11/08/2016
LIGHTS
Ici c'est l'hiver. Le soleil bascule rapidement vers l'Ouest, ses rayons déclinant prenant les couleurs des matins d'été en France. La nuit venue, les rues s'éclairent et deviennent autres.
Les perceptions se modifient, les visions s'inversent, les sens s'abandonnent avec plaisir à leur affolement poétique.
Les invitations se font plus explicites.
A moins, au contraire, que l'abstraction s'impose et permette d'entrevoir ce point où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le communicable et l'incommunicable, le passé et le futur cessent d'être perçus contradictoirement.
André Breton vous glisse à l'oreille de prêter attention aux cafés-chantants de l'imaginaire.
Particulièrement à cette heure, entre chien et loup, lorsque les lumières du jour le cèdent à celles de la nuit.
Ici c'est l'hiver. Et la pluie vient parfois forcer le trait des couleurs nocturnes.
Elle exacerbe l'étrangeté des néons qui attendaient impatiemment de déployer leur brillance.
Les injonctions publicitaires ont des allures d'inquiétants messages sculptant notre futur.
Vite, retrouver des repères, du traditionnel, du banal, du connu.
Mais la nuit est la plus forte, et ses couleurs toujours changeantes forment le torrent dont les eaux vous emportent inexorablement.
00:05 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lumière, nuit, photo, vacances, voyage, australie
02/01/2015
Ascétisme foisonnant
Pour produire une oeuvre éruptive, baroque, foisonnante, éclatante, fourmillante, explosive, hypnotique, onirique, il faut se mettre longtemps à sa table de travail, lentement, méticuleusement, rigoureusement, en solitaire, pendant de longues heures, absorbé tout entier par ce vous êtes en train de créer qui déjà vous échappe. Comme l'écrivain se retire du monde aux heures d'écriture pour mieux s'en saisir, le peintre s'offre un corps à corps avec la toile qui l'épuise et l'enthousiasme.
Marc Janson - Aux ordres de la nuit
L'harmonie des contraires, la nécessité de leur union, leur imbrication profonde ne peut être une surprise pour qui tient la dialectique pour le moteur de toutes les découvertes. Alors commettez le pêché d'orgueil avec le désir prométhéen d'accéder à la connaissance en vous mettant aux ordres de la nuit. Beau programme pour l'année à venir.
23:29 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : janson, peinture, dialectique, contraires, apprentissage, savoir, nuit
23/08/2014
La grande illusion
Las Vegas c'est la promesse d'une pluie de lumières, de jeux, de tentations permanentes, de possibilité d'aller au-delà des habitudes. Heureux présage que de s'y inviter un soir d'orage.
La luxure n'est pas le moindre des plaisirs capiteux dont la ville fait offrande.
Mais le mythe résiste peu lorsque l'on va au plus près de la lumière.
Du carton pâte, du décor de pièce de boulevard, du kitsch à deux balles, du char de carnaval, rien de bien excitant à se mettre sous la dent.
Même les salles de jeux ressemblent à des clubs anglais pour retraités de la classe moyenne qui viennent passer le temps en puisant dans leur bas de laine de pièces jaunes.
Pas vraiment la fièvre ni la fureur, simplement une galerie marchande en centre-ville plutôt que dans les habituelles périphéries. Et le jour revenu n'arrange rien qui souligne la ringardise d'une ville qui vieillit précocement et n'a pas encore découvert le second degré du kitsch, celui qui mobilise une pincée d'humour.
Et ce ne sont pas les tables de paris sportifs, aux ambiances de PMU à l'ancienne et de salle de contrôle de la NASA qui contribueront à recréer un semblant de mystère.
Manifestement la ville s'est assoupie et se contente de constater que quelques paillettes font toujours recette.
Il ne faut pas oublier qu'il y a spectacle dès que l'on peut filmer et que dans ce domaine, tout fait ventre.
Pas étonnant que ce soit à Las Vegas que l'on croit encore aux illusions de David Cooperfield.
Après tout, la ville est la démonstration qu'il peut y avoir de la fumée sans feu.
02:16 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : las vegas, casino, lumière, spectacle, nuit, cinéma, voyage
03/05/2014
C'est reparti !
Mais qu'est-ce qu'il se passe ? il n'y a plus de chroniques sur ce blog ? il dort maintenant la nuit le consultant ? il faudrait lui rappeler qu'il se passe des choses en ce moment et qu'il faudrait peut être pas abuser des ponts, des week-ends et des congés ?
Ok, Ok, c'est reparti.....mais du côté de chez Hopper.
C'est le printemps, le retour de la couleur...
...de la plongée dans les douceurs des après-midi rougeoyantes, de la vie partout et des mystères de la foule et de la tentation d'y disparaître...
...le temps de la déambulation, des portes ouvertes, des départs et des belles occasions...
....le temps d'être à l'aise avec soi-même, et donc avec les autres...
...le temps de se souvenir qu'à regarder droit devant on en oublie ce que l'on a autour de soi...
....le temps de retrouver le monde ancien, celui des livres et des affinités électives, choisir avec qui on a envie de dialoguer...
...et puis se mettre en route, encore, toujours...
...se repasser sans fin la scène de fin, c'est dans les rues qu'on s'embrasse le mieux...
...les nuits sont chaudes comme les lumières de la ville, et on a toute la nuit. C'est reparti...
15:05 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END, EN PHOTOS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vacances, new-york, en route, ville, nuit, printemps
03/09/2012
Anniversaire (1)
Au début de l’année 1987, je venais de terminer mes études. J’envoyai consciencieusement des CV, puisque c’est ainsi qu’il convenait de procéder pour entrer dans ce fameux monde du travail dont on me rebattait les oreilles, et qui ne m’était pas tout à fait étranger puisque j’avais souvent mis la main à la pâte dans le restaurant familial. Je passai un entretien désastreux dans un cabinet de conseil juridique : l’univers que me présentait le patron du cabinet qui me recevait me paraissait tellement lointain que je m’exprimai quasiment par monosyllabes, avec une jambe coincée sous la chaise dans une posture qui me déclencha des fourmis et me fit m’affaler sur la porte du bureau lorsque je voulus me lever pour conclure l’entretien. Il fallut à mon interlocuteur réunir l’intégralité de sa bienveillance pour considérer que ce jeune homme hébété était celui qui s’était présenté, dans le CV rédigé avec application, mais l’application ne fait pas la conviction, comme un étudiant aux bons résultats, un sportif de bon niveau et globalement un jeune homme plein d’entrain. Il me dit que je n'étais sans doute pas en grande forme et qu'il était tenté de me prendre tout de même à l'essai, avant de me téléphoner trois jours plus tard que finalement ce n'était pas possible.
Edward Hooper - Station Essence - 1940
Ce premier entretien ne fut, heureusement, suivi que d’un seul autre dans un contexte mieux adapté, en tout cas pour ce qui me concerne. Après avoir raccompagné, à la nuit plus que tombée, une amie chez elle, je rodai lentement en voiture dans Toulouse, à la recherche, période bénie où les containers n’avaient pas encore été inventés, de livres abandonnés sur les trottoirs car il fût une époque où l’on pouvait se constituer une bibliothèque gratuitement et en se promenant au hasard des rues. Toute chose ayant sa nécessité, mes pas, ou plutôt mes roues, me conduisirent à une de ces stations service qui composent un paysage baroque au cœur des centres ville. Tandis que je remplissais le réservoir, car s’il existait encore des pompistes ils restaient déjà la nuit dans leur guérite, un individu s’escrimait à côté de moi à pomper sur la borne du mélange pour remplir le réservoir de sa mobylette orange. Lorsqu’il se tourna vers moi, j’eus la surprise de l’entendre dire : « Ah Mr Willems, comment allez-vous ? ». Malgré la nuit et le casque, je reconnus mon prof de Droit de la formation, que je n’avais pas revu depuis la fin de mon cursus. Et c’est à cette pompe à essence qu’il me proposa de travailler quelques mois avec lui au Centre de Recherche et d’Information sur le Droit à la Formation à l’Université, laquelle m'invitera ensuite à poursuivre la collaboration à condition que je facture mes prestations. C’est ainsi que le 1er septembre 1987 je créai le cabinet Willems Consultant qui fête donc en ce début de semaine ses 25 ans.
10:49 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cridf, embauche, recrutement, anniversaire, toulouse, nuit, emploi, activité, formation