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31/08/2014

Le retour de Tina

L'homme politique se doit d'être volontariste, François Hollande l'aura compris à ses dépens. Les coups de menton, le chef qui fait le chef, la certitude en toute circonstance, voilà ce qu'attend le peuple. Ou du moins, voilà ce que les politiques pensent que le peuple attend, car malgré les postures, on ne peut pas dire que cela ait été très probant avec Nicolas Sarkozy. Le volontarisme s'opposerait à l'inéluctable cours des choses. Le paradoxe, c'est qu'en même temps ressurgit la petite musique de Tina. Celle que l'on a déjà entendu au début des années 80. Je ne veux pas parler de la flamboyante rockeuse qui fit un spectaculaire comme-back à cette période, ce qui est dommage car cela  pourrait distribuer électricité et dynamisme, mais de Maggie Thatcher qui nous répétait, comme le fait Valls aujourd'hui "There is no alternative". 

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Paris 2014

Cela rappelle également Louis Schweitzer déclarant au moment de la fermeture de Vilvorde "il n'y a pas 36 manières de diriger une entreprise". Non bien sûr, pas 36 mais plus certainement 36 000 tant on peut faire des choix différents en matière de stratégie, d'organisation, de management, de communication, de gestion, etc. Laisser penser qu'en matière de gouvernance l'alternative n'existe pas c'est finalement démontrer l'inverse de ce que l'on souhaite affirmer et dresser le constat de l'impuissance du politique.

26/08/2014

C'est pas du management

Tous ceux qui parlent de l'entreprise France et confondent une nation avec une société commerciale qui n'aurait comme horizon que sa situation d'endettement, son PIB, sa compétitivité, son niveau d'investissement et l'état de ses comptes doivent être déçus. Tout ceux qui pensent que les ministres sont des  forces de vente et le Président de la République le Dircom, doivent revoir leur langage. La Gouvernance de la France, ce n'est pas du management. 

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François Hollande en vélo (le scooter ayant été repéré),

à la recherche d'un miracle

Car en management, on a jamais vu un dirigeant virer l'ensemble du personnel pour gérer un licenciement et deux démissions, et encore moins en réembaucher les trois quarts, après leur avoir fait sentir qui est le maître. De telles pratiques de management seraient jugées ringardes, ridicules et inefficaces. Ce qui est bien la preuve que ce dont il est question ici, c'est de politique et pas de management. 

25/08/2014

66 fois à l'Ouest

 Alors, à l"Ouest, c'était comment ?

 

C'était 5 000 kms de grands espaces (moins 100 kms de merde dans le parc  Yosémite, qui ressemblaient à des routes des Alpes)

C'était 5 000 fois : "Putain, c'est grandiose"

C'était 5 000 arrêts pour prendre une photo

C'était 5 000 arrêts pour "Have a breath"

C'était 5 000 titres sur la playlist,

C'était la voix d'Amy Winehouse dans la Death Valley

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C'était la forêt de Brocéliande redécouverte dans la Giants Forest du Sequoia Park

C'était la Jellies experience

C'était les petits déjeuners chez les homos de Castro

C'était Skate qui chantait des chansons d"amour dans la maison bleue de San Francisco

C'était le tipi de Mario, l"aventurier solitaire, au bord du freeway

C'était  les bagnoles de flic sirènes hurlantes sur le sable de Venice Beach

C'était le coyote surgit de nulle part sur la Badwater road

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C'était 590 dollars la consultation à l"hôpital avec 15 % de réduction si vous payez tout de suite

C'était Led Zeppelin en concert lors du celebration day (on TV !) un soir à Fresno

C'était l'Irlande et l'Ecosse retrouvées un matin à Pacific Grove

C'était 5 000 fois  "Hello, how are you today ?", "Fine and you ?" et 5 000 réponses différentes

C'était du business à tous les coins de rue, et dans les villes carrées découpées en blocs, il y a un paquet de coins de rue

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C'était ce jeune réceptionniste qui avait le même sourire à l"hôtel et à la caisse du supermarché où il travaillait aussi

C'était Bashung, Blondie, Springsteen, Bowie, Franck Zappa, The Clash, Lavilliers, The Pretenders, Moon Martin all along the road

C'était la bibliothèque d'Henry Miller dont on solde les derniers titres à Big Sur, ce dont il se foutrait  éperdument (mais il serait bien content de voir de jeunes curieuses girondes continuer à venir rôder par ici)

C'était l'Attorney de Ferguson qui compte les arrestations de manifestants en différenciant les blancs et les noirs

C'était l'envie de sortir de la route 66 pour prendre des chemins de traverse, et les prendre effectivement

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C'était 2001 Odyssée de l'espace à fonds dans le casque en déboulant en hélicoptère au dessus du Grand Canyon

C'était la voix d"Agnès Jaoui et les guitares flamencas dans ces coins où tous les noms sont espagnols

C'était le soufflé aux artichauts de Gloria la philippine qui avait épousé Bill le pétrolier

C'était les Pick-up rouges

 C'était les photos de camions : camion-citerne, camion-bois, camion-benne, camion-remorque, camion-palette, camion-camion (et le triple camion-camions !), camion-nacelle, camion-pelle, camion-toupie, camion-grue, camion-voitures, camion-bétaillère, camion-pompier, camion-donald duck, camion-balayeuse, camion-pompe, camion-ciment, camion-travaux et le sublime camion-cochon, envoyées  par mail chaque jour au petit bonhomme de 3 ans

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C'était la génération 68 regroupée sur des bateaux-maisons à Sausalito

C'était la pluie qui nous accueille dans le désert le plus chaud du monde

C'était les caddies, les sacs et les kilos de crasse accumulés par des homeless hagards

C'était des vins dégueulasses dégustés comme des grands crus à la Napa Valley

C'était les vibrations de la toile de Rothko au Lacma, et aussi Tanguy, De Kooning et les 13 Picasso

C'était le guide Navajo qui draguait deux jeunes filles dans l'Antelope Canyon, et il avait bien raison car une des deux était sacrément  jolie (je n'ai jamais su qui était la plus valorisée des filles dans un duo moche/jolie)

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C'était l'édition originale américaine du Surréalisme et la peinture d"André Breton publiée par Brentano en 1945 à New-York et dénichée chez un bouquiniste de Berkeley

C'était la mer grise, la lumière jaune qui troue et illumine la brume, les sirènes des bateaux et l"infini pacifique à Point Lobos

C’était le pompiste qui regardait avec jubilation le bombardement de Gaza sur une chaîne israëlienne, vissé à sa caisse, en me disant qu’il fallait faire souvent tac-tac si l’on voulait qu’une femme soit heureuse, et que lui c’était trois fois par jour

C'était les invraisemblables roches colorées de red moutains, comme chez le marchand de couleurs

C'était le plaisir de toucher les contemporains d'Héraclite, je veux parler des Sequoias géants

C'était les villes qui ressemblaient à des banlieues de villes américaines

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C’était les récits hallucinés de Dan Fante et de Joan Diddion, sauf que ce n’était pas des hallucinations

C'était "Je ne pense pas, je suis trop extrême"

C'était le dollar gagné à Las Vegas (45 joués)

C'était les taureaux noirs, comme en camargue

C'était la Pacific One qui ne s'est jamais appelée comme ça

C'était tous ces gens qui se foutent du mauvais goût dès lors qu’ils peuvent sortir de l"ordinaire

C'était la lecture du livre du temps, en regardant les rocs qui entourent le lac Powell

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C'était Kelly Risk, nouvellement promue Ranger qui voulait la jouer sympa mais demandait à être appelée Ranger Risk

C'était les bouquinistes de bord de route, dans des maisons de bois,  chez lesquels je trouvai des livres sur les outsiders de l"art

C'était un parfum des années 70 qui était peut être dans ma tête, mais qui est peut être aussi dans l"Ouest

C'était los murales de Mission dont les couleurs défient le brouillard frisquet de Frisco et l'espagnol à tous les coins de rue

C'était les innombrables singularités qui ridiculisent les généralités (sauf celle-ci)

C'était les drags queens du Cirque du Soleil

C'était l'entertainment partout où on voulait, mais on voulait pas tellement

C'était cette ville fantôme où les fantômes vendaient des T-shirts, des magnets et des cartes postales

C'était l'odeur des pins et des eucalyptus qui portait le désir de marcher sans fin, et nous marchions

C'était l'impression d"être chez un avocat ou un notaire alors que nous étions à l'hôpital ou dans une pharmacie

C'était les miles trains, plus longs que l"horizon mais moins rapides que nous

C'était le pacifique qui passait de tous les gris à tous les bleus, l'arizona qui passait de tous les rouges à tous les jaunes

C'était du kodachrome et du technicolor

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C'était pas du Ronsard, c'était de l"Amerloque

C'était quand les distances ne comptaient pas

C'était des nuits de grands espaces

C'était à l'Ouest

C'est l'infini plaisir d'avoir partagé tout cela

et c'est l'envie de recommencer

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24/08/2014

La nature imite l'art

Si j'étais peintre, je gratterai la terre en tous lieux pour toucher ces pigments qui colorent le sol. 

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Si j'étais peintre, j'abuserai de ces fondus enchaînés de cinéma qui voilent en dévoilant. 

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Si j'étais peintre, je peindrai des dunes de sable vivantes et des dunes de sable pétrifiées et ceux qui savent regarder en concluraient qu'il n'y a pas de nature morte. 

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Si j'étais peintre, je regarderai pendant des heures les fonds des toiles de Tanguy pour y découvrir le temps de mille paysages. 

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Si j'étais peintre, j'aurai envie de mettre de la matière sur la toile. 

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Si j'étais peintre, je saurai qu'une couleur n'est elle-même que par les couleurs adjacentes. 

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Si j'étais peintre, je passerai des jours et des nuits à peindre des drapés. 

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Si j'étais peintre, je serai fasciné par l'eau dans la couleur. 

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Si j'étais peintre, je saurai que comme en photographie, la couleur c'est de la lumière (l'inverse est vrai aussi). 

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Si j'étais peintre, mon pinceau serait une baguette magique au bout de laquelle se tiendrait la lune. 

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Mais je ne suis pas peintre, et comme la nature, j'imite l'art.

23/08/2014

La grande illusion

Las Vegas c'est la promesse d'une pluie de lumières, de jeux, de tentations permanentes, de possibilité d'aller au-delà des habitudes. Heureux présage que de s'y inviter un soir d'orage. 

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La luxure n'est pas le moindre des plaisirs capiteux dont la ville fait offrande. 

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Mais le mythe résiste peu lorsque l'on va au plus près de la lumière. 

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Du carton pâte, du décor de pièce de boulevard, du kitsch à deux balles, du char de carnaval, rien de bien excitant à se mettre sous la dent. 

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Même les salles de jeux ressemblent à des clubs anglais pour retraités de la classe moyenne qui viennent passer le temps en puisant dans leur bas de laine de pièces jaunes. 

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Pas vraiment la fièvre ni la fureur, simplement une galerie marchande en centre-ville plutôt que dans les habituelles périphéries. Et le jour revenu n'arrange rien qui souligne la ringardise d'une ville qui vieillit précocement et n'a pas encore découvert le second degré du kitsch, celui qui mobilise une pincée d'humour. 

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Et ce ne sont pas les tables de paris sportifs, aux ambiances de PMU à l'ancienne et de salle de contrôle de la NASA qui contribueront à recréer un semblant de mystère. 

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Manifestement la ville s'est assoupie et se contente de constater que quelques paillettes font toujours recette. 

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Il ne faut pas oublier qu'il y a spectacle dès que l'on peut filmer et que dans ce domaine, tout fait ventre. 

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Pas étonnant que ce soit à Las Vegas que l'on croit encore aux illusions de David Cooperfield.

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 Après tout, la ville est la démonstration qu'il peut y avoir de la fumée sans feu.

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22/08/2014

VENT, EAU, PIERRE

L’eau perce la pierre,
le vent disperse l’eau,
la pierre arrête le vent.
Eau, vent, pierre.

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Le vent sculpte la pierre,
la pierre est coupe de l’eau,
l’eau s’échappe et elle est vent.
Pierre, vent, eau.

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Le vent dans ses tours chante,
l’eau en marchant murmure,
la pierre immobile se tait.
Vent, eau, pierre.

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On est un autre et personne :
entre leurs noms vides
passent et s’évanouissent
eau, pierre, vent.

(Octavio Paz)

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15/08/2014

L'Amérique raciste

Comme la France moisie pétainiste qui n"a jamais totalement disparue, pas besoin de gratter beaucoup pour retrouver l"Amérique raciste, pour laquelle l"élection d"Obama n'est qu'un cache sexe qui masque bien mal la forêt de préjugés qui structurent les consciences. Si Philippe Roth dans son formidable livre "La tâche" montre l"absurdité du politiquement correct déconnecté de toute réalité, il n'en reste pas moins que l"on peut voir, au quotidien, comment les préjugés structurent les représentaions. Rendant compte des manifestations qui ont eu lieu à Ferguson suite au meurtre d"un jeune noir par la police, USA Today présente en Une le bilan des arrestations en distinguant les blancs et les noirs. Qu'une presse réactionnaire existe n'est pas un problème, c"est la presse, mais que l'Attorney General décompte les arrestations en fonction de la couleur de la peau, quand bien même serait-on au pays des quotas et de la discriminations positive, n'est rien d'autre qu'une conception raciste de la société.

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Pourquoi ne pas présenter les arrestations des jeunes et des vieux, des chauves et des chevelus, des chômeurs et des travailleurs, des républicains et des démocrates, des végétariens et des carnivores, des imberbes et des barbus, des diplômés et non diplômés, des nomades et des sédentaires, des mariés et des célibataires ou toute autre distinction arbitraire qui constitue un fait dépourvu de sens. Mais non, c'est la couleur de la peau qui importe te continue d'importer. En France on a bien les xénophobes maladifs qui, dès qu'un fait divers survient, traquent le patronyme de l"auteur et salivent de convictions confortées s'il a, à leurs yeux, une consonance étrangère. Mais ici, en Amérique, l'élection d'Obama n'a manifestement pas fait le printemps. Bienvenue dans l"American dream !

11/08/2014

Vertigo

Le temps géologique est un vertige. Si rationnellement on sait compter jusqu'à 4,5 milliards, éprouver la sensation physique de ce temps longs est une autre affaire. Dans un corps que le temps borne étroitement, comment traduire la durée sinon en acceptant que nous soyons un assemblage atomique momentané, qui fait suite à bien d'autres et en précède d'autres encore. 

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Le Grand Canyon est une cathédrale du temps et à ce titre il renvoie moins aux pionniers de l'Ouest américain qu'à cet européen old fashion qu'est Marcel Proust pour lequel tout ce que nous voyons n'est que mémoire, y compris l'immémorial. 

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Mais avec les Américains, peuple sans Histoire mais plein d'histoires, l'entertainment a naturellement pris la place de la mémoire. Aussi n'est-on pas surpris, lorsque l'hélicoptère prend de la vitesse pour raser les derniers arbres de la forêt et accentuer la sensation de vertige lorsqu'il surgit dans l'immensité du Canyon, d'entendre dans le casque les tambours, trompettes, violons et cymbales de 2001 Odyssée de l'Espace. 

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La démesure du film de Kubrick est à la hauteur du grand sillon tracé par le Colorado au coeur des hauts plateaux de l'Arizona. Et comme le film, le Canyon est un spectacle, une méditation philosophique et une vision hallucinée dont on ressort lessivé. 

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Mais avant de quitter les lieux, on pourra une nouvelle fois vérifier que la nature imite l'art et que si le temps est un peintre de qualité, les Navajos ont fait mieux depuis. 

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Après une telle expérience, les habituels feux de forêt estivaux semblent bien anecdotiques, un peu comme une vie à l'échelle du temps. 

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10/08/2014

On your own road

Lorsque se présente une rare courbe (on ne peut vraiment parler de virage) l'invariable question est : est-ce que la prochaine ligne droite atteindra l'horizon ?  ah les routes tracées à la règle dans l'immensité et sur lesquelles les américains utilisent davantage le limiteur que l'accélérateur. En pick up, en combo, en berline, en jeep, en tout terrain, peu importe, le mode Harley Davidson est toujours sur "on". L'Amérique qui roule c'est un piston de presse qui inexorablement va modeler l'alliage le plus résistant, mais sans frapper, sans se presser, avec la lenteur de celui que la certitude habite. 

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Même en vitesse de croisière limitée, on rattrape parfois, sur les routes de l'Arizona, ces "miles trains" qui tirent et qui poussent (trois locos devant, deux derrière) plus de containers que ne peuvent en contenir les tankers qui déversent le made in china dans tous les ports du monde.

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Le container, c'est la plaie du voyageur. Comment aurait fait Kerouac s'il avait du voyager en container ? une terrasse sur le toit du grand rectangle ? un trou percé comme un rat dans la tôle ondulé ? comme les containers urbains ont tué la chasse aux livres abandonnés sur les trottoirs des villes, les bennes à bimbeloterie transforment les trains en gazoducs de la consommation. 

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C''est dans ces containers que se trouve toute la camelote de la route 66 qui est en passe de devenir une galerie marchande dans laquelle, comme disait l'ami guy, le vrai devient un moment du faux. 

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La capacité de l'Amérique à transformer n'importe quel lieu, n'importe quelle activité, n'importe quoi en business est à la fois admirable et consternante. En même temps, dès qu'il y a du rouge et noir, c'est toujours bien. 

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Si l'on veut échapper aux clichés, il ne reste qu'une solution. Plutôt que de refaire à l'infini ce qui a déjà été fait, autant tourner la page, laisser la route 66 à ceux qui l'ont parcouru avant qu'elle ne devienne un commerce et chercher ses propres routes. Il y a toujours d'autres lieux où aller voir, et si parfois on trouve porte close, c'est une raison supplémentaire pour essayer encore. On ze road again !

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09/08/2014

La peinture aux anges

Dans la ville du cinéma, des séries TV, de l'entertainment et des paillettes, dans la ville sans fin qui n'a pas de centre, au détour de ces rues qui ressemblent à des rues de banlieues de villes américaines, il est possible de rencontrer d'incroyables peintures. Au Lacma tout d'abord, qui présentait cet été une magnifique exposition intitulée "De Van Gogh à Kandiinsky" et montrait comment l'Europe existait bien avant qu'elle ne devienne un marché commun. Mais c'est la collection permanente qui procura malgré tout les plus fortes sensations. 

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De Kooning - Montauk Highway - 1958

Difficile de trouver un peintre qui mette autant de vitesse, d'énergie, de mouvement, de rapidité et de force dans une peinture. Le grand hollandais discret était en cela un vrai américain. Tout le corps tourné vers l'action et une seule réponse aux sempiternelles questions humaines : peins !

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Rothko - White center - 1957

Avec Rothko, c'est différent. On entre littéralement dans la toile qui vous absorbe physiquement, mentalement, musicalement, corporellement. S'obstinant à vouloir peindre ce qui n'existe pas, l'âme humaine, Rothko ne pouvait qu'échouer. Mais c'est aussi celui qui a le mieux réussi. 

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André Masson - Le vertige du héros

Masson, c'est l'enfance de l'art. Le théâtre grec, les rêves d'ailleurs, la fulgurance, l'immédiateté, l'air de l'eau, la nature et la culture entremêlés, l'eros triomphant, sont dans sa palette. Comme toujours, et quelle que puisse être l'âpreté du thème traité, Masson lance ses couleurs sur la toile comme un hymne permanent à la joie de vivre. Et pour terminer d'étourdir celui qui regarde, il y a cette salle aux 13 Picasso qui témoignent de l'impossible créativité du génie espagnol. 

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Après le Lacma, on peut se rendre au-dessus des Hills de Beverly, au Getty Center et à son incroyable musée. Que faire de sa fortune acquise avec des bidons de pétrole ? acheter des oeuvres d'art, faire construire un musée entouré de terrasses sur les flancs de Los Angeles et en livrer l'accès au public (l'entrée est gratuite). Et donner l'occasion aux angelinos, et aux autres, d'admirer la peinture flamboyante de Gustave Moreau, mais aussi de Watteau, Fragonard, Goya, Tiepolo, Gauguin, Van Gogh, Cézanne, Manet et d'autres. 

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Gustave Moreau - Automne - 1872

Dans le Getty Museum, pas de peinture moderne. Les peintres sont ceux d'autrefois. Seule la partie consacrée à la photo fait une place aux modernes et aux contemporains. Une manière de s'ouvrir à d'autres formes de créativité. 

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08/08/2014

Venice, California

Le sable est plus blanc qu'au Lido, la mer est moins verte, les cabanes des Baywatchers n'ont pas d'équivalents, et on a jamais vu de carabinieris soulever des monceaux de sable avec leurs voitures vertes, alors que les police cars zigzaguent entre les plagistes toutes sirènes hurlantes. Bref, Venice c'est pas Venise. 

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Ici, la couleur est plus présente. L'Espagne aussi, sur cette côte Ouest où les noms sont plus souvent hispaniques qu'américains, à moins qu'américain puisse se traduire par : de toute origine, ce qui paraît effectivement être le cas. 

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Aux Etats-Unis, comme on le sait, tout est possible. Il n'est donc pas étonnant, dans la ville des anges, de courir "on air", à défaut de marcher sur l'eau. 

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L.A ville des anges et du rêve, comme celui de cette mère et sa fille qui attendent le sunset pour compléter le book de la lolita qui a déjà cessé de jouer au modèle pour entrer dans le business. 

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Qui sait si dans quelques années la même sera encore sur cette plage pour faire d'autres photos, elle sera alors pleinement entrée dans la carrière. 

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Le principal, c'est d'être vu. Pas de risque, il y a toujours un regard, des yeux, une caméra. Cinéma pour tous. 

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Pourtant, pas si difficile que ça d'échapper au lieu et de ne pas être tributaire de son environnement. Juste une question de feeling. 

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06/08/2014

Psychédéliques

Rouler comme on glisse le long d'un rail, faire de son siège un fauteuil de cinéma, avoir une playlist adaptée au temps et au lieu. A base de vieux LP : yes, ange, king crimson, cannes heat, jefferson airplane, the papas and the mamas (California dream), etc. Bien sur on peut rajouter un peu de côte Est avec Patti Smith ou Blondie et quelques anglais comme Bowie, les Clash ou Bryan Ferry. Avec ça, on est prêts pour la Jellies expérience. 

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Les Jellies, c'est de l'électricité pure. Comme celle produite par la guitare de celui qui reste le meilleur compagnon pour les highways : The Boss lui-même, Bruce Springsteen. C'est peut être pour cela que les méduses à Monterrey sont présentées au milieu de décors psychédéliques, manifestement elles planent. 

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Et nous aussi à regarder ces formes improbables évoluer au rythme d'une respiration qui est celle de l'énergie pure. 

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Le regard fixe la méduse et la réalité s'estompe pour laisser place au mystère des formes que peut prendre la vie. Il n'en faut pas plus pour qu'opère le processus alchimique de l'union entre l'infiniment grand et l'infiniment petit. 

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Nul besoin de coke, de LSD, de marijuana ou de gâteau à base de champignons hallucinogènes : la jellies expérience garantit le transport et les sensations. 

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Avant même Los Angeles, on peut ainsi voir des étoiles, de toutes les couleurs. 

05/08/2014

Pacific one

Ce n'est pas son nom, mais cela devrait. La route qui relie San Francisco à Los Angeles longe indéfiniment le froid Pacifique qui envoie ses brumes rafraîchir la côte, qui prend parfois des allures d'Ecosse ou de Bretagne, face à la mer grise. Les photographes sont souvent fascinés par le gris, comme les peintres. 

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Et le vent vient de loin, des terres d'Asie ou peut être des steppes de Mongolie, où il a déjà fait disparaître les arbres. 

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Et soudain tout s'éclaire, passée la baie de Monterrey, le vent s'est imposé à la brume pour colorer l'eau pacifique. 

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A travers les montagnes russes des collines de Big Sur, ce sont des cartes postales du temps d'avant qui ressurgissent. 

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Et inévitablement Henry Miller s'invite au voyage, comme il savait s'inviter pour bouffer un peu certains jours. Dans ces montagnes rudes, Miller vécut dans des cabanes sans confort, partît se ravitailler comme on part en expédition et fit plus tard disperser ses cendres, auxquelles il n'attachait pas plus d'importance que nous n'en accordons à chacun des atomes qui nous constitue. 

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Sitôt redescendu de Big Sur, voici les éléphants de mer, grands balourds anéantis par les efforts que leur demande tout déplacement terrestre. Tels des naufragés qui savoureraient leur bonheur sans avoir la force de l'apprécier totalement, ils s'alignent sur la plage et se laissent aller à l'abandon le plus total, sauf les deux imbéciles qui jouent au mâle dominant. 

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Le temps de regarder philosopher les éléphants, et hop, la nuit surgit sur la plage de Santa Barbara qui prend des allures de Sunset Boulevard. 

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En vue de Los Angeles, s'ouvrent les plages de Malibu et ses villas sur pilotis qui défient le prochain tsunami. Car le big one ne sera pas véritablement un pacifique one. 

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04/08/2014

Mirages du temps

Au détour d'une rue, on peut changer d'époque. 

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Le temps a des caprices dont nous sommes les jouets, ainsi va le temps de l'attente semblable aux ombres interminables des fins d'après-midi. Lou reed est bien vivant : i'm waiting for my man. 

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L'heure bleue est présente à toute heure, et l'on peut la surprendre à attendre elle aussi. 

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On croit savoir ce que l'on attend, mais qui sait véritablement ce qui l'attend ? 

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A tout instant, un regard posé sur vous, attend. 

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Et si ce n'était pas le cas, vous seriez ce regard vous même. Un souvenir, en attendant. 

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Mais que peut-on donc bien attendre ainsi ? Est-ce que quelqu'un doit vraiment venir ? 

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Car l'attente est parfois si longue. Bientôt est comme l'horizon, une ligne de fuite perpétuelle. 

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Mais non, il ne faut pas s'inquiéter. Elle viendra bientôt. Elle finit toujours par venir. 

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03/08/2014

Murales

Le quartier de Mission, à San Francisco, étale ses blocs au Sud de la ville, au pied des Bernal Heights. Il abrite les différentes communautés hispaniques : argentins, chiliens, colombiens, espagnols, honduriens, mexicains s'y mélangent avec tous ceux qui n'ont pas les moyens de vivre dans les collines ou qui ont fait le choix de venir vivre au milieu des murales. 

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Los murales, ce sont ces fresques qui fleurissent à chaque coin de rue et transforment le quotidien en petit paradis. 

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Parce qu'en dépit de la couleur, ce n'est pas le paradis tous les jours pour tous. 

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Alors on peint les murs, comme pour en sortir, mais la peinture ramène inévitablement à la rue et à soi. Peindre les murs c'est refaire le chemin des disciples à Saïs qui, soulevant de manière sacrilège le voile de la déesse, découvrirent leur propre visage. 

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Le plus souvent, los murales n’aiment pas la guerre, préfèrent l’amour, la paix et que l’on soit tous frères. Ils sont parfois plus combatifs, comme ces hybrides que l’on dirait peintes par Schroeder Sonnenstern. 

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Art brut, BD, graffiti, street art, peinture psychédélique, dazibao, tags, art contemporain, los murales sont aussi multiples que les origines de leurs auteurs.

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Et sur les murs, chacun peut devenir un super héros, même si la véritable héroïne, c'est la rue. 

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Comme la mort fascine les mexicains, cet héroïne là, lorsqu’elle vous regarde, vous savez déjà que vous ne pourrez lui échapper et que vous allez y retourner, rien que pour apercevoir à nouveau la reine de los murales. 

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02/08/2014

Fidèle Castro

Castro c'est le quartier Gay de San Francisco. Un des quartiers devrais-je dire, ou le principal, car rien ne ressemble moins à un Ghetto que les rues de Castro. 

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En haut de la rue principale, l'ancien magasin et appartement d'Harvey Milk, homme politique et premier gay revendiqué élu à la mairie de San Francisco. 

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Et s'agissant de revendications, elles restent nombreuses tant les représentations évoluent moins vite que l'on pourrait l'imaginer et  les stéréotypes également. 

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Devant les voitures à moustaches roses, les affichages aux fenêtres, les drapeaux partout, on se demande si en d'autres lieux, et en France par exemple, cette visibilité ne génèrerait pas d'autres réactions que de la tolérance ou de l'indifférence, comme cela semble être le cas ici. 

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Cette déambulation dans Castro permet de constater la banalisation de la relation homosexuelle, ou lesbienne et la mutation des regards portés. Ce qui signifie que l'on peut vivre en toute quiétude et fraternité...et profiter du soleil !

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01/08/2014

Yes, they can

On le sait, la misère est moins pénible au soleil. C'est peut être pour cela que dans les villes du Sud, la misère est plus évidemment présente. Plus centrale, plus visible pourrait-on penser, mais en réalité tout autant invisible. Le destin des marginaux est d'être à la marge, en tous lieux. 

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Comme dans toutes les métropoles, il n'est pas très difficile de constater que des mondes se croisent sans vraiment se côtoyer.

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Il paraît qu'Obama a pris un coup de vieux, et peut être même deux, depuis qu'il est élu. En tous cas, le "Yes we can" paraît bien loin. Surtout pour ce qui concerne le "we", car ce nous inclusif relève du voeu pieu tant les autres sont parfois dans un monde d'ailleurs. 

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Les travailleurs, en tant que classe, n'existent que dans les catégories statistiques où les écrits de ceux qui voudraient y croire. Chez les intéressés, la lutte n'est pas sans frontière et les frontières ne sont pas que géographiques. 

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Collectivement, la résignation semble l'avoir emporté et planté son drapeau noir sur les visages défaits de ceux qui ne croient plus à grand chose, pas même à eux-même. 

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Et l'on continue à se raccrocher au "jusque-là tout va bien" en refusant de croire à la chute finale. 

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Bien sur il y a des lieux de réaction. De conscience individuelle et collective, de volonté de ne pas subir, de créer des espaces de liberté. 

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Reste tout de même une question, LA question : "Mais qu'aurait fait Zapata ?".