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03/01/2011

2011, première !

2011 est un nombre premier. Le prochain sera 2017. Six ans, c’est long. Alors 2011 année des premières ?

Que ferez-vous pour la première fois en 2011 ? contrairement aux bonnes résolutions, pas nécessaire, et pas souhaitable, d’en dresser la liste a priori. Il suffit juste de se rappeler que c’est en faisant ce que l’on a jamais fait que l’on apprend et que la volonté n’est ni suffisante ni toujours nécessaire, en tous les cas moins que de rester disponible pour les heureux hasards.

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Fragonard - Les hasards heureux de l'escarpolette - 1767

 

Que l'année 2011 soit donc riche pour vous en premières fois et en heureux hasards.

Bonne année à toutes et à tous.

29/12/2010

Faire c'est imaginer

Les sportifs ont souvent recours à la visualisation positive, c'est-à-dire à la projection mentale de leur image réalisant l'épreuve à laquelle ils se préparent. Cette visualisation a le double avantage de constituer une répétition des gestes, et donc un entraînement, et de conforter l'idée que l'acte est réalisable puisque l'on parvient à imaginer de quelle manière il doit être réalisé. Cet exercice n'est pas propre aux sportifs. Hélène Grimaud procède de la même manière pour travailler un morceau de piano et ce travail intérieur prend toute sa place à côté des exercices au piano.

Toute action est une invention et renvoie donc à notre capacité d'imagination. Comme le dit JF Billeter : "Les sciences humaines nous font croire que nous trouverons des réponses en accumulant des connaissances positives. La philosophie nous a habitué à penser que toute réponse à une question est du ressort de l'intellect. Les religions proposent des réponses en forme de révélation. Dans leur ensemble, ni les formes de pensée dont nous avons hérité, ni celles que nous avons développées ne nous préparent à saisir le rôle premier de l'imagination".

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Mike Worrall - Architecture d'un rêve

La connaissance n’est que le matériau dont se saisit parfois l’imagination pour inventer. Par des assemblages nouveaux nous créons des actes qui sont des synthèses nouvelles et singulières. Faire, c'est l'imagination en acte.

Apprendre à faire c’est donc développer sa capacité à imaginer, ce qui suppose de ne pas s'habituer à un comportement de consommateur (réception passive d’informations) mais au contraire à l’observation, à regarder, voir, distinguer, différencier, et à l’appropriation qui permet de dépasser la reproduction stéréotypée et créé les conditions de l’implication personnelle.

On peut également  écouter les conseils de Josette Rispal :

« Je préfère avec du rien faire du beau…j’ai besoin de transcender de rien…j’ai donné le change avec du rien…j’ai pris le réflexe de me débrouiller…je suis incapable de dire comment je fais…je ne sais rien faire…mais je peux tout faire…je le fais par nécessité en réalité ».

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Josette Rispal - Chiffonnette

C'est parce qu'ils reconnaissent le rôle de l'imagination que les pédagogues considèrent parfois l'ennui comme nécessaire. En réalité ce n'est pas temps l'ennui mais la disponibilité de l'esprit pour l'errance et le vagabondage. C'est à dire l'exact inverse de l'ennui, mais une autre forme d'activité à laquelle les vacances sont tout à fait propices.

15/12/2010

Pas de travail manuel, pas de transmission

Le début d'année verra s'ouvrir une négociation sur l'emploi des jeunes et les formations en alternance. Il sera question de professionnalisation, d'apprentissage, d'insertion, d'emploi et de quelques autres questions liées. Inévitablement, les confusions habituelles reparaîtront et l'on reparlera de revaloriser les métiers manuels, de formation pratique et théorique, de transmission aux plus jeunes, etc. Pour mettre un peu d'ordre dans ces réflexions, sollicitons Jean-François Billeter et ses "Leçons sur Tchouang-Tseu" dont on ne saurait que trop recommander la lecture (Editions Allia, 2002). Trois anecdotes sur l'enseignement sont rapportées. Dans la première un charron taille des roues malgré son âge. Il explique : "Quand je taille une roue et que j'attaque trop doucement, le coup ne mord pas. Quand j'attaque trop fort, il s'arrête dans le bois. Entre force et douceur, la main trouve et l'esprit répond. Il y a là un tour que je ne puis exprimer par des mots, de sorte que je n'ai pu le transmettre à mes fils, que mes fils n'ont pu le recevoir de moi et que je suis encore là à tailler des roues malgré mon grand âge". Henry Miller, vieux singe chinois, écoute avec attention la leçon au milieu de montagnes que sa main a tracé, nous livrant  les dispositions de son esprit.

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Henry Miller - Sans titre - 1940

Le charron livre deux enseignements. Le premier à destination des tenants du manuel et de l'intellectuel. Le tailleur de roue a la main qui cherche et l'esprit qui trouve. Allez lui expliquer que vous opposez la main et l'esprit et il vous regardera interloqué. Le second enseignement s'adresse à tous les formateurs, tuteurs et enseignants. L'apprentissage ne peut se transmettre par les mots, il ne peut non plus résulter uniquement de l'exemple. L'apprentissage suppose une acquisition personnelle, singulière, qui seule permet l'appropriation et qui ne s'effectue ni par les mots, ni par la démonstration. Elle suppose une conquête personnelle, des tatonnements, des erreurs, des victoires et au total la création d'un "geste" personnel. Le formateur ne transmet pas : il guide, il accompagne, il permet de tirer des leçons de l'activité, mais il laisse l'apprenti transformer son expérimentation en incorporation de l'activité.

Pas de travail manuel et pas de transmission linéaire, voilà deux bonnes bases pour la formation des jeunes.

Pour les deux autres anecdotes, rendez-vous demain. Belle journée à vous.

08/12/2010

20 ans plus tard, les mêmes...

En ce temps-là, je débutais mon activité de consultant et réalisais pour le CARIF Midi-Pyrénées des sessions de formation, dont certaines à destination des Conseillers des Centres d'Information et d'Orientation de l'Education nationale. Le CARIF avait en effet passé une convention avec le Rectorat pour la formation de ses personnels qui accueillaient de plus en plus fréquemment des adultes et qui devaient donc maîtriser les dispositifs de formation professionnelle continue. La séance fut houleuse. Très remontés, les participants contestaient le principe même d'un tel accueil, indiquaient qu'ils avaient assez à faire avec les jeunes et que ce n'était pas leur métier (certains s'exclamant même : vous vous rendez compte de tout ce qu'il nous faudrait apprendre ? et oui, c'est même pour ça que nous sommes là...). Bref, une expérience qui fait gagner du temps dans l'apprentissage de la gestion des groupes. Il me semblait pourtant que pour aider les élèves et étudiants à s'orienter, si l'on voulait faire autre chose que de l'information éducative et agir véritablement dans le champ de l'orientation professionnelle, il était nécessaire de se confronter également au public adulte, au monde du travail et d'en maîtriser un tant soit peu les arcanes. Voyez comment Dédale, faute d'avoir la carte du labyrinthe utilise des subterfuges qui conduisent à la mort d'Icare.

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André Masson - Dedale et le Labyrinthe

Ce mercredi 8 décembre 2010 est une journée nationale d'action pour les Conseillers des CIO. Leur revendication ? s'opposer au projet de création d'un lieu unique d'orientation où seraient accueillis jeunes et adultes. Refus donc de passer d'un conseiller d'éducation à un conseiller de la formation tout au long de la vie. Officiellement, est mise en avant la crainte de n'avoir plus de temps pour les jeunes. Officiellement aussi, puisqu'on peut le lire dans un tract de FO, les conseillers s'émeuvent de devoir adapter leurs horaires aux usagers et de travailler en dehors des rythmes scolaires. Bref des arguments de fond. Quant à une réflexion sur le fait de savoir si sortir du seul monde éducatif n'est pas une condition impérative pour pouvoir faire véritablement de l'orientation, y compris et peut être surtout avec les jeunes, la question n'est pas posée. Autrement dit, en 20 ans le débat n'a pas avancé d'un pouce pour les conseillers d'orientation. Affirmons donc que l'on est mieux placé pour orienter les jeunes quand on oriente également les adultes et lorsqu'on a une ouverture permanente sur le monde du travail qui permet de faire des aller-retour entre éducation et activité. Mais ce débat n'aura pas lieu, les conseillers étant trop occupés, les uns à chercher le fil d'Ariane, les autres à chercher les ailes qui leur permettront de sortir du labyrinthe dans lequel ils errent depuis plus de 20 ans.

29/11/2010

Le donné et le construit

Que la formation réponde aux besoins des entreprises. Tel est le credo de nombre de responsables politiques, éducatifs ou de notre système de formation professionnelle. Si l'on prend ce point de départ, les besoins sont une donnée à laquelle les individus, dispositifs, systèmes, institutions doivent s'adapter.

Même si cela était vrai, la notion de besoin serait largement discutable : s’agit-il uniquement de pourvoir les offres d’emploi ? lesquelles ? peut-on les prévoir ? s’agit-il des besoins à deux ans, trois ans, dix ans ? quelle est la durée de l’investissement réalisé ? quelle est la nature de ces emplois ? en préparant à certains emplois est-ce que l'on prépare véritablement l'avenir ? etc.

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Magritte et The Vache

Mais ces questions sont vaines car les besoins ne sont pas un donné mais un construit. Une entreprise a des besoins qui fluctuent en fonction de ses rythmes et cycles de vie, de son environnement, de ses projets, des histoires des salariés qu’elle emploie, etc. Elle vit en perpétuelle interaction interne ou externe. Et dans ces interactions, le niveau de qualification de la main d’œuvre joue un rôle. En d’autres termes, si le système éducatif produit le double d’ingénieur cela aura un impact sur la stratégie et l’organisation des entreprises qui intègreront ce facteur d’une main d’œuvre disponible.

Partir des besoins des entreprises c’est comme partir du poste de travail pour la gestion des compétences. C’est oublier que les organisations sont d’abord faites par les hommes et les femmes qui les dirigent et qui y travaillent et que si l’on modifie le profil de ces dirigeants et travailleurs, on modifier l’entreprise…et ses besoins.

Nos dirigeants devraient se souvenir que ce n’est pas l’homme qui fait la fonction ni la fonction qui fait l’homme mais que les deux sont en interaction. Bref, il devrait redécouvrir l’analyse systémique en lieu et place de la linéarité.

Ceci dit, pour la poule et l’œuf, on a toujours pas de réponse.

26/11/2010

La courte échelle

Le principe de l’évaluation n’est pas discutable, en matière d’éducation comme dans beaucoup d’autres. Ou sinon, autant dire que nous n’accordons aucun sens à nos actions et que l’irresponsabilité est notre horizon indépassable.

C’est donc moins sur le principe de l’évaluation, débat stérile, que sur ses modalités que l’on doit s’interroger.

Il est d’usage de dire que les conditions de l’évaluation sont situées en amont de l’action et pas en aval. Ce qui oblige à travailler sur le sens justement : quelle fin poursuivons nous, quels sont les objectifs, dans quel ordre de priorité, quel résultat doit découler de l’action, etc. Il sera aisé ensuite de définir à quoi nous verrons si l’action a réussi ou non.

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P. Cassagnes - Courte échelle

Le débat sur la notation à l’école gagnerait à être simplifié, ou tout simplement mieux posé. La question n’est pas de savoir s’il est nécessaire de noter ou pas. Il est indispensable évidemment d’évaluer le travail et le niveau des élèves. La question est de savoir ce que nous souhaitons obtenir comme résultat et si l’outil utilisé est adapté. S’il s’agit de maîtriser des savoirs fondamentaux, alors évaluons des niveaux de maîtrise. S’il s’agit d’évaluer des compétences (conçues comme des capacités à conduire des actions réfléchies), évaluons le degré de maîtrise de la compétence à partir de 4 ou 5 niveaux. Ce qui permettra au passage de pouvoir valider entièrement le résultat et non d’avoir une note maximale inatteignable qui maintient l’enfant dans une position d’infériorité et de manque. Ce qui était une manière de maintenir la position dominante du maître doit aujourd’hui disparaître.

En d’autres termes, à quoi cela sert-il d’utiliser un système de notation sur 10, et encore plus sur 20 ? cela fait penser aux systèmes de classification : lorsque l’on veut différencier les salariés, on rajoute des barreaux à l’échelle. Et là le roi est nu : plus l’échelle est longue et plus sa finalité première n’est pas l’évaluation fine (la fable de l’évaluation juste, au demi-point près  n’est pas crédible) mais le classement des personnes. Si l’on veut véritablement accompagner un développement de compétences, une échelle courte suffit, et dieu sait si les enfants, la courte échelle ça les connaît.

27/10/2010

Savoir d'expérience

« Moi je sais de quoi je parle, j’ai l’expérience ». Les sources de la légitimité personnelle sont nombreuses : dans notre pays la légitimité par le diplôme, ou plus encore par l’école fréquentée, est un peu envahissante. Il n’en reste pas moins qu’elle ne cède pas totalement à la légitimité par l’expérience. Bien plus ancienne, elle possède son icône : Saint-Thomas qui y met les doigts pour  constater que le Christ mort est bien ressuscité.

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Le Caravage - L'incrédulité de Saint-Thomas - 1602

Ainsi, seule la vérification « de visu » (« de manu » en l’occurrence pour Saint-Thomas), permettrait d’établir la vérité. L’expérience directe comme seule source valide du savoir. Cette légitimité admise est pourtant discutable car elle fait fi de la transmission et des limites de l’expérience directe, sans parler des autres manières d’accéder au savoir.

 De la transmission il convient d’ailleurs de se moquer : n’est-il pas ridicule l’homme qui a vu l’homme, qui a vu l’homme, qui a vu l’ours, et qui n’a pas eu peur. Coupé de l’expérience sensible immédiate, le savoir s’étiole. L’idée de l’ours n’est pas plus l’ours que la représentation de la pipe par Magritte ne se fume. 

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Magritte - La trahison des images - 1929

Pourtant, la transmission loin d’être une déperdition du savoir peut contribuer à son enrichissement dès lors que l’enseignant n’abreuve pas l’enseigné mais construit un dialogue avec lui. Et à partir de ce cadre, il est possible de s’ouvrir à d’autres formes de savoir (la lecture, l’enquête, la recherche, l’échange, la réflexion, la méditation y compris la méditation poétique qui sont autant de sources de connaissance). C’est pour cette raison que les rugbymen font du tableau noir et des séances vidéos : parce que l’expérience du match est insuffisante à elle seule pour parfaire leur savoir. Merci à eux de nous apprendre que l'expérience est indispensable mais insuffisante. Et qu'un grand entraîneur n'a pas forcément été un grand joueur.

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Matta - O tableau noir - 1991

La seconde limite est dans le credo de nos sens. Ce que nous voyons, ce que nous percevons, ce que nous entendons, ce que nous touchons, ce que nous goutons passe à l’inévitable tamis de notre personnalité : tel palais éduqué au goût n’aura pas la même sensation que celui qui ne prend guère le temps d’apprécier les aliments rapidement engloutis. Et l’on comprend que l’expérience directe condamne au relativisme à l’infini et qu’il faut dépasser la perception individuelle pour parvenir à une quelconque vérité. En d’autres termes, la vérité de chacun  est le meilleur ennemi non seulement de l’établissement de quelques certitudes mais également de la production du savoir. La connaissance, en effet, ne peut croître et se développer que si chacun accepte d’amener son expérience personnelle dans le débat pour mieux apprendre à la dépasser. Jésus l’avait d’ailleurs compris qui répondit à Saint-Thomas l’incrédule : “Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru !” ».

07/10/2010

Machine infernale

Vous avez le droit de faire ce que la loi interdit dans les conditions définies par voie règlementaire. Ainsi pourrait être résumée la portée du décret du 25 août 2010 relatif aux stages en entreprise. La loi du 24 novembre 2009 a posé en principe que les stages en entreprise qui ne relèvent pas de la formation professionnelle continue  doivent être intégrés à un cursus pédagogique selon des modalités définies par décret. L'objet ici est d'interdire les stages étudiants non intégrés à un cursus pédagogique et notamment les stages post-diplômes ou sans lien avec une véritable formation, qui constituent souvent du travail dissimulé.

Selon le décret, pour être considérés comme faisant partie d'un cursus pédagogique les stages doivent remplir deux conditions

• leur finalité et leurs modalités sont définies dans l’organisation de la formation ;
• ils font l’objet d’une restitution de la part de l’étudiant donnant lieu à évaluation par l’établissement.

Sont également considérés comme intégrés à un cursus, dès lors qu’ils répondent à ces 2 critères, les stages organisés dans le cadre de formations permettant une réorientation, de formations complémentaires, ou encore de périodes pendant lesquelles l'étudiant suspend temporairement sa présence dans l'établissement dans lequel il est inscrit pour exercer d'autres activités lui permettant exclusivement d'acquérir des compétences en cohérence avec sa formation.

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Georges Hugnet - C'est qu'elle sait être plus jolie encore la machine infernale - 1936

Saurait-on mieux dire que l'on peut faire ce que l'on veut ? en effet, tout stage post-diplôme servant à une orientation nouvelle ou à une formation complémentaire ne pose pas problème dès lors que l'établissement en prévoit le principe dans l'organisation de la formation ou simplement, comme le prévoit le décret, qu'un responsable formation ou pédagogique de l'établissement de formation l'a validé. Tout établissement peut donc valider des stages post-diplômes ou suspendre la formation pour que l'étudiant parte en stage...acquérir les compétences qu'il était censé obtenir par la formation ! et voilà comment plutôt que d'interdire ce que la loi voulait supprimer, on offre au contraire un cadre règlementaire qui permet de sécuriser les pratiques déviantes que l'on se proposait de réduire. Peut-on suggérer à nos gouvernants d'arrêter la machine infernale, de produire moins de textes et plus de droit ?

15/09/2010

Transmettre les savoirs

Visite dans un centre expérimental de l'éducation nationale qui accueille des lycéens dont le comportement n'a pas permis leur maintien dans le système éducatif traditionnel. Il s'agit d'un internat. Encadrement, dialogue, activités culturelles et sportives, travail, tout semble aller pour le mieux. On sent bien des tensions individuelles sous-jacentes mais on a pas le temps de constater ce qu'elles produisent collectivement. Les discours tenus peuvent paraître de circonstances, ils traduisent un effort pour canaliser une énergie considérable qui  trouve mal à s'exprimer au sein de l'institution éducative. Tout cela paraît ne pas trop mal marcher. Question posée à un enseignant : pourquoi cela a l'air de marcher ici ? la réponse est directe : parce que nous travaillons avec des pédagogies actives et un dialogue permanent. Mais alors cette expérience va être généralisée : non, le coût est trop élevé, il y aura au maximum un centre de ce type par département. C'était trois minutes de reportage au JT.

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Gilbert Garcin - La transmission du savoir

Double surprise : on nous répète pourtant que l'éducation nationale ce n'est pas un problème de moyens, mais là s'il y en avait plus on pourrait faire mieux ? et le c'est trop coûteux concerne on l'imagine le prix immédiat, mais le prix différé du non-investissement éducatif, il est chiffré ? La deuxième surprise concerne la pédagogie : les résultats de la pédagogie active sont non seulement satisfaisants mais ils sont mieux adaptés aux caractéristiques de la société telle qu'elle fonctionne aujourd'hui : capacité à agir, à prendre des décisions rapides, à traiter une information foisonnante, à travailler en groupe, à gérer des contradictions et oppositions, etc. Pourquoi alors s'échiner sur le retour de l'autorité, le b-a ba, ou encore les contenus au détriment de la pédagogie ? lorsque les allemands ont constaté, dans les années 80, le retard de niveau des jeunes allemands par rapport à d'autres pays nordiques européens, ils ont massivement introduit la pédagogie active à tous les niveaux de l'enseignement. En France, de multiples expériences, expérimentations et innovation existent, le système ne les reconnaît que marginalement et ne les tolère que pour mieux les cantonner sans jamais se poser la question vitale : quand est-ce qu'on généralise ?

30/08/2010

Clefs et serrures

Dans un livre intitulé "Des clefs et des serrures", Michel Tournier écrit : "La serrure évoque une idée de fermeture, la clef un gest d'ouverture. Chacune constitue un appel, une vocation, mais dans des sens tout opposés. Une serrure sans clef, c'est un secret à percer, une obscurité à élucider, une inscription à déchiffrer. Il y a des hommes-serrures dont le caractère est fait de patience, d'obstination, de sédentarité. Ce sont des adultes qui jurent : "Nous ne partirons pas d'ici avant d'avoir compris !". Mais une clef sans serrure, c'est une invitation au voyage. Qui possède une clef sans serrure ne doit pas rester les deux pieds dans le même sabot. Il doit courir les continents et les mers, sa clef à la main, l'essayant sur tout ce qui a figure de serrure. A quoi cela sert-il ? demande à tout moment l'enfant persuadé que chaque objet est une clé que justifie une serrure".

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Tournier propose également une classification. Serrures : le visage humain, le livre, la femme, chaque pays étranger, chaque oeuvre d'art, les constellations, le ciel. On pourrait ajouter, tous les lieux, les organisations, les situations, etc. Clefs : les armes, l'argent, l'homme, les moyens de transport, les instruments de musique, les outils. Ajoutons : l'éducation, la formation, le jeu, la pédagogie, la compétence, tous les modes et moyens d'action en général.

Pour un lundi, de rentrée pour beaucoup de surcroît,  faisons l'inventaire des clés qui sont en notre possession et des serrures que nous comptons bien ouvrir. Dis moi quelles sont les clés que tu as accrochées à ton trousseau et les serrures qui t'obsèdent, je te dirai qui tu es. Une fois l'inventaire réalisé, nous constatons que le seul moyen de savoir si une clé est adaptée à une serrure est de la faire jouer. Bonne semaine.

05/08/2010

Qu'as-tu appris à l'école ?

C'était le titre d'une chanson de Graeme Allwright, mais qui apportait des réponses un peu mièvres. Cela n'enlève rien à l'intérêt de la question. Qu'a-t-on fait de toutes ces heures de classe, de cours ? qu'ont-elles produit en nous, que continuent-elles à produire ? et quelle place tiennent-elles dans ce que nous sommes aujourd'hui ? J'ai toujours eu le sentiment d'une immense, incommensurable perte de temps ou plus exactement de mauvais emploi du temps, au sens propre comme au figuré. N'y a-t-il donc pas mieux à faire ? Bien sur que si. Par exemple, passer ses journées au British Museum, comme Rimbaud.

 

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Rimbaud en 1871

 

Il n'étonne apparemment personne que l'un des plus grands écrivains français n'a guère appris à l'école ce qui lui a permis d'écrire Une Saison en enfer ou Les illuminations. Et l'invocation du génie ne servirait qu'à noyer le poisson. On peut s'extasier sur Rimbaud et ne jamais se poser la question de son apprentissage. L'école de Rimbaud ce fut le voyage, la vie, la volonté absolue du dérèglement délibéré de tous les sens, une curiosité à toute épreuve, une envie de savoir, la fréquentation des bibliothèques et la lecture. Tout cela sans maître et sans guide ? et si bien sur, lui-même. Rimbaud non pas autodidacte mais autonome. Et ce n'est certainement pas à l'école qu'il a appris l'autonomie. Mais qu'a-t-il donc appris à l'école ?

A une raison

Un coup de ton doigt sur le tambour décharge tous les sons et commence la nouvelle harmonie.

Un pas de toi, c'est la levée des nouveaux hommes et leur en-marche.

Ta tête se détourne : le nouvel amour !
Ta tête se retourne, - le nouvel amour !

"Change nos lots, crible les fléaux, à commencer par le temps" te chantent ces enfants. "Elève n'importe où la subtance de nos fortunes et de nos voeux" on t'en prie.

Arrivée de toujours, qui t'en iras partout.

04/08/2010

Connaissance plurielle

Dans le palais de Sintra, le premier tableau qui accueille le visiteur est une toile de Joseph Ribera, commencée en 1630 (année de la création de Don Juan par Tirso de Molina) et achevée en 1633 (procès et condamnation de Galilée :"e per, si muove"). Intitulée Le philosophe, elle nous présente un homme plutôt jeune, la sagesse n'est donc pas le produit de l'âge, qui certes maîtrise d'une main le temps qu'il a très certainement dompté en bon philosophe, mais surtout nous présente un document empli de figures géométriques. Que le philosophe s'intéresse à la géométrie et aux mathématiques on le sait depuis l'antiquité mais on a ici la preuve que la pluridisciplinarité pouvait s'afficher. Etre savant  c'est être pluriel : la véritable connaissance n'est ni disciplinaire, ni disciplinée.

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Joseph Ribera - Le philosophe -1630-1633
Les résidents du Palace national de Sintra, en l'occurence les différents rois du Portugal, étaient eux aussi pluriels si l'on s'en tient à la diversité des influences, maures notamment, dans l'architecture et la décoration du palais. Mais ce pluriel s'exprimait également au niveau des plaisirs et notamment ceux de la table puisque le palais était doté d'une luxueuse cuisine dont les deux immenses cheminées surplombent toujours le Palais, telles deux jarres emplies de riches boissons et nourritures.
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Les cheminées des cuisines du Palais
Et pour être bien persuadé que tous les plaisirs étaient à la fête, il suffit de détailler la superbe tapisserie qui orne le bureau du roi. Quelle époque de feu !
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29/07/2010

Leçon de choses

La gambade ne se conçoit sans les visites aux cavernes d'Ali Baba que sont les bouquinistes. Fureter dans les rayonnages qui sentent le vieux papier à la recherche de l'ouvrage qui fera le miel de la journée est un plaisir total : corporel (les odeurs, la vue, le toucher...), esthétique (le goût), intellectuel (les mondes contenus dans les livres qui vous engloutissent lorsque vous les ouvrez). Ce jour-là, un de ces livres que l'on peut trouver assez facilement, car il s'en est imprimé beaucoup et qu'il ne s'en est pas jeté trop. On comprend pourquoi en les feuilletant.

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Le livre s'ouvre sur une préface qui nous donne la méthode "fondée sur l'observation et l'expérience". Pour cela, l'emploi de méthodes actives : "Agir, réfléchir, conclure, retenir". Agir parce que tout commence par l'expérience directe. Le livre préconise que le plus souvent ce soit l'élève qui expérimente et non le maître.
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Réfléchir ensuite parce que la réflexion s'appuie sur l'expérimentation, l'observation des faits et se conduit à l'aide d'un questionnement. Pas de logique hypothético-déductive mais un questionnement basé sur des faits choisis car "Quelques observations bien conduites valent mieux que l'examen superficiel de nombreux faits".

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Des représentations graphiques systématiques pour initer à la représentation schématique des faits et éveiller la curiosité de l'élève. Mais ne concluons pas que le poulet est réduit à sa fonction digestive, la poésie n'est pas absente de la leçon de choses, pour preuve ce bouquet final. L'ouvrage date de 1954, la pédagogie ne date pas.
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02/06/2010

Refusez les audioguides !

Leur succès est, hélas, grandissant. Prothèses de portables, les audioguides permettent aux humains de conserver collée à leur oreille une voix rassurante. Voilà ce qu'il faut voir, comprendre, penser d'un tableau. Mais l'audioguide est éducatif nous dira-t-on. Il permet de mieux comprendre l'oeuvre, d'identifier ses détails, de faire le lien avec la volonté de l'artiste. Belle supercherie d'ailleurs que la formule "Ce qu'a voulu dire l'artiste" ": ce qu'il a voulu dire il l'a exprimé sous la forme de l'oeuvre. Le reste appartient à chacun de nous. L'audioguide est une prothèse donc mais qui créé le handicap plus qu'elle ne le répare. Il est impossible d'écouter et de voir, d'être enseigné et de penser. Vous êtes devant une oeuvre ? vous avez cinq sens, faites leur confiance et à vous aussi.

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Hans Makart - Les cinq sens : Toucher, Entendre, Voir, Sentir, Goûter - 1772-1779

Vous pouvez approcher l'oeuvre par trois chemins, tous sens au vent : le premier est le chemin corporel. Celui de la sensation, de l'émotion, du frisson, ou pas, de ce que votre corps vous renvoie de ce que vous voyez. Le second chemin est intellectuel. Il vous conduit à donner du sens à l'oeuvre, à la lier à l'artiste et à l'époque, à lui faire raconter son histoire. Bien sur ce second chemin nécessite de la connaissance. Mais il n'est pire moment que lorsque vous êtes devant l'oeuvre pour l'acquérir. Elle vous fait défaut ? vous lirez le catalogue plus tard si cela vous intéresse vraiment. Le troisième chemin est fantasmatique. L'oeuvre vous fait rêver, elle vous ouvre des portes, elle dévoile, elle vous emporte et vous cheminez avec elle vers le quatrième chemin qui n'est autre que vous même. Conservateurs de musées, commissaires d'expositions, supprimez les audioguides ! Ami(e) lecteur(trice), tu es un être singulier, ne renonce pas à l'être corporellement, intellectuellement et fantasmatiquement.

27/04/2010

Devenir

Le directeur du centre de formation m'avait annoncé son départ à la retraite et dit le plaisir qu'il avait eu à travailler avec moi. Phrases entendues, et parfois convenues, de ceux qui partent et se soucient soudain du souvenir. Mais ce n'est pas ainsi que j'ai reçu cette annonce. Elle m'a touchée. Je n'avais pourtant pas développé, comme cela arrive, une amitié ni même une intimité dans la relation qui justifie quoi que ce soit. Mais c'était ainsi, ce départ me touchait. J'ai offert à cet homme un ouvrage de Doisneau avec une lettre qui se concluait à peu près par ceci : "A l'instant de faire d'autres choix, il importe, comme toujours, d'avoir comme boussole la fidélité à l'enfant que l'on a été". Cette fidélité n'est pas immuabilité. Elle doit laisser de la place au devenir. Il s'agit simplement, quelles que soient les évolutions, mutations, transformations, de déceler si l'on a nourri le bon loup (les indiens disent que deux loups sont en nous et s'affrontent : le bien et le mal. Le dominant est celui que l'on nourrit). Tout formateur qui se sent un tant soit peu éducateur a ce souci du devenir de ceux avec qui il travaille. C'est pour cela qu'il fixe leurs yeux avec parfois un air étrange : pour apercevoir le loup, la louve, le rêve, que chacun porte en lui.

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1959 Josefine 1983

Cette histoire m'est revenue en feuillettant chez un bouquiniste  le livre de Fee (!) Schlapper intitulé "Portraits à travers le temps". Le principe en est simple : des photos dépouillées, en noir et blanc, à quelques années de distance. Juste pour voir. Pour traquer le devenir. Pour Josefine on appréciera que le regard inquiet et tombant soit devenu une belle volonté portée par un regard de grand large, un visage clair et lumineux, non plus apeurée mais épuré.
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1961 Dominik 1983

Pour Dominik, le temps n'a pas desserré le carcan des bras ni de la chemise. Du coup le sourire s'est estompé et la vivacité du regard est moins présente. La vie s'est alourdie. Peut être faudrait-il enlever lunettes et moustaches et laisser place au hasard. En confiance.
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1957 Renate 1983

L'ennui est formateur. Renate s'est ennuyée, heureusement pourrait-on dire. Et cet ennui est devenu une belle maturité, une lente sérénité qui n'exclut pas la rébellion de tous les enfants qui s'ennuient. Renate, les pieds sur terre, rêve à la louve. Et vous, à quoi rêvez-vous ?

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1964                                       2009

02/03/2010

Libre cours

Dans les rues de Grenade, elles accompagnent vos déambulations. Au détour d'une rue, d'un passage, d'un angle de mur les peintures murales s'amusent de votre surprise et vous proposent clins d'oeil et ouvertures de champs.

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Fatiguée de rencontrer des réponses, j'ai décidé de changer mes questions

Pourquoi Grenade ? autant qu'il m'en souvienne la ville a toujours été un théâtre ouvert et disponible aux graffeurs et les peintures font partie de l'identité de Grenade, comme un écho aux habitations trogoldytiques du Sacromonte. Juste pour se souvenir que peindre les murs est immémorial et profondément humain.
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Les mots se perdent irrémédiablement

Pourtant, la peinture murale fait débat à l'occasion de la condamnation d'un artiste qui a peint un mur sans autorisation municipale, car ici aussi il est des autorités qui considèrent que la liberté doit avoir ses espaces autorisés. En réponse, on voit chez les commerçants des affichettes "Ici nous soutenons les graffitis".
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En souvenir de Chimène peut être ? et parce que le rêve est ce qui rend la réalité possible. Rappelons qu'en France également la peinture murale est un délit.
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On connaît les termes classiques du débat : de la peinture murale artistique pourquoi pas dans les endroits qui s'y prêtent,  mais ces signatures graffitées qui envahissent l'espace et n'expriment aucun talent, non. Petit problème : la créativité ne s'exprime ni à jour ni à lieu fixe. Et le n'importe quoi peut être le chemin qui mène à l'oeuvre.
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Mais comme il fut un temps où les coquineries de Miss Van dérangeaient les autorités toulousaines, peut être cette liberté de laquelle tout peut surgir fait elle peur. Faut-il avoir perdu son âme d'enfant pour craindre qu'en laissant libre cours à leur imagination quelques peintres ne transforment le monde en une libre cour récréative.

Et les ressources humaines dans tout cela ? laisser libre cours à la créativité des salariés en prenant parfois le risque du n'importe quoi ? allons, allons, l'entreprise n'est pas une cour de recréation, retournez à vos petits dessins pendant que nous accomplirons, nous, le grand dessein. J'y cours !

02/02/2010

Education des sens

La douceur de la peinture le dispute à sa légèreté. Jeu de la musicienne, jeu des regard,  jeu du mouvement des danseurs,  jeu des fleurs sur le sol, humour de la nature morte posée dans ce paysage si vivant et vibrant. Nature pas si morte d'ailleurs puisque les fruits nourrissent la vie et l'envie des amants, car ne doutons pas que ceux qui s'accordent si bien et jouent de notre émotion ne partagent d'autres plaisirs que ceux de la danse et du jardin. Le tableau est une allégorie, comme on aimait  en réaliser au XVIIIème siècle. L'allégorie est au symbole ce que l'oiseau est à l'animal : la version la plus virevoltante et libre qui soit. L'allégorie ici est celle des cinq sens : entendre la musique, voir les regards, sentir les fleurs éparses, goûter les fruits non défendus mais offerts, toucher les mains et avec tout cela ressentir l'émotion, la beauté sereine, souple, le plaisir rieur assorti d'un léger mystère.

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Jean Raoux - Couple de danseurs dans un parc -
Allégorie des cinq sens - 1725

Le tableau nous rappelle que le père de Montaigne le faisait réveiller avec des musiques douces et harmonieuses afin que se forme son goût et qu'il s'éduque à la beauté. Montaigne en tirera des leçons sur l'éducation. La leçon de Raoux est peut être de nous rappeller que si la nature nous accueille avec nos cinq sens, il ne tient qu'à nous de n'en occulter aucun et de les éduquer tous pour jouir des plaisirs de chacun. Cette  fraiche leçon de l'époque des Lumières est visible au magnifique Musée Fabre de Montpellier, preuve que dans cette ville, il y aussi  du bon goût.

15/09/2009

Gestion, innovation, subvention

Trois directeurs d'écoles supérieures de commerce viennent de se prononcer récemment sur leur business modèle pour constater qu'il atteignait sa limite. Ces dirigeants d'école de gestion qui forment les managers de demain et ont déjà formé ceux d'aujourd'hui réfléchissent donc à un nouveau modèle, nécessitant plus d'innovation. Et le résultat de leurs cogitations est à peu près identique : que l'Etat leur verse des subventions au nom de l'intérêt général qu'ils servent en formant de bons managers (qui eux même font les bonnes organisations qui font une bonne économie, suivez le fil...) ou bien, chemin à peine détourné, que l'Etat donne des crédits d'impôts aux étudiants pour payer des frais d'inscription plus élevés. L'innovation est plutôt sommaire qui reprend la vieille recette du  "privatisons les profits et collectivisons les pertes", mais après tout les banques ont également essayé récemment et cela fonctionne toujours.

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Alain Garrigue - Innovation rupestre - 2008

Curieux réflexe que de se tourner systématiquement vers l'Etat pour résoudre tout problème, tout en vilipendant par ailleurs sa lourdeur, sa bureaucratie, son interventionnisme et son coût. Mais ici, c'est pour la bonne cause apparemment. Il est vrai que, lorsque l'on sait manager, on manage. Lorsqu'on sait un petit  peu manager, on fait du conseil. Et lorsqu'on ne sait pas manager, on enseigne le management. Dirigeants d'écoles, ne cherchez plus vous-même la solution : demandez aux managers que vous avez formé de vous la fournir !
(NDLA : encore Alain Garrigue en illustration ! eh oui...C'est parce qu'il est toulousain ? pas seulement...Mais pourquoi alors ? regardez bien....).

07/09/2009

Faire confiance

Entendu ce matin l'angoisse d'une mère après la fermeture d'un lycée en région parisienne pour cause de grippe : "Les enfants on sait bien que s'ils n'ont personne derrière eux, ils n'apprennent pas. Cette semaine il va lire un peu mais c'est une semaine perdue....". Voici l'école ramenée à ce qu'elle demeure dans bien des esprits : une caserne où l'apprentissage ne s'effectue que sous contrainte. On s'étonnera ensuite que toutes les enquêtes démontrent que les enfants s'ennuient à l'école. La grippe et pourtant l'occasion de faire évoluer le modèle : mise à disposition de ressources, dialogue entre l'élève et l'enseignant, apprentissage par l'expérience, chemin vers l'autonomie...Mais tout ceci n'est possible que si dès le début l'autonomisation est au coeur du projet et des méthodes, sinon en plaçant en situation d'auto-apprentissage quelqu'un qui n'a jamais été confronté à cette situation, vous le conduisez  inévitablement à l'échec qui renforcera vos convictions que décidément, on ne peut faire confiance.

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Dado - L'école - 1960

Cette suspicion a priori ne s'arrête pas à l'école. Elle a également cours dans l'entreprise : la France est un des pays occidentaux où le travail à distance est le moins développé et le peu de confiance placé dans le salarié n'y est sans doute pas étranger, pas plus que le besoin de contrôle. Saluons à cette occasion l'accord signé chez Alstom au mois de juillet dernier sur l'articulation entre la vie privée et la vie professionnelle. Un accord qui vise à responsabiliser et non à infantiliser mérite d'être salué : l'entreprise met en place des outils pour un meilleur confort de travail. Managers et salariés, il reste à vous faire confiance et à ne pas en démériter.

04/09/2009

Prendre sans attendre

Courte chronique de soir de déplacement, tenant en un principe : l'instruction comme la liberté ne se donne pas, elle se prend. Si vous avez reconnu Jacques Rancière, il s'agit pour vous d'une évidence, et si vous ne l'avez pas reconnu, cela peut ne rien enlever à l'évidence.

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Coldplay - Liberté guidant le peuple

Veillez donc à prendre, vous pourrez vous surprendre à vous éprendre !