29/12/2013
Le Sud sur ordonnance
Un petit moment d'inattention, un espace ouvert par mégarde, un léger relâchement, et hop, le corps qui tenait bon en dépit des courtes nuits, des gourmandises intempestives, des nectars des Dieux un peu trop présents, des vains efforts pour rattraper le temps perdu qui le restera, le corps qui se rappelle à vous et présente une facture plus douloureuse que les impôts. Il ne faut jamais négliger le corps, bien entendu, mais un homme averti n'en vaut pas plus qu'un qui a la tête ailleurs. Donc voilà, le corps embourbé et qui patine drôlement pour tenter de repartir. Que faire ? le Sud bien sûr. Où pourrait-on trouver les anges qui seuls pourront peut être quelque chose ?
Mais d'où ont-ils donc surgi ? et tous ces Dieux, Poséidon, Athéna, Dionysos, Appollon, Aphrodite, Pan et tous les autres ?
De Palerme, terre italienne, normande, grecque, romaine, arabe, phénicienne, byzantine, espagnole, française, sunnite, même les vandales et les ostrogoths ont trainé leurs guêtres dans le coin. Une sorte de quintessence du Sud qui s'est offerte quelquefois aux nordiques histoire de se faire regretter à jamais. Car elle est généreuse la Sicile, comme souvent au Sud (n'est-ce pas mon jumeau ?).
On a beau être sur une île, on voit grand. Comme le Théâtre Massimo, l'un des plus grands d'Europe après Paris et Vienne.
Et ce soir là, l'ouverture du concert de Noa fut l'occasion d'un discours de l'édile local qui rappela avec force que l'identité de la Sicile c'était avant tout une identité de migrants. Tous ceux qui sont venus, tous ceux qui sont partis, tous ceux qui sont passés. Par les temps qui courent, ça change avec bonheur du morbide discours sur les racines. Rien qu'avec ça, on se sent déjà mieux.
Et mieux encore après avoir entendu Noa chanter en Hébreu, en Italien, en Napolitain et même en anglais, c'est dire si elle fit preuve d'ouverture !
La maladie n'a pas encore lâché sa proie. Tenace la bête. Mais avec ce régime là, elle va bien finir par y perdre son latin, ce qui me permettra de retrouver le mien.
23:33 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : palerme, sicile, vacances, maladie, concert, noa, sud, italie, mer
30/06/2013
Can you feel the spirit ?
Plus jeune, il ressemblait à Al Pacino. Aujourd'hui il fait penser à De Niro. Il y a pire, vous en conviendrez. Sans doute l'ascendance italo-irlandaise n'a t'elle pas totalement déserté ce visage qui sourit pendant plus de trois heures de spectacles où les titres s'enchaînent en une seule et longue traversée de l'amérique, des sentiments, des rêves et de la vie qui va. Avec Bruce Springsteen, vous êtes sur une route sans fin, le réservoir est toujours plein, le plaisir de bientôt retrouver votre amour et vos amis vous accompagne, ainsi que la nostalgie de ne pas les avoir déjà auprès de vous, et une voix vous lit Whitman et Faulkner tandis que vous roulez toujours. Pas besoin d'effets spéciaux, de sons et lumières, de gadgets technologiques : la technique est au service de l'artisanal.
Dans le froid et pâle Stade de France, on peut à la fois se croire à un concert Rock au milieu des champs, à une session de Jazz dans un Club de Chicago, à une marche musicale à la Nouvelle Orléans ou dans un club Irlandais de New-York. Parce que finalement peu importe le lieu, l'important c'est l'esprit.
Et dans un vieux pays de la vieille Europe, la France, dont le discours est envahi par les souches et les racines, il est particulièrement réjouissant que ce fils de migrants dans ce pays de migrants, l'auteur de Born in the USA, rappelle que l'appartenance à une communauté c'est avant tout un état d'esprit, et que quand on a l'esprit large, la communauté l'est tout autant.
Someday this childish dreams must end
To become a man and grow up to dream again
16:54 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : springsteen, the boss, paris, stade de france, musique, concert, esprit