07/03/2017
Encore un tour...et puis s'en va ?
Mardi 8 mars s'est ouverte une négociation sur l'assurance-chômage censée aboutir avant la présidentielle. Une négociation classique : un texte patronal maximaliste pour se donner de la marge et des réactions syndicales unanimes pour juger le texte "inacceptable". Et puis tout le monde se met autour de la table. Est-ce que ces jeux de rôle pourront tenir encore longtemps ? Si l'on regarde les programmes présidentiels (mais si, ils existent) pas besoin d'analyse approfondie pour comprendre que l'échec des conférences sociales à la mode Hollande n'a pas usé que le président sortant : la régulation de l'emploi et de la formation par le niveau interprofessionnel, plus grand monde n'y croit. Et à la gestion paritaire non plus. Chez Fillon, l'autorité de l'Etat laisse peu de place aux corps intermédiaires. Chez Macron, l'équilibre entre l'Etat protecteur et la liberté individuelle n'offre pas plus d'espace aux partenaires sociaux. Chez Hamon et Mélenchon, on ne jure que par l'Etat et l'action publique. Au final, si les libéraux et libertaires penchent pour la négociation collective, c'est au niveau de l'entreprise (Fillon, Macron). Pour tous les autres, le slogan c'est l'abrogation de la loi Travail (Hamon, Mélenchon, Le Pen).
Manifestement, plus aucun politique ne croit à l'efficacité des négociations interprofessionnelles pour innover en matière d'emploi et sans doute de formation. Or, toute l'histoire de la formation professionnelle en France s'est construite sur la dialectique accord-loi. Jusqu'à l'accord de décembre 2003 qui a donné naissance à la réforme de novembre 2004, à la création du DIF et à la construction d'une logique de compétence destinée à supplanter la logique de formation. Mais depuis, plus rien ou presque du côté des ANI. Il faut dire qu'entre temps, la loi Larcher avait imposé une négociation interprofessionnelle systématique avant toute loi nouvelle. On constate souvent que lorsque l'on ressent le besoin d'inscrire dans la loi ce qui se faisait naturellement, remplaçant la volonté par la contrainte, c'est qu'on est en fin de cycle. On pourrait en avoir la preuve dans les mois qui viennent.
22:22 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
les négociations sociales sont totalement usées et discréditées au niveau interprofessionnel. Tout le monde savait (ou aurait dû savoir) que l'invention du CPF en janvier 2013 n'était qu'un artifice de communication
- pour les employeurs qui avaient honte et peur pour n'avoir rien développé de sérieux depuis la réforme de 2004
- pour un syndicat croupion du gouvernement qui cherchait à placer ses hommes et ses idées sociales démocrates (bonnes pour les années 70)
- pour un gouvernement Ayrault aux abois à qui il fallait des accords sociaux pour prétendre encore piloter le pays.
Nous avons l'incroyable privilège en France d'avoir des institutions qui fonctionnent (et sont financées) même si plus personne n'y croit ni ne les entend :
- le parlement qui pond sans cesse des lois inapplicables et inutiles
- les syndicats qui ne représentent que 5 % des travailleurs du privé mais empochent subventions, cotisations patronales et divers avantages octroyés depuis l'après-guerre
- une présidence de la République dont tout le monde attend des miracles alors qu'elle n'est plus qu'une coquille vide, ballotée par le grand vent de la mondialisation et de la globalisation
Le formation est irréformable désormais, totalement bloquée et découragée et aucune réforme n'apprendra à la place des travailleurs
Selon moi à l'avenir seuls ceux qui financeront et qui passeront du temps et de l'énergie pour changer et apprendre auront un avenir professionnel.
Écrit par : cozin | 08/03/2017
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