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25/03/2012

Correspondances

Avant que le canular ne soit démasqué, la presse et les internautes avaient largement diffusé l'information : selon une chaîne de TV syrienne, les joueurs du FC Barcelone se feraient des passes faisant dessiner au ballon le tracé des routes à emprunter pour pouvoir livrer des armes aux opposants de Bachar El-Assad. L'annonce paraissait à la fois délirante et en phase avec la paranoïa que l'on imagine être celle des dirigeants syriens. Canular donc mais qui nous ramène à ces correspondances dont les surréalistes faisaient leur miel. Dans le jeu de la constellation par exemple. La règle en est simple : vous choisissez une constellation, vous la tracez sur un calque et vous reportez ce calque sur le plan d'une ville. La constellation vous fournit alors un trajet que vous parcourez à pied en prenant le temps de la découverte. A vous ensuite de comprendre l'histoire que vous raconte ce trajet.

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Il ne s'agit pas d'être attentif aux coincidences, mais de rechercher les correspondances. D'établir des liens qui nous parlent, de découvrir des rapprochements signifiants, de tenir le monde qui nous entoure non pas pour une énigme à déchiffrer mais comme une boîte à merveilles que l'on aurait de cesse d'ouvrir, comme une boîte à musique dont on ne se lasserait jamais. Ces correspondances ne se laissent pas toujours percevoir, et comme la lettre volée d'Edgar Poe elles sont parfois d'autant plus invisibles qu'offertes à tous les regards. Qui ce matin s'est retourné sur ce scooter Yamaha TMax garé sur la petite place du 19 mars 1962 ? provocation ? message codé ? hasard ? puissance de l'inconscient ? en matière de correspondances il faut se souvenir qu'elles vous en apprennent plus sur vous que vous n'en saurez jamais sur elles.

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20/03/2012

En situation

En exergue de ce blog figure la définition la plus courte et la plus juste de la compétence, imaginée par Pierre Villepreux. La compétence définie en deux mots : intelligence situationnelle. Ces deux mots renvoient à deux dimensions. La première, l'intelligence de la situation. Etre compétent c'est d'abord poser le diagnostic juste sur la situation pour en déduire l'action à conduire. Rapidité et fiabilité du jugement sont les piliers de la compétence qui permettront l'acte juste, dont il sera nécessaire de maîtriser la technicité, sans laquelle il n'y a guère de liberté d'agir. Et quant à l'action, Pierre Villepreux a toujours été persuadé que le beau jeu était également le plus efficace (ceux qui ne goûtent pas le rugby en auront l'illustration avec Lionel Messi et l'équipe de Barcelone). L'intelligence de la situation c'est donc la compréhension de la manière dont on doit utiliser les moyens dont on dispose pour agir efficacement, ce qui conduira souvent à la beauté du geste professionnel maîtrisé.

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La deuxième dimension de l'intelligence situationnelle, c'est de se savoir en situation. De ne pas être dominé par le rôle que l'on joue, de ne pas en être dupe, mais de le jouer professionnellement. Et donc d'avoir le recul nécessaire à la réalisation impliquée et distanciée de l'action, car l'engagement ce n'est pas nécessairement de mettre ses tripes sur la table, mais au contraire de savoir en toute lucidité ce que l'on fait et pourquoi on le fait. L'engagement est une volonté qui se sait volonté. C'est en cela que Villepreux est profondément Sartrien : les joueurs sont libres et exercent cette liberté par leurs choix qui sont nécessaires, ils agissent et font les choix en situation, ils sont ce que sont leurs actes car le faire est révélateur de l'être. Et comme Sartre, Villepreux pense que l'homme est à inventer chaque jour.

04/01/2012

Clémence

Le premier tribunal correctionnel associant des jurés populaires a rendu sa décision à Toulouse mardi 2 janvier 2012. La loi a réservé à ces jurés le sexe et le sang, tenant hors de leur compétence les affaires d'argent (fraudes ou escroqueries) ainsi que les affaires politiques. C'est donc une accusation d'aggression sexuelle qui a donné lieu à la première affaire jugée par des magistrats et citoyens. Lesquels ont collégialement décidé de relaxer l'accusé, faute de culpabilité démontrée puisqu'au final il s'agissait d'apprécier deux paroles en l'absence d'autres éléments probants. Si l'on se souvient que l'objectif avoué de la loi était d'avoir une justice plus sévère imposée par des citoyens ulcérés à des magistrats laxistes, on appréciera la clémence dont ont fait preuve les juges toulousains.

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Henri Martin - L'apparition de Clémence Isaure

Le résultat était pourtant prévisible. Condamner est plus facile, si l'on peut s'exprimer ainsi, pour un juge qui est plongé quotidiennement dans la prise de décision et le prononcé de peines, que pour un individu étranger à la justice qui se retrouve soudain avec le pouvoir de juger son semblable. Au-delà de la décision d'espèce, cette première affaire démontre une nouvelle fois ce que Michel Serres a toujours affirmé à savoir que le peuple, les citoyens, sont plus intelligents que les dirigeants politiques. L'inconvénient étant que ces derniers soient persuadés du contraire. C'est peut être à eux qu'un séjour au tribunal correctionnel de Toulouse pourrait faire le plus grand bien.

21/09/2011

Dix ans

Il y a dix ans, mon bureau était installé à la campagne, à 35 kilomètres de Toulouse dans la vallée de la Garonne. J'y travaillais ce matin là avant de me rendre à un rendez-vous à la SOCAMIL, plateforme logistique de l'enseigne LECLERC. Il faisait beau. Soleil de fin d'été annonciateur de la douceur de l'arrière saison dans le Sud-Ouest. Soudain, on donna un grand coup de pied dans la porte d'entrée, située au premier étage, et les vitres tremblèrent. Un bruit violent et sourd retentit. Derrière la porte, il n'y avait personne. Le coup de pied n'était que le souffle de l'explosion d'AZF qui avait suivi le lit de la Garonne pour s'engouffrer dans le village puis dans la cage d'escalier.

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Dix jours après le 11 septembre, l'idée d'un attentat vint à l'esprit. Le bruit provenait de l'axe de l'aéroport. Avant de partir en rendez-vous, la radio : rien, pas d'annonce. Je partis donc. En approchant de la SOCAMIL, à Tournefeuille, des embouteillages inhabituels. Dans les voitures, je m'aperçus que les conducteurs avaient remontés leur T-Shirt, leur veste, leur polo sur leur bouche. Comme une dérisoire cagoule. A la barrière de l'entreprise, la sécurité m'annonce qu'il y a eu des attentats dans Toulouse. Mon rendez-vous n'a plus le temps de me recevoir : les salariés demandent à rentrer chez eux, le bâtiment a connu des dégâts. Je repars : l'agent de sécurité me dit "l'ONIA a pété". Rien dans ces mots pour surprendre un toulousain. AZF n'existe qu'à partir de ce 21 septembre 2001, jusque-là l'ONIA s'imposait comme Airbus restera toujours l'aérospatiale pour beaucoup de toulousains. Quant à ce que l'ONIA pète, on l'envisageait sans y croire vraiment depuis plusieurs dizaines d'années. Mais aussitôt inquiétude : un de mes étudiants est en stage aux ressources humaines chez AZF. Injoignable sur son portable, 1 heure plus tard sa mère me rassurera : blessé pas trop gravement. Mais l'expérience indélébile de la mort, de la peur et du chaos. Le DRH d'AZF, lui, ne s'en remettra jamais. Il n'est pas le seul dans ce cas, tant le traumatisme reste vif. Lorsque le souffle vint battre la porte de mon bureau, je ne savais pas encore que l'explosion avait fait 30 morts et 2500 blessés.

05/09/2011

Cherchez l'erreur

Publicité parue dans la revue Philosophie du mois de Septembre pour un Master de Philosophie, à finalité professionnelle et orienté vers le journalisme. A priori plutôt alléchant. Et pourtant la publicité est scandaleuse. Cherchez l'erreur :

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Non, l'erreur n'est pas de trouver Christophe Barbier parmi les intervenants (quoi que...). Elle figure en haut à droite de la publicité, comme un coup de tampon bureaucratique qui vous signifie que votre visa est périmé. Il s'agit de la mention "Licence de philosophie exigée". Ainsi, on ne peut faire de Master Professionnel que si l'on a suivi le chemin balisé des études universitaires de licence. La VAP est envoyé aux oubliettes et la VAE aux lieux d'aisance. En 2011 donc, il continue à se trouver des universitaires prétendument sérieux qui parviennent à affirmer incompétence et fermeture d'esprit tout en proposant de développer la notre, de compétence, et d'ouvrir les notres, d'esprits.

Je me souviens des soirées passées à l'Institut Catholique de Toulouse, à écouter des pères en robe penser à voix haute et en public. L'orgue accompagnait parfois ces soirées.

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L'orge de l'Institut Catholique de Toulouse

Ces soirées et conférences étaient ouvertes à tous, et la parole y jouissait d'une liberté sans entrave. Faut-il que les temps aient changé pour que l'on réserve à ceux qui ont universitairement appris à penser le soin de venir penser professionnellement. Et que l'on considère qu'il n'est d'autre lieu qu'un enseignement de licence pour développer les capacités qui permettront de suivre le Master. Les responsables d'un tel programme ont réussi le tour de force de démontrer en un seul acte, que les objectifs affichés ne peuvent à l'évidence pas être atteints. Triste aveu à vrai dire.

Sinon, bonne rentrée à tous les bambins qui vont subir leur première leçon de morale de la part d'adultes dont on se demande bien certains jours au nom de quoi ils la professent.

29/03/2011

Calendrier toulousain

Vite et bien = deux fois bien. Mais dans le Sud, on aime souvent prendre son temps et tous les arguments sont bons pour avoir des calendriers longs. La décision aurait-elle été la même au nord de la Loire ? la Cour de cassation nous le dira peut être si les recours nous mènent jusque-là. Mais nul doute que les représentants des employeurs n'encourageront pas Carrefour à faire appel, de crainte qu'une jurisprudence ne s'établisse en ce domaine. Mais de quoi s'agit-il donc ? d'une décision du TGI de Toulouse qui estime que lorsqu'un licenciement collectif est de nature à impacter la santé des salariés, il doit être soumis au CHSCT avant toute consultation du comité d'entreprise. Sacrés juges toulousains.

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Raymond Moretti - Toulousains

A vrai dire, cela devait finir par arriver. Depuis quelques années, la jurisprudence ne cesse, en s'appuyant sur une définition extensive de la santé au travail, d'étendre le champ d'intervention du CHSCT. Entretiens annuels, systèmes de rémunération, programmes de gestion de la performance...la liste est longue des sujets qui doivent être soumis au CHSCT préalablement au CE. En jugeant pour la première fois que le CHSCT devait être consulté en amont du CE s'il est établi qu'un plan de cessation d'activité a un impact sur la santé des salariés, difficile d'ailleurs qu'il n'y en ait pas, le juge fournit en tous cas aux représentants du personnel une magnifique perche pour rallonger les calendriers. Car voici l'employeur tenu de rajouter à la double consultation du CE sur le projet et sur ses conséquences sociales, une troisième consultation, préalable d'ailleurs aux deux premières, sur l'impact que le projet peut avoir sur la santé des salariés, ainsi que sur les mesures que l'entreprise compte prendre pour minorer cet effet. Pour les salariés toujours quelques semaines ou mois de gagnés. Pour l'entreprise, du temps perdu. A chacun son calendrier, et pour tous celui du juge.

 TGI ToulouseCHSCT-LicenciementEconomique.pdf

25/02/2011

Jeunes gens, restez potaches (surtout quand le prof est mauvais)

Visite au Musée des Abattoirs à Toulouse qui présente une des figures de l'art conceptuel, Bernard Venet, et quelques pièces de sa collection. L'art conceptuel, l'art mathématique, l'art minimaliste ne constituent pas mon verre de vin préféré (je n'aime pas le thé), mais les grandes traverses courbes, rondes, allanguies, inclinées, redressées, ne manquent ni d'allure ni d'émotion.

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Par contre, les équations mathématiques en panneau de 3x4, les tas de charbon  et les cartons passés au goudron ne me retiennent guère. Tel n'était pas le cas d'un groupe d'adolescents, sagement rangés autour de sacs de charbon, entourant du charbon non ensaché sur lequel était posée une traverse. Leur prof, puisqu'enseignant il y avait, leur expliquait doctement dans un charabia d'un pédantisme stupéfiant toute l'importance du tas de charbon.

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Dans un élan insensé d'innovation pédagogique, l'enseignant arrêta un instant son indigeste logorrhée pour poser une question : "A quoi vous fait penser le tas de charbon ? allez y, osez, dites ce qui vous vient...". On comprit vite que les mots intéressaient peu l'intervenant qui cherchait uniquement à obtenir le vocable "forme" pour lancer sa formule magique : "Ce tas est une forme, savez-vous d'où vient le terme forme ? de fromage...". A ce stade, impossible de retenir l'éclat de rire moqueur que méritait le pédant qui constituait à lui tout seul une magnifique promotion de la politique gouvernementale de suppression des postes d'enseignants (je me suis repris depuis : on peut vouloir augmenter les postes ET supprimer certains enseignants). Le plus triste dans l'histoire, est sans doute qu'aucun élève ne s'est jeté en bon potache dans le tas de charbon ou n'a, avec l'innocente stupidité qui nous caractérise invariablement à certain âge, craqué une allumette pour la jeter dans le tas de charbon sous les yeux effrayés du professeur héberlué (davantage d'ailleurs par le fait qu'il ne saurait s'il faut crier au génie devant un tel acte de liberté artistique ou s'il doit réprimander l'élève de son inconséquence). Bref, il était temps d'aller voir ailleurs.

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Plutôt que les lycéens sans réaction devant leur sinistre enseignant, il était réjouissant de voir le défi qu'une petite fille lançait à une machine de Jean Tinguely, auquel révérence est due pour savoir ainsi captiver la véritable jeunesse. De laquelle il ne faut pas désespérer si l'on en croit le petit bonhomme  hilare qui ne s'est laissé abuser ni par Venet ni par le triste professeur. Car il sait bien lui, que c'est fromage qui vient de forme, et non l'inverse.

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17/02/2011

Toubon, tout faux

C'est souvent un cheval de bataille des syndicalistes qui y voient un acte de résistance. Il est vrai qu'Astérix a beaucoup façonné la mémoire collective et donc les comportements. Il s'agit de l'emploi du français dans l'entreprise. A l'appui, la loi Toubon de 1994  qui impose l'usage du français pour la rédaction du contrat de travail et tout document nécessaire au salarié pour l'exécution de son travail, notamment ceux qui comprennent une obligation. La Cour d'appel de Versailles a assuré la promotion de la loi Toubon en condamnant le 2 mars 2006 la société GE Medical Systems à 580 000 euros de dommages intérêts pour usage de documents en anglais. Visant à protéger à la fois la langue française et les salariés, la loi Toubon a choisi de prescrire les moyens et non le résultat et ce faisant, il est possible qu'elle ait tout faux en s'inscrivant dans cette tradition française de la prescription/sanction qui est décidément prégnante. Pour avoir une idée de la voie à suivre, on ne peut qu'inviter le législateur a aller faire un tour à la Prima de las lengas, ou Forom des langues, qui se tient tous les ans à Toulouse, et en 2011 le 29 mai prochain.

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Pour atteindre l'objectif de protéger les salariés contre un texte qu'ils comprennent peu ou mal, plutôt que d'imposer le français, ce qui ne garantit rien on en conviendra, il aurait été possible de poser la condition que toute entreprise doit s'assurer de la compréhension par les salariés des documents qu'elle leur transmet. Peu importe que les dits documents soient rédigés en français, anglais, chinois, arabe, wolof ou swaïli. Mais l'entreprise doit s'assurer que la langue utilisée est comprise par le salarié. Ce qui laisserait aux entreprises la possibilité d'utiliser toute langue, sous réserve de former les salariés à sa connaissance. Plutôt que des obligations fiscales désuètes qui n'obligent à rien, l'obligation de s'assurer d'une compétence garantit mieux la situation du salarié. A l'heure où l'on s'interroge sur la pratique de l'anglais en maternelle, il est curieux de s'assurer que dans l'entreprise seul le Français est usité. Imposer une langue unique pour la préserver plutôt que d'ouvrir la possibilité d'en apprendre plusieurs, c'est ce qui s'appelle agir à contre courant. Presque 20 ans plus tard, Toubon a toujours tout faux.

25/12/2010

Le Noël des toulousaines

Les Toulousaines Clémence Isaure et la Belle Paule

se joignent à moi pour vous souhaiter un

Joyeux Noël

 

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Raymond Moretti - Clémence Isaure et la Belle Paule

 

Raymond Moretti qui disait :

"Je ne suis pas un peintre, je suis un homme qui peint"

24/11/2010

Oui, mais elle est toulousaine

France Moulin est cette avocate qui a été condamnée dans le cadre de l'application de la loi Perben qui interdit la révélation d'information à des personnes susceptibles d'être mises en examen. Objet de polémiques, cette loi a été modifiée depuis. Mais le combat de l'avocate s'est porté sur un autre terrain, celui de la garantie des droits fondamentaux. Contestant le rôle joué par le Procureur de la République dans cette affaire, elle vient de faire juger par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) de Strasbourg que le Procureur, du fait de son lien hiérarchique avec l'exécutif, n'était pas une autorité judiciaire. La décision embarasse le Gouvernement, qui doit aujourd'hui soit retirer de multiples compétences aux Procureurs, soit couper le cordon ombilical entre le pouvoir et la justice. Et oui, les toulousaines aiment l'indépendance.

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Miss Van

La déclaration des droits de l'homme proclame en son article 16 que qui n'a pas de séparation des pouvoirs n'a pas de constitution. Pour Montesquieu, accueillons ici l'appui bordelais à la lutte permanente contre le pouvoir central, la séparation des pouvoirs était le gage de la liberté : sans séparation des pouvoirs, point de liberté.

La France connaît depuis l'élection du Président de la République au suffrage universel, et plus encore depuis le quinquennat qui met la majorité parlementaire dans la main du Président, une séparation relative des pouvoirs entre l'exécutif et le législatif. Et les nominations judiciaires par le Président de la République maintiennent le lien entre l'exécutif et le judiciaire. Du reste, l'on sait que les parlementaires sont des godillots et les juges des petits pois (sont l'expression de l'actuel Président). Il serait nécessaire de s'en émouvoir, notamment en dénonçant le paradoxe de ceux qui brocardent l'assistanat tout en nous demandant de nous en remettre à un seul. S'il ne veut pas d'assistanat, que le pouvoir se replie et que la liberté se diffuse. A croire que la liberté et la démocratie sont acquises, on finit par s'endormir, heureusement qu'il y a des toulousaines pour nous réveiller  !

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Miss Van

Pour qui souhaite plus de détails, l'analyse de l'arrêt de la CEDH par le CREDOF

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01/09/2010

Justice de Toulouse

Mais quelle mouche a donc piqué la Cour d'appel de Toulouse ? que l'on en juge : un particulier embauche un jardinier et promet d'embaucher sa femme pour s'occuper de ses enfants à compter d'une date déterminée par les parties, ainsi que les conditions d'emploi (durée du travail, salaire). Un litige survient ensuite et la salariée n'exécute pas le contrat. Elle démissionne aux torts de l'employeur et demande des dommages intérêts. La Cour d'appel de Toulouse déboute la demanderesse au motif qu'il n'y a pas de contrat de travail en l'absence de contrat écrit et de début d'exécution de la prestation. Ils ne voient dans l'affaire que la rupture d'une promesse d'embauche. Faut-il que les juges viennent du nord de la Loire pour oublier que si la parole est facile dans le Sud, elle n'est pas sans valeur et engage celui qui la donne. Ici, dire c'est faire, comme dirait La Bible (mais si : au commencement était le verbe). Heureusement, il est des toulousains qui sont montés à Paris, comme le dossier envoyé à la Cour de cassation.

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Clémence Isaure au Jardin du Luxembourg

Nous n'avons pas vérifié si la conseillère toulousaine siégeait ce jour-là à la Cour, mais ce ne serait que justice. La Cour de cassation donc, sensible à l'honneur sudiste, affirme que l'engagement, dont la preuve est rapportée, constitue bien un contrat même en l'absence d'écrit et de début d'exécution de la prestation (Cass. soc., 12 juillet 2010). Il en résulte une prise d'acte justifiée par le comportement de l'employeur et des dommages et intérêts à percevoir par la salariée qui peut revendiquer cette qualité bien qu'elle n'ait pas travaillé. Car la toulousaine ne se trompait pas en prétendant que ce n'est pas le travail qui définit le salarié.

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Clémence Isaure au Jardin du Luxembourg

21/11/2009

Jeu de mains, jeu de toulousain

Une précédente chronique avait déjà souligné qu'à mélanger droit et morale, on fait du mauvais droit et on fragilise la morale que l'on veut défendre. Le débat qui agite la France depuis mercredi et envahit jusqu'à cette chronique, est de savoir si le match de Football entre la France et l'Irlande doit être rejoué. Combien de voix se sont élevées (pas vrai Attali ?) pour dire combien il fallait avoir honte et demander à rejouer le match. Combien d'amalgames douteux : en vrac la marseillaise, l'identité nationale, l'honneur, la morale entre autres sont convoqués pour condamner, vociférer, s'indigner. Signe de la confusion intellectuelle qui règne quand même souvent dans ce pays.

Faisons un peu de droit puisque tel est notre plaisir : le football a décidé de confier le respect des règles du jeu à un trio d'arbitres. Il a refusé de faire appel à la vidéo. L'erreur éventuelle de l'arbitre fait partie des règles. Elle peut concerner des actions déterminantes ou anodines. L'arbitre, en droit, à toujours raison puisque sa décision n'est pas susceptible d'appel. Comme le juge, la loi lui confère à un moment donné la possibilité de dire la vérité, serait-elle contraire aux faits. Comme l'employeur fait sa loi sous le contrôle du juge, le footballeur peut utiliser ses mains sous le contrôle de l'arbitre. Shiva n'est pas interdite de football.

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Shiva - Metropolitan Museum of Art

Même s'il peut y avoir de la beauté sans les mains...
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Buste - Metropolitan Museum of Art

...il est nécessaire de rappeler l'adage rugbystique : "Jeu de mains, jeu de toulousain". Certes, nous sommes au rugby. Mais en ce domaine la règle est claire : la vidéo peut être utilisée pour arbitrer mais uniquement dans deux cas : en cours de match pour valider ou non un essai (et pas pour une action située dans le champ de jeu), après le match pour des brutalités qui n'auraient pas été sanctionnées (et non pour revenir sur des décisions d'arbitrage). Constatons que la règle est différente et les conséquences également. Plutôt que de vociférer, la seule question qui vaille concernant Frane-Irlande est de savoir s'il faut modifier une règle qui peut aboutir à des décisions d'arbitrage sur des actions de but ou si l'on adopte la règle du rugby (vidéo uniquement pour valider ou invalider les buts marqués). En l'occurence, si la règle avait été celle du rugby, il n'y aurait pas eu but, la France aurait été éliminée et l'on parlerait depuis mercredi de la nullité des joueurs et de leur entraîneur ce qui rehausserait le débat.

Mais concluons qu'il serait dommage de se priver de la possibilité d'utiliser ses mains, qui contribuent largement à la grâce de la vie, qui peut surgir en n'importe quel lieu et à tout moment.

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Instant de grâce dans un Coffee Shop

26/03/2009

Test pour recruteurs

Elles sont 14. Des adolescentes aux joues rondes et roses. Des jeunes filles en fleur. Leur regard est direct. Sans détour. Elles voient bien au-delà du photographe. Elles vous voient. Leurs photos ont été exposées au cours de l'été 2006 au Musée des Abattoirs à Toulouse. Elles ont été prises par le groupe russe AES+F.

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AES+F - Portraits de quatorze adolescentes russes

Sept d'entre elles sont des meurtrières. Elles ont tué leur voisin, leurs parents, des amis, des inconnus. Les autres ? sept collégiennes. Les premières ont été photographiées en maison de redressement, les autres dans leur école. La mise en scène est sobre : fond blanc, tee-shirt mais tout de même maquillage. Les photos sont présentées dans un cercle rouge. Le visiteur est invité à jouer : quels sont les numéros des meurtrières et ceux des collégiennes ? avant même que la fiche portant la question ne soit remise, on se surprend à se poser la question et chercher l'indice dans une pose, un regard, une attitude : es-tu celle qui a découpé trois personnes avec un couteau de cuisine avant de reprendre tes activités sans plus y penser ?
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La question est vaine, et le jeu tout autant. Aucune vérité ne saurait être tirée de la contemplation des visages proposés. Le dispositif fonctionne à merveille.
On ne saurait trop conseiller aux recruteurs de se prêter à l'expérience et de jeter un coup d'oeil aux photos des jeunes filles avant de recevoir leur prochain candidat.

15/03/2009

Toulouse-Paris

Toulouse, 1987. Création du Cabinet Willems Consultant. Paris, 2009. Le Cabinet Willems Consultant s'installe à Paris. Les nouvelles coordonnées sont dans la rubrique A propos. Il fait soleil à Paris ce jour.

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Willem de Kooning - Souvenir of Toulouse - 1958