22/05/2011
Chronique de week-end : l'énigme des correspondances
Vous ne croyez pas au hasard, ou plutôt uniquement au hasard objectif : "la manifestation extérieure d'une nécessité intérieure". Les coincidences vous émeuvent au point que, tel Champollion devant la pierre de rosette, votre obsession est de parvenir à en trouver la clé. Les clés justement. Vous percevez le monde comme un ensemble de clés et de serrures que vous faites jouer à loisir. Toutes les portes vous intriguent, et vous ne rêvez que de les pousser. De l'autre côté du miroir, vous savez qu'Alice vous attend. Chaque virage vous invite à poursuivre votre chemin pour voir "ce qu'il y a après", l'horizon est une promesse de nouveauté.
Yves Tanguy - Il faisait ce qu'il voulait - 1927
Vous regardez le tableau de Tanguy et vous souriez. L'oeuvre est un piège parfait pour égarer la compréhension de l'observateur. Il faut résister à la tentation des grands fonds, de la mer originelle et de l'univers des mères, s'écarter du liquide amniotique et de la matrice primordiale. Tout ceci est pesant et laborieux. Mieux vaut suivre les fils épars qui s'élancent de toute part, mieux vaut s'enthousiasmer du Minotaure qui apparaît à l'horizon, mieux vaut jouer aux dés avec les lettres offertes à toutes les significations, mieux vaut se réjouir de la rencontre de l'homme qui avance vers vous. Si ce tableau a pu être peint, cela signifie que le sensible et l'invisible sont à portée de conscience et que des ondes colorées, telles des cycles lunaires, bousculent de leurs rythmes nos allures habituelles. A l'invitation de Rimbaud, Yves Tanguy s'est fait voyant. Le dérèglement raisonné de tous ses sens lui a donné la liberté dont la peinture à pu jaillir, traçant des lignes et créant des correspondances. Celles dont vous êtes friands et qui feront de ce tableau un de vos talismans.
01:17 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tanguy, peinture, rimbaud, littérature, art, champollion, hasard
Les commentaires sont fermés.