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31/08/2016

C'EST LA RENTREE, IL EST SORTI

Ce mercredi 31 août, paraît la deuxième édition du GRAND LIVRE DE LA FORMATION, dans lequel votre serviteur ouvre et ferme le ban, entendez a rédigé l'introduction et la conclusion. Et pour varier les plaisirs, vous pourrez lire les contributions de nombre d'autres auteurs, puisque l'ouvrage est collectif. L'introduction, c'est la genèse socio-historique de notre système de formation, la conclusion, c'est l'évolution du droit de la formation vers un droit de la compétence et même un droit de la reconnaissance de la compétence. Mais peut être pourrez vous lire quelques bonnes feuilles sur ce blog d'ici ce week-end. Juste pour donner envie. 

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Et pour ceux à qui le mastodonte ferait peur, vous pouvez aussi aller voir comment inventer le monde de demain, ce qui après tout est le projet de la formation,  dans Macha ou l'évasion, de Jérôme Leroy (Editions Syros). Avec ces deux bouquins dans votre cartable, elle est pas belle la rentrée ? 

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30/08/2016

LOI TRAVAIL : POUR LA COHERENCE, ON REPASSERA !

Au motif que chacun doit pouvoir déterminer ses conditions de travail au plus près du terrain et des besoins des entreprises et des salariés, la loi travail permet aux accords d’entreprise de déroger aux accords de branche. On connaît le débat, il a été un des principaux motifs de contestation de la loi.  Et c’est d’ailleurs un vrai débat qui mérite mieux que les procès d’intention, les anathèmes, les présupposés et les rapides accusations de casse du droit du travail. Est-ce que la branche offre un meilleur rapport de forces aux salariés, est-ce qu'elle est le meilleur niveau pour construire le droit et innover, ou est-ce qu’elle est institutionnalisée, phagocytée par les représentants des grandes entreprises qui imposent des conditions destinées à pénaliser les TPE et PME ? est-ce que la négociation d’entreprise est plus près des réalités, plus adaptée, ou plus sujette à l’emprise de l’employeur dans un rapport de forces défavorable ?  L’analyse régulière des accords collectifs,  n’apporte d’ailleurs pas de réponse tranchée à la question. Et l’on rappellera que la CFDT soutenait la loi Travail sur ce point, estimant qu’il était ensuite de la responsabilité des organisations syndicales d’avoir des délégués syndicaux formés et compétents dans les entreprises.

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Choix assumé donc, et pourquoi pas. Sauf que la loi introduit plusieurs biais dans ce principe. D’une part, les accords de branche pourront définir un « ordre public conventionnel » et décider des points sur lesquels il ne sera pas possible de déroger. D’autre part, les accords de groupe peuvent, s’ils le prévoient, primer sur les accords d’entreprise et les accords d’entreprise primer sur les accords d’établissement. Et dans ce cas là, impossible pour les accords de niveau inférieur de faire prévaloir l’adaptation aux réalités locales. Ainsi, un accord de groupe conclu par des organisations syndicales majoritaires au niveau du groupe pourra s’imposer à une entreprise dans laquelle ces mêmes organisations sont minoritaires voire absentes, au mépris de la position des organisations syndicales majoritaires.

Cette loi est finalement à l’image de quasiment toutes les réformes du quinquennat : une idée discutable mais claire au départ, des négociations sans méthode et sans fin pendant lesquelles alternent coups de menton et retournements de veste, et au final un compromis qui créé des complexités supplémentaires. Pour le choc de simplification et la cohérence, on peut repasser.

29/08/2016

LOI TRAVAIL : LE 11ème COMMANDEMENT

 Le soir, la nuit, le week-end et pendant les congés, tu déconnecteras ! Depuis la ceinture de sécurité, en passant par les campagnes de vaccination obligatoire et la privation de vacances pour tout Ministre de la Santé pendant les périodes de chaleur, les gouvernants semblent avoir comme unique objectif de protéger les individus contre eux-mêmes. La loi Travail n’échappe pas à la règle qui créé un « droit à la déconnexion », inclut dans la négociation obligatoire sur la qualité de vie au travail.

Cette obligation de négocier sur la qualité de vie n’est pas sans rappeler ce DRH qui, ayant sans doute compris le lien entre freeday et Friday après moulte réflexion, annonçait aux salariés dans une note de service comminatoire que le vendredi la tenue décontractée était de rigueur.

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Déconnexion en zone tourmentée

La loi travail a la même difficulté à appréhender de manière moderne, c’est à dire en inventant des solutions de son temps, la question des outils numériques. Car quel est le problème ? si l’employeur sollicite les salariés par texto, mail voire appel téléphonique, pendant une période non travaillée, il s’expose à terme à un paiement d’heures supplémentaires. Mais quid du salarié non sollicité qui souhaite se tenir au courant de la vie de l’entreprise, se connecte à l’intranet, lit ses mails ? sans que cela soit ni nécessaire ni imposé d’une manière ou d’une autre. Faut-il imposer à l’employeur de le priver de cette possibilité, comme on demande aux entreprises de pousser les gens dehors à partir d’un temps de présence maximum (confère la Croix-Rouge l’été dernier). Mais alors ne faudrait-il pas déduire du temps de présence les discussions sans rapport avec le travail, le temps pris pour régler des affaires personnelles, les petits surfs d’agrément, les pauses cigarettes, etc. Il faudrait peut être reconnaître que pour de plus en plus d’activités, la frontière entre temps de travail et temps personnel connaît quelques porosités et qu’il est temps de sortir d’un management à l’ancienne par la gestion des horaires et le contrôle des faits et gestes. Un peu de confiance et de responsabilité ne nuiraient pas. D’ici là, déconnectez ! sauf pour la lecture de ce blog, bien évidemment.

28/08/2016

LOI TRAVAIL : PARTIS SANS LAISSER DE TRACES

Il va falloir que les politiques qui fustigent à tour de bras l'immobilisme et les avantages acquis (cédons un instant à la démagogie : sauf les leurs) adoptent un nouveau discours. Car les avantages acquis ont bel et bien disparu du code du travail. Dorénavant, lorsqu'un accord collectif sera dénoncé par un employeur, ou lorsqu'un accord collectif viendra à terme, et qu'il sera impossible de conclure un nouvel accord, toutes les dispositions anciennes disparaîtront, sans laisser de trace. Terminé le maintien des avantages acquis à titre individuel qui s'incorporent au contrat de travail, qui constituait soit un frein puissant à la  dénonciation, soit une incitation forte à la conclusion d'un nouvel accord. Autrement dit, tout signataire d'un accord peut s'en libérer unilatéralement sans autre conséquence que la poursuite de l'accord jusqu'au terme du délai prévu pour conclure un accord de substitution, à savoir 15 mois maximum. Seule exception : le montant de la rémunération du salarié doit être maintenu (mais pas nécessairement la structure de son salaire). 

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La suppression du mécanisme des avantages acquis s'ajoute à l'inversion d'un principe : désormais les accords collectifs sont conclus pour une durée déterminée de cinq ans, à l'issue de laquelle ils cessent de produire tout effet. Et ils ne sont à durée indéterminée que si les négociateurs le prévoient expressément. Jusque-là, c'était l'inverse. Comme le disait (presque) naïvement Laurence Parisot lorsqu'elle présidait le MEDEF, tout est précaire, même la vie, pourquoi le droit du travail ne le serait-il pas ? rendons toutefois à la loi sa cohérence : à partir du moment où le champ de la négociation est plus ouvert, le pari est pris que les entreprises auront besoin de négociation sociale et que celles qui arrivent à négocier disposeront de solutions inaccessibles à celles qui auront un dialogue social bloqué.  En version optimiste, c'est un pari sur la responsabilité. Rendez-vous dans quelques mois (années ?) pour savoir s'il s'agissait d'un voeu pieux ou, encore, d'une naïveté. 

26/08/2016

LOI TRAVAIL : LE SOURIRE DES CARIATIDES

Si la hiérarchie des normes a largement fait débat, au point de devenir l'objet central de la contestation de la loi travail, il est un point que les contestataires ont peu mis en avant, car il aurait plutôt correspondu à leurs aspirations. Je veux parler des nouvelles règles de validité des accords collectifs. Même si son entrée en vigueur se fera progressivement (1er janvier 2017 pour tous les sujets liés à la durée du travail, 1er septembre 2019 pour les autres accords), le principe est désormais que la validité d'un accord collectif dans l'entreprise est subordonnée à sa signature par des syndicats représentant la majorité des voix exprimées lors des élections professionnelles (contre 30 % jusqu'alors). Et si les syndicats signataires ne sont pas majoritaires mais atteignent tout de même 30 % des voix, ils pourront solliciter un référendum pour décider de la validation, ou non, du texte. Voici donc une entorse à la démocratie représentative par recours à la démocratie directe. Il pourrait en résulter un vote plus fréquent des salariés sur leurs conditions de travail, et non seulement tous les 4 ans pour l'élection. Un peu comme la Suisse organise des votations régulières, ce qui confirmerait au passage que la démocratie est plus vivace à petite échelle. 

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Le principe majoritaire n'avait pas été adopté en 2008 par crainte de blocage du dialogue social et d'une plus grande difficulté d'atteindre une majorité d'engagement. La loi travail offre donc une alternative : le référendum. Certains y voient un mauvais coup porté aux syndicats, dont la légitimité serait ainsi remise en cause par un contournement minoritaire. L'analyse est un peu rapide car les syndicats eux-mêmes peuvent avoir intérêt à revenir vers la base avant de s'engager. Et c'est peut être avoir une lecture du référendum trop inspiré de son utilisation politique, dans laquelle il n'est jamais répondu à la question posée. Car le référendum n'est jamais si légitime que lorsqu'il est utilisé régulièrement. En tout état de cause, ces règles nouvelles sont de nature à modifier profondément les stratégies de négociation, chacun ayant désormais en tête qu'un vote de la base est toujours possible. D'où le léger sourire des cariatides. 

25/08/2016

LOI TRAVAIL : LES REGLES SANS LA CULTURE

La loi Travail fait le choix d’élargir les champs ouverts à la négociation collective et tente de donner la priorité aux négociations locales plutôt qu’aux négociations nationales et centralisées. Beaucoup y ont vu, à travers l’inversion de la hiérarchie des normes, une atteinte à l’unicité de la République, la rupture de l’égalité entre les salariés relevant d’une même convention collective, l’incitation à pratiquer le dumping social pour sauvegarder sa compétitivité voire améliorer ses bénéfices. Ces arguments ne peuvent être écartés d’une simple chiquenaude, mais ils demeurent malgré tout mal fondés. Concernant l’atomisation du droit, il faut soit être très naïf soit méconnaître les réalités sociales pour penser que tous les salariés sont aujourd’hui soumis au même droit du travail. Selon la taille des entreprises et leur secteur d’activité, les différences sont sans doute plus importantes que les éléments communs. Le statut conventionnel des salariés des entreprises du CAC40 a peu à voir avec celui des TPE/PME et le salarié d’un commerce de détail alimentaire n’est pas vraiment soumis au même droit que celui de l’animation socio-culturelle, de la Banque ou de la chimie. Avec plus de 400 conventions collectives différentes actives, l’atomisation du droit du travail a déjà eu lieu. Quand au dumping social, il résulte sans doute bien plus de l’organisation des structures juridiques, de la sous-traitance et des délocalisations que des possibilités nouvelles ouvertes à la négociation collective qui, à la différence des solutions précédentes, nécessitent d’obtenir un accord majoritaire avec les organisations syndicales.

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Et si l’on veut bien en revenir aux sources de l’Europe, à savoir la démocratie athénienne, c’était une démocratie de proximité. Il ne manque pas de penseurs d’ailleurs pour estimer que plus son cadre d’exercice est large et moins la démocratie est parfaite. S’il fallait illustrer, on pourrait comparer le fonctionnement démocratique de l’Union Européenne et celui d’une municipalité par exemple.

Le véritable point qui, à mon sens, fait problème n’est donc pas tant la nouveauté des règles qui font davantage confiance au local, c’est le rapport entre l’intention posée par ces règles et la réalité des relations sociales dans notre pays. Lorsque l’on rencontre régulièrement des employeurs dont l’objectif est de n’avoir aucun syndicat, voire d’éliminer ceux qui existent, des DRH qui voient en tout syndiqué un dangereux agitateur politique, des syndicalistes qui font procès d’intention systématique à toute proposition de l’employeur et l’on pourrait rallonger la liste, on se dit que le pari de la négociation décentralisée et généralisée n’est pas gagné et qu’il ne suffit pas de changer les textes pour faire évoluer les mentalités, même si l’objectif de la loi est d’y contribuer. Et lorsque l’on constate que le MEDEF, principale confédération patronale, est fortement tenté de jouer le jeu du lobbying politique plutôt que celui de la négociation sociale, on se dit que cette loi vient soit trop tard soit trop tôt mais qu’en tout état de cause elle est à l’heure de sa publication peu en phase avec la réalité sociale. Mais le plus probable reste encore que nous n’ayons pas l’occasion d’apprécier si le pari est gagné ou perdu, car l’élection présidentielle qui se profile risque d’être l’occasion d’un nouveau chambouletout et quelque chose nous dit que le dialogue social n’en sortira pas forcément gagnant.

24/08/2016

LOI TRAVAIL : LIFE IN MOTION

La loi Travail ayant été publiée, il est aujourd'hui possible d'en faire une analyse méthodique, et ce blog va donc s'attacher à partir de ce jour à passer en revue ses dispositions pour tenter d'objectiver leur portée réelle. Mais pour débuter cette série, et tenter de lui donner un peu de sens, commençons par rechercher l'esprit des lois. Quel est le fil conducteur du texte, quels objectifs poursuivaient ses promoteurs, quelle philosophie anime la réforme ? on pourrait le résumer en un mot : ADAPTATION. La loi Travail repose sur le diagnostic, pris comme une évidence mais non démontré factuellement, que le droit du travail favoriserait l'immobilisme, l'ancrage dans le passé, l'incapacité à prendre en compte l'évolution des technologies, des organisations, des modes de productions, de l'économie mondialisée, etc. Toutes les règles de la loi Travail peuvent s'interpréter au regard d'une logique : il faut substituer à un droit du travail structuré, ordonné, hiérarchisé, centralisé, bâti sur une logique de construction accumulative propre aux 30 glorieuses, un droit décentralisé, mouvant, évolutif, temporaire, souple ("agile" dans la novlangue des dirigeants) qui permettrait de s'adapter à un monde évoluant lui même à un rythme toujours plus rapide. 

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Même si la communication sur la loi Travail a été calamiteuse, cette logique permet aux tenants de la loi de bénéficier de toutes les valeurs positives liées au mouvement et de renvoyer les opposants à l'immobilisme, au passéisme, à l'absence de réalisme, en un mot de créer un artificiel débat entre les dynamiques qui veulent faire évoluer le système et ceux qui n'ont comme projet que de maintenir l'existant. Les modernes et les conservateurs, ceux qui vont de l'avant et ceux qui restent tous freins serrés. Ce n'est évidemment pas un hasard si les promoteurs véritables du projet, Valls et Macron, ont en semblable détestation l'idéologie et se réclament du pragmatisme et si le mouvement politique du second s'appelle "En marche" sans que l'on sache véritablement vers quoi. 

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Car si le mouvement ce peut être la grâce de la danse, porté à sa quintessence c'est aussi le cyclone qui détruit les constructions collectives et renvoie à la capacité de chacun de trouver la possibilité de reprendre vie en terrain désolé. Autrement dit, ni le mouvement ni la réforme ne font sens en eux-mêmes. Et l'on peut considérer qu'avoir fait de l'adaptation la valeur cardinale du projet est au fond un aveu que l'on ne maîtrise plus grand chose de l'évolution du monde, que l'on a renoncé à toute volonté dans ce domaine et que l'on circonscrit son action à tenter de mettre en place des moyens de se protéger du cyclone. 

23/08/2016

Juliane vs Eleanor

A première vue, si l'on s'en tient uniquement à la solution préconisée, Juliane et Eleanor sont en désaccord. Dans deux affaires qui portaient sur le licenciement d'une femme en raison du refus d'ôter son voile dans le cadre d'un travail impliquant des relations de clientèle, l'une en Belgique et l'autre en France, les deux avocates à la CJUE ont conclu l'une à l'absence de discrimination et l'autre à une discrimination directe. Dans le détail, les analyses juridiques ne sont pourtant pas si éloignées, et la divergence se situe plutôt au niveau de leur appréciation. Résumons : la directive européenne du 27 novembre 2000 protège les salariés contre toute discrimination directe ou indirecte. Et prévoit quelques exceptions : la protection des libertés individuelles, les entreprises de "tendance" ou de "convictions" et l'exigence professionnelle essentielle, déterminante à condition que la restriction soit proportionnée. C'est cette dernière exception que la Cour de cassation, en Assemblée plénière, avait retenu pour valider le règlement intérieur de la crèche Baby Loup imposant la neutralité religieuse, la légitimité et proportionnalité étant en l'espèce fondée sur le fait que la salariée travaillait avec des enfants. 

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Ces règles, les fines juristes à la CJUE, les manient sans problème. Mais leur appréciation n'en est pas identique. Pour la britannique Eleanor, il n'existe pas d'exigence professionnelle légitime et proportionnelle à imposer à une consultante en informatique de retirer son voile lorsqu'elle va en clientèle. Car cela n'a aucun impact sur son activité. Ce qui est objectivement constaté en l'espèce puisque le motif du licenciement était "le trouble ressenti par les salariés du clients à la vue du voile". Pour l'allemande Juliane, un règlement d'entreprise imposant la neutralité vestimentaire peut au  contraire être justifié non seulement par la nature de l'activité ou les exigences professionnelles mais également par la culture et le système juridique de l'Etat, et l'avocate rappelle que la laïcité est en France un principe constitutionnel qui peut justifier des restrictions plus importantes y compris dans l'espace privé. C'est d'ailleurs cet argument qui a été parfois retenu, plus subtilement que le trouble à l'ordre public dans le contexte d'attentats, pour justifier les arrêtés d'interdiction du burkini sur les plages. 

Juliane Kokott ajoutait un argument dans ses conclusions : si la couleur de peau, l'origine, le sexe, l'âge, le handicap...sont des états de fait que l'individu ne peut laisser au vestiaire, la pratique religieuse est une pratique culturelle qui peut avoir des modulations selon les situations. 

On ne sera pas surpris qu'une avocate imprégnée de culture toute britannique ait une appréciation différente d'une allemande au parcours plus international. Et l'on constatera que l'on peut avoir sur le sujet une réflexion qui va un peu au-delà du simple épiderme. 

22/08/2016

Retour

La culture européenne, et particulièrement les présocratiques et Nietzsche, ont inventé l'éternel retour. Les aborigènes, quelques temps auparavant, avaient inventé le boomerang.

 

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21/08/2016

69 fois à l'Est du Sud

Alors, c'est comment l'Australie ?

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Arrrggghhh ! C'est 5 000 km on the Road,

C'est 5 000 fois "Putain, c'est exceptionnel...."

C'est 5 000 photos

Non mais attends, tu l'as déjà faite celle-là, c'est ICI.

Ah ouais, mais non, ça n'a rien à voir, parce que l'Australie c'est

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Beaucoup plus que 5 000 fois  "Hey guys, how're you going ?"

Un arc-en-ciel parfait sur la route de Cap Jervis, qui enjambe la mer et les collines dans une lumière franche et tonique, pendant que Lou Reed s'envole dans "Such a Perfect Day"

Le petit-déjeuner au milieu des kangourous sur Kangaroo Island, île chamanique où les pierres parlent aux arbres qui répètent tout aux animaux qui dansent avec la lune

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Malcolm, vissé depuis 80 balais sur la côte Est qui m'explique en bougonnant que si j'ai pas vu la côte Ouest, j'ai rien vu de la vraie Australie

Les nuages qui s'ouvrent comme la Mer Rouge à notre passage pour révéler les îles Withsundays et tout à coup, comme mille déesses émergeant des profondeurs de la terre, la Grande barrière de corail

L'urgence des surfeurs qui courent sur la plage, dans l'eau et sur leur planche pour se glisser dans les plis de la vie éternelle, car la mer ne meurt jamais

Bruce l'américain, au physique d'acteur américain dont on a oublié le nom, qui importe de la moutarde de Dijon depuis la plage de Mainly

La houle de la mer qui te brasse corps et âme, et l’estomac aussi

Les villes de nulle part, au milieu de nulle part, où la vie n'est pas moins la vie que n'importe où ailleurs

Les murals de Melbourne, comme des livres d'images avec lesquels on peut faire le tour du monde en faisant le tour de son quartier

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Abir, l'allemand d'origine indienne qui vit à Londres, en parfaite cohérence avec son prénom qui signifie « mélange de parfums »,  et  me confiai sa passion pour les films de Godard alors que je lui faisais part du choc que furent les films de Fassbinder. Et tandis que le bateau nous ramenait de Fraser Island, nous nous enthousiasmions pour le panthéisme australien tout en constatant que nous ne pouvions vivre qu'au cœur de la culture de la vieille Europe

La lagune aux pélicans, en forme de bec de pélican, que l'on traverse interminablement, en espérant secrètement que cela ne finisse jamais et effectivement cela ne finit jamais

Le sparkling wine chardonnay pinot noir, première cuvée, qui se boit comme de l'eau de source, avec l'esprit des Dieux en plus

S'asseoir sur le Tropique du Capricorne en pensant au Père Miller et au copain Garrigue, lui envoyer la photo et recevoir en retour celle de cézigue hilare en train de courir un 100 m dans le stade d'Olympie, se dire que depuis l'enfance, on n’a pas trop perdu le fil et qu'il en reste encore des tonnes de conneries sublimes qui nous attendent

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Tous les jeunes français et françaises aux itinéraires singuliers, croisés au détour, qui ont en commun l'énergie, le désir, le pragmatisme et l'idéal

Les années 70 retrouvées sur la plage et dans les rues de Byron Bay, et un peu partout ailleurs aussi, pas seulement comme une mode vintage mais comme un temps qui s'enfuit moins vite

Les roches de fer de Dunk  Island dont l'électricité tellurique demeure, à fleur d'eau, 360 millions d'années après leur expulsion des forges du volcan, ce qui permet de toucher et ressentir les vibrations du temps

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25 jours sans odeur de tabac, où que l’on soit

Philip assis dans son rocking-chair lisant le journal au petit matin et me disant du haut de ses 90 balais : "J'ai une femme active, un chien, un chat et mes pilules pour la journée, je suis un homme heureux"

L'évidence que perdre le lien avec la nature est une mutilation définitive

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Les pubs irlandais affichant fièrement que la bière est la preuve que Dieu a voulu que les hommes soient heureux

Les Polaroïds de Manon, la jeune picarde expatriée à Sydney qui a saisi avec finesse l'Australie et porte d'ailleurs joliment la finesse en bandoulière

Les retraités qui sortent la caravane à la première occasion, et à la dernière aussi, et qui sillonnent les routes et emplissent les caravane-parks.

La troupe de saoudiens hilares qui auraient pu constituer une solide mêlée et qui ont d'ailleurs plaqué un irlandais saoul et excité et l'ont ligoté en trois secondes, ce qui nous a permis de poursuivre le long vol à travers les fuseaux horaires

La roche, le sable, les pierres, la poussière, et les couleurs du temps accumulées qui composent la croûte de la terre au centre du plus vieux des continents

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Les tremblements de terre, quasi-inexistants mais qui empêchent les avions de décoller lorsqu'ils surviennent près des côtes

Toute la littérature élisabéthaine qui semble ressurgir des mers déchaînées du Sud et des falaises rouges fracassées par le ressac. Et les corps naufragés dont la mer n'a que faire

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Les jeunes filles sportives de Port Fairy qui tenaient un salon de thé de grand-mères

 La clairière magique de Qdos et son jardin de sculptures, parmi lesquelles une Alice sautillante qui ouvre en riant les portes des merveilles

Le choc des 14 films en projection simultanées de Manifesto dans lesquels la belle Cate Blanchett joue 14 femmes dont les mots du quotidien sont les manifestes artistiques du XXème siècle. La preuve que la vérité est sous nos yeux, et qu'elle est insupportable

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Avoir fantasmé la Pacific One dans l'Ouest américain, où elle n'existe pas, et la savourer pendant des heures de l'autre côté du Pacifique

Les couleurs et les silences de l'Australie dans les peintures de Nicola  Perkin

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Les eucalyptus partout, mais tout particulièrement le long de la Great Ocean Road

Lentilles Anyway, le restaurant coopératif de Newton à Sydney, où l'on est servi par des volontaires souriants et où l'on paie ce que l'on veut

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Les jeunes lesbiennes déterminées, engagées et décontractées du Nord au Sud et leurs regards clairs

Un dimanche ensoleillé, à Melbourne, qui ressemble à l’ile de la Grande Jatte de Seurat

Les aubes et crépuscules qui se tirent la bourre pour t’en mettre plein la vue

Ange, le rugbyman dont la carrière naissante a été brisée par une vilaine blessure, et qui brûle la vie sans limite pour retrouver ses rêves de gosse

Le jour où je suis devenu un nuage, aussi simplement que l'on se lève le matin pour boire son café. Un nuage bien ancré sur terre.

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Le constat permanent qu'ici la nature et les animaux sont les véritables résidents des lieux, et te rappellent que tu fais aussi partie de la chaîne alimentaire

Le médecin à qui l'on rapportait les quatre motivations des médecins en France : "Money, Money, Money and Money", qui n'a pas souri et a simplement répondu : "It's human"

Traverser les grandes régions minières en écoutant Le chercheur d’or, d’Arthur H

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La démonstration quotidienne, si besoin était, que cool et professionnel vont très bien ensemble, et que l'un sans l'autre, cela redevient du travail ou du n'importe quoi

Loïc, venu ici sans diplôme et sans parler anglais, et qui a obtenu son visa en se rendant indispensable, exemple parmi d'autres que la mondialisation n'est pas le pré carré des upper-class

Les voiles de l'Opéra de Sydney qui s'illuminent soudainement et se parent de vert et jaune pour fêter l'ouverture des jeux Olympiques

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Goûter aux vins des vallées du Sud et boire de la géologie, de la géographie, de l'histoire, de l'aventure humaine, de la météo et du plaisir

Attaquer la Bruce Highway  avec les premières notes de Dancing in the Dark, rajuster ses lunettes noires et souhaiter que la route soit encore longue

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Les hautes, très hautes, fougères arbustives qui allègent la forêt tropicale de leurs ajours dentellés

Le crocodile blanc, scotché sur la berge d'une rivière poisseuse et qui se foutait bien de nos têtes ahuries

Les refrains lancinants de Blackstar, et la voix troublante de David Bowie, à la hauteur des paysages

Les dizaines de chauve-souris géantes qui finissaient d'obscurcir le ciel en fin d'après-midi par leur vol en rangs serrés

Les dingos, les koalas et les cassowaries qui étaient très beaux sur les photos annonçant leur présence

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Les trains de cannes à sucre fraîchement coupées qui sillonnent les grandes plaines du Queensland, serpentant au milieu des champs touffus qui attendent leur tour

Philip que je saluai le matin en lui demandant des nouvelles du temps et qui me répondait : "Demande à la fenêtre"

Les villages qui ne sont pas construits autour d'Eglises mais de stations-service

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L'impossibilité d'avoir un regard sur les jeux olympiques : où que l'on soit dans le monde, chaque pays ne montre que ses nationaux

Le chat Friday qui appréciait l'efficacité de Gigi, aussi redoutable businesswoman que lesbienne affirmée et revendiquée

Le rapide constat que la culture aborigène et la culture occidentale sont incompatibles ce qui suppose soit une partition soit une disparition, les deux étant à l'œuvre

La pleine lune qui nous avait donné rendez-vous à notre arrivée et provoqua notre départ avec un jour de retard

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L'ivresse permanente des premières fois qui te fait devenir nouveau, comme la vigne donne chaque année un raisin nouveau

La longue liste des animaux qui n'ont pas d'autre prédateur que l'homme

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Les peintures de Masson dans ce pays tellurique qui l'aurait enivré et qu'il a peint très exactement sans jamais l'avoir vu

Les baleines sauteuses, qui vont en nombre pair, et les requins de cinq siècles, toujours vifs

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L'intégralité de la gamme des rouges uniquement en regardant autour de soi, et aussi les verts, et les bleus et les jaunes et le noir. Couleurs primaires pour une terre primordiale

Cette heure, entre chien et loup, où surgissent tous les animaux

Le soleil et la lune, face à face, un petit matin clair entre mer et montagne

L'impromptue et improbable nuit passée chez un chinois dans cette ville où tout le Pacifique et l'Océan Indien semblait s'être donné rendez-vous

Le sentiment profond que l'Australie, ce n'est plus si loin

Ta main qui trouve la mienne sans hésitation en plongeant dans la grande barrière de corail et les multitudes colorées de poissons et coraux qui nous regardent un instant, et nous qui les voyons toujours

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18/08/2016

La nature imite l'art (II)

Il suffit de varier un peu les chemins. 

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Et d'ouvrir un peu le regard. 

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D'aller voir dans le sable...

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...dans les pierres...

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...dans les mangroves...

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...suivre l'eau...

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...revenir vers la plage...

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...traverser la rivière...

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...retrouver le sable...

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...et regarder le soleil se coucher après avoir déposé la dernière touche de peinture. 

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14/08/2016

La nature imite l'art

C.G. Jung fondait les archétypes sur l'inconscient collectif, donc sur un facteur psychologique. Il en déduisait l'universalité de certains signes et symboles fondamentaux.  

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Il notait leur présence chez les hommes mais également dans la nature. 

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Une interprétation plus matérialiste aurait cherché du côté de l'atome. Ces atomes qui constituent aujourd'hui une pierre se retrouveront peut être demain dans un arbre, une plante...ou un homme. 

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L'inconscient collectif ne serait qu'une mémoire atomique des éléments qui nous constituent. 

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Si tel était le cas, il y aurait chez Nicola Perkin tous les atomes de l'Australie. 

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 Nicola Perkin - Watermark

13/08/2016

Le jour où je suis devenu un nuage

D’abord je les ai regardés. Apparaître dans des ciels clairs, raccourcir l’horizon, filtrer la lumière, refléter les couleurs du sol,…

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…puis je me suis amusé de leurs formes, de leur dessins, des sculptures éphémères qu’ils érigent dans le vent,…

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…et puis je m’en suis rapproché, intellectuellement, puis corporellement,…

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…et soudain c’est arrivé. Sans y réfléchir, tout naturellement, en toute logique, je suis devenu un nuage…

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….intégré aux autres nuages, aux éléments, sensible à toute chose, suspendu dans le temps, j’étais un nuage…

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 …du monde ancien ne me parvenait plus qu’un lointain écho d’acrimonie : « Il va bien falloir en redescendre de ton nuage »…

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…comme si les nuages n’étaient pas sur terre…

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…comme si rien ne vivait à l’intérieur de nous…

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…le nuage peut sembler s'effacer, il est présent à jamais.

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12/08/2016

HÔTELS

Les hôtels, comme les taxis, sont des places de passages où l'on est immédiatement chez soi, en des lieux  aussi inconnus qu'éphémères. 

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Qui tient la chronique de toutes les histoires, de toutes les chambres, de tous les hôtels ? 

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Chaque hôtel est une énigme dont la clé s'est perdue dans le temps.  

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Seul l'imaginaire peut retrouver le fil des histoires perdues. 

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Mais comment retrouver tous les rêves de tous les dormeurs ? 

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Les hôtels sont des invitations que l'on ne peut pas toujours refuser. 

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Car la nuit révèle à l'hôtel, et son hôte, sa vérité primordiale. 

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C'est pourquoi aller d'hôtel en hôtel n'est qu'une autre manière de continuer l'enquête. 

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11/08/2016

LIGHTS

Ici c'est l'hiver. Le soleil bascule rapidement vers l'Ouest, ses rayons déclinant prenant les couleurs des matins d'été en France. La nuit venue, les rues s'éclairent et deviennent autres. 

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Les perceptions se modifient, les visions s'inversent, les sens s'abandonnent avec plaisir à leur affolement poétique. 

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Les invitations se font plus explicites. 

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A moins, au contraire, que l'abstraction s'impose et permette d'entrevoir ce point où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le communicable et l'incommunicable, le passé et le futur cessent d'être perçus contradictoirement.

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André Breton vous glisse à l'oreille de prêter attention aux cafés-chantants de l'imaginaire. 

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Particulièrement à cette heure, entre chien et loup, lorsque les lumières du jour le cèdent à celles de la nuit. 

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Ici c'est l'hiver. Et la pluie vient parfois forcer le trait des couleurs nocturnes. 

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Elle exacerbe l'étrangeté des néons qui attendaient impatiemment de déployer leur brillance.  

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Les injonctions publicitaires ont des allures d'inquiétants messages sculptant notre futur. 

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Vite, retrouver des repères, du traditionnel, du banal, du connu. 

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Mais la nuit est la plus forte, et ses couleurs toujours changeantes forment le torrent dont les eaux vous emportent inexorablement. 

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10/08/2016

Nostalgie

Tout voyage est une nostalgie. Peut être de part sa fin annoncée. Peut être parce que l'on sait que l'on ne repassera jamais dans ce coin là, que l'on ne regardera jamais plus cette rue, ce ciel, cette lumière, ces gens que l'on croise et ceux avec lesquels on échange quelques mots. 

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Cette nostalgie, inhérente au voyage, elle vous saisit plus profondément à la vue d'un rémouleur des temps pas encore post-modernes. 

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Où lorsque vos pas croisent une station service qui ne sait pas encore que les années 70 sont terminées. 

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La nostalgie, dans sa version superficielle, c'est un peu de vintage et les couleurs de son enfance. 

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Et de manière plus profonde, ce qui vous a marqué, avec lequel vous vivez et qui contribue à vous changer tous les jours. 

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On n'est pas à Londres, mais le propre de la nostalgie est d'abolir temps et distances. Alors on peut être persuadé que c'est bien ici que les Pink Floyd ont enregistré leur meilleur album. 

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C'est également ici que l'on joue sa vie comme on joue on flipper : on gagne, on perd, mais toujours on espère s'en refaire une petite...gratuite !

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Pourquoi les années 80 ont-elles cette odeur de 70 alors qu'elles en furent la négation presqu'absolue ? 

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Et pourquoi ces vallons, battus par l'Océan Indien, sont-ils absolument semblables aux grands plateaux de l'Alentejo ? parce qu'ils suscitent tous deux l'envie de s'y établir, de mener une vie chamanique et d'écrire, ou alors parce qu'ils inscrivent en vous, irrémédiablement, un peu de saudade, une tenace nostalgie ?

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09/08/2016

Murals

Les murals, ou street art, installent la poésie dans la rue. L'intérêt du mural est qu'il est à la fois totalement local, il est inscrit dans un environnement singulier, et potentiellement global car l'artiste peut venir de n'importe où. De la rue d'à côté comme de l'autre bout du monde. 

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Souvent coloré, le mural peut s'essayer au noir et blanc. Comme dirait Bashung, volutes partent en fumée.  

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Le gris remonte le temps et fait surgir un rocker improbable aux allures de Ron Wood. Aux murals, rien d'impossible. 

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On reconnaît le jeune artiste à la recherche d'effets. Il faut montrer la technique, en mettre plein la vue. 

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Avec le temps, l'art s'épure, comme le geste qui l'accomplit. 

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Et l'humour trouve sa place. 

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Mais le Street artiste suit l'actualité. Mélanie Trump a plus de succès que son mari. 

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Et à propos de politique, il ne vous rappelle personne celui-là ?

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Le mural est insolent, créatif, talentueux. Belle trilogie. 

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Et au fond, très naturel. L'ennui est le roi des arts. 

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07/08/2016

Côte Est (Postcards)

La photographie se fait plutôt dans les villes : lumières, personnages, architecture, boutiques, les mystères de la rue sont sans limite. Mais lorsque l'on est dans un pays-continent, la notion de limite perd de sa substance. Et le long de la côte Est, les miroirs de sable, les nuages de vent, l'éternel retour des vagues, aimantent le regard. 

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La terre est rouge. Elle a la couleur des flammes. Et l'on est au coeur de tous les éléments. 

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A certaines heures, les couleurs font la sarabande. C'est un sabbat céleste sous vos yeux incrédules. 

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Et quitte à donner dans les clichés, restons dans le no limit. Sur ces côtes, le surfeur barbu aux longs cheveux blonds qui court vers la vague promise, est aussi présent que les pélicans ou les kangourous. 

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Mais foin de moquerie, il faut quand même la taquiner la vague. 

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Miroir mon beau miroir, dis moi si je l'ai bien descendue. 

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En prise avec les éléments, les surfeurs sont en réalité des poètes de l'infini, chaque vague appelant la prochaine. 

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Et dans les lieux où le panthéisme règne, voir un pêcheur de nuage devient une banale évidence. 

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Comme l'apparition d'une sirène. 

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Le ciel habille le surfeur de ses rêves. 

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Puis se retire en silence. 

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Et vous laisse un dernier message avant de s'éclipser.  

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06/08/2016

JO AUSSIES

A partir d'aujourd'hui, c'est JO pour tout le monde. Pour fêter l'ouverture des Jeux, l'Opéra de Sydney s'est paré des couleurs des équipes australiennes, qui sont les mêmes que celles des brésiliens : auriverde !

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Les voiles colorées toisent le Harbour Bridge qui reste de noir vêtu. 

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Toutes les lumières de la baie, du coup, offrent un coup de jeune aux ternes immeubles du CDB, centre ville sans âme qui se ressource aux douceurs de la baie. 

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Les éclats de bleu ravivent le pont céleste, ambiance festive, toute en douceur. 

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Cette douceur de vivre est-elle due aux calmes eaux de la Baie ? pour ce qu'il est possible d'en juger en quelques jours, pas seulement. Car cette douceur s'étend bien au-delà de la ville. 

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Pour l'heure, l'Opéra attend Hélène Grimaud, dont la présence est une évidence tant ce pays lui ressemble. 

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Au soleil couchant, les temps se mélangent et les époques fusionnent sans que cela n'émeuve grand-monde. 

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Et lorsque quelques nuages teintent la baie de belles variations de gris, la douceur demeure. 

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Le temps d'une escapade sur le Harbour Bridge, pour se frotter aux barres métalliques et au bleu du ciel. 

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Ces lignes et ces couleurs rappellent quelque chose...

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...des lignes droites, du noir profond, du bleu...

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...Soulages s'est invité sur le Harbour Bridge. Il est le bienvenu, le pays est à sa mesure.

05/08/2016

COUPLES

Comme dans une toile de Sisley, un dimanche au bord de l'eau, un instant de paradis pour les couples. 

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Qui trouvent également leur bonheur, comme le chantait Brassens, sous un coin de parapluie. 

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Faut-il se ressembler pour s'assembler ? si l'on regarde autour de soi, la réponse est plus souvent positive que l'inverse. L'attirance des contraires ne court pas les rues. 

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Même si l'on peut se ressembler sans s'assembler. Après le selfie qui fait tourner le dos à ce que l'on veut voir, voici la communication qui engendre le repli sur soi. Mais peut être sont-ils en train d'échanger par messagerie. Tant que le virtuel fera battre des coeurs, il n'aura de virtuel que le nom. 

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On peut encore voir surgir cette  impatience bondissante qui saisit le couple, entre chien et loup...

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La capacité d'étonnement est une vitamine précieuse, même elle fait parfois de vous un ahuri sidéré.  

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Un ange passe...

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...il doit être en vacances...

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...et taquin il jette un voile d'ombre sur le mystère du couple. 

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