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07/05/2012

Une autre musique

En 1985, Barclay ne renouvelle pas le contrat de Claude Nougaro. Son dernier album est décevant. Sa carrière paraît derrière lui, lentement déclinante. Ses succès de demain seront ceux d'hier et l'on imagine guère qu'il puisse en être autrement. De la chanson française un peu datée et puis voilà. Nougaro, on connaît merci ça va. Tout ce qu'il pourrait encore produire, on se doute qu'on aura le sentiment de l'avoir déjà entendu. Donc c'est fini. Sympathique, succès d'estime certes, mais il a fait son temps. C'était en 1985. Nougaro vend alors sa maison parisienne et part à New-York, rencontre des musiciens, hume l'énergie de la ville, s'en fout plein la tête et plein les muscles, rentre en studio, prend plaisir avec les musiciens et balance Nougayork. Comme un défi claqué dans le vent, comme une humilité assumée qui permet toutes les audaces, comme une vie nouvelle, comme un changement qui n'en est pas vraiment un pour qui connaît l'animal mais qui étonne ceux qui l'ont approché sans jamais le rencontrer vraiment. Nougayork !


La preuve, si elle était nécessaire, que l'on ne connaît jamais la vérité d'un individu ; la preuve, si elle était nécessaire, que le potentiel de chacun est toujours un peu au-delà de ce qu'il paraît, même pour soi même ; la preuve, si elle était nécessaire, que le pronostic basé sur le passé ne sait rien de l'avenir ; la preuve, si elle était nécessaire, que demain n'est pas écrit par hier ; la preuve, si elle était nécessaire, que celui qui ose la liberté se dégage l'avenir ; Nougaro avoir de nouveau du succès ? on rêve ! après Nougayork, il y en aura encore trois autres. Bon lundi à tous.

07/03/2011

Boxer la vie

Premier dimanche de mars. Fête des grands-mères, heure du thé, soleil doux, promenade bucolique. Un peu de monde devant l'Olympia. Pas terrible la moyenne d'âge, ça me rajeunit (un peu). Le concert lui, rajeunit tout le monde. Bernard Lavilliers, 65 ans aux fraises, fait un tabac. Musiciens formule 1, musiques tropicales, et d'heureux mélanges :métissage des musiques, des langues, des musiciens, des instruments, des influences. Pour ceux qui persistent à paranoïser sur l'identité, voici un exemple de vie métissée puissamment vivante. Pendant deux heures, démonstration que la chanson ouvrière n'est pas réservée à Ferrat et qu'elle peut être rock, que l'idéologie nous manque et qu'elle vaut mieux qu'un faux bon sens grossier, que l'on peut être sur le devant de la scène et partager, que l'on est heureux lorsque l'on a pas peur et que l'on s'engage.

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Et puis cette impression qui s'impose au fil du concert : assez rapidement en fait et qui ne fait que se conforter. La démarche sur scène, la manière de se balancer, les influences brésiliennes et africaines, la référence à Baden Powell (le guitariste brésilien, pas le scout), la manière de chanter Pigalle la blanche en blanc et noir comme Nougaro chantait Amstrong, et puis surtout, la boxe. Le corps un peu courbé du boxeur, le poing toujours prêt, à parer ou à donner, le regard aux aguets, à l'affut, chez ces deux là, l'oeil écoute, le corps écoute.

Plutôt que de s'indigner avec Stéphane Hessel, on conseillera d'écouter Lavilliers et d'avoir l'attitude du boxeur. Boxe, boxe la vie, boxe, boxe c'est lundi et boxe les autres jours aussi.

22/01/2011

Chronique du week-end : l'énigme de Rambouillet

Des rires festifs vous parviennent depuis l'embarcation, mais le vent qui agite les grands arbres les rend confus, lointains, effacés, et pourtant tellement présents. Vous souriez à la scène et l'envie vous prend d'être parmi ceux qui se rient du mouvement de l'eau. Mouvement ? n'est-il pas étrange que l'eau du lac soit si agitée ? cette infime question pourrait être écartée sans y prendre garde : le vent bien sûr, le vent. Mais l'angoisse a pris appui sur le questionnement et gagne du terrain. Vous remarquez l'arbre mort au milieu de la nature généreuse, vous distinguez une lumière dont la source est à la fois devant vous, au dessus de vous et à l'est, derrière les arbres. Cette lumière ne peut exister. Et soudain les arbres prennent la figure de colosses prédateurs dont l'immobilité dissimule mal la promptitude. Au devant de quelles catastrophes s'avancent les inconscients navigateurs ? 

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Jean-Honoré Fragonard - La fête à Rambouillet - 1780

Et ces ombres dans les sous-bois qui ont forme humaine ne sont-elles que des statues ayant investi des abris naturels, s'agit-il d'une végétation anthropomorphe ou bien quoi ? Le tableau est un défi à la nature. L'innocence, la gaité, la joie, le plaisir vous seront les meilleurs atouts pour l'affronter le moment venu. Si l'énigme avait une clé, peut être pourrions nous la chercher dans cette déclaration de Fragonard : "Tire toi d'affaires comme tu pourras m'a dit la nature en me poussant à la vie". La nature vous éjecte dans les flots tumultueux de la vie, avant de vous ingérer sans coup férir. Entre les deux ? la volonté de parcourir l'espace ainsi offert, d'y goûter les plaisirs que vous jugerez loisible de vous autoriser et le jeu comme une volonté de bonheur. Ne réfléchissez pas, votre place n'est pas à réserver, il vous suffit juste d'embarquer...ah c'est déjà fait...alors bon vent !

Et si vous voulez une autre version de l'énigme, essayez Nougaro :

claude-nougaro-schplaouch.mp3