14/02/2014
Reflux
Ce week-end encore, la mer sera haute, la houle soulèvera des vagues puissantes qui viendront chahuter les bords de mer. Le flux d'Ouest comme une corne d'abondance nous envoie inépuisablement des coups de vents, torrents de pluie, coups de tabac.
Il est un domaine dans lequel, contrairement aux idées le plus souvent reçues, le flux se retire. Il ne se tarit pas, mais il décroît régulièrement, progressivement, pour s'établir sur des étiages nouveaux. Il s'agit du contentieux prud'homal. Que l'on en juge : 229 000 contentieux nouveaux en 2009, 217 000 en 2010, 205 000 en 2011 et 175 000 en 2012. Aussi inexorablement que les flux d'Ouest charrient leur lot de tempête, le reflux du contentieux judiciaire en matière sociale s'installe dans le paysage. Une matière à réflexion pour ceux qui pensent qu'une crise économique et sociale ravive les tensions.
09:34 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : travail, droit, contentieux, tempête, mer, météo, vent
19/03/2011
Chronique de week-end : l'énigme de la tempête
Peu d'oeuvres ont suscité autant d'interrogations, de recherches, de commentaires, d'hyphothèses, d'approximation. Et peu d'oeuvres ont montré une telle résistance aux assauts de l'interprétation. La tempête de Giorgione n'est pas prête de livrer ses secrets, ni même de nous annoncer qu'elle n'en recèle guère.
Quel sens donner à cette peinture : Tableau alchimique présentant l'eau, l'air, la terre et le feu ? allégorie de la condition humaine après l'expulsion du paradis d'Adam et Eve ? représentation archétypique de l'homme et de la femme, du guerrier et de la mère, de la puissance et de la charité ? panthéisme forcené dans lesquels les sujets ne sont que l'expression de forces qui les dépassent ? scène de genre à laquelle on prête trop et qui ne fait que rendre l'atmosphère sereine et le potentiel orageux de la passion amoureuse ? accumulation de symboles phalliques (la lance, les colonnes, le caleçon bombé, le jaillissement de l'éclair...) mis en regard d'éléments plus féminins (la source d'eau, la maternité, le sein,...) dans une de ces oppositions duales dont l'Occident a le goût ? simple exercice de style ? amusement du peintre qui se réjouit déjà des siècles d'interrogation qu'il va susciter ? synthèse absolue de l'histoire de la peinture jusque là ?
Giorgione - La Tempête - 1507
Le propre du tableau énigmatique et que plus vous le cotoyez, plus il vous est familier, plus la compréhension que vous en avez agit sur vous, et plus il apparaît évident que la seule résolution qui soit est de nature poétique. Ce qui signifie que le sens du tableau est autant dans le bleu des tempêtueux nuages que dans la pose nonchalante du jeune homme ou le regard inquiet et serein de la jeune femme. Ce regard paradoxal tourné vers celui qui regarde le tableau en est sans doute la clé. Le tableau est un collage, divinement assemblé. Toutes les contradictions de la vie y sont présentes et cessent de s'opposer. Elles composent une unité dont l'harmonie nous charme sans relâche. De la poésie pure, c'est-à-dire de la vérité : "La poésie est le réel absolu, plus il y a de poésie, plus il y a de vérité" (Novalis). Giorgione a donc peint en 1507 ce que Novalis écrira près de trois siècles plus tard. Rien d'étonnant donc à ce que la Tempête appartienne au genre des "poesie", genre créé par Giorgione lui-même. Il n'y a donc qu'un moyen de percer l'énigme : placez la Tempête en face de votre lit et laissez vous porter par le rêve en souriant.
14:53 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, tempête, giorgione, novalis, poésie, littérature, énigme
18/11/2008
Signaux faibles avant tempête
L’éducation nationale vient de lancer un appel d’offre pour la mise en place d’une veille sociale. A l’instar de nombre de grandes entreprises, il s’agit de détecter de manière anticipée les menaces, certains optimistes invétérés incluent parfois dans la commande les opportunités, pouvant affecter l’organisation : mouvements d’opinions, mouvements sociaux, débats de société, etc. Ce type de veille peut être sociale, mais aussi technologique, environnementale, concurrentielle…
Il est souvent demandé au prestataire de porter son attention principalement sur les signaux faibles. Il s’agit d’informations fragmentaires qui, remises en perspective, permettent de donner du sens à des situations et d’anticiper l’avenir. Redoutable question : comment réduire l’incertitude inhérente à l’avenir, qui n’est donc définitivement pas écrit ? L’action est délicate, car il s’agit à la fois de sélectionner les bons indicateurs, de ne retenir que les informations pertinentes et de les interpréter en demeurant dans un degré de paranoïa raisonnable s’agissant des risques, et d’enthousiasme lucide pour les opportunités. On devine la difficulté de l’exercice.
Pour mieux la mesurer, on peut s’intéresser au mystérieux tableau de Giorgione, la tempête. Les informations fragmentaires ne manquent pas : une gitane allaitant et vaguement inquiète, un jeune homme attentif voire attentionné, un début de vent dans les arbres, un éclair au loin qui éclaircit le ciel, une ville faite de ruines et de bâtisses nouvelles, un ruisseau entre les personnages mais un pont à l’arrière et peut être un gué devant eux….qui peut donner du sens à ce tableau qui a résisté à tous les exégètes, ou simplement dire si la tempête est une menace ou une opportunité, est certainement en capacité de répondre à l’appel d’offres de l’éducation nationale et de surveiller les signaux faibles !
00:05 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : education nationale, tempête, giorgione, signaux faibles, consultant, menaces, opportunités