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14/04/2009

L'avocat du diable

L'été dernier en Avignon au sein de la chapelle Saint-Charles, Ernest-Pignon Ernest a présenté les portraits de sept grandes mystiques figurées par des dessins de près de trois mètres de haut. L'installation s'intitulait "Extases". La puissance de l'évocation tient bien évidemment au talent du dessinateur mais également au lieu qui accueille ces corps dénudés, physiquement pour partie mais entièrement du point de vue spirituel. Que l'Eglise puisse accueillir de telles représentations pour mieux penser la passion est remarquable : plutôt que d'occulter ce qui dérange, l'accueillir et s'en servir de point d'appui pour sa pensée, serait-ce pour mieux le réfuter, vaut d'être souligné. Sartre enseignait, sans toujours le pratiquer lui-même, qu'il fallait penser contre soi-même pour féconder la pensée.

ErnestPE-Extases.jpg

Ernest-Pignon Ernest - Extases - 2008

A l'heure où le système de gestion paritaire de la formation professionnelle est mise en cause de toute part, parfois de manière mesurée et positive (voir le rapport de l'IGAS sur les OPCA), d'autres de manière caricaturale voire erronnée (rapport de la Cour des comptes sur la formation professionnelle), il paraît indispensable que les acteurs et responsables du système puissent penser contre eux-même, plutôt que de se crisper sur une défense urbi et orbi du dispositif. Il s'agit moins de faire son auto-critique et encore moins son procès, que de s'inscrire dans une véritable culture de l'évaluation qui permet d'agir en se préoccupant d'abord de la qualité du service rendu aux entreprises et aux salariés. La première étape consisterait à tenir pour établi que ce n'est ni aux entreprises ni aux salariés d'intégrer et de tenir compte des objectifs, politiques, pratiques et moyens de l'OPCA, mais exactement l'inverse.

Commentaires

D'accord avec l'idée, désaccord avec les termes! En complément de cet article et dans un souci de précision, je pense que le choix des mots n'est pas anodin. Prenons compétences qui s'est substitué à savoir, comme l'évaluation au professionnalisme, des termes issus du management, c'est à dire d'une logique de productivité au dépens de celle du progrès social fondé lui sur l'idée de justice et d'égalité.
Ce texte est une retranscription d'un article rédigé par Nicot Hirtt dans le Monde Diplomatique d'octobre 2010 titré :En Europe, les compétences contre le savoir.
http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article4093
Cordialement
educomix

Écrit par : Educomix | 20/07/2013

Bonjour,

Merci pour votre contribution.

Le problème avec le Monde diplomatique, c'est qu'ils présentent une vision manichéenne de ce qu'ils souhaitent critiquer, avant de le tailler en pièces. En l'occurrence, ils retiennent une définition de la compétence réduite à l'exécution de tâches avec une déconnexion totale de la pensée (comme si c'était possible) pour opposer compétence à savoir. Or la compétence est une capacité à mobiliser différentes ressources, dont les savoirs, de manière autonome. Opposer compétence et savoir est donc une absurdité. On en reste à la vision de l'Education noble et du travail vil. La sacralisation du savoir n'aide pas à la distance critique par rapport au savoir. Et il n'y a pas de raison particulière d'opposer compétence, au sens d'autonomie dans une activité, y compris celle de penseur ou chercheur, et progrès social, justice ou égalité.
Pour en revenir à l'article, qui ne sait s'évaluer lui-même se soumet à l'évaluation d'autrui. C'est vrai aussi pour les individus et pas seulement pour les organisations.

Cordialement

jpw

Écrit par : jpw | 20/07/2013

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