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29/07/2013

Faire corps avec son travail

Si l'on associe l'idée que l'on se fait des japonais au travail, avec l'effervescence de tout marché en quelque point du globe, on se dit que le marché aux poissons de Tokyo doit être un spectacle extraordinaire : valse des boîtes, des couteaux, de la glace, hystérie des enchères, chorégraphie des livreurs, courses folles des chariots que leurs conducteurs propulsent dans les allées sans considération pour le chaland. On en salive d'avance. Oui mais voilà, c'est tout de même les vacances et lorsque l'on arrive sur place, rien, plus de bruit, pas d'agitation, quelques retardataires qui terminent au jet d'eau le grand nettoyage. Et le silence de l'après.

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Ah si, en voilà tout de même un, travailleur. Enfin on le suppose comme on suppose qu'il apprécie ce temps de nonchalance, soustrait au rythme trépidant des petits matins.

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Mais en fait on en sait rien. Comme la position semble avoir du succès, peut être s'agit-il d'un rite, d'une tradition locale ou d'une politique de santé publique.

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Quoi qu'il en soit, tout le monde n'est pas au même régime si l'on en croit cette réunion, où l'on ne sait pas très bien si le chef est en train de parler, si tout le monde fait une microsieste, s'il s'agit d'un brain storming à haut niveau de concentration, si tout le monde vient de s'apercevoir que le dossier remis n'est pas le bon mais fait comme si, ou bien si chacun a dissimulé au milieu de ses dossiers une poésie de Jérome Leroy écrite sous un citronnier grec.

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Toujours est-il qu'après cette séance intense, le corps aura besoin de quelques assouplissements pour se remettre de cette très mauvaise posture. Conseillons aux réunionneurs de suivre l'exemple de ce chauffeur qui fait corps avec son camion. Le travail, c'est quand même mieux lorsqu'on le personnalise.

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28/07/2013

Harmonie des contraires

Lorsque l'on parcourt les articles paresseux écrits sur le Japon, on échappe guère au sempiternel cliché du pays qui allie tradition et modernité. Terre de contrastes écrivent les guides, et le sésame est réutilisable à l'infini car cela permet de parler des geishas et des cosplay, des mangas et des sumotoris, des temples et de l'informatique, des humbles maisons en bois et de l'orgeuilleuse Skytree. Mais avec cela on ne dit rien.

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Dans un pays qui n'a pas la culture du conflit ni de l'opposition frontale, la diversité ne peut être pensée, comme souvent en France, sur le mode de l'exclusion (qui ne me ressemble pas est une négation de moi-même), mais plutôt sur celui, plus dialectique, de la synthèse.

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Quelle synthèse entre le calligraphe et les univers des jeunes peintres ? le trait, le pinceau, l'imaginaire, la ferveur.

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Ces univers de filles qui se déploient comme les feux follets des maîtres calligraphes ne sortent pas de nulle part. Ils ont l'énergie, le mouvement, la vitalité, la liberté que les pinceaux ont tracé sur les rouleaux de papier.

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Le noir et le blanc, de la fille et la mère, nous rappellent qu'au Japon aussi l'harmonie des contraires, symbolisée par le Ying et le Yang, irrigue la pensée. Rien n'est exclusif, toute chose contient son contraire et tout l'art de la synthèse revient à la construction des équilibres, à commencer par le sien propre. Ce qui n'exclut pas que les japonaises puissent vous en faire voir de toutes les couleurs.

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27/07/2013

Papillons

Les japonaises en kimono sont des papillons au vol saccadé qui butinent les regards qui les accompagnent. Sans un regard et sans y prendre garde.

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Avez-vous remarqué comme les papillons parfois vont par deux, dissemblables et heureux jumeaux.

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A toute heure du jour, le papillon goûte aux saveurs qui l'entourent. Le plaisir est naturel, la culpabilité une humaine sottise.

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Et comme la chenille fait le papillon, le sourire annonce le rire. Il fait bon être papillon au Japon.

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26/07/2013

Le soleil ne s'est pas couché

C'est un peu le principe lorsque l'on part vers l'Est : on avance plus vite que le temps, et si l'on fait le voyage par le Nord (côte nord de la Russie puis descente à travers la Sibérie) on échappe à la nuit. Et lorsque l'on arrive au pays du soleil levant, en fait il ne s'est pas couché. Mais après le sevrage printanier, 36 heures de soleil consécutives, ce n'est pas de trop. Surtout quand on est aussi bien accueilli. Les grues font un salut de bienvenue.

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D'autres clins d'oeil sont plus discrets, mais bien présents.

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Sous l'effet du soleil, on se demande si l'hallucination ne rôde pas : ce ne sont pas les quatre garçons dans le vent sur le passage d'Abbey Road ? Non, juste des salary men pressés qui ne remarquent plus l'immeuble qui se gondole au soleil.

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Mais en matière d'hallucination, il est fort probable que le meilleur reste à venir.

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25/07/2013

A l'Est

Rideau. Après quelques semaines marathon à courir les trains et les avions et redécouvrir la vie d'hôtel, le store est tiré sur le bureau pas rangé, les en cours pas traités et les listes de tout ce qu'il aurait fallu faire avant de partir. On verra tout ça au retour. En attendant, demain le soleil se lèvera un peu plus à l'Est.

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06/06/2013

On dirait le Sud

TGV du matin pour voir un client à Marseille. Soleil matinal, lumières pâles de la Provence, sols secs, on en oublie même que le compartiment bruisse  des inévitables cadres qui paufinent fièvreusement leurs présentations Powerpoint et vérifient leurs tableaux croisés dynamiques avant leur réunion du jour. Dès que la mienne est terminée, de réunion, je retarde mon retour pour un tour de ville dans laquelle il y a longtemps que je n’ai plus traîné. Avec pour débuter un détour par la Belle de Mai.

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Une déambulation marseillaise est l’occasion de constater que le Sud ne manque pas d’imagination pour favoriser l’emploi. Tout d’abord, pour lutter contre les idées reçues, à Marseille c’est celui qui travaille qui est assisté et non l’inverse.

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Ensuite, on ne lésine pas sur la sécurité au travail, ça créé de l’emploi.

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Enfin, on privilégie le travail collectif parce que dans le Sud, la convivialité et l’esprit d’équipe, c’est fondamental.

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Y a pas à dire, dans le Sud, on a du génie. Et comme on est autonome, Marseille c’est déjà un peu la Corse, hé bien le génie, en cas de coup de mou, il se répare lui-même. Pas de doute, on est bien dans le Sud.

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05/06/2013

Deux films à voir

La rediffusion du film Journal de France, réalisé par Raymond Depardon et son épouse, Claudine Nougaret, est l'occasion de refaire une ballade en France mais aussi dans les films précédents de Depardon. Et notamment de revoir les scènes stupéfiantes de Délits Flagrants, qui permet d'assister au travail des juges du tribunal correctionnel de Paris. On est saisi en entendant la manière dont la justice s'adresse aux petits délinquants, aux voleurs, aux agresseurs, de constater combien le discours est loin du droit et emprunte tour à tour à la morale, au paternalisme ou au mépris, à l'évidence non intentionnel mais c'est peut être pire. Et en retour, on est frappé de voir que ce discours semble venir d'un autre monde que celui dans lequel vivent ceux qui sont jugés. Au final, un total dialogue de sourds et d'immenses doutes à la fois sur la manière dont la justice est rendue et sur ses effets.

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Raymond Depardon - La France

Alors que Depardon réalise un film  qui laisse la parole à ceux qui sont filmés, très loin des pesants commentaires off qui accompagnent bien des documentaires, ni les juges ni les avocats ne font grand cas des personnes qu'ils ont la charge de juger ou de défendre. Leur parole est systématiquement niée, lorsqu'encore elle est entendue. Heureusement, les prises de vue choisies par Depardon permettent de se dégager de  cette atmosphère pesante. Peut être faudrait-il de temps en temps mettre les juges dans une camionnette et leur faire faire le tour de France, dormir sur des places incertaines, errer sur des routes de montagne entre chien et loup, être surpris à tout moment par ce que va révéler le prochain virage. Après un tel périple, les juges prendraient peut être le temps d'écouter ceux qui sont en face d'eux.

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21/05/2013

Sortir des statuts

Lors de sa visite aux autoproclamés pigeons, François Hollande a annoncé son souhait de voir se développer un enseignement à l'entrepreunariat dès le collège, moyennant quoi il eût presque droit à une standing ovation. Voici donc l'école sommée de préparer les élèves à devenir des chefs d'entreprise. Encore un effort et Raymond Barre et son fameux : "Les chômeurs n'ont qu'a créer leur entreprise" redeviendra d'actualité. Mais surtout, voilà le type d'annonce qui repose sur deux supercheries. La première est qu'il faudrait un enseignement particulier pour devenir chef d'entreprise : que l'on sache la mission première de l'éducation est de participer à ce que chacun soit autonome, libre et responsable. Cela doit coller avec la fonction de dirigeant sans qu'il soit besoin d'en rajouter. La seconde supercherie est, qu'encore une fois, on ne raisonne qu'en terme de statut.

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Alfred Pellan - Collage - 1939

Car qu'est-ce qu'un entrepreneur ? si certains dirigeants d'entreprise sont des entrepreneurs, tel n'est pas le cas de tous (les héritiers, les rentiers, les investisseurs, les gestionnaires, etc.). Et considérer que seuls les entrepreneurs entreprennent, c'est oublier un peu vite que des millions de salariés entreprennent tous les jours dans le cadre de leur activité et qu'un nombre aussi important de bénévoles entreprennent dans le cadre d'activités associatives et/ou militantes. Bref, si l'on veut préparer nos chères têtes blondes à être créatives, imaginatives, autonomes, entreprenantes, responsables et pleines d'initiatives, il vaudrait mieux ne pas s'en tenir à leur bourrer le crâne d'économie et de gestion. Mais plutôt leur suggérer  qu'il  faut toujours aller voir derrière les statuts.

09/05/2013

A l'Ouest

Homme libre, toujours tu chériras la mer

 

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04/01/2013

C'est déjà demain

Puisqu'il faut revenir à l'actualité, et que le Gouvernement a présenté les projets de loi qu'il entend faire voter au premier semestre, allons-y. Pour le projet de loi sur l'emploi, on attendra la semaine prochaine et la reprise des négociations entre les partenaires sociaux. C'est un autre projet que le hasard de nos promenades nous fit croiser.

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En Espagne, le mariage entre personnes du même sexe est possible depuis 2005. Il souleva les mêmes débats qu'en France, il y eût les mêmes manifestations pour et contre où chacun se compta, l'Eglise (ou plutôt les Eglises car sur les sujets de société elles se retrouvent aisément) mena le combat contre la loi, mais finalement le texte fût voté et les personnes du même sexe purent non seulement se marier mais, bien évidemment, exercer les droits associés : adoption, héritage ou droit à pension.

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Aujourd'hui, la situation s'est banalisée. Certains ont bien tenté de rallumer le combat lors du retour du Parti Populaire au pouvoir, mais l'histoire et l'expérience montrent que sur les sujets de société il y a rarement des retours arrières en régime démocratique. Et pour les couples du même sexe, le droit à la différence devient peu à peu un droit à l'indifférence. Ce qui n'exclut pas la couleur. Olé !

03/01/2013

Demain

Le soleil, l'air frais, léger et transparent, des étals de livres, et l'occasion de constater qu'en espagnol, livre se dit Libro, comme libre. Belle langue décidément.

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"- Bon, c'est bien joli tout ça, le soleil, l'air léger, la liberté, mais faudrait peut être se remettre au boulot !

- Attends regarde comme le soleil est doux, profites au lieu de t'énerver....."

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"- Ne fais pas comme si la situation n'était pas difficile, la crise, l'absence de croissance, le chômage, les partenaires sociaux qui n'arrivent pas à se mettre d'accord, c'est pas le moment de s'étendre au soleil...

- D'accord, d'accord, juste un moment...

- Mais jusqu'à quand le moment ?

- Demain, toujours demain...".


31/12/2012

Avant de partir

Dernier jour de l'année. Comme en musique, une pause. Celle qui permet aux notes d'avant, et d'après, de s'assembler. Si en peinture une couleur n'est-elle même qu'en fonction des couleurs qui l'entourent, en musique les notes sonnent au sein des espaces de silence dans lesquels elles s'insèrent. Temps de pause donc, la tête sourit au corps qui goûte au repos des muscles et prend plaisir au relâchement. Retour de la pleine conscience, signe que bientôt, il faudra partir.

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Tu es plus belle que le ciel et la mer


Quand tu aimes il faut partir
Quitte ta femme quitte ton enfant
Quitte ton ami quitte ton amie
Quitte ton amante quitte ton amant
Quand tu aimes il faut partir

Le monde est plein de nègres et de négresses
Des femmes des hommes des hommes des femmes
Regarde les beaux magasins
Ce fiacre cet homme cette femme ce fiacre
Et toutes les belles marchandises

II y a l’air il y a le vent
Les montagnes l’eau le ciel la terre
Les enfants les animaux
Les plantes et le charbon de terre

Apprends à vendre à acheter à revendre
Donne prends donne prends

Quand tu aimes il faut savoir
Chanter courir manger boire
Siffler
Et apprendre à travailler

Quand tu aimes il faut partir
Ne larmoie pas en souriant
Ne te niche pas entre deux seins
Respire marche pars va-t’en

Je prends mon bain et je regarde
Je vois la bouche que je connais
La main la jambe l’œil
Je prends mon bain et je regarde

Le monde entier est toujours là
La vie pleine de choses surprenantes
Je sors de la pharmacie
Je descends juste de la bascule
Je pèse mes 80 kilos
Je t’aime

Blaise Cendrars, Feuilles de route, 1924

28/12/2012

Génération

 

Dans les démocraties,

chaque génération est un peuple nouveau


Tocqueville

 

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27/12/2012

Luz !

Lorsque la France connaissait un boom économique (mais si, souvenez vous la fin des années 2000 ou plus récemment la baisse continue du chômage avant la crise financière, puis de la dette, puis économique, puis des trois à la fois), on disait que la natalité allait bien parce que les français avaient le moral et croyaient en l'avenir. Et puis les difficultés venant, et la natalité ne fléchissant pas, on nous expliqua qu'il s'agissait en période de crise d'un repli sur le privé et sur la famille. Ah bon. En Espagne, lorsque les villes éclataient des lumières de fêtes, on disait que c'était le miracle espagnol, sorte de prolongement naturel de la movida.

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Et puis, comme souvent dans le Sud ou l'excès est une seconde nature, la crise frappa plus qu'ailleurs. Mais les lumières persistent. Alors certains avancent que c'est pour oublier les difficultés, s'étourdir de lumière et faire, pendant quelques jours, comme si rien n'avait changé. On peut dire ça, où autre chose. Il est facile d'avoir des explications sur tout, sauf que pour la natalité et les lumières, et quelques autres choses, il vaudrait mieux reconnaître que l'on en sait rien, et se réjouir du spectacle. Lumières !

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05/11/2012

Vacance(s)

Les vacances s'allongent, allez-vous les passer allongés ? allez-vous garder le rythme ? En ces temps de vacances, la vacance est votre quotidien. Votre emploi du temps s'ouvre à vous et vous laisse face à l'éternelle question :

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Faut-il persister à emplir le vide dont le temps fait sa consistance ? Si l'interpellation suscite en vous un instant philosophique, Parménide vous guide : l'être est, le non être n'est pas. Vous en concluerez que, comme en matière juridique,  le vide n'existe pas et qu'il n'est qu'un leurre ou une facilité. Alors vous pouvez vous abandonner à ce qui emplit l'espace : le soleil, l'air, la mer.

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C'est lorsque toute intention a disparue, toute émotion s'est tue, que la nouveauté peut apparaître. Ici, elle frappe à la fenêtre pour rappeler que les toiles de Rothko sont des portes ouvertes qu'il suffit de franchir. Ni le courage ni la peur ne sont nécessaires. Mais un peu d'abandon.

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Ce que vous découvrez, vous avez comme toujours l'impression de le connaître déjà tout en ayant le sentiment profond de n'avoir jamais rien vu de tel. Pas de doute, vous êtes au bon endroit.

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Et pour ceux qui supporteraient mal de voir disparaître la part d'ombre, ces zones obscures qui les fascinent tout en les dévorant, il suffit d'attendre le clin d'oeil du soir.

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Ombre ou soleil, vous avez toujours le choix du côté vers lequel vous souhaitez regarder. Au besoin, il est des regards qui peuvent vous aider à choisir.

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Et c'est ainsi que l'actualité attendra demain. Bon lundi à tous.

24/08/2012

Soudain, la nuit

Un jour, ils ont perdu la vue. Soudainement, par accident, maladie, opération ratée, aggression et autres moments qui constituèrent la bascule entre leur vie d'avant et leur vie d'aujourd'hui. Sophie Calle les a rencontrés en Turquie et leur a demandé de se souvenir de la dernière image qu'ils ont vu avant de devenir aveugles. Et elle a photographié cette image, associée à ces visages dont les yeux vous regardent mais ne vous voient pas.

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Dans une pièce obscure, sur des grands écrans, des personnes devenues aveugles font face à la mer, vous les voyez de dos. Puis elles se retournent et vous font face. Le vieux pleure. Les larmes ne voient pas, elles sont indifférentes à la lumière. Sophie Calle nous entraîne sur bien des chemins avec ce travail, et notamment celui des moments où tout bascule alors que les choses auraient pu, auraient du, se passer autrement. C'est le terrible chemin de l'irrémédiable et de la perte infinie.

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23/08/2012

Des filles ordinaires

Les Rencontres d'Arles, cette année, semblent avoir fait une pause. Peu de grands noms de la photographie, Koudelka est une exception fulgurante et ses Gitans une étoile noire dans un monde gris, et beaucoup de travaux de photographe peu connus en dehors peut être du milieu photographique. Et dans les travaux présentés, une minorité d'artificiel, de grandiloquent, de technique sans âme. Pour la plupart des invités, un regard sur le quotidien assez nu, près du sujet ou de l'objet, avec le souci d'en préserver la vérité ou de ne rien brusquer pour la faire surgir. Ils sont nombreux à creuser ce sillon de la différenciation pour une légère inflexion du regard, qui témoigne d'une plus grande singularité que bien des recherches d'effets souvent gratuites quant elles ne sont pas prétentieuses. Parmi ces scruteurs du quotidien, ma préférence va à Géraldine Lay.

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Géraldine Lay - Saint-Pétersbourg - 2011

La série intitulée "Failles ordinaires" est un recueil d'instants inscrits dans les interstices du temps qui passe. Géraldine Lay fixe les moments où le quotidien bascule dans l'inquiétant, l'étrange, le romanesque, le cinématographique, ce temps court où une faille du temps vous laisse la possibilité d'aller voir le dessous des cartes. Et, ce n'est pas une surprise, ce sont quasiment toujours des femmes qui habitent ces espaces temporaires qui nous permettent d'accéder à ces contrées que l'on connaît déjà sans jamais y avoir accédé.

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Géraldine Lay - Paris - 2010

Ceux qui se prétendent réalistes, mais il est difficile de se prétendre résigné ou impuissant, vous expliquent qu'eux voient le monde tel qu'il est. Ils ne l'ont pourtant jamais vu comme le voit Géraldine Lay lorsqu'elle promène son 24x36. On ne dira jamais assez combien notre monde souffre du manque d'imagination. Heureusement qu'il y des filles ordinaires.

22/08/2012

Les photos-pensées

Jamais autant de photos n'ont été prises. Le numérique a fait basculer la photographie dans la démocratisation absolue, puisque photographier ne coûte plus rien une fois l'appareil acquis, et les téléphones portables ont achevé de mettre dans les mains de tout un chacun un appareil photo. Jamais autant de prises de vue et donc de traces, de témoignages, d'images. Quel impact auront ces photos sur les enfants qui pourront, s'ils ne s'en lassent pas, revoir les dizaines de photos de leur première semaine et les milliers de photos de leur première année, pour ne rien dire des autres. Quelle différence entre ces enfants et ceux qui ont revu leur jeunesse à travers une poignée de photos surinterprétées qui comptent moins que les souvenirs ? quel rôle joueront ces prises de vue répétées dans la (re)construction du souvenir ? que dira ce taureau de camargue à son cavalier ?

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Dans son très beau livre "La fille aux neuf doigts", Laia Fabregas nous enseigne la méthode, inculquée par des parents autonomistes catalans qui affrontaient le régime franquiste, pour réaliser des photos-pensées. Dans les moments de forte émotion, pour conserver ce ressenti en vous, il est possible de prendre une photo-pensée. Vous commencez par délimiter un cadre, puis vous observez tous ce qui entre dans le cadre et vous le détaillez. Lorsque tout est fixé, vous développez la photo en fermant les yeux et en recomposant minutieusement le cadre et ce qu'il entoure. Ensuite vous pouvez archiver la photo-pensée dans votre mémoire et la reconvoquer à loisir. Le mérite de la photo-pensée est qu'elle vous oblige à observer, ce qui n'est pas vrai par nature avec l'appareil photo. Peut être le taureau et le cavalier auraient-ils mérité une photo-pensée, mais est-il vraiment exclu qu'elle ait été prise ? et qui dit qu'elle ne sera pas transmise avec la photo du téléphone portable ? car le propre des photos-pensées, c'est de vous raconter des histoires.

21/08/2012

Mais où est le mélangeur ?

Cette année, les Rencontres photographiques d'Arles invitent...les étudiants, ou anciens étudiants de l'Ecole Nationale Supérieure de Photographie (ENSP), installée à Arles. Pour fêter les 30 ans de sa création, l'Ecole a pris quelques nouvelles des 640 étudiants qu'elle a diplômé. Et présente les travaux de quelques uns d'entre eux. Les commentaires accompagnant les photos sont assortis d'une petite fiche biographique. L'occasion de jeter un coup d'oeil sur les parcours des diplômés de l'ENSP. Majoritairement des jeunes gens qui ont fait des études artistiques (Beaux-Arts, sociologie de l'art, sciences de l'art, écoles de cinéma, d'arts plastiques, etc.) ou des sciences humaines (histoire, socio, lettres, philo,...) et il faut chercher longtemps pour trouver une ingénieure et un infirmier. Dorothée Smith, pour sa part, a fait des études de philosophie à la Sorbonne avant d'intégrer l'ENSP.

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Dorothée Smith

Je pense justement aux étudiants du Master Développement des Ressources Humaines de la Sorbonne, dont les CV sont posés sur mon bureau. Je regarde également leur parcours : droit, gestion, gestion, droit. Et Ressources Humaines au final. Pas un juriste à l'ENSP, pas un historien, philologue ou sociologue de l'art en Ressources Humaines. Pas de doute, les cloisons sont bien montées et ceux qui ont fait le boulot ont en plus planqué le mélangeur. Il serait pourtant urgent de le retrouver et que ceux qui sont chargés de recruter tous ces jeunes gens osent s'en servir.

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19/08/2012

Appropriation

Contrairement à l'idée reçue selon laquelle le travail serait une valeur, il sera ici soutenu que le travail n'est ni une valeur, ni un bien, ni un mal. Il sera également soutenu qu'il y a des sots métiers, des métiers aliénants et dépersonnalisant ; et qu'évidemment le travail peut être source de tous les plaisirs. A condition toutefois de se l'approprier et de le personnaliser. A chacun de trouver la bonne manière d'y parvenir.

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