demain ! Gare au déluge donc.
01:21 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DES IDEES COMME CA, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : déluge, lois, parlement, législation, rapport parlementaire, sénat, assemblée, sarkozy, président de la république
04/01/2011
Déverouiller ? plutôt tirer le verrou
Pour se faire entendre au milieu de la neige, des trains perdus de la SNCF, des voitures un peu moins brûlées mais peut être pas et des faits divers qui constituent l’essentiel de l’actualité qui doit bien être meublée par ces temps de chômage galopant, bref si vous voulez émerger du brouhaha médiatique, une seule recette : les 35 heures.
Gérard Longuet fut le premier à s’y essayer sous l’effet de la mauvaise conseillère qu’est la colère de n’avoir pas été nommé ministre. Frappant le premier, il n’a pas lésiné : l’euro ou les 35 heures il faut choisir. Jean-François Coppé s’est dit que sa nomination à la tête de l’UMP ne suffirait pas à faire le buzz et il a pris le relais un œil rivé sur l’audimat : avec l’air sérieux d’un futur candidat et le sourcil légèrement froncé il assure qu’il faudra bien y revenir. Et le dernier à s’y coller est Manuel Valls, qui veut déverouiller les 35 heures au nom de la compétitivité. Si l’horizon à atteindre est le coût du travail chinois, ce ne sont pas les deux à trois heures évoquées qui y suffiront. Mais sa proposition est si peu compréhensible (travailler plus au même prix pour augmenter le pouvoir d’achat : je dois avoir des lenteurs d’après réveillon, mais cela reste bien mystérieux en pratique) qu’elle masque mal que l’essentiel n’est pas là mais de faire la une des gazettes puisque jusque-là, et peut être même après, tout le monde se fichait de sa candidature à la candidature. Ne reste plus qu’à attendre la reprise du sujet par Sarkozy au prétexte stratégique que c’est clivant avec la gauche (entendez : ça fout le b…au PS).
Fragonard - Le verrou - 1777
Tout le monde aura remarqué que ceux qui pourraient éventuellement se saisir du dossier, le Ministre du travail ou les partenaires sociaux, ont soit évité de relayer ce qui ne le mérite pas, soit répondu de manière technique, et clos le débat. En effet, les 35 heures c’est soit une question de droit du travail, et on voit mal comment la loi seule remettrait en cause les milliers d’accords collectifs conclus sur le sujet dont elle ne peut modifier de manière unilatérale une partie des dispositions sans allumer un gigantesque incendie social, soit une question d’exonérations de charges, et cela fait belle lurette que les exonérations ne sont plus liées à la réduction du temps de travail mais au niveau des salaires. Bref, beaucoup de bruit pour rien. Le problème est que nous ne sommes que le 4 janvier et que si le débat électoral de 2012, dont vous n’aurez pas la faiblesse de penser qu’il n’a pas déjà commencé, se poursuit sur ces bases, il ne restera qu’à prendre conseil auprès de Fragonard, à tirer le verrou plutôt qu’à déverouiller, et ouvrir le rideau de la vie privée pour éviter le débat public. Bonne nuit !
00:05 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : 35 heures, coppé, sarkozy, longuet, valls, parti socialiste, droit du travail, fragonard, présidentielle, primaires
25/11/2010
Mythes et pratiques
Il n'aura pas fallu très longtemps pour que le mythe soit confronté aux pratiques qui le renvoient à sa condition de chimère. Et ce n'est pas une surprise. Qui peut, sans mauvaise foi, être surpris par la décision de Renault de proposer à des salariés un départ anticipé à 58 ans ? cela fait près de 40 ans que les départs anticipés tiennent lieu de politique de l'emploi et font l'objet d'un consensus total des employeurs, des organisations syndicales et de l'Etat. Initiée dans les charbonnages, cette politique s'épanouira dans la sidérurgie avant de gagner progressivement tous les secteurs d'activité, avec les encouragements de l'Etat qui financera longtemps avec le FNE les préretraites totales ou partielles. On se souvient d'IBM organisant des retraites à 52 ans à la fin des années 90, du Giat industrie plaçant la barre à 55 ans et plus récemment, alors qu'officiellement l'Etat ne soutenait plus les préretraites, de Nicolas Sarkozy Ministre de l'Economie et des Finances intervenir en 2004 en tant que médiateur auprès du Groupe Nestlé pour valider le plan de préretraites à 55 ans de l'établissement de Vergèze (source Perrier). Derrière le mythe du travailler plus, se profile l'ombre séductrice du départ anticipé : qui résisterait à une cessation d'activité avec maintien de 80 % du salaire en moyenne ?
Toyen - Le mythe de la lumière
Ces pratiques généralisées ont ancrées deux idées durablement : la première est que 60 ans est un horizon maximum, à rebours de tous les discours, et la seconde qu'il est normal de se séparer des quinqas. Même lorsque les financements de l'Etat seront supprimées, les pratiques ne changeront guère. Les grandes entreprises s'autofinancent et les petites bricolent à coup de rupture négociée, faux licenciement, inaptitude négociée avec le médecin du travail...tout ceci aboutissant à une préretraite financée en partie par l'UNEDIC, qui n'est pas dupe mais prend en charge dans un large consensus des partenaires sociaux.
Le mythe en l'occurence est de penser que l'on peut changer quarante ans de pratiques par la loi. C'est évidemment impossible et c'est cela qui exigeait pour la loi sur les retraites une concertation longue et impliquant tous les acteurs. A recourir à la marche forcée et à la contrainte, on n'obtient des résultats formels et du contournement, comme on peut le voir en matière d'emploi des seniors. Après Vilvorde et le fameux "l'Etat ne peut pas tout" de Jospin, voici les préretraites et la surprise de l'Etat et du MEDEF. Surprise, vraiment ?
07:05 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : preretraites, renault, sarkozy, jospin, medef, unedic, emploi, retraite
24/11/2010
Oui, mais elle est toulousaine
France Moulin est cette avocate qui a été condamnée dans le cadre de l'application de la loi Perben qui interdit la révélation d'information à des personnes susceptibles d'être mises en examen. Objet de polémiques, cette loi a été modifiée depuis. Mais le combat de l'avocate s'est porté sur un autre terrain, celui de la garantie des droits fondamentaux. Contestant le rôle joué par le Procureur de la République dans cette affaire, elle vient de faire juger par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) de Strasbourg que le Procureur, du fait de son lien hiérarchique avec l'exécutif, n'était pas une autorité judiciaire. La décision embarasse le Gouvernement, qui doit aujourd'hui soit retirer de multiples compétences aux Procureurs, soit couper le cordon ombilical entre le pouvoir et la justice. Et oui, les toulousaines aiment l'indépendance.
Miss Van
La déclaration des droits de l'homme proclame en son article 16 que qui n'a pas de séparation des pouvoirs n'a pas de constitution. Pour Montesquieu, accueillons ici l'appui bordelais à la lutte permanente contre le pouvoir central, la séparation des pouvoirs était le gage de la liberté : sans séparation des pouvoirs, point de liberté.
La France connaît depuis l'élection du Président de la République au suffrage universel, et plus encore depuis le quinquennat qui met la majorité parlementaire dans la main du Président, une séparation relative des pouvoirs entre l'exécutif et le législatif. Et les nominations judiciaires par le Président de la République maintiennent le lien entre l'exécutif et le judiciaire. Du reste, l'on sait que les parlementaires sont des godillots et les juges des petits pois (sont l'expression de l'actuel Président). Il serait nécessaire de s'en émouvoir, notamment en dénonçant le paradoxe de ceux qui brocardent l'assistanat tout en nous demandant de nous en remettre à un seul. S'il ne veut pas d'assistanat, que le pouvoir se replie et que la liberté se diffuse. A croire que la liberté et la démocratie sont acquises, on finit par s'endormir, heureusement qu'il y a des toulousaines pour nous réveiller !
Miss Van
Pour qui souhaite plus de détails, l'analyse de l'arrêt de la CEDH par le CREDOF
11:22 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france moulin, cedh, séparation des pouvoirs, miss van, graffiti, toulouse, sarkozy, justice, pouvoir
18/11/2010
Les gitanes et l'alternance
Lorsque Goya peint la Maja nue, à la fin du XVIIIème siècle, il honore une commande. Il ne peint ni une allégorie, ni une image mythique et certainement pas LA femme. Il peint une femme, corporellement présente, dont la brosse rend tous les détails de la peau en lui ajoutant, puisque telle est la vocation de la peinture, de la lumière. La gitane est bien réelle et pourtant elle ne pèse guère sur le canapé qui la reçoit : elle est un rai lumineux incarné.
Goya - La Maja nue - 1800
Lorsque Goya, toujours à l'initiative du même commanditaire, peint la Maja vêtue, il n'habille pas la Maja nue, il peint autrement sa nudité, qui n'est pas moins provocatrice pour ne plus l'être si directement. Les deux toiles étaient commandées pour aller ensemble. La Maja vêtue cachait la Maja nue avant que de s'exposer à ses côtés. On peut préférer l'une ou l'autre, il n'y a nulle hiérarchie entre elles, chaque tableau mettant en valeur l'autre et les deux s'en trouvant rehaussés.
Goya - La Maja vêtue - 1802
Le Président de la République et le nouveau Ministre du Travail souhaitent développer la formation par alternance. On ne peut que se féliciter de l'initiative. L'alternance offre des situations pédagogiques diversifiées qui permettent de mieux assurer le développement de compétences. Le passage du milieu éducatif au milieu du travail ouvre de plus larges espaces d'apprentissage qu'un milieu endogène. Encore faut-il ne pas établir de hiérarchie. On s'inquiète un peu lorsque Xavier Bertrand déclare que l'alternance permet de mieux apprendre un métier ou qu'elle est le moyen prioritaire de lutte contre le chômage. Elle est avant tout un dialogue entre l'apprentissage en milieu éducatif et l'apprentissage au travail. Sans rapport de hiérarchie entre les deux. Il serait temps de mettre fin à la duplicité de certains qui ne voient pour les uns que temps perdu à se couper des réalités dans les enseignements scolaires et pour les autres que vil travail normé et abrutisssant dans l'entreprise. L'alternance, c'est le moyen de permettre à deux mondes qui vivent dans le confort de leur ignorance réciproque de dialoguer , à l'instar des Maja de Goya, pour le plus grand profit de ceux à qui elle est destinée.
00:05 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alternance, formation en alternance, apprentissage, pédagogie, sarkozy, xavier bertrand, emploi, chômage, jeunes, goya, peinture
10/11/2010
Assurés, pas assistés
Lundi, je concluais la chronique en écrivant qu’en matière de recul du collectif on n’avait pas tout vu. Il n’aura pas fallu longtemps. Reprenant une proposition de David Cameron qui souhaite que les chômeurs effectuent un travail d’intérêt général en contrepartie de leur indemnisation, plusieurs voix s’élèvent pour que la même mesure s’applique en France. Le Figaro en fait un article et trouve trace de cette proposition dans le programme de Nicolas Sarkozy. Qu’attend-on alors pour demander une contrepartie à ceux qui reçoivent des revenus du système social ? l’oisiveté n’est-elle pas mère de tous les vices ?
La dérive qui pointe sous cette question vient de loin. Mais commençons par le début. Le régime d’assurance chômage n’est pas un régime d’assistance chômage. Tout demandeur d’emploi doit son indemnisation aux cotisations qui ont été versées à l’occasion de son travail. Il s’agit donc d’un droit et non d’une aumône. Certes lorsque le salarié bascule en allocation de solidarité en fin de droit celle-ci est payée par l’impôt. La belle affaire : pour être y prétendre, il faut avoir travaillé 5 ans dans les dix dernières années. Et à cette occasion avoir payé des impôts qui ont financé, notamment, l’allocation de solidarité de demandeurs d’emploi. Chacun son tour en quelque sorte, c’est ce que l’on appelle la solidarité. Et, faut-il le rappeler, les indemnités d’assurance chômage sont assujetties à impôt. En somme, demander un travail en contrepartie de l’assurance chômage, c’est comme demander de travailler pendant les congés payés.
La véritable perversion du raisonnement est de faire un lien direct entre les risques couverts par les régimes sociaux au sens large, et la contribution de chacun. Sur ce principe, il faudrait refuser l’accès aux services publics à ceux qui ne paient pas d’impôt. Et ceux qui paient des impôts sans jamais aller à l’hôpital ou scolariser des enfants à l’Education nationale pourraient demander remboursement d’une partie de leur imposition au nom d’un nouveau bouclier fiscal qui voudrait que chacun ne finance que ce dont il profite et que chacun ne profite que de ce qu’il finance. Allons encore plus loin, la même dérive est à l’œuvre lorsque l’on veut facturer au promeneur égaré le coût de l’hélicoptère qui le récupère en montagne. A quand la facture des pompiers sollicités en cas d’incendie parce qu’on a imprudemment mal réparé l’électricité ? Autant dire qu’à ce stade, il n’y aurait plus guère de société.
Mais ne perdons pas espoir, Benoist Apparu s’est prononcé contre l’application du travail d’intérêt général. Sursaut moral ? conscience civique ? pas du tout, simplement « organiser trente heures de travail mensuelles pour deux ou trois millions de chômeurs c’est trop compliqué ». Sur ce coup là, perdu !
00:05 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : apparu, sarkozy, figaro, assurance chômage, assistance, travail, chômeurs, politique, régimes sociaux, assurance
01/11/2010
La main dans le sac
La réforme des retraites est donc votée et entrera progressivement en oeuvre. Conseiller social du Président Sarkozy, Raymond Soubie fut un des artisans de cette réforme qu'il tenta, sans grand succès, de vendre aux partenaires sociaux. Le vote intervenu, Raymond Soubie annonce qu'il cesse ses fonctions de conseiller et déclare sur Europe 1 qu'il va redevenir ce qu'il a toujours été : un entrepreneur. Il oublie de souligner qu'il a donné un dernier conseil au Président avant de se retirer : celui de le nommer au Conseil Economique et Social en tant que personnalité qualifiée. Il serait démagogique de souligner que les 3 700 euros d'indemnités viendront utilement compléter le niveau de la retraite de celui qui trouve juste et équitable que ceux qui sont entrés les premiers sur le marché du travail cotisent plus longtemps sans pour autant avoir de droits supplémentaires. Et surtout ce serait faire injure à un entrepreneur aux affaires prospères de considérer qu'il a besoin de cette source de revenu complémentaire.
Alain Garrigue - La main dans le sac - 1998
En l'occurence, ce qui peut choquer et exaspérer en cette affaire, ce n'est évidemment pas le niveau de revenus de Mr Soubie. C'est la désinvolture persistante de nos dirigeants à ne voir jamais en aucun lieu et en aucune manière de conflits d'intérêts dans les cumuls organisés d'avantages considérés comme des dus. Cette candeur dans l'absence de morale est tellement inscrite dans la culture même de la classe dirigeante qu'elle est étonnée que la question lui soit posée. On ne saurait mieux justifier que chacun n'agisse qu'en fonction de ses intérêts propres, sans souci d'exemplarité ni de cohérence. Le souci de l'intérêt général résiste peu à l'épreuve des faits. La main est dans le sac, et elle compte bien y rester.
01:38 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : soubie, conseil economique et social, sarkozy, politique, retraite, garrigue, peinture, europe 1
07/09/2010
Force tranquille
Basquiat encore. Dans le cadre de l'exposition à Bale est présenté un film où l'on voit Basquiat peindre. Surprise : les gestes ne sont pas frénétiques, le bras est sûr, la main n'hésite pas, elle prend son temps. Les mouvements les plus rapides sont exécutés lentement, dans une apparente décontraction, avec la facilité de celui qui n'a pas besoin du plan de ville pour trouver son chemin. Comme Picasso, Basquiat ne cherche pas, il trouve, à son rythme. Tout ceci avait lieu au début des années 80 à New-York. On ne peut s'empêcher de penser qu'au même moment la force tranquille en France était incarnée par Mitterrand dans un paysage de terroir, de clocher, de province, de notable et d'enracinement un peu étriqué. Mais cela avait rassuré, c'était fait pour. Près de trente ans plus tard, avec Sarkozy, rien n'a changé : la seule forme de modernité dans la référence est que le paysage ressemble à un fonds d'écran windows. C'est peu.
Pourtant, la véritable force tranquille, elle n'est pas dans ces paysages datés et passéistes. Elle s'incarne dans un mouvement multiculturel, polyphonique et polyglotte. Elle s'incarne dans New-York. Comme disait Michel Serres, contrairement à ce qu'ils pensent, nos gouvernants ont toujours un temps de retard sur le peuple.
00:05 Publié dans DES IDEES COMME CA, TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : basquiat, new-york, sarkozy, mitterrand, force tranquille, michel serres, peinture, art
31/08/2010
Prendre de la hauteur
Julio Tomas Leal de Camara est un caricaturiste né au 19ème siècle, qui vécut longtemps en France et dessina, notamment, dans l'Assiette au Beurre. Il est mort en 1948 à Lisbonne mais avait pris le temps de dessiner les dirigeants des pays qui venaient de traverser la guerre. On pouvait découvrir ses dessins au Musée d'art moderne de Sintra. Avec une surprise : les caricatures de Churchill, l'homme au cigare, de Staline, l'ogre rouge menaçant ou de Roosevelt, le Yankee optimiste et heureux, pouvaient paraître de facture assez conventionnelle.
Mais la caricature du Général De Gaulle présentait une dimension un peu différente. Certes l'uniforme, la rigidité de l'homme et la très française Tour Eiffel étaient attendus. Mais la surprise venait du haut du tableau : De Gaulle a la tête dans les étoiles. Le regard à hauteur de planète il est à la mesure de l'univers ou perdu dans ses rêves, et peut être bien les deux à la fois. L'inscription des trois autres dans une réalité matérielle immédiate n'en est que plus évidente. Et l'on mesure une fois de plus que tout dirigeant ne l'est véritablement que s'il est porteur d'une part de rêve et s'il sait, après tout c'est sa fonction, prendre de la hauteur.
Petite observation complémentaire : la phallique Tour Eiffel qui accompagne le Général est un symbole amusant pour celui qui fut sans doute le dernier Président de la République à ne pas courir le jupon Pour mémoire : Pompidou et les ballets roses, Giscard et les jambes d'Alice, Mitterrand avec sa femme et ses maitresses à son enterrement et Chirac ou les multiples désespoirs de Bernadette. J'ai oublié quelqu'un ? non je ne crois pas. Sarkozy il n'est pas président il est DRH de la France.
09:08 Publié dans TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sarkozy, de gaulle, chirac, mitterrand, churchill, roosevelt, staline, politique, caricature, dessin, leal de camara, tour eiffel
03/08/2010
Politique (2)
Le suivi de l'actualité s'était arrêté au feuilleton de l'été Bettencourt-Woerth et consorts. Cette pause était à la fois celle des vacances, mais aussi celle de l'agacement devant les, selon l'expression désormais consacrée, "éléments de langage" répétés à satiété par tous les membres du Gouvernement dans tous les supports de presse. Et parmi ces éléments de langage (André Breton aurait dit : "Mais vous vous rendez compte comment ces gens là parlent !"), l'accusation de populisme pour qui critique un député cumulard absent de ses fonctions, un ministre parcourant le monde pour financer sa réélection ou un trésorier distribuant prébendes sans rapport avec les avantages directs et indirects qu'il reçoit en retour. Bref, il était temps d'aller voir dehors si l'air était moins nauséabond. Et il l'était. Par contre, à l'intérieur, il ne s'est guère purifié pendant la pause. Sans surprise aucune, l'on découvre en reprenant le fil de l'actualité que l'on tente péniblement de glisser du roman Bettencourt-Woerth à celui des roms, des gitans, des délinquants, des étrangers et que tout ce petit monde vit dans le même sac. Sac dans lequel, c'est un comble, il y aurait de l'argent, ce qui est tout de même beaucoup plus choquant que d'en trouver dans celui de nos ministres et affairistes.
00:07 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sarkozy, woerth, bettencourt, manouchian, étrangers, politique, société, défiance, roms, gitans
05/07/2010
De l'art de la démission
Le communiqué est sobre, lapidaire : "Les secrétaires d'Etat Alain Joyandet et Christian Blanc ont présenté leur démission du Gouvernement. Le Président de la République et le Premier Ministre ont accepté ces démissions." Il suscite toutefois une double surprise. Non pas celle du départ des secrétaires d'Etat qui, comme d'autres, ont cédé aux facilités du pouvoir. La surprise tient dans les termes du communiqué. Pour tout juriste, ou tout simplement pour qui est soucieux du sens des mots, une démission est un acte unilatéral. Elle ne se présente pas, elle se donne. Et par conséquent, elle n'a pas plus à être accepté que refusée. On en prend acte. Nul ne peut empêcher celui qui veut véritablement démissionner de le faire. Comme le disait Jacques Rigaut, poète dadaiste suicidé en 1929 : "Essayez, si vous le pouvez, d'arrêter un homme qui voyage avec son suicide à la boutonnière". Ainsi, la liberté de démissionner n'est et ne peut être limitée par l'acceptation de l'autre partie car elle deviendrait contractuelle et ne serait plus une démission.
00:05 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : joyandet, blanc, sarkozy, fillon, rigaut, démission, droit du travail, acte unilatéral, man ray, suicide
14/04/2010
Halte au bluff ! (Bis)
Dans ce monde de la complexité, il arrive que la simplicité ne soit pas crédible. Assumant le simplisme du béotien que je suis en matière économique, je procède à quelques calculs après avoir pris connaissance des opportunes alertes du Comité d'Orientation sur les Retraites (COR) qui nous alarme d'un déficit probable de plus de 100 milliards d'euros par an du régime des retraites à l'horizon de 2050. Sur 40 ans, le besoin moyen de financement est de 50 milliards par an, soit 2 000 milliards au total. Le chiffre est considérable, et on s'étonne juste qu'il ne nous ait pas été donné en francs ou centimes de francs pour paraître plus effrayant encore.
Peu familier des grands chiffres, j'ai cherché des points de comparaison : le PIB de la France est de 2 635 milliards d'euros en 2009. Avec revalorisation, il pourrait passer à 5 000 milliards en 2050. Soit une moyenne de 3 500 milliards pendant 40 ans et un total de 140 000 milliards d'euros. Le besoin de financement représenterait donc 1,5 % de la richesse produite sur 40 ans. Il suffirait donc de passer la TVA à 21 % ?
10:17 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : retraites, réforme, sarkozy, déficit, cor, financement
12/01/2010
Les pieds dans le Tapie
Plusieurs lecteurs de ce blog m'ont signalé que la chronique intitulée "ordre et des ordres" était tronquée et peu lisible. Dans cette chronique il était question de Pierre Tapie et de ses considérables propos sur la sélection à l'entrée des grandes écoles. La chronique est reproduite ci-dessous. Pourquoi revenir sur Pierre Tapie ? parce qu'à l'occasion du discours prononcé par Nicolas Sarkozy a Supelec, il a bravement déclaré : "Je partage tout ce qu'à dit le Président de la République, tout son discours". S'il ne l'a déjà, cet homme mérite la Légion d'Honneur. Et enfonçant le clou de la rébellion, le même poursuit : "Il n'y a aucun tabou sur les concours, mais pour entrer dans une école de grammaire, il faut être bon en grammaire". En l'occurence, plutôt en Maths s'agissant des grandes écoles françaises. Cette remarque, qui pourrait fleurer le bon sens, est pourtant terrible. Elle symbolise le confort des grandes écoles qui par la sélection se protègent et s'évitent d'innover pour faire progresser ceux qui ont le plus besoin de l'école, elle justifie que la sélection par les maths soit le mode de production des hauts dirigeants qui n'auront jamais que du management à accomplir et elle acte que les grandes écoles entérinent une hiérarchie déjà établie et qu'elle ne se donne aucunement les moyens de bousculer. Comme les Ambassadeurs d'Holbein, Pierre Tapie engoncé dans la vérité de son statut ne voit pas qu'il appartient à un monde ancien dont la disparition s'affiche pourtant sous ses yeux.
Il y a quelques années, lors d'un colloque organisé à Toulouse et consacré à l'insertion professionnelle, un prestigieux intervenant, directeur de la prestigieuse école d'ingénieurs de Purpan, avait doctement énoncé qu'il était vain que des africains viennent faire des études longues et des thèses en France alors que leur pays manquait de techniciens. Et à ceux qui étaient ébahis de tels propos, il avança cet argument scientifique : il avait lui-même pris, en Afrique, un taxi conduit par un thésard qui n'avait pas trouvé d'autre emploi. Quelques années plus tard, le prestigieux personnage occupe un poste encore plus prestigieux puisqu'il est président de la Conférence des Grandes Ecoles (CGE) et qu'il se bat mordicus pour maintenir les concours, ne pas galvauder le niveau en accueillant plus de boursiers et, filant la métaphore et démontrant sa vision fine de la société française il déclare : "Imaginerait-on un quota de CSP++ dans l'équipe de France de foot ? Ou un quota de boursiers dans l'équipe équestre de sauts d'obstacle ?". Voilà quelqu'un qui a manifestement intégré la notion de classe sociale. Pierre Tapie, puisque c'est de lui qu'il s'agit, aurait sans doute apprécié l'exposition qui se tient à la Pinacothèque de Paris consacré à l'âge d'or de la peinture hollandaise.
Ce n'est pas tant les peintures qui portent à croire que Pierre Tapie trouverait son plaisir chez les peintres hollandais, mais les textes empesés et pompeux qui accompagnent l'exposition et veulent voir dans toute trace de lumière présente sur la toile une manifestation divine, et non de la lumière, tout en proclamant de manière absurde que Rembrandt est le plus grand peintre de l'histoire. Ce goût de la hiérarchie plaira à Pierre Tapie et à ses correligionaires, et il me revient en mémoire cette DRH d'HEC expliquant que dans une grande école la VAE n'avait aucun sens. Et c'est chez ces humanistes proclamés que sont formées les élites de demain. Pour terminer, on peut estimer que Pierre Tapie n'aimerait pas la peinture de Clovis Trouille et le mélange des genres, raison suffisante pour vous offrir cette illustration. Une dernière chose : ne dites pas à Pierre Tapie qu'Albert Camus aimait le football, ni que Villepreux est un intellectuel, cela ferait désordre pour quelqu'un qui préfère les ordres.
00:05 Publié dans PEDAGOGIES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre tapie, holbein, clovis trouille, concours, cge, sarkozy, sélection, quotas, grandes écoles
27/04/2009
L'administration des jeunes
Le plan pour l'emploi des jeunes annoncé vendredi 24 avril par le chef de l'Etat est de facture classique : des exonérations de charge et des primes à l'embauche pour les entreprises, des contrats associant emploi et formation pour les jeunes. Soit en gros ce que l'on fait depuis le début des années 80 et la création des contrats de qualification et d'adaptation. Les gouvernements passent, les mêmes idées restent et surtout les mêmes a priori, au nombre de trois au moins.
Le premier est dans la segmentation bureaucratique des individus pour les gérer : l'administration connait les jeunes, de 16 à 25 ans, puis les seniors de 45 à 60 ans (ou 70 ans on ne sait plus très bien), entre les deux se trouvent les adultes, finalement peu nombreux. L'administration n’a de cesse de segmenter. Dès lors que le droit se fragmente, on perd le droit commun, et chacun est renvoyé à sa situation ou catégorie. La meilleure loi est celle qui peut concerner tout le monde. On rappellera juste que dans le code du travail l'âge est un critère discriminatoire.
Le deuxième a priori se déduit du premier. En France le jeune n'est pas vraiment adulte : bien que majeur depuis ses 18 ans, il se voit proposer des contrats rémunérés en dessous du SMIC, n'a pas le droit au RMI ni au RSA. Des jeunes à droits réduits sommés de considérer qu'ils doivent payer le prix de leur intégration, comme si tel n'était pas le cas toutes les études montrant que le niveau de vie moyen des jeunes aujourd'hui est inférieur à celui de leurs parents et grands parents dont ils paient les retraites.
Le troisième a priori est que, finalement, la formation importe peu. Dans le plan gouvernemental, les contrats d'apprentissage et de professionnalisation sont clairement des contrats qui allègent le coût du travail. On décide ainsi d'augmenter le nombre d'apprentis par des incitations financières à l'embauche sans se poser la question des places d'apprentissage en CFA, des moyens de les financer, des filières de formation pertinentes, des processus d'orientation des jeunes en question. Bref, du quantitatif traditionnel qui, une fois de plus, cède aux démons du politique : les statistiques du chômage et les échéances électorales.
08:25 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sarkozy, emploi des jeunes, apprentissage, exonérations, aides à l'emploi
20/03/2009
Bulle papale et démocratie
Dans une théocratie, la bulle papale, relai direct de sa parole et de la parole divine, tient lieu de loi. De la puissance politique à l'acte juridique, il n'y a donc qu'un pas, ou plutôt qu'une main couchant par écrit la pensée souveraine d'un seul. Dans une démocratie, l'élaboration de la règle relève d'un processus plus complexe qui caractérise l'Etat de droit. Lorsque celui-ci s'appuie à la fois sur une démocratie sociale, qui organise une régulation sociale par des acteurs privés, et une démocratie politique, qui organise une réglementation produite par des acteurs publics, il peut en résulter des délais de mise en oeuvre et des compromis sur le fond, parce que l'élaboration de la règle est collective, dont d'aucuns pourraient penser qu'ils sont gage de lenteur et d'inefficacité et donc source de tous les conservatismes.
00:05 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : réforme, formation, ani, projet de loi, sarkozy, wauquiez, anciaux, démocratie
26/12/2008
Patience
Le Président de la République avait sommé les partenaires sociaux d'aboutir à un accord sur la formation professionnelle avant la fin de l'année. La volonté sarkozyenne devait prévaloir et les députés UMP n'ont pas manqué de le rappeler le jour même de la négociation du 22 décembre dernier. C'est oublier que le temps du politique n'est pas celui du dialogue social. Parvenir à un accord suppose de prendre le temps de réfléchir, de proposer, de discuter et de trouver une solution qui n'est jamais exactement celle prévue au départ. Ce rythme de la négociation n'est pas celui du politique qui agit dans l'unilatéralité, tranche et décide. Un ingrédient de la négociation fait souvent défaut au politique : la patience.
00:12 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : réforme, formation, négociation, ump, sarkozy, politique
09/07/2008
L'introuvable Europe sociale
Au mois de juin, le Conseil européen adopte un texte qui permet de déroger à la durée maximale de 48 h de travail hebdomadaires pour aller jusqu'à 60 h voire 65 h en cas de temps de garde.
Lors de la présentation des priorités de la présidence française de l'Union Européenne, Nicolas Sarkozy a retenu la sécurité, les migrations, l'énergie-climat et l'agriculture. De social point. Le sujet est national paraît-il. Pourtant, Xavier Bertrand avait annoncé les 19 et 25 juin que 2008 verrait la relance de l'Europe sociale.
Enfin, lors de la présentation de l'agenda social européen pour la période 2010-2012, le Commissaire européen à l'emploi, Vladimir Spidlà a cité la lutte contre la discrimination, l'adoption d'une directive sur les comités d'entreprise et les droits à protection sociale des transfrontaliers. Pas de quoi enthousiasmer les foules.
00:29 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, agenda, présidence française, sarkozy, bertrand, durée du travail