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05/06/2013

Deux films à voir

La rediffusion du film Journal de France, réalisé par Raymond Depardon et son épouse, Claudine Nougaret, est l'occasion de refaire une ballade en France mais aussi dans les films précédents de Depardon. Et notamment de revoir les scènes stupéfiantes de Délits Flagrants, qui permet d'assister au travail des juges du tribunal correctionnel de Paris. On est saisi en entendant la manière dont la justice s'adresse aux petits délinquants, aux voleurs, aux agresseurs, de constater combien le discours est loin du droit et emprunte tour à tour à la morale, au paternalisme ou au mépris, à l'évidence non intentionnel mais c'est peut être pire. Et en retour, on est frappé de voir que ce discours semble venir d'un autre monde que celui dans lequel vivent ceux qui sont jugés. Au final, un total dialogue de sourds et d'immenses doutes à la fois sur la manière dont la justice est rendue et sur ses effets.

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Raymond Depardon - La France

Alors que Depardon réalise un film  qui laisse la parole à ceux qui sont filmés, très loin des pesants commentaires off qui accompagnent bien des documentaires, ni les juges ni les avocats ne font grand cas des personnes qu'ils ont la charge de juger ou de défendre. Leur parole est systématiquement niée, lorsqu'encore elle est entendue. Heureusement, les prises de vue choisies par Depardon permettent de se dégager de  cette atmosphère pesante. Peut être faudrait-il de temps en temps mettre les juges dans une camionnette et leur faire faire le tour de France, dormir sur des places incertaines, errer sur des routes de montagne entre chien et loup, être surpris à tout moment par ce que va révéler le prochain virage. Après un tel périple, les juges prendraient peut être le temps d'écouter ceux qui sont en face d'eux.

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04/06/2012

Photo de campagne

Elle n'était pas dévoilée officiellement qu'elle était déjà détournée. Il faut s'y faire, l'information est désormais toujours en avance sur elle même. Pour ceux qui douteraient que l'on a changé de monde et que ce ne sont plus les pratiques anciennes qui peuvent servir de référence, voici encore un bel exemple. Dans ce florilège de détournements, j'ai bien sur préféré celui qui met un peu de peinture sur la photo. Voici Manet et ses amis qui s'invitent au déjeuner sur l'herbe. La garden party de l'Elysée, supprimée pour cause d'ambiance dépressive, ressurgit dans l'ombre fraîche des chênes et peupliers du grand jardin. 

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On conseillera aux maires de France de préférer cette photo bucolique à l'officielle. Car si manifestement l'intention était de ne pas faire trop officiel, alors il faut aller jusqu'au bout et redonner aux pelouses leur véritable fonction qui n'est pas d'être foulées mais de tenir lieu de table  romaine  : c'est allongé qu'il faut manger et discuter, les philosophes grecs l'avaient découvert et les romains l'ont préservé. Et puis sans les amis et la convivialité, on est seul, et seul avec le pouvoir il vaut mieux éviter.