27/04/2010
Devenir
Le directeur du centre de formation m'avait annoncé son départ à la retraite et dit le plaisir qu'il avait eu à travailler avec moi. Phrases entendues, et parfois convenues, de ceux qui partent et se soucient soudain du souvenir. Mais ce n'est pas ainsi que j'ai reçu cette annonce. Elle m'a touchée. Je n'avais pourtant pas développé, comme cela arrive, une amitié ni même une intimité dans la relation qui justifie quoi que ce soit. Mais c'était ainsi, ce départ me touchait. J'ai offert à cet homme un ouvrage de Doisneau avec une lettre qui se concluait à peu près par ceci : "A l'instant de faire d'autres choix, il importe, comme toujours, d'avoir comme boussole la fidélité à l'enfant que l'on a été". Cette fidélité n'est pas immuabilité. Elle doit laisser de la place au devenir. Il s'agit simplement, quelles que soient les évolutions, mutations, transformations, de déceler si l'on a nourri le bon loup (les indiens disent que deux loups sont en nous et s'affrontent : le bien et le mal. Le dominant est celui que l'on nourrit). Tout formateur qui se sent un tant soit peu éducateur a ce souci du devenir de ceux avec qui il travaille. C'est pour cela qu'il fixe leurs yeux avec parfois un air étrange : pour apercevoir le loup, la louve, le rêve, que chacun porte en lui.
00:05 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : portrait, photo, éducation, enfance, formation, avenir, fidélité
Commentaires
De 64 à 2009, le sourire est le même ! Une esquisse des lèvres qui dit tout de l’intérieur.
Le regard, lui, a trouvé sa « voix ». Prudent, discret, en attente couleur culotte courte (pas facile à dire, hein), il n’est plus dans la retenue et exprime sans détour ce qu’il est devenu.
À 5 ans, je tannais maman pour qu’elle m’achète des ailes car c’était tellement évident qu’on puisse s’en procurer au supermarché. Je nous imaginais, mes copains et moi avec nos plumes en sac à dos, dans les airs à l’heure de la récré. C’était sympa et tellement réaliste.
À 16 ans, je proposais à mon prof principal de monter nos tentes sous la tour Eiffel, plutôt que d’aller à l’hôtel avec toute la classe. Chouette cadre, économique … Ça aurait été sympa et ça me paraissait tellement plus réaliste, à moi.
A 33 ans, j’ai cru dur comme fer que cet auteur à interviewer était non seulement expert en gestion des risques mais aussi double médaillé olympique de natation (je n’avais pas lu l’« intro » -en fait la préface- jusqu’au bout …). Sympa mais pas du tout réaliste.
La fidélité a l’enfant que j’étais, c’est qu’il respire en moi à chaque instant ! Et le rêve c’est qu’on peut combiner les deux : le laisser soupirer quand l’environnement l’impose et nourrir le devenir puisque, dans ce cas, l’intuition prime et on nourrit toujours le bon loup.
Écrit par : Sanaa | 27/04/2010
Grand MERCI. Pour couleur culotte courte, je m'entraîne. Amitiés au loup.
Écrit par : jpw | 27/04/2010
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