29/01/2015
Des chiffres et des lettres
Dans "L'Esprit de Philadelphie" (2013), Alain Supiot analyse le passage d'un monde régi par les lettres ("Au commencement était le Verbe") à celui des nombres. Autrement dit, la substitution du calcul à la loi. La différence essentielle est que la loi, qui est littérature, suppose un travail de qualification, d'analyse, d'interprétation et laisse ouverte la question du sens. A l'inverse, le nombre construit un monde calculable, rationnellement établi et figé dans la vérité de l'équation. Avant lui, sous une autre forme, Rimbaud disait déjà la même chose (la poésie est un raccourci vers la vérité) :
Oh ! la science ! On a tout repris. Pour le corps et pour l'âme, — le viatique, — on a la médecine et la philosophie, — les remèdes de bonnes femmes et les chansons populaires arrangées. Et les divertissements des princes et les jeux qu'ils interdisaient ! Géographie, cosmographie, mécanique, chimie !...
La science, la nouvelle noblesse ! Le progrès. Le monde marche ! Pourquoi ne tournerait-il pas ?
C'est la vision des nombres. Nous allons à l'Esprit. C'est très certain, c'est oracle, ce que je dis. Je comprends, et ne sachant m'expliquer sans paroles païennes, je voudrais me taire.
Ce qui est frappant aujourd'hui c'est que la demande faite au juriste n'est pas une demande du monde des lettres, mais de celui du calcul. On voudrait une règle certaine, débarrassée du doute, qui produise un résultat aussi mécaniquement que toute opération comptable à sa solution. L'usage littéraire de la règle, qui ouvre des espaces de décision, qui propose des analyses sociologiques de la réalité, qui crée de la responsabilité, de la décision et du choix, s'efface devant la rationalité du computer qui doit produire un compte exact. Ne cherchons pas ailleurs la fallacieuse recherche de sécurité juridique qui n'est jamais qu'une tentative à peine masquée d'annihilation du droit. Et pour vérifier que l'économie mathématique, et son outil le chiffre, ont pris le pas sur la loi humaniste, et son outil les lettres, il suffit de constater la prétention des économistes à établir qu'il existe des "lois économiques" (ce qui faisait bien rigoler Bernard Maris) que l'on nous révèle comme autant de lois naturelles. Car la religion du chiffre a de nombreux apôtres. On ne pourra nous empêcher de penser qu'il s'agit là d'un culte mortifère.
00:09 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : supiot, chiffre, lettre, nombre, économie, politique, philosophie, droit, philadelphie, littérature, humanisme, rimbaud
26/07/2014
A l'Ouest
Si ce blog a quelque peu sommeillé au mois de juillet, il est bien le seul. L'actualité est une maîtresse tyrannique à qui les jours ne suffisent pas toujours. Mais pour l'heure, rideau. Et paradoxalement, la fermeture du cabinet jusqu'au 20 août va redonner un peu d'espace à ces chroniques quotidiennes qui ne l'étaient plus. Espace est le bon mot puisqu'il s'agit d'aller se perdre dans des paysages plus grands que soi, des villes sans fin et de prendre le temps de savourer les routes interminables tracées à la règle sans autre forme de procès. L'an dernier le voyage était à l'Est, au coeur de l'archipel japonais, cette année il sera à l'Ouest, là où le soleil se couche :
Elle est retrouvée
Quoi ? - L'éternité
C'est la mer allée
Avec le soleil
A l'Ouest, à la poursuite du soleil, dans la tanière du diable, l'un des endroits les plus chauds de l'Ouest. Pour se préparer à une rentrée qui sera plus chaude encore lors de laquelle il faudra s'atteler, notamment, à l'accompagnement du COPANEF pour la constitution de la liste nationale du CPF. Après quelques semaines sur le pont, il faudra donc redescendre dans la salle des machines. Et pour ne rien vous cacher, si le pont est un plaisir, la salle des machines est une excitation. Ce n'est donc pas pour faire le plein d'énergie que l'on part à l'Ouest, juste pour l'Ouest.
20:55 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : ouest, congés, formation, cpf, éducation, mer, soleil, rimbaud
09/03/2014
Fragments
J'ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d'or d'étoile à étoile, et je danse.
Le haut étang fume continuellement. Quelle sorcière va se dresser sur le couchant blanc? Quelles violettes frondaisons vont descendre ?
Pendant que les fonds publics s'écoulent en fêtes de fraternité, il sonne une cloche de feu rose dans les nuages.
18:05 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END, FRAGMENTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : soleil, printemps, week-end, rimbaud, poésie, normandie
20/08/2013
Nouveau départ
La rivière d'Héraclite, celle qui coule tous les jours mais n'est jamais la même, est une belle impermanence. Avoir choisi le terme de rentrée pour cette ouverture qu'est un nouveau départ, est une belle tentative d'union des contraires. Joignons les deux : chaque rentrée est une ouverture différente ; sur quoi ? les rivières anciennes qui ne sont jamais les mêmes et les rivières à venir.
Départ
Assez vu. La vision s’est rencontrée à tous les airs.
Assez eu. Rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.
Assez connu. Les arrêts de la vie. - Ô Rumeurs et Visions !
Départ dans l’affection et le bruit neufs !
Arthur Rimbaud, Illuminations
09:53 Publié dans FRAGMENTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rentrée, travail, départ, poésie, nouveauté, photo, rimbaud
13/08/2013
A pied
Marcher sans itinéraire, sans plan, sans autre volonté que de découvrir des lieux nouveaux, laisser advenir la poésie, par exemple cette petite fille qui vole sur la piste et continue de courir entre les courses, ni les filles ni les garçons ne la rattrapent, ou ces immeubles depuis lesquels on vous observe, ou ces jeunes filles qui vous invitent à conjuguer des langues inconnues, ou même ce stalinien palais du gouvernement inspiré par Notre-Dame (pour mieux souligner que la politique tient du religieux ?) qui se teinte la nuit de beaux éclats de gris ou encore cette gargotte ou vous pouvez partager la fin de journée avec les habitués. Mais puisqu'il est question de poésie, laissons la parole à Rimbaud, dont les phrases sont des haikus.
Mais pourquoi regretter un éternel soleil, si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine, - loin des gens qui meurent sur les saisons.
J'ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames.
J'ai essayé d'inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues.
Il faut être absolument moderne.
Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes.
et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps.
16:47 Publié dans EN PHOTOS, FRAGMENTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : japon, poésie, marche, pied, photo, rimbaud, photographie
08/10/2012
Les calculs de côté
Dès lors que l'on décide que des sommes qui sont versées à un salarié bénéficient d'une exonération sociale et/ou fiscale, on ouvre la porte à l'optimisation financière, sans garantie aucune pour la finalité poursuivie. Quatre exemples : l'intéressement était un outil de motivation qui devait permettre aux salariés de bénéficier d'une rémunération supplémentaire liée au résultat de leur travail. Il n'est le plus souvent qu'un outil de la politique de rémunération qui permet de distribuer un complément de revenu à moindre coût (d'où les formules d'intéressement où l'on gagne à tous les coups). Les heures supplémentaires devaient distribuer du pouvoir d'achat : leur défiscalisation a surtout conduit à recycler sous forme d'heures supplémentaires des éléments de salaire d'une autre nature. Amusant de constater que peu de temps auparavant, lorsque l'autorisation de l'inspecteur du travail était nécessaire pour dépasser le contingent, on faisait exactement le contraire, payant sous forme de primes diverses et variées ce qui était des heures supplémentaires. Résultat : on peut parier que l'exonération et maintenant sa suppression sont d'effet à peu près neutres sur l'emploi.
Troisième exemple : les indemnités de rupture du contrat de travail (licenciement, rupture conventionnelle). Destinées initialement à compenser un préjudice, elles sont régulièrement utilisées pour défiscaliser les sommes versées à l'occasion du départ. Dernier exemple : les exonérations liées à un zonage (quartiers sensibles, zones rurales, etc.). Un dirigeant d'entreprise me faisait remarquer qu'il devait son résultat à un déménagement et à son installation dans la périmètre d'une zone à exonération, davantage qu'à son activité. Et il en concluait qu'avec les différents systèmes d'aide, son métier de chef d'entreprise s'en trouvait modifié. Il devait dorénavant composer avec les inévitables calculs de côté chers à Rimbaud. Le pire dans cette affaire est que ces calculs de côté amènent à construire des équilibres qui se trouvent inévitablement mis en péril lorsque l'on veut soudainement supprimer la niche artificiellement créé au départ mais qui ensuite se trouve largement habitée. Piège redoutable pour le créateur et pour l'utilisateur, qui laisse tout de même sceptique sur la pertinence de ce type d'outils en matière sociale. En ce lundi matin, on militerait bien pour la suppression totale des niches à calcul, ce que Rimbaud résumait ainsi :
Les calculs de côté, l'inévitable descente du ciel et la visite des souvenirs et la séance des rythmes, occupent la demeure, la tête et le monde de l'esprit.
08:03 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud, niches, fiscal, social, emploi, travail, aides, exonérations, économie
10/07/2012
Marketing constitutionnel
Nous avons donc confirmation, au soir de la première journée de la Conférence sociale, que le dialogue social sera consacré par la Constitution, qui devrait intégrer une disposition selon laquelle toute loi en matière de travail, d'emploi et de formation professionnelle doit être précédée d'une consultation des partenaires sociaux. Le fait que cette disposition existe déjà dans le Code du travail qui la reprend dans son article 1 n'y fera rien. La Constitution c'est mieux paraît-il car cela permettra au juge de veiller à ce que le législateur respecte vraiment la loi. Vous avez bien lu : faute de mieux, c'est pour éviter que le législateur ne détourne une loi qu'il a lui même votée que l'on souhaite mettre dans la Constitution le principe du dialogue social préalable. Protégeons de la tentation ces pauvres députés et changeons les textes plutôt que les pratiques. On aurait préféré que nos gouvernants avouent qu'il y avait là volonté de communication et peut être aussi qu'il était important que la norme suprême articule démocratie politique et démocratie sociale. Pour une si belle entrée, on eût souhaité un argumentaire qui ne soit pas au petit pied.
Dans la série, je ne fais pas du marketing, je contribue au débat de fond, nous avions déjà la demande du MEDEF d'inscrire également dans la Constitution la liberté d'entreprendre. Que celle-ci soit déjà reconnue par le Conseil Constitutionnel comme une liberté constitutionnelle en vertu de la Déclaration des droits de l'homme (art. 4), n'y change rien. L'inscription doit avoir lieu car ce sera un message d'encouragement à tous les entrepreneurs. Nous voici donc dotés d'une Constitution en forme de panneau publicitaire sur lequel il fait bon inscrire des messages à portée communicationnelle, symbolique et politique (en clair de la pub). Pour le droit, on verra plus tard.
Et s'il s'agit de faire passer des messages à nos concitoyens, je propose que soient inscrits en post-scriptum de la Constitution ces phrases de Rimbaud :
A quatre heures du matin, l'été,
Le sommeil d'amour dure encore.
Cela a un peu plus d'allure que la liberté d'entreprendre et le dialogue social non ?
00:59 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : conférence sociale, constitution, liberté d'entreprendre, dialogue social, rimbaud, marketing, publicité, réclame
19/11/2011
Voles selon
Il y a un an, surgissait un petit homme aux allures de furet. Le regard initial, vif et curieux de tout, s'est porté pendant un an sur tous les mondes nouveaux découverts chaque jour. Quand on te regarde, on comprend mieux la phrase de Rimbaud :
Arrivé de toujours, qui t'en iras partout
Pour cette deuxième année qui débute ce jour, que te souhaiter sinon de prendre encore davantage ton envol, comme ce corbeau blanc que tu regardes en souriant tous les soirs avant de dormir. Bon anniversaire Ioannes.
Vergno - Le corbeau blanc - 1998
Des humains suffrages
Des communs élans
Là tu te dégages
Et voles selon
10:08 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ioannes, anniversaire, furet, peinture, vergno, corbeau, rimbaud
15/07/2011
Etudiants manuels
La loi relative au développement de l'alternance et à la sécurisation des parcours professionnels (proposition de loi Cherpion), vient d'être votée. Parmi ses dispositions figure la carte d'étudiant des métiers. Cette carte sera délivrée aux apprentis et aux jeunes en contrat de professionnalisation qui suivent une formation diplomante d'une durée d'au moins un an. Pour un même diplôme, les jeunes en alternance auront donc une carte d'étudiants des métiers et les autres étudiants une carte...d'étudiant. Faut-il en conclure qu'ils n'étudient pas de métiers ? que le jeune apprenti qui fait un Master RH ou un CAP de boulangerie étudie un métier mais que le jeune étudiant inscrit dans le même Master en formation initiale ou l'élève de lycée professionnel qui prépare le CAP de boulanger sont des étudiants sans métier ? Pourquoi le mode de préparation d'un diplôme, alternance ou pas, doit-il conduire à distinguer entre les étudiants ?
Robert Mapplethorpe - Illustration pour Une Saison en Enfer
Les députés soucieux de valoriser l'alternance et les filières professionnelles sont pris la main dans le sac : le choix d'une dénomination particulière singularisant les étudiants "des métiers" par opposition sans doute aux étudiants "de la connaissance", renvoie à une division entre le travail intellectuel et manuel qui date du 19ème siècle (au 18ème siècle on avait pas ces préjugés : le travail indépendant était tenu pour noble, le salariat pour vil et tout vrai professionnel coordonnait sa tête et ses mains, il ne serait d'ailleurs venu à l'esprit de personne de les dissocier).
Rimbaud écrivait dans Une saison en Enfer : "La main à plume vaut la main à charrue. Quel siècle à mains ! je n'aurai pas ma main".
Les parlementaires ont sans doute lu Rimbaud...avec la main. Etudiants des métiers, bienvenue dans le 21ème siècle !
00:44 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : étudiants, étudiant des métiers, alternance, cherpion, mapplethorpe, rimbaud, éducation, formation, une saison en enfer
22/05/2011
Chronique de week-end : l'énigme des correspondances
Vous ne croyez pas au hasard, ou plutôt uniquement au hasard objectif : "la manifestation extérieure d'une nécessité intérieure". Les coincidences vous émeuvent au point que, tel Champollion devant la pierre de rosette, votre obsession est de parvenir à en trouver la clé. Les clés justement. Vous percevez le monde comme un ensemble de clés et de serrures que vous faites jouer à loisir. Toutes les portes vous intriguent, et vous ne rêvez que de les pousser. De l'autre côté du miroir, vous savez qu'Alice vous attend. Chaque virage vous invite à poursuivre votre chemin pour voir "ce qu'il y a après", l'horizon est une promesse de nouveauté.
Yves Tanguy - Il faisait ce qu'il voulait - 1927
Vous regardez le tableau de Tanguy et vous souriez. L'oeuvre est un piège parfait pour égarer la compréhension de l'observateur. Il faut résister à la tentation des grands fonds, de la mer originelle et de l'univers des mères, s'écarter du liquide amniotique et de la matrice primordiale. Tout ceci est pesant et laborieux. Mieux vaut suivre les fils épars qui s'élancent de toute part, mieux vaut s'enthousiasmer du Minotaure qui apparaît à l'horizon, mieux vaut jouer aux dés avec les lettres offertes à toutes les significations, mieux vaut se réjouir de la rencontre de l'homme qui avance vers vous. Si ce tableau a pu être peint, cela signifie que le sensible et l'invisible sont à portée de conscience et que des ondes colorées, telles des cycles lunaires, bousculent de leurs rythmes nos allures habituelles. A l'invitation de Rimbaud, Yves Tanguy s'est fait voyant. Le dérèglement raisonné de tous ses sens lui a donné la liberté dont la peinture à pu jaillir, traçant des lignes et créant des correspondances. Celles dont vous êtes friands et qui feront de ce tableau un de vos talismans.
01:17 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tanguy, peinture, rimbaud, littérature, art, champollion, hasard
06/11/2010
Passage
Intermède dans ce week-end pluvieux pour retrouver l'été indien un temps disparu.
L'ardeur de l'été fut confiée à des oiseaux muets
23:45 Publié dans FRAGMENTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : collage, rimbaud, oiseaux, poésie, new-york, temps, été
05/08/2010
Qu'as-tu appris à l'école ?
C'était le titre d'une chanson de Graeme Allwright, mais qui apportait des réponses un peu mièvres. Cela n'enlève rien à l'intérêt de la question. Qu'a-t-on fait de toutes ces heures de classe, de cours ? qu'ont-elles produit en nous, que continuent-elles à produire ? et quelle place tiennent-elles dans ce que nous sommes aujourd'hui ? J'ai toujours eu le sentiment d'une immense, incommensurable perte de temps ou plus exactement de mauvais emploi du temps, au sens propre comme au figuré. N'y a-t-il donc pas mieux à faire ? Bien sur que si. Par exemple, passer ses journées au British Museum, comme Rimbaud.
Rimbaud en 1871
Il n'étonne apparemment personne que l'un des plus grands écrivains français n'a guère appris à l'école ce qui lui a permis d'écrire Une Saison en enfer ou Les illuminations. Et l'invocation du génie ne servirait qu'à noyer le poisson. On peut s'extasier sur Rimbaud et ne jamais se poser la question de son apprentissage. L'école de Rimbaud ce fut le voyage, la vie, la volonté absolue du dérèglement délibéré de tous les sens, une curiosité à toute épreuve, une envie de savoir, la fréquentation des bibliothèques et la lecture. Tout cela sans maître et sans guide ? et si bien sur, lui-même. Rimbaud non pas autodidacte mais autonome. Et ce n'est certainement pas à l'école qu'il a appris l'autonomie. Mais qu'a-t-il donc appris à l'école ?
A une raison
Un coup de ton doigt sur le tambour décharge tous les sons et commence la nouvelle harmonie.
Un pas de toi, c'est la levée des nouveaux hommes et leur en-marche.
Ta tête se détourne : le nouvel amour !
Ta tête se retourne, - le nouvel amour !
"Change nos lots, crible les fléaux, à commencer par le temps" te chantent ces enfants. "Elève n'importe où la subtance de nos fortunes et de nos voeux" on t'en prie.
Arrivée de toujours, qui t'en iras partout.
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud, école, graeme allwright, éducation, enseignement
24/12/2009
Chouette !
La Maison Rouge, à la Bastille, expose la collection de Jean-Jacques Lebel. Plutôt que d'honorer l'auteur de l'Homme révolté, je veux parler de Camus qui n'y peut mais, avec force numéros spéciaux, éditoriaux et panthéonisation annoncée, il est possible d'aller à la rencontre de celui pour qui la part de révolte qui est en nous constitue le fond de liberté qui est l'essence de l'humain. Le visiteur découvrira à cette occasion une oeuvre étrange datant du XVIIème et dont l'auteur n'est pas identifié : "La chasse à la chouette". Chacun pourra interpréter à sa guise cette improbable scène dans laquelle la figure féminine est le centre des préoccupations des beaux parleurs et voltigeurs, mais aussi de figures plus terriennes. Au centre de toutes les convoitises, la nymphe allégorique pourrait figurer la vérité, le pouvoir, la beauté, la femme ou tout autre objet d'une masculine convoitise dont la ribambelle d'oiseaux souligne le côté collectionneur. Mais le miroir qu'elle tient et la possibilité d'inversion qui lui est attachée interdit toute interprétation trop mécanique. Il faut rêver encore devant le tableau pour en apprécier la dimension polyphonique et ne pas craindre le risque de fascination.
10:28 Publié dans TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lebel, maison rouge, pouvoir, formation, medef, laurence parisot, rimbaud
26/11/2008
On ne produit jamais seul
Qui n'a entendu un dirigeant dire : "j'ai développé l'entreprise pendant mon mandat" ou un manager déclarer : "j'ai fait progresser le chiffre d'affaires du service de 20 %". Qui est je ? ici non pas un autre, comme le dirait Rimbaud, mais plutôt les autres.
Lorsque Rodin sculpte ses grands marbres, il a d'abord pétri et modelé une ébauche de plâtre puis laissé divers sculpteurs s'attaquer au bloc de marbre. Il donnera la touche finale. Au fil des ans il cessera d'ailleurs d'élaborer des modèles pour se consacrer davantage au suivi et à la guidance du travail des sculpteurs de son atelier.
00:05 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : rodin, le baiser, rimbaud, dirigeant, manager, oeuvre
14/11/2008
Des racines et des jambes
L’individu a besoin de repères, de racines, de fondations, de structures. Il est inscrit dans une histoire familiale, locale, nationale qui constitue son identité, pour laquelle il semble désormais nécessaire de disposer d’un ministère. Les entreprises n’échappent pas à cette antienne : culture d’entreprise, valeurs d’entreprise, chartes manageriales, codes déontologiques, systèmes qualités,…autant de manière de contribuer à l’instauration d’un collectif qui fait sens et qui conduit l’individu à l’implication et à la coopération. Autant de repères collectifs qui permettent l’intégration et le travail en commun. Oui, bien sur, mais…
Mais l’individu n’est pas un arbre, doté de racines et immobile à l’exception notable du palétuvier capable de se déplacer de quelques mètres chaque année, il n’est pas une maison aux fondations établies dans le sol, il est doté de deux jambes qui font de lui un nomade par nature, pour qui la sédentarisation n’est peut être qu’un moment de l’histoire. Bien sur seulement 10 % des salariés changent d’entreprise chaque année, même si un quart connaissent une mobilité professionnelle (ce qui fait 15 % des salariés qui changent de fonction dans l’entreprise). Mais toutes les enquêtes démontrent que ce chiffre serait supérieur si le salarié ne se heurtait à des problèmes financiers (coût du logement, faiblesse du salaire imposant de rester dans un réseau de solidarités familiales et amicales, etc.). Dès lors, est-ce bien par la construction d'une histoire et de racines communes que l'on peut fidéliser ? combien de salariés demeurent dans l'entreprise uniquement par besoin de sécurité et non pour les valeurs ou le sens qu'elle porte ? La liberté opposée à la sécurité : l’équilibre entre les deux notions est toujours fragile. Laissons la conclusion à Neil Bissoondath, écrivain originaire de Trinidad vivant au Québec : « je porte mes racines dans mes poches » et pour ceux qui goûtent la poésie, rappelons-nous que les poches de Rimbaud étaient crevées.
00:05 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mobilité, palétuvier, racines, identité, culture, rimbaud
12/08/2008
Le blog en vacances : dans la rue
Pendant les vacances le blog interrompt ses commentaires et vous fait partager quelques images de la rue qui est à vous. Vous y croiserez peut être un dessin d'Ernest Pignon-Ernest, si la fragilité du papier a résisté au temps et au temps. Vous vous souvenez peut être avoir croisé la silouhette de Florence Aubenas il y a quelques mois dans Paris, ici il s'agit de Rimbaud. Le rapport ? la liberté.
00:21 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud, pignon-ernest, rue, ressources humaines, droit
08/08/2008
Le blog en vacances : Voyelles
00:22 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud, voyelles, vacances, yves klein, bleu, bachelard
07/08/2008
Le blog en vacances : Voyelles
U vert
Matisse : "Un ton seul n'est qu'une couleur, deux tons c'est un accord, c'est la vie".
00:19 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud, matisse, vacances, voyelles
06/08/2008
Le blog en vacances : Voyelles
I rouge
Rothko : « Quand un spectateur pleure devant un de mes tableaux, il éprouve la même sensation religieuse que j'ai eue en le peignant »
00:17 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud, rothko, rouge, vacances
05/08/2008
Le blog en vacances : Voyelles
E Blanc
« J'ai troué l'abat-jour bleu des limitations colorées, je suis sorti dans le blanc »
Kazimir Malevitch
00:13 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud, voyelles