31/08/2009
Apprendre collectivement
L’Etat consacre plusieurs millions d’euros à la garde individualisée des enfants, mais laisse aux collectivités locales et aux CAF le soin de financer les crèches. En matière éducative, la même logique conduit à affecter des moyens à l’aide individualisée aux élèves plutôt qu’à la réduction des effectifs en classe, qui favoriserait les pédagogies différenciées. Comme en d’autres domaines, l’individualisation demeure le reflexe, le collectif n’ayant vraisemblablement pas bonne presse. Il est vrai que, comme l’illustre le petit neveu de Watteau, le préceptorat peut avoir ses charmes et du charme.
Il pourrait tout de même être fait quelques liens entre des actualités qui paraissent appartenir à des mondes différents. Les partenaires sociaux ont défini, dans l’ANI du 7 janvier 2009, un socle de compétences. Le projet de loi de réforme de la formation professionnelle retient de ce socle de compétences deux compétences clés : apprendre à apprendre et travailler en collectif. L’apprentissage en groupe ne permettrait-il pas de réunir ces deux objectifs et de développer ces deux types de compétences ? si le vieux Freud avait raison, «tout se joue dans les trois premières années », il y a urgence à ouvrir des crèches éducatives !
13:43 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : collectif, apprendre à apprendre, pédagogie, résistance pédagogique, éducation
10/07/2009
Une fausse bonne idée
Toutes les idées ne sont pas bonnes et il faut parfois y réfléchir à deux fois, surtout quand l'évidence semble s'imposer. Moins les questions se posent d'elles mêmes et plus il est nécessaire de les poser. Dans le cadre du projet de loi sur l'orientation et la formation professionnelle, il semble communément admis que les TPE et PME n'ont ni compétences ni pratiques en matière de formation et que leur seule ressource financière pour faire de la formation est l'obligation légale. Sur la base de ces deux constats erronés, le Gouvernement propose, alors que les partenaires sociaux ne le souhaitent pas, que toutes les entreprises de moins de cinquante salariés versent l'intégralité de leur obligation fiscale de financement de la formation à un OPCA. Fixer un nouveau seuil en matière de formation professionnelle n'est pas non plus une bonne idée, après la différenciation des obligations pour les entreprises de moins de 10 et de 20 salariés voici une différenciation pour les entreprises de moins de 50 salariés.
En pièce jointe, la chronique réalisée avec Jean-Marie Luttringer pour l'AEF sur cette fausse bonne idée.
19:44 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : réforme, formation, financement, projet de loi, mutualisation, opca
08/07/2009
Un geste intelligent
Le sénateur Carle vient d'être nommé rapporteur du groupe de travail intercommissions du Sénat qui va examiner le projet de loi sur l'orientation et la formation professionnelle. Le sénateur Carle est un homme de bonne volonté. Il connait le domaine puisqu'il a présidé la commission sénatoriale qui a rendu l'an dernier un rapport sur la formation professionnelle continue. Il plaide pour une réforme globale de la formation professionnelle, initiale et continue pour éviter d'avoir des dizaines de milliers de jeunes qui quittent le système éducatif sans qualification ou l'enseignement supérieur sans diplôme. Bravo. Le sénateur Carle souhaite rénover l'orientation professionnelle et revaloriser "l'intelligence du geste". Cette déclaration suscite immédiatement une envie : offrir au sénateur Carle ce tableau de Roland Penrose, pour la beauté du geste :
23:57 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : réforme, formation, carle, sénat, orientation, projet de loi, travail, manuel
17/06/2009
Le temps des bilans
Le législateur a créé le bilan de compétences, qui devait permettre au salarié de disposer d’un véritable droit à l’orientation, ce qui aurait notamment supposé que le bilan n’oscille pas entre horoscope et cartographie des goûts personnels voire miroir de l’âme du jour. Les partenaires sociaux ont créé l’entretien professionnel, qui devait permettre à l’employeur de livrer au salarié un diagnostic prévisionnel sur son emploi et sa situation dans l’entreprise, ce qui aurait supposé qu’il ne soit pas absorbé par l’évaluation des performances et ne se résume pas à un recueil de souhaits des salariés. Les partenaires sociaux viennent de créer, ou d’essayer de créer du fait de l’opposition de trois syndicats à l’ANI du 3 mars 2009, le bilan d’étape professionnels. Ce bilan, qui ne peut être réalisé par la hiérarchie directe, doit permettre tous les cinq ans à l’employeur et au salarié d’envisager l’avenir professionnel du salarié au sein de l’entreprise. Le projet de loi de réforme de la formation professionnelle s’est emparé du bilan d’étape professionnel pour en poser les fondements, le contenu devant être fixé par décret. Emoi des partenaires sociaux qui s’écrient : le bilan est à nous, c’est nous qui devons le définir. Mais les mois passent et la négociation sur ce sujet n’a guère avancé après l’échec de début mars.
Entretien professionnel, bilan de compétences, bilan d’étape professionnel, nous sommes donc dans le temps des bilans pour, comme dirait un homme politique, trouver dans le passé les racines de l’avenir. Quelle cohérence entre ces trois actions ? elle n’est pas difficile à établir : l’entretien relève de la hiérarchie directe et envisage la professionnalisation dans le cadre de la fonction – le bilan d’étape professionnel relève de l’entreprise, mais pas de la hiérarchie directe, et envisage la professionnalisation dans le cadre de l’entreprise – le bilan de compétences ne relève pas de l’entreprise et envisage la professionnalisation au-delà de l’entreprise. Peut être le temps est-il venu d’acter ces distinctions et de repenser le contenu de ces trois actions. Le temps du passage à l’acte en quelque sorte.
00:05 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : formation professionnelle, réforme, bilan d'étape professionnel, bilan de compétences, entretien professionnel, ani
04/06/2009
Enfantin
Le référentiel a été publié au mois de mai 2009. Il comporte dix domaines de compétences :
Agir de manière éthique et responsable ; Maîtriser la communication orale dans son contexte professionnel ; Maîtriser les connaissances métier et avoir une bonne culture générale ; Concevoir et mettre en œuvre ses activités ; Organiser le travail et son environnement de travail ; Prendre en compte la diversité des interlocuteurs ; Evaluer les résultats de son activité ; Maîtriser les TICE ; Travailler en équipe et coopérer avec les partenaires ; Se former et innover notamment par l’analyse et le partage de ses pratiques.
Si les formulations ont été, légèrement, revues pour généraliser les compétences, il n’en reste pas moins que ces dix domaines de compétences pourraient constituer les domaines de référence pour toute activité. A charge ensuite de donner un contenu contextualisé et une traduction concrète en fonction des métiers. Mais de quel métier s’agit-il ? de celui d’enseignant d’école maternelle. Après avoir brocardé l’Education nationale pour son incapacité à définir un référentiel de compétences pour ses enseignants (voir chronique du 20 avril dernier), il convient de saluer ce référentiel qui pourrait utilement servir de base à tout référentiel de compétences.
Me revient cette anecdote de Roland Penrose à propos de son fils Anthony qui s'écria en voyant le tableau de sa mère, Lee Miller, peint par Picasso : "Maman !". En l'on se dit que lorsque l'on est capable de peindre pour les enfants, on peut le faire pour les adultes. La maxime vaut sans aucun doute pour la formation. La définition d'enfantin ? capacité à produire, véritablement, en jouant, véritablement.
15:49 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : référentiel, compétence, education nationale, ingenierie de formation, enseignant, picasso, lee miller
30/05/2009
Un peu de lecture pour le week-end
Week-end de Pentecôte. Travail ou pas ? les jardins de Chaumont sont une belle destination. Fêter l'anniversaire d'un ami un beau prétexte, mais en faut-il, pour prolonger le week-end. Pour ceux qui passent par ce blog, un peu de lecture : une analyse du projet de loi sur la formation professionnelle publiée dans la Semaine Juridique Social. SemaineJuridiqueSocial.pdf
On peut adopter la position de la Liseuse.
« Les cavales qui m'emportent, m'ont entraîné Aussi loin que mon cœur en formait le désir, Quand, en me conduisant, elles m'ont dirigé Sur la voie renommée de la Divinité, Qui, de par les cités, porte l'homme qui sait. J'en ai suivi le cours; sur elles m'ont porté, Attelés à mon char, les sagaces coursiers. Des jeunes filles nous indiquaient le chemin. L'essieu brûlant des roues grinçait dans les moyeux, Jetant des cris de flûte. (Car, de chaque côté, Les deux cercles des roues rapidement tournaient), Cependant que déjà les filles du Soleil, Qui avaient délaissé les palais de la Nuit, Couraient vers la lumière en me faisant cortège, Écartant de la main les voiles qui masquaient L'éclat de leur visage. Là se dresse la porte Donnant sur les chemins de la Nuit et du Jour. Un linteau et un seuil de pierre la limitent.
Quant à la porte même, élevée vers le ciel, C'est une porte pleine, aux battants magnifiques, Et Diké aux nombreux châtiments en détient Les clefs, dans les deux sens contrôlant le passage Pour la séduire et la gagner, les jeunes filles Usèrent à son endroit de caressants propos, Afin d'habilement la persuader d'ôter, Rien qu'un petit instant, le verrou de la porte. La porte bascula, ouvrant un large espace Entre les deux battants, en faisant pivoter
Les gonds de bronze ciselé sur leurs paumelles Retenus par des clous et d'épaisses chevilles. C'est alors que, par là, tout droit, les jeunes filles Poussèrent à s'engouffrer le char et les cavales Sur la route déjà tracée par des ornières. La déesse avec bienveillance me reçut. Elle prit ma main droite en sa main et me dit :
Jeune homme, toi qui viens ici, accompagné De cochers immortels, portés par des cavales, Salut! Car ce n'est point une Moire ennemie, Qui t'a poussé sur cette voie (hors des sentiers Qu'on voit communément les hommes emprunter), Mais Thémis et Diké. Apprends donc toutes choses, Et aussi bien le cœur exempt de tremblement Propre à la vérité bellement circulaire, Que les opinions des mortels, dans lesquelles Il n'est rien qui soit vrai ni digne de crédit; Mais cependant aussi j'aurai soin de t'apprendre Comment il conviendrait que soient, quant à leur être, En toute vraisemblance, lesdites opinions, Qui toutes vont passant toujours. »
00:53 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : pentecôte, week-end, formation, travail, daphnée, apollon, parménide, lecture
28/05/2009
Le silence des lois
Le Parlement vient d'annoncer que le projet de loi sur l'orientation et la formation professionnelle tout au long de la vie ne serait pas examiné au mois de juin comme prévu mais au mieux en juillet et sans doute fin septembre. La loi annoncée pour le début d'année 2009 est donc bien partie pour n'être adoptée qu'en fin d'année. La faute à l'encombrement du calendrier parlementaire nous dit-on. Il est vrai qu'à faire une loi après chaque fait divers, on génère chez les députés un épuisement professionnel qui le dispute à l'insatisfaction du travail bâclé. Nietzsche remarquait déjà que la quantité d'informations que l'on demande à l'étudiant d'ingurgiter ne lui laisse guère le temps de penser.
00:05 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : réforme, formation professionnelle, orientation professionnelle, projet de loi, parlement
20/05/2009
La fausse peur du macramé
Lors de l'entrée en vigueur du DIF, et encore aujourd'hui, combien de fois ais-je entendu des responsables formation ou ressources humaines me dire : "Le DIF, aucun intérêt à le promouvoir pour récolter des demandes de formation en macramé". Le sous-entendu est double. D'une part les salariés sont incapables de s'intéresser à leur job et d'autre part tout salarié demeure un soixante-huitard qui rêve d'aller faire du macramé en Lozère ou au Larzac. Faut-il préciser la perplexité, au départ car ensuite ce fut plutôt de l'accablement puis de la colère, face à ces réactions qui témoignent, et c'est peut être le pire, d'un profond désintérêt pour le terrain et partant d'une grande méconnaissance des individus.
Après cinq ans de fonctionnement du DIF, les pratiques démentent largement la peur du macramé : l'essentiel des formations suivies en DIF concerne le métier du salarié ou les métiers de l'entreprise et les formations "exotiques" sont très marginales sinon inexistantes.
00:10 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dif, formation, macramé, compétence, insuffisance professionnelle, ressources humaines
18/05/2009
Du bon usage du matelas
A l'occasion des Trophées du DIF organisés le 19 mars dernier, DEMOS a réalisé une enquête auprès de plus de 1100 salariés pour mieux identifier leur connaissance du droit individuel à la formation et surtout l'usage qui en est fait. Il ressort de cette enquête que nombre de salariés n'utilisent pas le DIF...parce qu'ils le thésaurisent : "je garde mon crédit, on ne sait jamais", "je n'utilise pas mes heures, je pourrai en avoir besoin", "je peux peut être faire autre chose que ce qui m'est proposé", "je ne veux pas utiliser mon crédit pour n'importe quoi"...L'épargne l'emporte sur la consommation et la capitalisation sur l'utilisation. Or, le crédit DIF n'est pas un crédit d'argent mais de temps, et il s'appauvrit si on ne l'utilise pas. En effet, le compteur étant plafonné à 120 heures, il est nécessaire de consommer de manière régulière si l'on ne veut pas perdre des heures. En d'autres termes, c'est l'épargne qui fait perdre du crédit et non la consommation.
00:05 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : demos, dif, formation, épargne, rentier, crédit
14/05/2009
L'AFPA à la pêche
Le législateur a parfois, mais si, de l'humour. Environ une fois par an. Après le choix du premier mai 2008 pour l'entrée en vigueur du nouveau code du travail, le projet de loi sur la formation professionnelle qui vient d'être présenté au Parlement retient la date du 1er avril 2010 pour le transfert des personnels de l'AFPA chargés de l'orientation professionnelle au sein de Pole Emploi. Nul doute que les salariés concernés, totalement opposés à la mesure et qui voient dans les premiers mois de fonctionnement de Pole Emploi des raisons supplémentaires de justifier leurs réticences, apprécieront à sa juste mesure le poisson annoncé.
11:38 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afpa, projet de loi, réforme, formation professionnelle, orientation, service public, emploi
08/05/2009
Bouc émissaire
Le rapport relatif à l’accès au contrat de professionnalisation pour les publics éloignés de l’emploi, remis jeudi 7 mai par Jean-François Pillard au Secrétaire d’Etat à l’emploi Laurent Wauquiez et à Martin Hirsch, Haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté et Haut commissaire à la jeunesse, fait le constat d’un contrat principalement centré sur les jeunes diplômés et non sur les adultes ou les non diplômés. Parmi les causes avancées, le fait que les organismes de formation seraient maîtres de la prescription et qu’il y aurait une rigidité de l’offre. Une fois de plus, l’organisme de formation fait figure d’accusé et subit l’éternel procès en sorcellerie.
Réfléchissons pourtant un peu : si l’offre de formation ne trouvait pas son public, existerait-elle toujours ? en d’autres termes, qui veut le plus du diplôme : le jeune ou l’organisme de formation ? et pourquoi le jeune veut-il un diplôme sinon parce que c’est la meilleure garantie pour l’accès à l’emploi et le sésame indispensable dans bien des politiques de recrutement. Si rigidité il y a, c’est peut être bien dans les pratiques de recrutement et de gestion des ressources humaines et non dans l’offre de formation qui n’est qu’une conséquence et non une cause. Réunissez des jeunes et des familles pour leur demander où va leur choix entre une formation diplômante et une formation qualifiante.
Les contrats de professionnalisation mettent en cause quatre acteurs : l’acheteur (l’entreprise), le consommateur (le jeune), le payeur (l’OPCA) et le prestataire (l’organisme de formation). Faire croire que le vendeur mène le jeu alors que les décisions principales relèvent de l’acheteur, du consommateur et du payeur est peut être un défaut d’analyse. On aimerait qu’il ne s’agisse pas d’une escroquerie intellectuelle.
11:49 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pillard, wauquiez, hirsch, professionnalisation, emploi des jeunes
20/04/2009
Cordonnier mal chaussé
En 1971, l'Education nationale a fait le choix de se lancer dans la formation continue pour faire évoluer ses pratiques pédagogiques en formation initiale. Telle était en tout cas la motivation officielle figurant dans la première circulaire créant les GRETA. Le développement d'une activité de formation professionnelle en direction des adultes devait permettre d'enrichir et de faire évoluer les pratiques mises en oeuvre dans le cadre de la formation initiale. Cet objectif a été en partie intégré : les formations modulaires, la pédagogie par objectif, l'approche par les compétences, etc. sont bien des importations de la formation continue.
00:11 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : education nationale, iufm, masterisation, formation continue
14/04/2009
L'avocat du diable
L'été dernier en Avignon au sein de la chapelle Saint-Charles, Ernest-Pignon Ernest a présenté les portraits de sept grandes mystiques figurées par des dessins de près de trois mètres de haut. L'installation s'intitulait "Extases". La puissance de l'évocation tient bien évidemment au talent du dessinateur mais également au lieu qui accueille ces corps dénudés, physiquement pour partie mais entièrement du point de vue spirituel. Que l'Eglise puisse accueillir de telles représentations pour mieux penser la passion est remarquable : plutôt que d'occulter ce qui dérange, l'accueillir et s'en servir de point d'appui pour sa pensée, serait-ce pour mieux le réfuter, vaut d'être souligné. Sartre enseignait, sans toujours le pratiquer lui-même, qu'il fallait penser contre soi-même pour féconder la pensée.
Ernest-Pignon Ernest - Extases - 2008
A l'heure où le système de gestion paritaire de la formation professionnelle est mise en cause de toute part, parfois de manière mesurée et positive (voir le rapport de l'IGAS sur les OPCA), d'autres de manière caricaturale voire erronnée (rapport de la Cour des comptes sur la formation professionnelle), il paraît indispensable que les acteurs et responsables du système puissent penser contre eux-même, plutôt que de se crisper sur une défense urbi et orbi du dispositif. Il s'agit moins de faire son auto-critique et encore moins son procès, que de s'inscrire dans une véritable culture de l'évaluation qui permet d'agir en se préoccupant d'abord de la qualité du service rendu aux entreprises et aux salariés. La première étape consisterait à tenir pour établi que ce n'est ni aux entreprises ni aux salariés d'intégrer et de tenir compte des objectifs, politiques, pratiques et moyens de l'OPCA, mais exactement l'inverse.
00:19 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : ernest-pignon ernest, extases, avignon, réforme, formation professionnelle, opca, paritarisme
06/04/2009
Le temps du congé
L'ANI du 7 janvier 2009 laissait entendre au détour d'une formule ("le congé individuel de formation peut donner lieu à autorisation d'absence") que le CIF pourrait bien se réaliser en totalité en dehors du temps de travail et ne plus avoir de congé que le nom. Le projet de loi qui sera présenté au Parlement à la fin du mois nous livre confirmation : le congé individuel de formation peut être effectué intégralement en dehors du temps de travail, le salarié demandant au FONGECIF, ou à l'OPCA, qui finance le CIF une prise en charge des coûts pédagogiques et frais annexes. Pourquoi donc ce déplacement du temps ? pour parvenir à l'objectif fixé par les partenaires sociaux : financer plus de CIF sans augmenter les cotisations (40 000 salariés sur 16 millions bénéficient d'un CIF chaque année). La seule solution est donc de faire des économies et avant tout sur les salaires et charges qui représentent 80 % des coûts du CIF. Au salarié, il sera donc demandé de trouver du temps.
Le Temps nous étreint
Le Temps nous est gare
Le Temps nous est train
00:05 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : formation, cif, congé individuel, temps, réforme, ani
31/03/2009
Un exemple Français
Une loi publiée au Journal Officiel du 18 mars 2009 vient consacrer un accord des partenaires sociaux qui créé un Fonds paritaire de financement de la formation professionnelle. Ce fonds sera géré par ses fondateurs dans le respect de l’autonomie contractuelle. La loi étend ses effets à toutes les entreprises du territoire qui devront contribuer à son financement.
Fausse information ? la réforme de la formation n’est pas votée et le fonds paritaire est discuté ? que nenni ! l’information est bien vraie….en Polynésie. C’est en effet dans les archipels que la négociation a porté ses fruits et a trouvé le relais dynamique de la loi pour étendre ses effets. Pour la métropole, on attendra encore un peu.
Que la révolution ait eu lieu il y a plus de deux cent ans n’y change rien : notre République demeure foncièrement monarchiste et le principe d’ancien régime : « Cy veut le Roi, cy fait la loi » n’est pas totalement enfoui dans les oubliettes de l’histoire. Appeler le dialogue social de ses vœux est une chose, l’accepter en pratique dans toutes ses dimensions est manifestement une autre paire de manches. Plutôt que d’opposer la légitimité de la démocratie politique et de la démocratie sociale, nos gouvernants pourraient tourner leur regard vers le Pacifique et s’inspirer de ce qui se passe….en France.
00:05 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tahiti, polynésie, démocratie, dialogue social, formation
20/03/2009
Bulle papale et démocratie
Dans une théocratie, la bulle papale, relai direct de sa parole et de la parole divine, tient lieu de loi. De la puissance politique à l'acte juridique, il n'y a donc qu'un pas, ou plutôt qu'une main couchant par écrit la pensée souveraine d'un seul. Dans une démocratie, l'élaboration de la règle relève d'un processus plus complexe qui caractérise l'Etat de droit. Lorsque celui-ci s'appuie à la fois sur une démocratie sociale, qui organise une régulation sociale par des acteurs privés, et une démocratie politique, qui organise une réglementation produite par des acteurs publics, il peut en résulter des délais de mise en oeuvre et des compromis sur le fond, parce que l'élaboration de la règle est collective, dont d'aucuns pourraient penser qu'ils sont gage de lenteur et d'inefficacité et donc source de tous les conservatismes.
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19/03/2009
Trophées du DIF 2009
Ce jeudi 19 mars se tiennent les troisièmes Trophées du DIF organisés par DEMOS. L'occasion de faire le point sur le développement d'un dispositif qui poursuit sa montée en charge.
Pour ceux qui ne se rendront pas à la manifestation, le support de mon intervention sur l'actualité du DIF intitulé : le DIF, Acte II, scène I.
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06/03/2009
La culture des arbres
Il y a maintenant plus de quinze ans, Michel Authier, avec l'aide notamment du philosophe Michel Serres, inventait les arbres de connaissance et donnait naissance à une nouvelle cartographie des compétences sous forme d'arbre. Le premier logiciel de gestion de la compétence basé sur ces principes, baptisé Ginkgo du nom de la plus vieille espèce d'arbre connue, permet aux entreprises d'avoir une visualisation graphique de leur capital de compétences sous forme d'arbre.
Cet outil peut avoir de multiples applications, notamment lorsqu'il est utilisé en pleine interactivité avec les salariés qui peuvent se positionner par rapport aux compétences utilisées ou utilisables dans l'entreprise. Il peut également intervenir dans la constitution d'équipes, l'identification des compétences clés et critiques, etc.
On peut trouver un intérêt particulier à cette représentation dans la définition de la culture d'entreprise à partir de la logique suivante : les compétences partagées par au moins 80 % des salariés constituent la culture de base de l'entreprise, les compétences partagées par 20 à 60 % des salariés constituent les cultures métiers de l'entreprise et les compétences partagées par moins de 20 % des salariés relèvent de l'expertise. Ce diagnostic ouvre de multiples applications : souhaite-t-on développer la culture commune ? des cultures fortes par domaines, secteurs ou métiers ? des expertises individuelles ? la réponse est, notamment, dans vos plans de formation. L'arbre des compétences, c'est l'arbre de vie de l'entreprise.
Les partenaires sociaux viennent de définir, dans l'ANI du 7 janvier 2009, le socle de compétences du salarié : capacité à travailler en groupe, maîtrise des outils informatiques et bureautiques, maîtrise d'une langue étrangère. Ils invitent les branches professionnelles à compléter ce socle en fonction des métiers. L'occasion peut être pour une entreprise de savoir si sa culture commune est fondée sur des méthodes, des techniques ou, soyons fou, des valeurs. Posons donc la question : quelles sont les compétences partagées par les membres de votre organisation ? pour y répondre, tous à vos arbres !
13:52 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : trivium, michel serres, arbres, connaissance, culture d'entreprise, formation
16/02/2009
Un quintette ou la trinité ?
Dans les discussions qu'ils viennent d'entamer sur le bilan d'étape professionnel, les partenaires sociaux envisagent que soient identifiés les savoir faire et les savoir être des salariés. Cette trilogie, savoir- savoir faire - savoir être, semble être devenue un incontournable de l'ingenierie de formation puis de l'ingenierie des compétences. A tel point qu'elle est utilisée pour construire des référentiels de compétences et qu'elle n'est guère remise en question. Devenue un dogme, la trilogie se fait Trinité. Elle pourrait pourtant être discutée. Tout d'abord au niveau du vocabulaire : plutôt que cet enchaînement de savoirs, parler de connaissances, capacités et comportements serait plus direct. Mais plus fondamentalement, on peut se demander si ce découpage est véritablement pertinent. Lorsque je prends une décision, est-ce que je fais appel à mes connaissances, à mes capacités ou à mes comportements ? les trois à la fois tant dans la manière de décider que dans les modalités de mise oeuvre. La compétence associe, elle ne divise pas. Et quitte à la découper, on verrait davantage un quintette plutôt que le fameux trio, occasion de proposer au lecteur l'écoute du quintette pour clarinette K. 581 de Mozart.
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13/02/2009
Regard solaire sur la réforme
En 1929, une souris passe entre les jambes de Lee Miller, alors assistante de Man Ray. Elle allume la lumière du laboratoire, alors qu'une épreuve attend dans le bac de révélateur. L'image s'en trouve modifiée : les contours sont dotés d'un effet de halo donnant du relief à la photographie. La solarisation était née, qui permet l'inversion des ombres et des lumières et créé un effet d'irradiation. Avec la solarisation, négatif et positif se mêlent pour laisser place à une réalité nouvelle.
Il est parfois bon de solariser le regard que l'on porte sur le droit : il arrive que le texte s'éclaire et que le positif prenne la place du négatif. On pourra penser que c'est ce regard qui justifie l'analyse de l'ANI du 7 janvier 2009 publiée par Entreprise et Carrières cette semaine (voir article ci-dessous). Si l'on préfère la version non solarisée et la mise en évidence du négatif, on peut se procurer la revue et consulter les autres analyses.
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