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07/05/2013

Ce qu'il a voulu dire, il l'a dit

Passage à Camaret pour saluer Saint-Pol Roux. Les quatre tours, comme des tombeaux verticaux offrant leur cylindre aux vents marins, ou comme un salut à  la radicalité du poète, à sa sereine solitude. Me revient en mémoire l'apostrophe d'André Breton à Rémy de Gourmont, qui avait tenté de dresser un dictionnaire des métaphores et images poétiques de Saint-Pol Roux.

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« Il s'est trouvé quelqu'un d'assez malhonnête pour dresser un jour, dans une notice d'anthologie, la table de quelques-unes des images que nous présente l'œuvre d'un des plus grands poètes vivants ; on y lisait : Lendemain de chenille en tenue de bal veut dire papillon. Mamelles de cristal veut dire : une carafe, etc. Non, monsieur, ne veut pas dire. Rentrez votre papillon dans votre carafe. Ce que Saint-Pol-Roux a voulu dire, soyez certain qu'il l'a dit. »

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Colonnes antiques d'une cité grecque en pays celte

Je me souviens qu'à l'école, j'ai toujours eu la même réaction instinctive de méfiance devant cette question des instituteurs : "Qu'a voulu dire l'auteur ?". Comme André Breton, j'avais envie de répondre : "Couillon, ce qu'il a voulu dire il l'a écrit !". J'aurai bien voulu que l'instit me dise ce qu'il comprenait du texte, comment il le faisait vivre en lui, quelle leçon il en tirait, s'il vivait différemment après l'avoir lu ou bien si sorti de la classe il n'en restait plus rien. Cela oui m'aurait intéressé, mais quant à s'interroger sur "ce qu'a voulu dire l'auteur", c'était supposer que tout acte d'écrire obéit à une stricte volonté qui assujettit l'expression, autrement dit, ne rien comprendre à la poésie. Quant à Saint-Pol Roux, c'est simple, ses poèmes me donnent envie de rire et de vivre, comme lorsque " le soleil monte faire têter la vie" :

A parler cru, je ne m'emmerde jamais seul

Dieu non plus

Nous sommes au moins deux

29/07/2010

Leçon de choses

La gambade ne se conçoit sans les visites aux cavernes d'Ali Baba que sont les bouquinistes. Fureter dans les rayonnages qui sentent le vieux papier à la recherche de l'ouvrage qui fera le miel de la journée est un plaisir total : corporel (les odeurs, la vue, le toucher...), esthétique (le goût), intellectuel (les mondes contenus dans les livres qui vous engloutissent lorsque vous les ouvrez). Ce jour-là, un de ces livres que l'on peut trouver assez facilement, car il s'en est imprimé beaucoup et qu'il ne s'en est pas jeté trop. On comprend pourquoi en les feuilletant.

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Le livre s'ouvre sur une préface qui nous donne la méthode "fondée sur l'observation et l'expérience". Pour cela, l'emploi de méthodes actives : "Agir, réfléchir, conclure, retenir". Agir parce que tout commence par l'expérience directe. Le livre préconise que le plus souvent ce soit l'élève qui expérimente et non le maître.
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Réfléchir ensuite parce que la réflexion s'appuie sur l'expérimentation, l'observation des faits et se conduit à l'aide d'un questionnement. Pas de logique hypothético-déductive mais un questionnement basé sur des faits choisis car "Quelques observations bien conduites valent mieux que l'examen superficiel de nombreux faits".

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Des représentations graphiques systématiques pour initer à la représentation schématique des faits et éveiller la curiosité de l'élève. Mais ne concluons pas que le poulet est réduit à sa fonction digestive, la poésie n'est pas absente de la leçon de choses, pour preuve ce bouquet final. L'ouvrage date de 1954, la pédagogie ne date pas.
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