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24/12/2013

JOYEUX LEON !

Et que la magie veille sur vous !

 

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09/11/2013

Selon où se porte le regard...

Si vous regardez devant vous, les cases colorées saturent l'espace. Vous ne verrez rien d'autre que ces maisons aux couleurs vives qui attirent les photographes comme le bas clergé la vérole (le haut clergé est précautionneux).

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Si vous tournez la tête sur le côté, vous verrez encore ces façades éclatantes, censées guider les pêcheurs par jour de brume, à moins que ce ne soit pas jour embrumé.

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Mais si vous regardez derrière vous, vous découvrirez la lagune touchant le ciel et vous pourrez vous demander lequel réfléchit l'autre.Gris et bleus composent une même étendue immobile, immuable, silencieuse, comme un grand monochrome.

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Il faut marcher encore un peu pour découvrir que la couleur peut se mêler aux gris, surgissement inattendu pour rappeler que l'art de la synthèse est celui de marier les contraires, un des meilleurs moyens de faire surgir la beauté.

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08/11/2013

Un ange passe

Lorsque la lumière décline peu à peu, que le vert d'eau de la lagune se confond avec les suaves nuages qui enveloppent le ciel, que les passants passent sans que leurs pas ne marquent le temps, que les canaux font silence au défilé des barques, dans ce temps retrouvé d'on ne sait quand, un ange passe.

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Un proverbe québecois dit que lorsqu'on rêve d'un ange, on voit ses ailes. Au détour d'un pont, les anges modernes de la réclame, messagers de la 4G, valident la proposition.

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Mais il en va des anges comme des hommes, innombrables et tous différents. Laissons à leur commerce ces anges modernes et retournons aux anges anciens, messagers de l'amour et de la révélation.

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Diable, que voilà un langage direct, décidément, à qui se fier. A Melville peut être : "Si tu gouvernes le requin en toi, tu seras un ange ; car les anges ce n'est rien de plus que des requins bien gouvernés". Amis anges et requins, bonne fin de semaine.

07/11/2013

Semblable, dissemblable

C'est une évidence qu'il est parfois nécessaire de rappeler : tous semblables, tous dissemblables. Ce n'est pas parce que tous les individus se ressemblent qu'il faut oublier leur singularité. Des ressemblances de façade peuvent masquer des différences profondes. 

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Ce n'est pas parce que les organisations patronales et syndicales poursuivent, globalement, les mêmes objectifs, qu'elles ont les mêmes positions. Ce qui donne parfois des configurations particulières dans les négociations ou des organisations qui ne siègent pas du même côté de la table vont se retrouver, pour des raisons certes différentes, à défendre les mêmes positions. C'est aujourd'hui la configuration de la négociation sur la formation professionnelle puisque aucune des deux parties n'a de position commune.

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Et si au final on aboutit à un accord, que certains nommeront consensus et d'autre compromis, il ne faudra pas en conclure qu'il y a uniformité, comme au Palais Grassi, recouvert de tapis en toutes ses parties.

Pour mieux comprendre ce qui rassemble et divise les participants à la négociation notamment sur la question du financement de la formation, une chronique réalisée pour l'AEF portant sur les enjeux de la mutualisation.

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06/11/2013

L'eau, le feu

Connaissez-vous, Perdita, demanda soudain Stelio, connaissez-vous au monde un autre lieu qui, autant que Venise, possède, à certaines heures, la vertu de stimuler l’énergie de la vie humaine par l’exaltation de tous les désirs jusqu’à la fièvre ? Connaissez-vous une plus redoutable tentatrice?

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Celle qu’il appelait Perdita, le visage penché comme pour se recueillir, ne fit aucune réponse ; mais elle sentit passer dans tous ses nerfs l’indéfinissable frisson que lui donnait la voix de son jeune ami, quand cette voix devenait révélatrice d’une âme véhémente et passionnée vers qui elle était attirée par un amour et une terreur sans limites.

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— La paix, l’oubli ! Est-ce que vous les retrouvez là-bas, au fond de votre canal désert, lorsque vous rentrez épuisée et brûlante pour avoir respiré l’haleine des foules qu’un de vos gestes rend frénétiques ? Moi, lorsque je vogue sur cette eau morte, je sens ma vie se multiplier avec une rapidité vertigineuse ; et, à certaines heures, il me semble que mes pensées s’enflamment comme à l’approche du délire.

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— La force et la flamme sont en vous, Stelio ! — dit la Foscarina, presque humblement, sans relever les yeux.

Gabriele d'Annunzio - Le Feu - 1900

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08/10/2013

Comme en rêve

Lorsque j'ai entendu dans le métro une voix féminine haut perché lancer "Arigato Godzaimas", j'ai tout d'abord pensé que j'étais mal réveillé, que c'était l'heure matinale. Ou que j'avais décidément du mal à revenir du Japon. Puis je me suis aperçu qu'il s'agissait de prévenir les voyageurs nippons des risques de vol. Ce qui me rappela que dans le métro à Tokyo on peut laisser sans problème son portable sur la banquette pendant qu'on lit le journal.

Puis j'arrivai à Chartres. Dans le petit matin, le soleil perçait des nuages lourds et diffusait un halo de lumière sur la cathédrale. Je pensai à ce conseiller aux affaires culturelles de la Ville de Toulouse qui, il y a quelques années, était entré dans cette cathédrale, avait été pris par la lumière et était entré pendant dix ans dans les ordres, laissant à l'extérieur femme, enfants, amis, travail et tout le reste.

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Et le soir, au retour de Chartres, en train, dans la lumière rasante du début d'automne, apparut soudain le château de Versailles, tel un grand vaisseau flamboyant, qui semblait échappé de l'histoire, des rois et reines, qui n'avait comme cour que la forêt environnante et qui saluait les passants.

Certains jours, on travaille comme en rêve.

16/09/2013

Trop c'est trop

Le néerlandais Erik Kessels a imprimé toutes les photos qui ont été publiées sur Flickr pendant une période de 24 heures. Ces photos sont toutes différentes, uniques, et pourtant elles constituent un ruban de moebius de la photographie personnelle. L’impression d’avoir déjà vu, revu et rerevu tout cela et finalement, l’accumulation finit par tuer toute vision tant l’œil est submergé par l’entassement.

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Comme dans une décharge à ciel ouvert, ce qui pourrait être une des définitions possibles d’internet, on se dit qu’il y a sans doute, dans le tas, quelques pépites qui s’amusent à se dissimuler, à éprouver leur clandestinité et prennent un malin plaisir à jouer à la lettre volée. Mais oui, je suis là, devant toi, tu ne vois rien ? et bien non, rien de rien, carrément rien. Trop c’est trop.

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Et pourtant les centaines de photos de Daido Muriyama ne produisaient pas cet effet de chantilly au kilomètre. Peut-être tout simplement parce que peu importe le nombre, comme au Tango, ce qui compte c’est le geste juste.

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Les photos d'Erik Kessels invitent à penser que ce qui tue le droit, c’est moins l’invraisemblable quantité de textes, même si elle ne facilite rien, que la médiocrité de leur qualité. Et  l’on se dit qu’il faut la ténacité, ou la folie, d’un chercheur d’or pour s’évertuer encore à traquer dans tout ce fatras quelques pépites.

15/09/2013

Echappée

On peut toujours sauter dans un train pour Arles afin d'échapper aux pluies venues de l'Ouest, qui ne balaient pas ce Sud là, mais décidément on ne peut échapper au Japon. Et si l'on ne partage pas l'enthousiasme un peu convenu à l'égard des grands tirages de Hiroshi Sugimoto, en revanche les obsessions foisonnantes de Daido Moriyama excitent les sens sans retenue.

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Et c'est un nouveau clin d'oeil au Japon que la fête du riz, pour laquelle le bel Onyx pose tout de blanc vêtu devant un rouge qui rappelle le drapeau japonais.

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C'est le risque avec le soleil : l'hallucination vous guette qui, couplée au rêve permanent japonais, fais que l'on ne s'étonne guère de voir apparaître un escalier volant.

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Ont-ils empruntés cet escalier les Evêques de Christian Lacroix qui, tels des Shoguns, abusent de la terreur au nom de la paix de Dieu. 

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Faut-il vraiment sortir du rêve ? à la pause qui s'impose, c'est Saul Leiter, croisé au printemps à Vienne, qui colorie un clin d'oeil sur les vitres du cafés.

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La photo, comme la peinture, c'est avant tout de la lumière. Ce dont nous avons tant manqué depuis le début de l'année. Nul doute que pour compenser, il faudra d'autres échappées.

25/08/2013

Bourlinguer

Bourlinguer pour un marin, c'est avancer contre le vent. Pour un Occitan, cela renvoie à bouléguer. Alain Garrigue il boulègue ses peintures avant de les mettre sur la toile avec tout un tas de boulégadors improbables : morceaux de bois, pinceaux dépoilés, bouts de ferrailles, cartons pliés, doigts tendus quand c'est tout ce qui lui tombe sous la main. Bref, il s'agit de se bouger, de ne pas attendre les vents portant, de faire avec que que l'on a et trouver son miel partout.

Bourlinguer c'est aussi le titre d'un livre de Blaise Cendrars organisé en chapitres qui portent des noms de villes, et dans lesquels il est parfois fait état de la ville en question.

Bourlinguer, c'est aussi un photoblog qui fera le tour des villes, et quelques autres tours, au rythme d'une photo par jour. En route !

 

http://bourlinguer.hautetfort.com/

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24/08/2013

Le temps d'un regard

Ils rythment la rue et murmurent à l'oreille des passants. Les adultes s'arrêtent au premier qui leur fait signe, sous l'effet de surprise. Au second on accorde déjà moins de temps et au troisième on est retourné à ses préoccupations d'adultes. On ne verra donc pas les autres. 

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Les enfants les regardent tous. Un par un. Reviennent en arrière parfois, pour vérifier le nombre de doigts, la forme de la bouche, la texture de la robe légère. Ils savent que ce sont des fantômes avant qu'on le leur ait expliqué.

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A l'adulte qui les tire par le bras en disant : "Allez viens, dépêche toi !", les petits  répondent qu'ils veulent aller voir encore, suivre les fantômes, tourner le coin de rue dans le sens des flèches rouges, parce qu'il y a sans doute encore à découvrir et que de toute façon les fantômes ils disent que c'est par là qu'il faut aller.

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C'est assez simple finalement de savoir ce que l'on a fait de l'enfant qui est en nous. Il suffit juste de se demander si on a le temps. Parce que l'enfant il a toujours le temps et l'adulte jamais.

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Suivre les fantômes, c'est accepter d'être conduit n'importe où sans poser de question. Juste en regardant ce qu'il se passe, comme par exemple quand le regard d'une petite fille de l'autre bout du monde croise celui de la plus énigmatique jeune femme de l'art occidental. Pour connaître la suite, prière de s'adresser aux fantômes.

22/08/2013

Soleil

Pas si simple finalement la reprise. Le soleil, les rues de Paris au mois d'août, la douceur des soirées en terrasse, les expositions qui vont disparaître avec l'été et auxquelles il faudrait se rendre, comme le HEY ! Part II à la Halle Saint-Pierre, les rires d'enfants dans les parcs, la nonchalance qui occupe encore les esprits et les corps, tout cela n'incite pas à s'asseoir devant son ordinateur pour produire ce qui doit l'être. Sauf si le soleil, de temps en temps, vous y rejoint.

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On connaissait la formule : " Aujourd'hui, je marche sur mes cils" pour exprimer une fatigue passagère. Il faudra désormais compter avec : "Depuis que j'ai recommencé à travailler, je tombe de soleil". En compagnie de qui est tombé du soleil, le travail est soudain plus léger.

20/08/2013

Nouveau départ

La rivière d'Héraclite, celle qui coule tous les jours mais n'est jamais la même, est une belle impermanence. Avoir choisi le terme de rentrée pour cette ouverture qu'est un nouveau départ, est une belle tentative d'union des contraires. Joignons les deux : chaque rentrée est une ouverture différente ; sur quoi ? les rivières anciennes qui ne sont jamais les mêmes et les rivières à venir.

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Départ

Assez vu. La vision s’est rencontrée à tous les airs.
Assez eu. Rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.
Assez connu. Les arrêts de la vie. - Ô Rumeurs et Visions !
Départ dans l’affection et le bruit neufs !

Arthur Rimbaud, Illuminations

16/08/2013

Impermanences

Impressions fugaces à effet durable :

 

Marcher la nuit dans Harajuku ;

Le port de Nagasaki et ses parfums de comptoir colonial ;

Les Gozaimaaaaaassss lancés à toute occasion et chantés par les voix haut perchés des japonaises ;

Les toris vermillons des temples shintoistes et de la colline des toris à Kyoto ;

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L’envie de prendre tous les trains et d’attendre dans toutes les gares ;

La facilité avec laquelle, comme partout, on peut se retrouver seuls ;

Les regards vifs, rapides, qui vous détaillent façon puzzle en prenant soin de ne pas vous regarder ;

Le moine qui nous fit sonner cinq fois  la cloche du temple pour tout le quartier, un soir à Nagasaki ;

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L’attention permanente et souriante portée à l’autre ;

L’art de la synthèse ;

La beauté des enfants dans un pays où la natalité décline dramatiquement ;

La présence de la montagne et la culture terrienne dans cet archipel qui donna si peu de marins ;

La cloche d’Hiroshima le 6 août à 8h15 ;

L’action-pensée et la pensée-action ;

Les wagons du métro réservés aux femmes à Osaka, pour éviter les tripotages compulsifs ;

Le vieux monsieur qui tient restaurant dans sa cuisine à côté du  temple Daitoku-ji à Kyoto ;

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L’eau qui coule ;

La présence animale, en tout lieu, à toute heure ;

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Les rues de Shinsekai, un dimanche de canicule ;

Les mille et un kilomètres de galeries marchandes couvertes (bazar, luxe, restaurants, étalages, viande, poisson, dégustations, magasins à 100 yens, boutiques à touristes, karaokés, fripes, solderies et tout le reste, et tout le reste) ;

Le romanesque des love-hôtels, qui ont souvent des noms français, dont le très bel hôtel La cachette à Tokyo ;

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La commodité de régler sa montre sur le passage des trains ;

La curiosité et l’attention des visiteurs de l’exposition Francis Bacon au Musée municipal de Toyota et particulièrement le regard du paraplégique devant les corps tordus ;

La capacité de la végétation à imaginer de nouvelles nuances de vert ;

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La lecture magnétique de Pickpocket de Funimori Nakamura ;

Les corps courbés sur les téléphones portables ;

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Les trois générations de japonais engrangeant de petites billes argentées dans le vacarme des pachinkos ;

Les invraisemblables enchevêtrements de fils électriques qui, paraît-il, ne peuvent être enterrés à cause des séismes. En réalité, orgueil de montrer que tout ce bordel fonctionne parfaitement ;

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Les démarches chaotiques, en forme de vol de papillon, les pieds en dedans des jeunes filles kawais, le peu de sourires sur les visages des salary men ;

La vieille dame qui riait en nous donnant des poignées de bonbons sur la Yamanote Line ;

Les hôtels Rose Lips et Rose Garden ;

La similitude des corps, la diversité des visages ;

Le shinkansen qui raccourcit les distances, mais aussi le temps. Puisse-t-il raccourcir celui du retour au Japon.

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15/08/2013

Noir, blanc...couleurs !

Dernier jour à Tokyo avant le retour en France. Envie de noir et blanc, de yin et de yang, de cette fabuleuse capacité à associer plutôt que d'exclure. Ce qui donne parfois d'invraisemblables bordels.

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Mais aussi cette poétique des trains et voies ferrées, à laquelle aurait été sensible André Hardellet, qui fit aussi partie des lectures de voyage.

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Ivresse de passer des rues désertes au carrefour de Shibuya, comme aurait dit André Breton, le Japon, le lieu où le haut et le bas, l'envers et l'endroit, le blanc et le noir cessent d'être perçus contradictoirement.

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Mais impossible d'échapper à la couleur que le soleil exacerbe.

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Ni à la couleur des comportements, comme celui de cet homme qui soudainement se poste jambes écartées et yeux fermées au milieu de la rue, reste immobile de très longues minutes, puis repart comme après une sieste réparatrice.

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Le Japon, pays des paysages et de la nature, même au coeur des villes, même sur les camions.

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Le Japon est aussi le pays des joyeux délires.

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Mais le plus troublant, ce sont ces scènes de roman ou de cinéma auxquelles on peut être confronté à chaque coin de rue. Voici une histoire de départ, de clandestinité, d'indépendance et de défi qui vous est livrée en un regard.

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Et ici, il est question d'attente, et peut être d'une ardente patience.

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En noir et blanc et en couleurs, plein les yeux du kaléidoscope japonais !

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14/08/2013

Beauté du contresens

La formule est empruntée au titre d’un livre de Philippe Forest, lui-même inspiré par Marcel Proust qui écrivait : «Les beaux livres sont écrits dans une sorte de langue étrangère. Sous chaque mot chacun de nous met son sens ou du moins son image qui est souvent un contresens. Mais dans les beaux livres, tous les contresens qu'on fait sont beaux.».

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Ce qui est vrai pour la littérature ne l’est pas moins pour les pays étrangers. Le plus souvent, nous ne voyons que l’écume, et lorsque nous avons le sentiment d’aller au-delà, notre regard est tellement d’ailleurs qu’il ne peut que voir différemment de celui qui vit dans ce pays et en maîtrise la culture, les codes, l’histoire, les références, la symbolique.

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A ce titre, rien de plus agaçant que les phrases qui commencent par : « Les japonais sont… ». Les japonais n’existent pas plus que les français, les grecs, les polynésiens ou les moldaves. Il y a des japonais, 127 millions exactement et une diversité infinie d’individus qui pourraient tous constituer un contre-exemple de certains de leurs concitoyens.

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La généralisation est, comme toujours, une réduction paresseuse, loin de la synthèse subtile que l’on peut souvent observer de ce côté ci de la terre.

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Voilà pourquoi, il n’y a pas de voyage, il n’y a que des voyageurs.

13/08/2013

A pied

Marcher sans itinéraire, sans plan, sans autre volonté que de découvrir des lieux nouveaux, laisser advenir la poésie, par exemple cette petite fille qui vole sur la piste et continue de courir entre les courses, ni les filles ni les garçons ne la rattrapent, ou ces immeubles depuis lesquels on vous observe, ou ces jeunes filles qui vous invitent à conjuguer des langues inconnues, ou même ce stalinien palais du gouvernement inspiré par Notre-Dame (pour mieux souligner que la politique tient du religieux ?) qui se teinte la nuit de beaux éclats de gris ou encore cette gargotte ou vous pouvez partager la fin de journée avec les habitués. Mais puisqu'il est question de poésie, laissons la parole à Rimbaud, dont les phrases sont des haikus.

Mais pourquoi regretter un éternel soleil, si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine, - loin des gens qui meurent sur les saisons.

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J'ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames.

 

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J'ai essayé d'inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues.

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Il faut être absolument moderne.

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Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes.

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et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps.

 

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11/08/2013

Des villes dans la ville

C'est une des caractéristiques de New-York, que l'on retrouve à Osaka : en changeant de rue, au détour d'un immeuble, on change de quartier et l'on change de ville. Les journalistes sans imagination diraient "sans transition". On préfèrera l'idée d'identités rapprochées multiples (IRM), autrement dit l'art d'avoir plusieurs personnalités sans avoir jamais été diagnostiqué schizophrène (attention toutefois de ne pas tomber sur un toubib plein de certitudes et de zèle).

Cela commence de manière bucolique dans Kita et ses larges avenues désertes du dimanche matin.

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Puis surgit Amerikamura, ses boutiques, ses musiques et ses symboles américains.

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Dans ce quartier considéré comme original, il y a pourtant des garçons...

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...et des filles. Quoi de plus normal ?

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Au Sud d'Amerikamura, sur les bords du canal Dotombori, quelques Love Hotels, dont le Rose Lips, qui attend ses clients et son romancier.

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Plus ou moins discrets, les clubs s'affichent.

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A quelques pas de là, à Den Den town, on peut acheter de l'électronique, de l'informatique, des jeux, vidéo,...c'est le paradis des Geeks. Mais on y trouve également de petites démones et des enfants abandonnés pendant que leurs irresponsables parents courent les rayons des bazars numériques de Den Den Town.

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Une rue à traverser et l'on découvre Shinsekai. Un quartier qui en recèle lui-même plusieurs. Tout d'abord celui du Kitch absolu avec couleurs criardes, Tour ringarde, figurines à taille humaine et décor de carton pâte.

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Mais ici encore, il suffit de traverser une rue et l'on découvre un univers plus populaire, plus pauvre, où la lumière et l'artifice ne dissimulent guère l'effort que peut constituer parfois une vie.

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Il y a des commerçants qui attendent, face à leur magasin...

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...des habitués qui se saluent, et saluent le chien aussi...

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...et aussi des bars tenus par des femmes où des hommes viennent chanter du karaoké, et chantent aussi lorsqu'ils sont seuls, et encore des salles que seuls les hommes fréquentent.

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Derrière un bar, une de ces photos, placardées partout, d'Oscar...pardon de Shinzo ABE, le premier ministre.

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Quelle surprise, dans ces rues pauvres d'un autre temps de découvrir tapie au fond d'un garage une Rolls Royce Silver Dawn de 1949 !

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Et quand on entend soudain : "...et ils pissent comme je pleure sur les femmes infidèles" on se demande si les 36° à l'ombre n'ont pas fait leur oeuvre, avant de découvrir le chanteur de rue, français, qui enchaîne Brel et Brassens devant des japonais interloqués.

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Logés entre  les ExpressWays qui parcourent la ville, les quartiers d'Osaka écrivent sans hâte une poétique et troublante vision du monde. Oh, Osaka !

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07/08/2013

En train

Le pays du train. Incontestablement, c'est au Japon que les amoureux du rail doivent s'établir. D'ailleurs, ils ne les quitteraient plus les trains : on peut y manger, dormir, s'émerveiller de la diversité des paysages, lire ou encore regarder passer les charmantes vendeuses de boissons dont le sourire vaut la contemplation du Mont-Fuji et qui saluent et remercient en entrant et sortant du wagon, y compris lorsque tout le monde dort et que leur voix comme un chant d'oiseau traverse vos rêves. Car le train au Japon c'est d'abord une poétique. Comme celle de ces improbables passages à niveau en plein coeur de Tokyo.

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Ou celle de ces gares où l'herbe pousse et qui sont les uniques lieux de croisement des trains sur ces voies uniques qui desservent les alentours de Kyoto.

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Les quais de gare sont comme les terrasses de café, des lieux d'observation inépuisables.

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Et si vous tournez la tête, vous découvrez au loin cette étrange procession d'un autre temps, celui où tout se faisait à pied.

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Mais bien vite le maître des lieux reprend possession de la voie, avec le renfort de la pluie pour chasser les importuns qui se mettent au travers de son passage.

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Lui-même devra s'écarter devant le roi absolu du rail : le Shinkanzen ou "Bullet train", dont l'esthétique est à l'unisson des performances, parmi lesquelles celle d'avoir un retard moyen toutes lignes confondues, de 20 secondes. Ce n'est ni une coquille, ni le saké, ni le décalage horaire, les centaines de Shinkanzen qui traversent le Japon chaque jour ont une précision moyenne inférieure à la minute. Comme quoi, c'est possible.

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Ce qui est possible également, c'est le confort absolu dans le train et une nourriture hors-pair : les ikaben ou bento, autrement dit des boîtes, vendus dans les gares, sont des assortiments de mets raffinés, différents selon les régions, que l'on déguste pendant le trajet avant de dormir et de regarder le paysage. Car le train est un rituel, et ce rituel est un plaisir. Allez, en train !

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03/08/2013

Bestiaire

De Tokyo la mégapole, à Kyoto la provinciale en passant par Nara la campagnarde, dans toutes les villes les animaux font partie non pas du décor mais de la vie même. Impossible, par exemple, d'échapper aux chants des grillons, que les japonais savent, paraît-il, différencier.

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Impossible également de ne pas subir les ricanements ironiques des corbeaux et corneilles qui traînent en tous lieux, plus efficaces surveillants de vos gestes que Big Brother.

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Les bassins des jardins accueillent les carpes en kimono, pour elles c'est tous les jours tenue de gala.

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A proximité, il n'est pas rare de surprendre le regard d'une tortue, qui vous scrute tel un vieux samourai suspicieux et belliqueux.

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Plus pacifiques, les hérons cendrés feignent l'indifférence mais leur regard en coin n'en perd pas une miette. Sachez-le, il y a toujours un animal qui vous regarde.

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Les biches de Nara guettent le chaland et lui feront sans vergogne, et même avec insistance, les poches (de gâteaux).

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Dans les temples, le boeuf offre sa bienveillance comme le japonais sa courtoisie. Au point que vous le laissez décider lui-même du voeu qui sera le vôtre.

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Il y aurait encore les chats de rue, les hirondelles de fil et surtout le mythique lapin japonais qui tient plus du lapin blanc d'Alice au pays des merveilles que du Bugs Bunny macheur de chewing-gum.

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Et puis il y a, évidemment, les papillons.

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30/07/2013

Du boulot pour le Sphinx

Le hasard les regroupa un instant sur un bout de trottoir, comme une illustration des trois âges de la vie tels que les envisagèrent les Pères du désert : la connaissance de soi, la connaissance de l'autre et le cheminement vers Dieu.

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Le plus jeune est assis, replié sur lui-même, dos à la rue, sans souci du monde extérieur.  L'adulte est debout, face au monde, cherchant avec son portable la relation à l'autre. Le plus âgé chemine. Il va sans regarder la route, le chemin qu'il suit n'est pas celui du trottoir. Pour tous les trois, la réalité est celle de leur pensée, très loin de l'arrêt de bus. En quelques annnées, l'homme qui marche sera devenu l'homme qui communique puis l'homme assis qui voyage sans bouger. Le Sphinx et Oedipe vont devoir réviser leur dialogue.