31/05/2012
Le temps des enfants
Tous les enfants, ou presque, s'ennuient en classe. Mais cet ennui n'est guère pris en compte lorsqu'il s'agit de s'attaquer aux fameux rythmes scolaires. En reposant, dès sa nomination, la question de la semaine de 5 jours, Vincent Peillon a réouvert un débat récurrent. En ce domaine, une exigence devrait primer : adopter la solution la plus adaptée sur le plan pédagogique. Or, comme le rappelle Antoine Prost, la capacité d'apprentissage des enfants sur une journée est de 5 heures. Le temps utile maximal est donc de 25 heures par semaine, soit 5 x 5 heures. Mais dans le débat sur la semaine de 4 ou 5 jours, il est surtout question du temps...des parents. Temps de week-end, temps de congés, horaires de travail, temps de garde, entre autres, sont passés au crible. Et l'on prend en compte également l'impact éventuel d'une future réforme sur l'activité du secteur du tourisme, sur les coûts de transport, etc. Bref, il y a bien longtemps que la question clé qui est de nature pédagogique s'est effacée derrière les préoccupations des ministres, des profs, des parents, des collectivités locales, etc. Et pendant ce temps, le chahut continue.
Carl Hertel - Classe pendant une leçon de géographie - 1874
Proposons donc à la Ministre de l'Education populaire (puisqu'il y en a une qui a aussi en charge la Jeunesse et les Sports), de venir en aide à son collègue Ministre de l'Education nationale (il y a donc deux Educations au Gouvernement, vous avez bien lu). Elle pourrait lui proposer le marché suivant : avec les associations du sport, de l'animation et de la culture, elle s'occupe des jeunes après leurs 5 heures de cours. Et le Ministre met à disposition Enseignants et locaux pour l'Education populaire des adultes, ainsi instaurée partout en France gratuitement et près des bénéficiaires, au-delà des 5 heures assurées auprès des enfants. Soit au moins 5 heures par semaine par enseignant pour les adultes. Et à ce moment là, on pourra se poser la question de l'articulation du temps des enfants avec celui des adultes.
01:00 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, PEDAGOGIES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : education, éducation populaire, semaine de 5 jours, utopie, gouvernement, ministre, enseignement, pédagogie
29/05/2012
Actualité suspendue
Bien sur il y a le premier sommet social à Matignon, les plans sociaux qui sortent des cartons comme les loups du bois, la résistance du TGI de Créteil qui persiste à considérer que faire un plan social alors que l'on a pas de motif économique est une fraude à la loi et interdit à Leader Price de fermer des sites même si la Cour de cassation juge différemment, l'économie espagnole qui implose au point que la fière Catalogne pourrait tendre la sébille à Madrid et toutes les petites histoires du quotidien comme les lapsus que j'aime bien et cette responsable formation qui m'affirme qu'elle va "fermer les commerciaux", pardon elle va les former bien sur. Largement de quoi nourrir la chronique quotidienne. Mais non, sous le soleil revenu et dans les prémisses de l'été retrouvé, ce dont j'ai envie de vous parler c'est d'un peintre-ouvrier et d'un ouvrier-peintre. D'un artisan de l'art et d'un artiste de l'artisanat. J'ai envie de vous parler d'Esteban Martorell.
Esteban Martorell - La dame des quais
Soyons direct : il y a des rencontres qui vous marquent plus que d'autres. Parmi toutes les personnes avec lesquelles je travaille chaque année (720 personnes formées en 2011 si j'en crois mon bilan pédagogique et financier) il est des visages et des personnes qui ne marquent guère, d'autres qui s'estompent au fil du temps mais certains demeurent très présents. Soyons direct encore : je n'apprécie pas uniformément la peinture d'Esteban Martorell. Certaines oeuvres ne me touchent guère et d'autres le font davantage par ce qu'elles disent de leur auteur que par leur facture. Mais il y a les autres. Cette dame des quais par exemple, toile proustienne qui nous parle avec délicatesse du temps, du silence, de l'émotion, des barrières entre les êtres, de la solitude, du bonheur, du sud, de l'enfance et du passé tout en rendant l'immobilité d'une après-midi en Provence.
Esteban Martorell - La dame blanche la nuit
Ou cette Dame blanche, la nuit, toute droit venue des peintures naïves surréalistes qui vous revèlent les vrais poètes : ceux qui croient aux improbables survenances et sont capables de les susciter.
Esteban Martorell - La Canalette
Ou encore ces coquelicots, comme des bouches avides de baisers, dévoreuses de vie dans sa splendide cruauté.
Esteban Martorell - Souvenir d'enfance
Ou comme ces oranges de l'enfance qui sont celles du paradis. Et comme il n'est pas question de quitter ce paradis, l'actualité ce jour sera suspendue. Et pour prolonger le plaisir, vous pourrez retrouver les toiles d'Esteban Martorell cet été au Château de Marsillargues (Gard) du 12 juin au 13 juillet, puis vous les retrouverez du 9 août au 31 août au Palais des Congrès, aux Saintes-Maries de la Mer. Une bonne raison, s'il en fallait, pour faire un détour par la Camargue. En attendant, vous pouvez aller le saluer ici : Esteban Martorell.
00:24 Publié dans FRAGMENTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : esteban martorell, peinture, camargue, artiste, ouvrier, exposition, été, actualité
28/05/2012
Petite poucette
Michel Serres, à 80 ans passés, est-il retombé en enfance ? gageons plutôt qu'il n'en soit jamais totalement sorti et que cette survivance de l'enfant en lui l'a préservé de bien des aigreurs, ressentiments, rancoeurs et autres joyeusetés qui habitent celles et ceux qui pensent systématiquement que c'était mieux avant. Les déclinistes de tout poil, les oiseaux de mauvaise augure, ceux qui confondent leur lente disparition annoncée avec celle du monde dans lequel ils vivent, ceux qui n'ont de cesse de peindre à leur image décrépite leur environnement, tout ceux là n'aimeront pas le dernier livre de Michel Serres rédigé sous forme de lettre à Petite Poucette. Pourquoi ce nom ? pour la dextérité avec laquelle la jeune fille se sert de ses pouces sur son smartphone, mais également parce qu'il appartient à cette jeune génération d'inventer elle-même les moyens de trouver son chemin dans ce monde nouveau que la technologie bouleverse à chaque instant. Pas question de crier "Pouce" pour Petite Poucette qui devra faire son chemin.
César - Pouce
Bien sur, il y a le soleil, l'envie du dehors, tant de choses à faire, bien sur. Mais si vous prenez le temps, oh peu de temps car s'adressant à Petite Poucette le livre est synthétique. Non pas de crainte que Poucette ne zappe ou qu'elle soit incapable de lire comme l'annoncent régulièrement ceux qui ont encore besoin d'affirmer qu'eux savent lire en pointant du doigt ceux qui prennent d'autres chemins (messieurs les censeurs, bonsoir !), non juste parce que Petite Poucette est soumise à mille sollicitations, mille tentations, mille envies et bien plus de désirs. Alors oubliez les grincheux, investissez 9,50 euros pour vous procurer l'ouvrage de Michel Serres et volez une heure à votre emploi du temps : il ne vous reste plus qu'à lire en dégustant.
00:58 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : serres, littérature, jeunes, jeunesse, technologies, cesar, sculpture, livre, passé
25/05/2012
Tolérer c'est demander
On connait la boutade de Clémenceau : "La tolérance, la tolérance, il y a des maisons pour cela !". Et c'est une chambre, en l'occurence la chambre sociale de la Cour de cassation (Cass. soc., 13 mars 2012, n° 10-26.209), qui nous donne l'occasion de cette révision en rappelant, dans un énième conflit portant sur les heures supplémentaires, qu'il n'est pas nécessaire que l'employeur ait demandé la réalisation de ces heures. Il suffit qu'il ait pu constater qu'elles étaient réalisées et ne soit pas intervenu en vue de les interrompre, pour que l'on considère que cette tolérance traduit une demande implicite. Pas de tolérance dans l'entreprise donc : faute d'intervenir pour réguler les dépassements d'horaires d'un salarié, l'employeur sera tenu de payer des heures supplémentaires. Pas très tolérants avec l'employeur les juges !
Toulouse-Lautrec - Le salon de la rue des Moulins - 1894
Le principe selon lequel "la tolérance vaut demande" a déjà été utilisé par les tribunaux en matière de santé au travail : qui tolère qu'un salarié ne porte pas les équipements de protection individuelle pour travailler, par exemple, est considéré comme ayant demandé à ce que ces équipements ne soient pas portés. En d'autres termes, le juge estime qu'il est dans la nature de l'employeur de manager et que son abstinence est une coupable tolérance. Allez zou ! à la maison !
01:01 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maison close, clémenceau, durée du travail, heures supplémentaires, droit du travail, toulouse-lautrec
24/05/2012
Le prix de la faute
Le salarié n'a pas été très rigoureux : il a utilisé les outils informatiques du cabinet d'expertise comptable à son profit, ou plus exactement pour rendre service à un ami. Plus quelques autres manquements que l'employeur n'a guère appréciés. Résultat : licenciement pour faute lourde et prélèvement d'un dédit formation sur les sommes restant dues. Le salarié obtient de la Cour d'appel la requalification en faute grave, en l'absence de toute intention de nuire. La Cour de cassation en conclut dès lors qu'il n'est pas possible de faire payer le dédit-formation, la décision de licencier relevant de l'employeur et non du salarié. Alors que plusieurs Cours d'appel avaient des positions inverses, la Cour de cassation estime donc que la faute grave ne permet pas de réclamer le paiement d'un dédit-formation qui n'entre pas dans le prix à payer pour la faute.
Jean Béraud - Après la faute - 1890
Les clauses de dédit sont assujetties à quatre conditions : un accord écrit avant le début de la formation, une durée raisonnable au regard de la formation suivie, un engagement du salarié limité aux dépenses réelles de l'entreprise et un support de ces dépenses par l'employeur, ce qui suppose qu'il dépense plus en formation que son obligation légale et qu'il n'ait pas déjà été remboursé par son OPCA ou tout autre financeur. Il faut ajouter une cinquième condition, le fait que le salarié quitte volontairement l'entreprise, ce qui n'est pas le cas lorsqu'il commet une faute grave. Certains y verront un moyen facile d'échapper au paiement d'un dédit formation en ayant un comportement que l'employeur ne peut tolérer sans pouvoir pour autant rapporter la preuve que ce comportement est du à la volonté d'éviter le paiement en ne démissionant pas (la preuve d'une volonté en ce sens permettrait en effet de retenir la qualification de faute lourde - comportement ayant pour objet de nuire à l'employeur en vue d'échapper à une obligation - et de réclamer des dommages et intérêts). Ils n'auront pas tort mais ce sera le prix à payer par ceux qui estiment que l'utilisation de la contrainte juridique est un bon moyen de fidélisation des salariés.
00:41 Publié dans DROIT DE LA FORMATION, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : dédit, formation, faute, licenciement, salarié, employeur, droit du travail, faute lourde, ressources humaines
23/05/2012
Il n'y a pas de silence de la loi
Avec la décision inattendue, sauf peut être par ceux qui l'avaient demandé, du Conseil Constitutionnel d'abroger l'article du Code Pénal consacré au harcèlement sexuel, on a vu refleurir à foison les commentaires scandant qu'il y avait dorénavant un vide juridique, gouffre sans fond dans lequel seraient plongées les victimes de harcèlement. Répétons-le donc encore une fois : s'il y a une loi du silence, notamment en affaire de harcèlement, il n'y a jamais de silence de la loi. Autrement dit, toute situation ou tout comportement peut recevoir une qualification juridique. Si les vieillards chuchotent leur abject chantage à l'oreille de Suzanne dont ils convoitent le corps (puisqu'en ces matières mieux vaut éviter les périphrases et l'on suggèrera au législateur futur d'en terminer avec le terme "faveurs" s'il redéfinit le harcèlement) et s'ils assortissent leur parole d'une demande de silence à celle qu'ils veulent contraindre, constatons que la loi n'a jamais été silencieuse : elle a d'abord condamné Suzanne puis, une fois les faux témoignages d'adultère établis par l'intervention du prophète Daniel, reconnu son innocence. Mais jamais de vide il n'y eut et il n'y aura.
Artemisia Gentileschi - Suzanne et les vieillards
Notons tout d'abord que la décision du Conseil Constitutionnel ne concerne que le Code pénal et que les dispositions des articles L. 1153-1 et suivants du Code du travail demeurent applicables. Pas d'impact de fait pour les comportements au sein des entreprises privées. Par ailleurs, le droit pénal lui-même recèle d'autres qualifications à commencer par le harcèlement moral, dont les éléments seront parfois réunis, mais aussi l'aggression sexuelle ou la tentative, l'abus de faiblesse ou dans le secteur public l'abus de pouvoir. Bref, si le retrait du harcèlement sexuel du code pénal met en cause les actions intentées sur cette base, par contre il ne délivre pas, comme on a pu l'entendre ou le lire, un permis de harceler et ne créé pas un vide juridique comme le titrait hier encore Libération qui n'hésitait pas à reprendre à plusieurs reprises une formule manifestement destinée à marquer les esprits, au prix de l'approximation pour ne pas dire de l'erreur. La journaliste sera condamnée à se rendre avant le 14 juillet au Musée Maillol pour voir l'expositions Artemisia et réviser ainsi ses classiques.
12:37 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : harcèlement, harcèlement sexuel, artemisia, libération, libé, vide juridique, code pénal, travail
22/05/2012
Confluence
Elles ne proviennent pas des mêmes sources, mais sont nées dans les mêmes montagnes. Elles n'empruntent pas les mêmes cheminements, mais se retrouvent dans la vallée, lorsque les plissements du temps s'estompent et que la terre s'aplanit, elles bouillonnent chacune à leur manière, puis se mêlent indissolublement. Qui pourrait distinguer depuis les ponts de Toulouse les eaux qui viennent de la Garonne et celles qui viennent de l'Ariège ? Ce qui était distinct cesse de l'être. Sous le regard de Vieille-Toulouse, un peu au Sud de la ville, la confluence de la rivière et du fleuve offre une Garonne plus majestueuse. Car ainsi en va-t-il de notre manière d'appréhender la géographie : l'affluent perd son nom au profit du cours d'eau principal. En droit aussi, il est de principe que l'accessoire suit le principal. Ainsi semble disparaître ce qui s'absorbe en plus grand que lui, alors que disparaît surtout notre capacité à les distinguer.
Debbat-Ponsan - Allégorie de l'Ariège et de la Garonne
Le mouvement d'absorption de la politique de formation professionnelle par la politique de l'emploi a été amorcé en 1984 avec le tournant, déjà, de la rigueur. Après une structure interministérielle puis un Ministère à part entière de la formation professionnelle, était venu le temps de l'arrimage de la formation à l'emploi. Ce temps est toujours le notre comme le montre la 6ème livraison des Carnets de Campagne écrits pour l'AEF avec Jean-Marie Luttringer. Quant à savoir si ce rattachement traduit une disparition de l'accessoire dans le principal ou une fécondation de celui-ci par celui-là, la réponse devrait nous être rapidement apportée.
09:56 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gouvernement, formation, ministère, emploi, travail, garonne, ariège, toulouse
20/05/2012
Evolution
C'est la surprise, l'étonnement qui nous oblige à évoluer.
Edgar Morin
15:07 Publié dans PEDAGOGIES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, nu, pédagogie, éducation, formation, surprise, évolution
19/05/2012
Mille et une nuits
A la fin du mois de février 2008, année bissextile, je déposai les premières chroniques sur ce blog puis la première illustration, Judith. Plus de 4 ans plus tard, la chronique du jour est la 1001ème. Du jour ou plutôt de la nuit, car les chroniques sont le plus souvent rédigées dans le silence nocturne, lorsque tout est retombé, reposé, que le temps s'amuse à oublier les rythmes collectifs, que la lune déploie ses improbables influences et que peuvent apparaître les belles de nuit.
Ce blog raconte plusieurs histoires. L'actualité sociale, mais aussi l'actualité politique, économique, culturelle, des vies croisées plus ou moins régulièrement, et d'autres encore, qu'il faut aller chercher un peu au-delà des apparences, tant ce que nous vivons est une pierre à facettes. Mais les mille et une nuits ne procèdent-elles pas à la mise en miroir des personnages inventés par Schéhérazade ?
Hegel disait que la lecture du journal est la prière du matin. L'écriture du blog me tient lieu de prière du soir. Et à ceux qui me demandent parfois comment je trouve le temps d'écrire, cette réponse d'Alexandre Vialatte : "Le temps perdu se rattrape toujours. Mais peut-on rattraper celui qu'on a pas perdu ?".
René Magritte - La belle de nuit - 1932
23:44 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (0)
18/05/2012
En avoir ou pas
L'expérience a cette particularité de renvoyer à deux réalités opposées : faire une expérience, expérimenter, c'est tenter quelque chose de nouveau, faire ce que l'on a jamais fait, ou en tous les cas pas de cette manière. C'est innover. Avoir de l'expérience au contraire, être expérimenté, c'est avoir déjà fait et, en principe, être capable de refaire, de reproduire. L'expérience renvoie donc autant à la nouveauté qu'à la reproduction.
Le débat sur l'inexpérience du nouveau Président de la République est venu très tôt. Il ressurgit pour les ministres : 29 sur 34 n'ont jamais été ministre, pas plus que le premier d'entre eux. Voici donc majoritairement à la tête de l'Etat des gens sans expérience qui vont en faire une sacrée.
Cathy Wilkes - More women never experience - 2004
L'expérience est-elle donc nécessaire pour être compétent ? tout dépend de quoi l'on parle. Car la compétence se construisant dans l'action, il n'y a à proprement parler jamais de compétence sans expérience. La question est donc plutôt : quelles sont les expériences qui sont nécessaires à la compétence ? sans doute pas des expériences de stricte répétition qui, selon Confucius, sont des lanternes que l'on porte sur son dos et qui n'éclairent que le chemin parcouru. Mais toute expérience dont on a su tirer parti. Car plus que le cumul d'expériences, qui ne s'additionnent pas mécaniquement, la question de la compétence est celle de la capacité de chacun à diversifier ses expériences et à en faire des occasions d'apprendre. Et nul ne sait aujourd'hui ce que les nouveaux gouvernants ont appris au cours de leurs diverses expériences. Quant à leur compétence, elle ne s'appréciera par principe que dans l'action.
01:28 Publié dans PEDAGOGIES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gouvernement, politique, expérience, compétence, éducation, formation, apprentissage, pédagogie
17/05/2012
Noël ?
Il est rituel lors de l'annonce des nouveaux gouvernements que chacun surveille si ses intérêts catégoriels sont bien représentés. Ne pas avoir de Ministère est souvent considéré comme un mauvais signe. En effet, disposer d'un Ministre à part entière est à la fois marque d'une reconnaissance et espérance d'une volonté du Ministre de "faire quelque chose". Dans le premier gouvernement de J-M Ayrault, il n'y a pas de Ministre de la Formation Professionnelle. Mauvais signe ? pas forcément. La formation professionnelle devrait trouver place, sous l'autorité de Michel Sapin, au sein du Ministère du Travail, de l'Emploi et du Dialogue Social.
Fierro-Weirich - Sapin de Noël et ornements - 2008
Ce positionnement nous délivre trois indications. L'absence d'un Ministère, et même si l'administration de la formation est incluse dans celle du travail, traduit le caractère interministériel par nature d'un domaine qui relève pour partie de l'Education, mais également de la décentralisation et surtout donc du travail. En second lieu, l'absence de Ministre délégué auprès du Ministre du Travail semble traduire un assujettissement assez étroit de la politique de formation à celle de l'emploi, comme cela était le cas au début des années 90.Pas absurde si l'on considère que la formation n'est pas une fin en soi mais un moyen au service d'objectifs qui lui sont extérieurs.
La troisième indication tient à l'intitulé du Ministère du Travail qui est aussi celui du Dialogue Social. La formation professionnelle a souffert, ces dernières années, d'un conflit permanent de légitimité et de position entre l'Etat et les partenaires sociaux. La volonté ici affichée est de laisser une plus large place à la négociation. Cela constituerait une bonne nouvelle mais parions que les partenaires sociaux, avant de crier à Noël en mai, demanderont à voir ce que l'on a disposé pour eux au pied du sapin.
07:48 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ministre, formation, gouvernement, sapin, noël, politique, emploi, éducation
16/05/2012
Faire son miel
...de tout. Faire son miel de tout, c'est considérer qu'il y a toujours assez de légumes pour faire une soupe, suffisamment de bouts de ficelles pour tresser une corde, une rue à découvrir à chaque carrefour, une vie entière derrière chaque visage, une phrase importante dans chaque livre ouvert au hasard, un soleil caché derrière chaque nuage, c'est croire à sa chance et être convaincu que tout est à découvrir toujours. Faire son miel de tout, c'est du récup'art, du détournement, un joyeux mélange, pas mal de désordre et des découvertes à profusion. Faire son miel de tout c'est se faire la malle du vieux grenier.
Vick Muniz - Autoportrait
Vick Muniz est un brésilien qui fait son miel de tout : papiers collés, confiture, chocolat, jouets d'enfants, pigments, tous les matériaux, tous les objets, toutes les feuilles des arbres sont autant de pinceaux pour composer des portraits, des paysages, des scènes urbaines. Cet autoportrait aux jouets d'enfants est un pied de nez à l'adulte, ce que tous les enfants comprendront. On peut voir ses oeuvres en Avignon.
Dominique Rolin faisait son miel de tout. Parfois le miel se dérobait mais elle savait qu'il reviendrait. Il est toujours revenu, jusqu'à hier où c'est elle qui s'en est allé.
01:45 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : miel, littérature, rolin, art, muniz, peinture, avignon
15/05/2012
Déraisonnable (2)
Décidément, le Crédit Agricole n'a guère de chance avec sa convention collective et les périodes d'essai. Trois ans après avoir été condamné pour une période d'essai excessive d'une durée d'un an (voir ici), la banque des champs subit une fois encore les foudres du juge qui, cette fois-ci, juge excessive une période d'essai de 6 mois. Il faut dire que l'emploi n'était pas le même, en l'occurence dans l'affaire il s'agissait d'une assistante commerciale. L'entreprise avait procédé à une première évaluation, peu satisfaisante, de la salariée après 3 mois. Mais avait décidé d'aller au bout de la période d'essai fixée à 6 mois en application de la convention collective. Louable mais injustifié pour le juge : la période d'essai ne peut servir qu'à apprécier les capacités du salarié et sa durée doit être totalement calibrée à cette exigence. Dès lors, six mois d'essai peuvent être considérés comme déraisonnables sur la base de l'emploi occupé.
Ange Leccia - La déraison du Louvre
L'occasion également pour le juge de rappeler une fois de plus qu'il n'est pas tenu par les termes d'une convention collective et que les partenaires sociaux peuvent, dans leur grande sagesse, manquer de vigilance. Pour la Cour de cassation, il paraît évident que fixer la durée de l'essai en fonction de la catégorie professionnelle n'a guère de sens : c'est la réalité de la situation qui compte et la difficulté de réaliser l'activité confiée.
On pourrait se dire que cette décision va inciter les employeurs à se séparer encore plus vite de leurs salariés, sans prendre le risque d'un contentieux a postériori, à moins qu'au contraire elle n'incite à ramener les périodes d'essai à ce qu'elles sont, à savoir une mise en situation de travail qui permet d'apprécier la compétence du salarié.Pour le reste, il faut raison garder.
01:30 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : période d'essai, droit du travail, travail, emploi, droit, ressources humaines
14/05/2012
Innocence de l'autruche
La remarque est assez fréquente à la fin des formations et séminaires. Elle emprunte souvent la forme ironique dans sa formulation pour mieux dissimuler le sérieux embarras. Elle revient schématiquement à ceci : "Maintenant que je sais à quoi m'en tenir, que je dispose à la fois des clés de compréhension et des outils pour construire des solutions, je suis en fait plus embêté qu'avant car il me faut agir et choisir". Autrement dit, sorti de mon état d'innocence et plongé dans la conscience des situations, me voici chassé du paradis et condamné à vivre pleinement ma condition humaine. Habile manière de tenter la culpabilisation du formateur qui persiste à vouloir faire gagner en autonomie au risque de placer chacun devant ses responsabilités. Bien essayé mais c'est raté.
Julien Spiedler - Innocence - 2011
Car en ce domaine comme tant d'autres, l'âge d'or de l'innocence n'est souvent qu'un mythe. Et d'ailleurs, si vous êtes venus c'est que le confort n'était sans doute pas si grand, non ? Bon lundi à tous.
Maurizio Cattelan - Sans titre - 1997
01:22 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : education, formation, innocence, savoir, conscience, cattelan, autruche, art
11/05/2012
Egals et fraternaux
Reprise de l'activité de formation avec l'animation d'un séminaire consacré aux élections professionnelles. Décidément, on en sort pas. Le sujet n'est pas le plus passionnant. Certes il y a bien un peu de stratégie électorale, quelques occasions de faire du droit, de la technique et les trucs et astuces habituels qui rendent plaisant le juridique, mais c'est tout de même un peu Waterloo morne plaine. Heureusement, comme souvent, les participants mettent leur grain de sel et l'on peut enrichir le débat. Quels sont les critères pour voter ? l'âge, l'ancienneté, l'indépendance vis-à-vis de l'employeur, ne pas être privé de ses droits civiques. Pas la nationalité ? et non, les étrangers votent déjà en France, pour toutes les élections non politiques. Seules les élections politiques font un lien entre citoyenneté et nationalité. Mais alors ne serait-il pas logique que ce lien ne s'applique qu'aux élections nationales. Cela aurait sa cohérence.
Shi Xiang - Liberté-Egalité-Fraternité - 2011
Mais alors on pourrait voter dans son pays d'origine pour les élections nationales et dans son pays de résidence pour les élections locales ? oui, un peu comme le salarié détaché qui peut voter sur son lieu de travail pour élire les représentants du personnel mais qui bénéficie du comité de son entreprise. Communauté de travail et communauté d'appartenance peuvent ne pas s'opposer. Et c'est ainsi qu'au détour d'un séminaire technique et pratique on peut redécouvrir, selon la formule du député Fournier prononcée devant la Chambre des Députés en 1914 que "Tous les citoyens sont égals et fraternaux".
00:00 Publié dans DROIT DU TRAVAIL, HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : election, vote, étrangers, présidentielle, formation, politique, droit
10/05/2012
Paradoxe
Les dirigeants et les DRH ont poussé un grand ouf de soulagement. Ce début mai est heureux, porteur de bonne nouvelle (au singulier certes, mais nous ne sommes qu'au début du mois). L'heureux évènement survenu au début du mois est la décision de la Cour de cassation du 3 mai dernier, dans l'affaire Viveo. Il s'agissait de savoir si, comme l'avait jugé la Cour d'appel de Paris, l'absence de motif économique pouvait conduire à la nullité des licenciements. Pour les juges du fond, en l'absence de motif économique le plan de sauvegarde de l'emploi ne pouvait être régulier. La Cour de cassation adopte une solution sur laquelle quelques juristes, comme d'habitude, on joué à se faire peur alors que de suspens il y avait peu. Elle rappelle dans sa décision que le Code du travail prévoit la nullité des licenciements si le PSE est insuffisant mais par contre elle sanctionne exclusivement par des dommages et intérêts l'inexistence d'une cause économique. Pas de suspens donc car notre législation a fait ce choix qui peut sembler paradoxal : il est moins grave de licencier sans motif que de licencier sans élaborer des mesures de reclassement à la hauteur de ses moyens.
David Spriggs - The Paradox of Power - 2007
Ce choix, effectué en 1993, a été confirmé en 2002 et en 2005. Il repose sur l'équilibre entre la liberté d'entreprendre et la préservation des droits des salariés. Il se traduit concrètement par le fait que tout employeur peut licencier, même sans motif, dès lors qu'il est prêt à en assumer les conséquences au plan social et financier. Certains verront dans la décision des juges la confirmation que le droit permet tout licenciement si l'employeur est prêt à y mettre le prix. Il se trouve que c'est ce que nous dit aujourd'hui le Code du travail. Pierre Bailly, magistrat à la Cour de cassation, ne s'est pas privé de souligner que la Cour de cassation est restée dans son rôle en rappelant la législation actuelle. Il conclut son commentaire en renvoyant la responsabilité d'une éventuelle évolution au législateur qui a seul le pouvoir, aujourd'hui, d'étendre le champ de la nullité des licenciements de l'insuffisance de plan social à l'inexistence du motif économique. Transmis aux futurs nouveaux parlementaires.
00:26 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : licenciement, cour de cassation, viveo, jurisprudence, paradoxe, législatives
08/05/2012
Contractuel ?
Curieuse inversion des temps. Nous étions habitués à une gauche législative et une droite préférant la négociation et le contrat, la liberté des parties, plutôt que la contrainte légale. Or en cinq ans plus de 250 lois ont été votées et c'est le nouveau Président qui annonce que le contractuel lui tiendra lieu de méthode de gouvernement. Voilà d'ailleurs peut être une des raisons qui ont donné le résultat que l'on sait :un Gouvernement de droite qui a aussi souvent recours à la contrainte législative a du désespérer au sein même de son électorat. La multiplication, dans le champ des ressources humaines, des obligations de négocier (sans même percevoir l'oxymore que recèle l'expression) pourrait en être une illustration. Reste donc le contractuel qui nous est annoncé. Sera-t-il au rendez-vous ou bien les vieux réflexes ressurgiront-ils dès l'automne avec les premières chutes de feuilles ?
Car il existe à gauche une solide tradition de jacobinisme centralisateur appuyé sur un principe d'égalité et d'unité républicaine. Paradoxe encore, c'est pourtant la gauche qui est à l'origine de la décentralisation et notamment celle de la formation professionnelle. Deux cultures seront mises en tension. La première militera pour une action législative visant à renforcer, ou plutôt refonder, un service public de la formation considéré comme vertueux par nature. La seconde, héritière du social-delorisme, n'aura recours à la loi que pour fixer des orientations et laissera les corps intermédiaires, remis de leurs émotions, en responsabilité pour conduire les évolutions nécessaires. On nous annonce que le Président d'après le 15 mai s'inscrirait clairement dans la seconde perspective. Encore un qui va faire des mécontents dans son propre camp.
23:38 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hollande, formation, élection, contrat, loi, gauche, politique
07/05/2012
Une autre musique
En 1985, Barclay ne renouvelle pas le contrat de Claude Nougaro. Son dernier album est décevant. Sa carrière paraît derrière lui, lentement déclinante. Ses succès de demain seront ceux d'hier et l'on imagine guère qu'il puisse en être autrement. De la chanson française un peu datée et puis voilà. Nougaro, on connaît merci ça va. Tout ce qu'il pourrait encore produire, on se doute qu'on aura le sentiment de l'avoir déjà entendu. Donc c'est fini. Sympathique, succès d'estime certes, mais il a fait son temps. C'était en 1985. Nougaro vend alors sa maison parisienne et part à New-York, rencontre des musiciens, hume l'énergie de la ville, s'en fout plein la tête et plein les muscles, rentre en studio, prend plaisir avec les musiciens et balance Nougayork. Comme un défi claqué dans le vent, comme une humilité assumée qui permet toutes les audaces, comme une vie nouvelle, comme un changement qui n'en est pas vraiment un pour qui connaît l'animal mais qui étonne ceux qui l'ont approché sans jamais le rencontrer vraiment. Nougayork !
La preuve, si elle était nécessaire, que l'on ne connaît jamais la vérité d'un individu ; la preuve, si elle était nécessaire, que le potentiel de chacun est toujours un peu au-delà de ce qu'il paraît, même pour soi même ; la preuve, si elle était nécessaire, que le pronostic basé sur le passé ne sait rien de l'avenir ; la preuve, si elle était nécessaire, que demain n'est pas écrit par hier ; la preuve, si elle était nécessaire, que celui qui ose la liberté se dégage l'avenir ; Nougaro avoir de nouveau du succès ? on rêve ! après Nougayork, il y en aura encore trois autres. Bon lundi à tous.
01:40 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nougaro, hollande, élection, présidentielle, avenir, musique, succès, vérité
02/05/2012
Pause
Le joli mois de mai du printemps tardif, des drapeaux au soleil, de l'herbe fraîche, des pas ralentis. Repos actif disent les sportifs : pour régénérer corps et esprit, surtout ne pas s'arrêter mais changer de rythme. Modifier son rapport au temps en prenant le temps qui, merveille, ralentit lui aussi. Vous allez moins vite, le temps est plus long. Paradoxal ? tentez l'expérience.
Et dans ce temps étendu, si vos pas vous portent vers Degas et le nu, au Musée d'Orsay, lieu de tous les départs, ne résistez pas. Les toiles ici réunies ne le seront sans doute plus avant longtemps, raison de plus pour y passer un peu de temps. Une pause, avant un nouveau départ.
12:01 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : degas, temps, pause, mai, vacances, travail