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17/08/2011

Paresse de la comparaison (2)

Certes, avec l'arbre, on se rapproche du vivant. Certes Brassens, entre autres, a célébré l'arbre repère et totémique dont il ne faudrait pas trop s'éloigner pour trouver le bonheur. Mais à ne pas quitter son arbre des yeux, on prend le risque de trouver que la laisse est courte.

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Port d'attache  (Home base) - Gilbert Garcin - 2006

La comparaison entre l'arbre et les hommes est non seulement suspecte mais schizophrénique : rappelons nous que les racines sont enterrées et que lorsqu'il ne reste que la souche c'est que l'arbre est mort, comme les nationaux de souche de tout poil.

Et ni l'arbre, ni la souche, ne verront la mer...à moins que....

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L'arbre qui voulait voir la mer - Gilbert Garcin - 2009

...des jambes n'apparaissent, rendant l'arbre plus humain et enfin nomade. La capacité de marche de tout humain est quasiment infinie. La sédentarisation est une mutilation dont l'horizon est le canapé. Cessons donc de comparer les humains à des arbres qui en sont à peu près l'antithèse, car petites ou grandes, c'est sur ses jambes que l'humain avance. Nietzsche et Rousseau, qui pensaient en marchant,l'avaient bien compris.

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03/09/2010

Souche, racines et jambes

Il est fréquent d'entendre dans le débat public parler de français de souche ou encore de racines. Cette analogie répétée entre l'homme et l'arbre intrigue. Car si l'on doit être comparés à des souches, voilà comment nous risquons de terminer. De là à penser, comme De Gaulle, que les français de souche sont des veaux...

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Et le sort n'est pas plus enviable si l'on doit vivre avec ses racines. Avancer devient tout de suite plus pénible.

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Décidément, les notions de souche et de racines paraissent assez inhumaines. Lorsque l'on est un humain on marche, on court, on voyage, on parcourt les territoires. Voilà, par exemple, ce qu'écrivait le Rabbin espagnol Benjamin de Tudèle en 1173 : "L'Occitanie est un lieu de commerce où viennent des chrétiens et sarrasins, ou affluent les arabes, les marchands lombards, les visiteurs de la grande Rome, de toutes les parties de l'Egypte, de la terre d'Israël, de la Grèce, de la Gaule, de l'Espagne, de l'Angleterre, de Gênes et de pise et l'on en parle toutes les langues". Même au plan culturel, la notion de souche et de racines n'a donc pas beaucoup de sens. Un peuple c'est avant tout une culture et la nature de toute culture est dans l'évolution sous influence. Dieu merci car sinon l'innovation peinerait à apparaître. Mais si un peuple c'est une culture, un homme, une femme, c'est avant tout des jambes. Avouez que ce serait dommage de ne pas s'en servir et qu'il est curieux, pour ne pas dire pathologique, que certains s'obstinent à l'oublier.

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14/11/2008

Des racines et des jambes

L’individu a besoin de repères, de racines, de fondations, de structures. Il est inscrit dans une histoire familiale, locale, nationale qui constitue son identité, pour laquelle il semble désormais nécessaire de disposer d’un ministère. Les entreprises n’échappent pas à cette antienne : culture d’entreprise, valeurs d’entreprise, chartes manageriales, codes déontologiques, systèmes qualités,…autant de manière de contribuer à l’instauration d’un collectif qui fait sens et qui conduit l’individu à l’implication et à la coopération. Autant de repères collectifs qui permettent l’intégration et le travail en commun. Oui, bien sur, mais…

 

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Palétuvier en nouvelle-calédonie - L'arbre qui se déplace dans les mangroves

Mais l’individu n’est pas un arbre, doté de racines et immobile à l’exception notable du palétuvier capable de se déplacer de quelques mètres chaque année, il n’est pas une maison aux fondations établies dans le sol, il est doté de deux jambes qui font de lui un nomade par nature, pour qui la sédentarisation n’est peut être qu’un moment de l’histoire. Bien sur seulement 10 % des salariés changent d’entreprise chaque année, même si un quart connaissent une mobilité professionnelle (ce qui fait 15 % des salariés qui changent de fonction dans l’entreprise). Mais toutes les enquêtes démontrent que ce chiffre serait supérieur si le salarié ne se heurtait à des problèmes financiers (coût du logement, faiblesse du salaire imposant de rester dans un réseau de solidarités familiales et amicales, etc.). Dès lors, est-ce bien par la construction d'une histoire et de racines communes que l'on peut fidéliser ? combien de salariés demeurent dans l'entreprise uniquement par besoin de sécurité et non pour les valeurs ou le sens qu'elle porte ? La liberté opposée à la sécurité : l’équilibre entre les deux notions est toujours fragile. Laissons la conclusion à Neil Bissoondath, écrivain originaire de Trinidad vivant au Québec : « je porte mes racines dans mes poches » et pour ceux qui goûtent la poésie, rappelons-nous que les poches de Rimbaud étaient crevées.