25/03/2012
Correspondances
Avant que le canular ne soit démasqué, la presse et les internautes avaient largement diffusé l'information : selon une chaîne de TV syrienne, les joueurs du FC Barcelone se feraient des passes faisant dessiner au ballon le tracé des routes à emprunter pour pouvoir livrer des armes aux opposants de Bachar El-Assad. L'annonce paraissait à la fois délirante et en phase avec la paranoïa que l'on imagine être celle des dirigeants syriens. Canular donc mais qui nous ramène à ces correspondances dont les surréalistes faisaient leur miel. Dans le jeu de la constellation par exemple. La règle en est simple : vous choisissez une constellation, vous la tracez sur un calque et vous reportez ce calque sur le plan d'une ville. La constellation vous fournit alors un trajet que vous parcourez à pied en prenant le temps de la découverte. A vous ensuite de comprendre l'histoire que vous raconte ce trajet.
Il ne s'agit pas d'être attentif aux coincidences, mais de rechercher les correspondances. D'établir des liens qui nous parlent, de découvrir des rapprochements signifiants, de tenir le monde qui nous entoure non pas pour une énigme à déchiffrer mais comme une boîte à merveilles que l'on aurait de cesse d'ouvrir, comme une boîte à musique dont on ne se lasserait jamais. Ces correspondances ne se laissent pas toujours percevoir, et comme la lettre volée d'Edgar Poe elles sont parfois d'autant plus invisibles qu'offertes à tous les regards. Qui ce matin s'est retourné sur ce scooter Yamaha TMax garé sur la petite place du 19 mars 1962 ? provocation ? message codé ? hasard ? puissance de l'inconscient ? en matière de correspondances il faut se souvenir qu'elles vous en apprennent plus sur vous que vous n'en saurez jamais sur elles.
22:20 Publié dans DES IDEES COMME CA, TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : scooter, toulouse, algérie, correspondance, photo, étoiles, constellation, surréalistes, jeu
23/03/2012
Les mails du vendredi soir
J'aime beaucoup les mails du vendredi soir. Après le déjeuner, la boîte mail s'assoupit en une douce léthargie annonciatrice du week-end. Un ralentissement progressif du rythme, comme pour reprendre son souffle avant de changer d'activité. Et puis, sur le coup de 17h, ils commencent à apparaître. Timidement pour les premiers, comme en s'excusant de déranger ou de venir si tard. Volontairement pour les suivants, pour bien montrer que l'on était dans la todolist et que le pari de tout solder avant la fin de semaine est tenu. Fiévreusement, pour les plus tardifs, quand l'on sent qu'il n'est qu'un parmi les dizaines que l'expéditeur se fait fort d'envoyer dans les minutes qui suivent. Et puis passé la fin d'après-midi, arrivent ceux pour qui plus rien ne presse. Ce n'est plus l'urgence qui guide l'action mais le plaisir du temps retrouvé et de celui à venir.
Marie Toravel - Le train sifflera trois fois
Vos correspondants se situent dans cet entretemps qui a le charme des failles et des interstices. Ils ont échappé à la contrainte, trouvé leur rythme et ils prennent le temps de vous écrire. Les messages sont plus amples, la personnalité plus présente, le rapport au temps qui se ferme et à celui que l'on va ouvrir plus affirmé. Ils ont le goût des départs avec leur part d'inconnu enserré dans des formules qui ne trouvent habituellement pas leur place dans la correspondance. Ils ne sont pas faits que de mots mais traversés de rêveries, de vent, d'océan et d'envie. Ils ne vous envahissent pas, ils vous témoignent simplement le plaisir que peut être l'autre. J'aime beaucoup les mails du vendredi soir.
23:33 Publié dans TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mail, correspondance, week-end, vendredi, toravel, peinture, départ, travail