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24/11/2015

En noir et blanc

Une grande entreprise en Province la semaine dernière. Animation de groupes de travail. Le midi, repas rapide au self d'entreprise. Je m'installe au milieu du réfectoire, mes hôtes sont partis régler leurs affaires. Je ne sais pourquoi, un sentiment d'étrangeté me gagne. A ma gauche, une table avec quatre femmes voilées. A ma droite, une table avec cinq hommes. Devant moi une table avec deux africaines aux cheveux très noirs. Derrière elles, trois femmes du cru, la cinquantaine. Un peu sidéré, je détaille du coup les tables suivantes : ici sept hommes, là trois, de nouveau une table avec des africaines, mais celles-ci ont toutes des cheveux marrons avec des mèches, puis une table féminine locale et encore une table avec 3 hommes. Dans tout le réfectoire, je n'arrive qu'à identifier une table où un homme partage son repas avec trois femmes. Au final, sur la trentaine de tables occupées, quasiment aucune mixité de sexe, d'origine, d'âge. 

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Je m'interroge sur la probabilité que le hasard ait ainsi ordonné la salle. Quasi nulle. Il me faut donc en conclure que l'on ne traite ici qu'avec son semblable le plus immédiat et que pour se parler il faut se ressembler. Et je me souviens qu'il fut un temps où, dans les restaurants d'entreprises, la segmentation était sociale : cols blancs d'un côté, cols bleus de l'autre. Ici, elle est culturelle : peu de mélange de générations, pas de mixité, pas de multiculturalisme. Le signe d'une société qui se referme ? 

20/11/2015

Des clés pour l'action

Michel Tournier avait, en son temps, établi une classification de ce qui était clef ou serrure : "serrure le visage humain, le livre, la femme, chaque pays étranger, chaque œuvre d’art, les constellations du ciel. Clefs les armes, l’argent, l’homme, les moyen de transport, chaque instrument de musique, chaque outil en général". A l'aune d'un tel partage, on positionnerait volontiers la formation parmi les clés, mais la réforme et plus globalement le système de gestion de la formation, dans les serrures. 

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Si vous voulez quelques clés pour tenter de faire jouer la serrure, alors vous pouvez prendre date et vous inscrire (c'est gratuit, c'est en cliquant ici : Webconférence) au deux Web conférence organisées par MyConnecting le mardi 15 décembre prochain après-midi, avec la complicité de votre serviteur. La première porte sur les opportunités liées au Compte personnel de formation en 2016 et la seconde sur la mise en place de l'entretien professionnel pour les entreprises qui n'auraient pas encore pris de décision en ce domaine ou pour celles qui veulent benchmarker leurs pratiques. Et en plus des clefs, vous aurez l'image et le son ! 

19/11/2015

Aux portes de la lecture

Comme un enfant qui a commencé à dérouler le tapis du 21ème siècle, tu as appris l’alphabet sur un Ipad. Tu l’as retrouvé dans les livres, puis dans les chansons, comme dirait Jérôme Leroy qui a déjà pris l’habitude de te dédicacer ses livres. Tu as découvert qu’en espagnol le « v » se prononce « b » et que cela rend les livres plus libres. Tu as découvert le jeu des synonymes, trouver des mots différents pour nommer une même chose. Avec le début de l’écriture, tu as découvert le temps : le temps qu’il faut pour réécrire un mot dont on a le modèle, le temps qu’il faut pour le déchiffrer, le temps qu’il faut pour l’apprendre et tu as compris que viendrait le temps où tu saurais lire. Tu es impatient, pas vraiment comme un enfant, mais plutôt comme un impatient qui sait que son temps viendra. Cela t’a appris à te réjouir de ce qui adviendra.

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Cette chronique anniversaire est la dernière que je te lirai avant que tu ne puisses la lire toi-même et viendra le jour où, peut-être, tu l’écriras avant moi. Mais de cela, je ne suis pas impatient. Pour tes 5 ans, bon anniversaire Ioannes.

14/11/2015

13 Novembre 2015

Les sculptures d'Emily Young ont, ce soir, le visage du présent. 

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13/11/2015

Individuel vs indivision

Il faut se souvenir que c'est une organisation syndicale, la CFDT en l'occurrence, qui est à l'origine de la création de l'entretien professionnel newlook. C'est à dire de l'obligation pour toute entreprise de faire un point avec chaque salarié sur ses possibilités d'évolution futures. Un entretien pour parler de l'avenir qui, dans sa version gestionnaire a pour fonction l'anticipation et dans sa version juridique l'obligation de bonne foi dans le partage de l'information sur l'évolution que pourrait prendre la relation de travail. Il faut s'en souvenir car l'on rencontre des entreprises dans lesquelles les organisations syndicales sont en opposition avec le principe même de ce type d'entretien, refusant notamment que la gestion des ressources humaines s'exerce principalement au travers des procédures individualisées (entretien d'appréciation, entretien d'évolution, rémunération à la performance, etc.), considérées comme mettant à mal le collectif et l'intérêt général. 

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On peut donc rencontrer cette situation, pas si saugrenue, d'organisations syndicales demandant à l'employeur de ne pas mettre en place l'entretien professionnel, et partant de ne pas respecter la loi. Bien évidemment, une telle demande n'est pas susceptible d'exonérer l'entreprise de ses responsabilités. Mais la question ici est moins dans le respect de la règle que dans son contenu. Dès lors que l'on décline les obligations des employeurs en fixant le détail de leurs modalités, dès lors que l'on codifie des modalités de gestion des ressources humaines, on s'expose bien évidemment au risque d'avoir un processus décalé de certains contextes. Par exemple, quel intérêt d'avoir des entretiens individuels lorsque 80 % des salariés exercent le même métier au sein de l'entreprise (entreprises de transport urbain par exemple). La voie de l'information collective ne serait-elle pas plus appropriée ? Si l'on raisonne par analogie, on s'aperçoit que même en matière de licenciement, l'entretien individuel s'efface parfois au profit de procédures collectives. 

A vouloir plaquer un mode de gestion unique sur toute réalité, et à vouloir introduire dans la législation les modalités de mise en oeuvre d'obligations, plutôt que de s'en tenir à l'obligation de résultats et de laisser la liberté des moyens, on s'expose à ce trop fréquent décalage entre la règle et les contextes de mise en oeuvre qui au final nuisent à sa crédibilité et à son effectivité. 

12/11/2015

Salariat sparadrap

Plus collant que le sparadrap du capitaine Haddock, tel apparaît le statut de salarié dans la décision du 5 novembre 2015 prise par la chambre civile de la Cour de cassation. L'affaire concerne un salarié qui a accepté de faire figurer sur son véhicule, comme des tiers à l'entreprise à qui le même contrat a été proposé, des publicités pour son employeur et a été rémunéré à ce titre dans le cadre d'une prestation de services. Redressement de l'URSSAF qui ne voit ici qu'un salaire. Contrat distinct du contrat de travail plaide le salarié. Peine perdue, la Cour de cassation, sans prendre la peine d'argumenter, considère que quasiment par nature, toute somme versée à un salarié a un caractère de salaire. L'affaire ne nous dit pas si tous les propriétaires de véhicule habillés de publicité ont également été requalifiés en salariés. Toujours est-il que la décision laisse penser que le contrat de travail est exclusif de tout autre contrat entre un employeur et un salarié. Comme si le statut de salarié ne pouvait qu'englober tous les autres. 

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Jeune conducteur rebelle au salariat qui a pris soin d'ôter toute publicité de son véhicule (arrghh : il a oublié la casquette !!!!)

On peut régulièrement constater que le salariat est devenu l'horizon indépassable de l'activité et que les gouvernants comme les juges oublient régulièrement qu'il existe en France des travailleurs non salariés. Tous nos systèmes sociaux ont tellement été organisés autour d'une société du salariat que l'on en vient à oublier qu'il fût un temps où le salariat était considéré comme une déchéance et le travail indépendant comme une fierté. Manifestement ce temps est sorti des mémoires et l'URSSAF qui ne voit que salariat partout, et cotisations subséquentes à redresser, y contribue plus qu'à son tour. Et voilà tout artisan faisant appel à un confrère, tout organisme de formation employant des auto-entrepreneurs comme formateurs et donc employeur louant le véhicule, et non le travail, d'un salarié, sommés de rentrer dans le cadre totalisant du salariat. Et curieusement, le tout salariat n'est jamais avancé parmi l'une des causes possibles du chômage, ni le fait que trouver un emploi soit synonyme de trouver un contrat mais pas d'exercer une activité. Il serait peut être temps, et ceci vaut pour les juges comme pour les élus, de faire évoluer les représentations et les pratiques...et peut être aussi les textes qui avaient pour objectif d'asseoir la sécurité sociale au temps de leur adoption mais qui paraissent aujourd'hui à la fois source d'insécurité et bien inutiles sparadraps. 

CassCiv 5 novembre 2015.pdf

11/11/2015

Multidimensionnel

Avec l'art contemporain, on a parfois l'impression de redécouvrir l'évidence, mais comme ce qui est évident est souvent ce qui est perdu de vue, ce n'est pas plus mal. A l'entrée de la Biennale de Venise, un panneau expose le récit d'une expérimentation réalisée avec la Clinique de San Diego (Etats-Unis comme son nom l'indique). Des adolescents ont été initiés, lors d'un camp d'été, à la chirurgie robotisée. A la fin du camp, la plupart étaient capables de piloter une hystérectomie, une cystostomie ou de réparer une valve artérielle. Deux sont parvenus à pratiquer une revascularisation cardiaque. 

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Voici donc des robots, construits après de longues années d'études, qui mettent à disposition d'enfants des gestes professionnels normalement acquis après de longues années d'études. On en conclura une certaine déprofessionnalisation des chirurgiens,  non pas "sèche" comme disent les sociologues mais s'accompagnant d'un déplacement de la professionnalité : maîtrise de nouveaux outils, participation à l'invention de ces nouveaux outils, imagination de nouvelles applications, etc. Bref, la redécouverte que depuis que l'homme s'est saisi d'un caillou pour en faire un marteau, il interagit avec la technique pour aller vers de nouvelles inventions. Sauf, comme disait Marcuse dans l'homme unidimensionnel, s'il est totalement soumis à la technique, dominé par elle et dans l'incapacité de toute interaction. Surgit dans ce cas l'homme dissocié replongé dans la caverne de Platon. 

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On pourrait transposer le constat à la différence entre la capacité à faire (maîtrise de la duplication) et la compétence (capacité à comprendre ce que l'on fait, à le mettre à oeuvre, à le corriger éventuellement, à le faire évoluer). Bref toute la différence entre être dominé par la technique ou la dominer. A ceux qui seraient surpris par ce langage guerrier, soulignons qu'il n'est pas le fruit du hasard : c'est bien d'un combat qu'il s'agit. Et comme nous voici armés par la réflexion, on peut se mettre en route vers le futur. 

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10/11/2015

Savoir y faire

Comme la langue de l'ami Denimal a fourché pendant son intervention, une petite précision s'impose. Redisons-le donc une nouvelle fois, peut être pas la dernière : le savoir-être est un concept inepte et la trilogie savoir, savoir-faire, savoir-être une impasse opérationnelle. Autrement dit, il n'y a pas plus de savoir-être que d'intelligence situationnelle dans la dernière réforme de la formation. 

Reprenons : 

1) La compétence est définie comme la capacité à réaliser certaines activités. Elle se traduit donc toujours par du faire. Pas d'activité, pas de compétence. L'existence même de la compétence suppose donc toujours  une action de faire. 

2) Pour exercer une activité, tout individu mobilise des ressources : elles peuvent être "incorporées", c'est-à-dire internes à l'individu, ou bien "externes"c'est à dire obtenues de l'environnement au moment où on doit les utiliser.

3) La formation n'apporte pas des compétences. Elle apporte des ressources, qui sont autant de promesses de compétence. Elle peut aussi permettre de s'entraîner à combiner des ressources par la mise en situation, la résolution de problèmes, etc. 

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4) L'être ne relève pas du champ de la formation professionnelle mais au moins depuis Parménide, d'une philosophie de l'existence qui peine encore à en tracer les contours.

5) Et si l'on utilise plus simplement connaissances, capacités et comportements, on a une trilogie plus efficiente. Les connaissances renvoient aux ressources (qu'elles proviennent de la formation, de l'expérience ou de l'environnement), les capacités à ce que l'on est capable de faire et les comportements à la manière dont on s'y prend pour mettre en oeuvre ses capacités. Et ici j'ose penser que l'expert en classifications Denimal appréciera la distinction entre ce que l'on sait faire et la manière dont on le fait. La première partie peut être collective (et donc relever de la définition de l'emploi) alors que la deuxième partie est nécessairement individuelle et relèvera d'un système d'appréciation.

Pour les sceptiques, petite épreuve : essayez le baiser de cinéma avec le savoir-être. Il risque de manquer de saveur sauf à être un adepte du tantrisme. Mieux vaut savoir y faire. 

09/11/2015

Quizz qui dit ?

Il était un peu ridicule, la semaine dernière, de constater combien la réponse de la Ministre du Travail, Myriam El Khomri sur les possibilités de renouvellement d'un CDD, a instruit un procès en incompétence. Voici donc les brevets de compétence délivrés par les journalistes sur la base de questions de Quizz. Le ministre des Transports aura droit à la question sur le prix du ticket de métro, celui de l'artisanat se verra exiger le prix de la baguette de pain, celui du Tourisme sera sommé de s'exprimer en 3 langues, le Ministre de la Culture, ah non pas elle on lui a déjà fait le coup à propos des ouvrages de Modiano, le Ministre des Sports devra donner le nom des 10 derniers vainqueurs du Tour de France et le nom de celui qui n'était pas dopé (attention question piège !), etc. Pas la peine de faire un quizz pour décerner le brevet de compétence en démagogie aux journalistes qui s'amusent à ces petits dézinguages ordinaires qui vaudront à la Ministre du Travail de potasser le Memo social de Liaisons Sociales (hé oui, le meilleur ouvrage dans sa catégorie) avant de redonner la moindre interview. 

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Stéphane Le Foll, Ministre de l'Agriculture, habilement déguisé pour bosser

le prix des bananes avant d'être interviewé par Jean-Jacques Bourdin

 

Plutôt que de tester le bachotage de Myriam El Khomri et ses connaissances, les journalistes devraient lui demander d'expliquer sa politique, son action, ses décisions, ses résultats. Pas sur que les réponses soient plus convaincantes que sur le CDD, mais au moins on en saurait un peu plus sur sa compétence que ce que l'on en sait aujourd'hui. Tout formateur sait, ou plutôt devrait savoir, que le Quizz est le degré zéro de l'évaluation. Que l'on en fasse un usage pédagogique, soit. Mais vouloir évaluer la compétence par des tests de connaissance c'est la marque de la société du Buzzer, autrement dit de la société spectaculaire. Pour le fond, on repassera. 

08/11/2015

Ah, les amis !

Et oui, les amis ! ceux qui ne donnent pas toujours de nouvelles, et à qui vous n'en donnez pas plus. Mais qui sont toujours présents, et qui ressurgissent parfois, à des moments qui sont toujours, forcément, des bons moments. Que ferait-on sans ces amis, qui vous accompagnent, et que vous accompagnez, au-delà des rencontres et des instants partagés ? comme dirait Alain Souchon, on resterait au ras des pâquerettes. Heureusement, donc, ils sont là. Et prêts à alimenter ce blog si son auteur ne met pas suffisamment de coeur à l'ouvrage. C'est ainsi que l'ami Denimal, philippe pour le prénom, sociologue et consultant pour la fonction et Tintin-Tournesol pour le surnom, vous livre ses pertinentes réflexions sur les classifications et la rémunération et au passage sur la prise en compte des compétences dans les systèmes de classification. 


Et oui, cela dure 52 minutes, mais en moins d'une heure, vous avez la quintessence de la réflexion sur le sujet et la mise à disposition d'une expertise rare. Et en plus, le bougre, il parle clairement et non seulement on comprend tous les mots, mais en plus on comprend le sens des mots mis ensemble. Voilà les vrais amis, ceux qui, lorsque vous les écoutez, vous donnent l'impression d'être plus intelligent qu'avant, et quand ils s'arrêtent, et bien vous constatez que c'est pas du flan et ils vous manquent déjà  ! C'est pas beau les amis ?  

05/11/2015

Sportif un jour...

Quelques années passées à se consacrer quasi-exclusivement au sport, surtout à l'adolescence, laissent des traces. Celle des cycles de performance par exemple. Celle des rythmes d'entraînement et de compétition. L'évidence que l'on est pas tous les jours un héros et que l'état de forme partage avec les lucioles et les jeunes filles en fleurs la beauté de l'éphémère. Les variations de rythme, comme en musique, sont une nécessité. Aussi, aux quelques qui s'alarment de voir ce blog sommeiller comme jamais depuis sa création il y a six ans, apportons une nouvelle rassurante : les temps faibles sont les prémisses nécessaires des temps forts, les phases de récupérations la condition de la performance. 

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Après la production de deux ouvrages sur la formation professionnelle cet été, soit 2 fois 300 000 signes, peut être également que l'écriture avait besoin de reprendre son souffle. Voilà qui est fait et un nouveau projet est en route : un (très) personnel dictionnaire de la formation en 50 mots et illustrations verra le jour en début d'année et laissera quelques traces sur ce blog qui devrait retrouver un peu de vivacité dès la semaine prochaine puisque...ce sont les vacances !