Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/12/2010

Faire c'est imaginer

Les sportifs ont souvent recours à la visualisation positive, c'est-à-dire à la projection mentale de leur image réalisant l'épreuve à laquelle ils se préparent. Cette visualisation a le double avantage de constituer une répétition des gestes, et donc un entraînement, et de conforter l'idée que l'acte est réalisable puisque l'on parvient à imaginer de quelle manière il doit être réalisé. Cet exercice n'est pas propre aux sportifs. Hélène Grimaud procède de la même manière pour travailler un morceau de piano et ce travail intérieur prend toute sa place à côté des exercices au piano.

Toute action est une invention et renvoie donc à notre capacité d'imagination. Comme le dit JF Billeter : "Les sciences humaines nous font croire que nous trouverons des réponses en accumulant des connaissances positives. La philosophie nous a habitué à penser que toute réponse à une question est du ressort de l'intellect. Les religions proposent des réponses en forme de révélation. Dans leur ensemble, ni les formes de pensée dont nous avons hérité, ni celles que nous avons développées ne nous préparent à saisir le rôle premier de l'imagination".

Architecture of a DreamMikeWorrall.jpg

Mike Worrall - Architecture d'un rêve

La connaissance n’est que le matériau dont se saisit parfois l’imagination pour inventer. Par des assemblages nouveaux nous créons des actes qui sont des synthèses nouvelles et singulières. Faire, c'est l'imagination en acte.

Apprendre à faire c’est donc développer sa capacité à imaginer, ce qui suppose de ne pas s'habituer à un comportement de consommateur (réception passive d’informations) mais au contraire à l’observation, à regarder, voir, distinguer, différencier, et à l’appropriation qui permet de dépasser la reproduction stéréotypée et créé les conditions de l’implication personnelle.

On peut également  écouter les conseils de Josette Rispal :

« Je préfère avec du rien faire du beau…j’ai besoin de transcender de rien…j’ai donné le change avec du rien…j’ai pris le réflexe de me débrouiller…je suis incapable de dire comment je fais…je ne sais rien faire…mais je peux tout faire…je le fais par nécessité en réalité ».

chiffonnette002.jpg

Josette Rispal - Chiffonnette

C'est parce qu'ils reconnaissent le rôle de l'imagination que les pédagogues considèrent parfois l'ennui comme nécessaire. En réalité ce n'est pas temps l'ennui mais la disponibilité de l'esprit pour l'errance et le vagabondage. C'est à dire l'exact inverse de l'ennui, mais une autre forme d'activité à laquelle les vacances sont tout à fait propices.

16/12/2008

La louve

C'était une joie annoncée : un concert d'Hélène Grimaud est toujours un évènement. Les deux premières fois, plusieurs années auparavant, les concerts avaient été annulés. Cette fois-ci serait la bonne. Jusqu'au dernier moment cela faillit l'être et puis, le téléphone : nous vous informons que le concert d'Hélène Grimaud est annulé, la pianiste est malade. Ce ne serait donc pas la fête attendue. Une nouvelle fois, la frustration.

Coutumière du fait Hélène Grimaud : les annulations ne se comptent plus. Caprice d'artiste ? non respect du public ? manque de préparation ? de travail ? ou bien fragilité tenace face à l'évènement, résistance opiniatre à la force de l'habitude, émerveillement renouvelé de l'émotion, cette émotion préservée pour qui joue des dizaines et dizaines de fois par an.

medium_grimaud4_loup.jpg

La difficulté à faire face à certains moments n'exclut ni la grace, ni le talent, ni la puissance de travail, ni l'excellence. Même une louve, la plus belle soit-elle, n'est pas une héroïne tous les jours. C'est ainsi qu'il est possible de l'apprécier pleinement, pour ce qu'elle est et ce qu'elle n'est pas. Peut être pourrait-on se souvenir, lors de l'évaluation des salariés, dans les exigences que l'on a, dans l'appréciation de leur travail, que nul n'est un héros tous les jours et que la faiblesse d'un instant non seulement ne remet pas en cause les qualités de l'individu mais au contraire constitue parfois la condition de leur expression.