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06/10/2014

Portrait

Un peu surpris par la demande, je me suis prêté au jeu bien volontiers. Avec un peu d'appréhension tout de même, car à raconter un peu, autant dire ce qui compte. Et qu'est-ce qui compte, 27 ans après avoir créé le Cabinet de consultant comme une blague de potache, car en choisissant le nom de Willems Consultant, je venais incognito de créer le Cabinet WC ! Ce qui compte vraiment ? le souci de préserver ma  liberté, l'inaptitude au salariat tout autant que l'inaptitude à manager, les rencontres surtout de ceux qui voyaient mon avenir mieux que je ne pouvait l'imaginer, la continuation du sport dans le travail, l'incroyable plaisir de se demander, tous les jours, quelle rencontre nouvelle on va faire, des tours de France et des embardées dans quelques autres pays, au Nord, au Sud, à l'Est, mais surtout au Sud, les avions de 6h du matin, longtemps, le plaisir de l'épuisement physique, le désir de frénésie et de lenteur, les chemins de traverse, et la rencontre un jour, qui change tout et justifie tout. Epouser une cliente n'est certes pas un grand moment de déontologie, mais c'est un grand moment de bonheur. 

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Mais je ne vais pas redoubler le portrait écrit par Nicolas Deguerry, que je remercie de son écoute et de la bienveillance de sa plume. C'est paru dans Inffo-Flash et pour la peine, il va falloir que je recommence à m'abonner !

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27/04/2010

Devenir

Le directeur du centre de formation m'avait annoncé son départ à la retraite et dit le plaisir qu'il avait eu à travailler avec moi. Phrases entendues, et parfois convenues, de ceux qui partent et se soucient soudain du souvenir. Mais ce n'est pas ainsi que j'ai reçu cette annonce. Elle m'a touchée. Je n'avais pourtant pas développé, comme cela arrive, une amitié ni même une intimité dans la relation qui justifie quoi que ce soit. Mais c'était ainsi, ce départ me touchait. J'ai offert à cet homme un ouvrage de Doisneau avec une lettre qui se concluait à peu près par ceci : "A l'instant de faire d'autres choix, il importe, comme toujours, d'avoir comme boussole la fidélité à l'enfant que l'on a été". Cette fidélité n'est pas immuabilité. Elle doit laisser de la place au devenir. Il s'agit simplement, quelles que soient les évolutions, mutations, transformations, de déceler si l'on a nourri le bon loup (les indiens disent que deux loups sont en nous et s'affrontent : le bien et le mal. Le dominant est celui que l'on nourrit). Tout formateur qui se sent un tant soit peu éducateur a ce souci du devenir de ceux avec qui il travaille. C'est pour cela qu'il fixe leurs yeux avec parfois un air étrange : pour apercevoir le loup, la louve, le rêve, que chacun porte en lui.

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1959 Josefine 1983

Cette histoire m'est revenue en feuillettant chez un bouquiniste  le livre de Fee (!) Schlapper intitulé "Portraits à travers le temps". Le principe en est simple : des photos dépouillées, en noir et blanc, à quelques années de distance. Juste pour voir. Pour traquer le devenir. Pour Josefine on appréciera que le regard inquiet et tombant soit devenu une belle volonté portée par un regard de grand large, un visage clair et lumineux, non plus apeurée mais épuré.
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1961 Dominik 1983

Pour Dominik, le temps n'a pas desserré le carcan des bras ni de la chemise. Du coup le sourire s'est estompé et la vivacité du regard est moins présente. La vie s'est alourdie. Peut être faudrait-il enlever lunettes et moustaches et laisser place au hasard. En confiance.
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1957 Renate 1983

L'ennui est formateur. Renate s'est ennuyée, heureusement pourrait-on dire. Et cet ennui est devenu une belle maturité, une lente sérénité qui n'exclut pas la rébellion de tous les enfants qui s'ennuient. Renate, les pieds sur terre, rêve à la louve. Et vous, à quoi rêvez-vous ?

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1964                                       2009