22/07/2017
Au vert !
Plusieurs mois de bitume, de villes, de salles souvent inaccessibles au soleil, de position assise visage éclairé par la lumière électronique de l'écran, de métros, de trains d'avions aussi, de journées entre chien et loup, l'automne et l'hiver jouant à cache-cache dans une douceur printanière plombée par des nuages lourds, si l'on rajoute les ambiances électorales et leurs sécrétions émollientes d'avant changement, on aura compris que c'est du vert qu'il faut remettre dans le paysage. La parole est à Michel Pastoureau :
"Le vert, c'est la couleur de Satan, du diable, des ennemis de la chrétienté, des êtres étranges : fées, sorcières, lutins, génies des bois et des eaux. Les super-héros et les Martiens, grands et petits hommes verts de la science-fiction, s'inscrivent dans cet héritage culturel, où le vert joue le rôle de l'ailleurs, de l'étrangeté, du fantastique. Pourquoi ? Parce que c'est une couleur instable, rebelle, très difficile à fixer chimiquement. Avec le vert, le rapport entre chimique et symbolique se révèle passionnant."
Alors en route pour célébrer les noces du chimique et du symbolique. Et cette année, le petit est de la partie.
18:40 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : vert, vacances, départ, nature, couleur, symbolique, chimique
21/08/2016
69 fois à l'Est du Sud
Alors, c'est comment l'Australie ?
Arrrggghhh ! C'est 5 000 km on the Road,
C'est 5 000 fois "Putain, c'est exceptionnel...."
C'est 5 000 photos
Non mais attends, tu l'as déjà faite celle-là, c'est ICI.
Ah ouais, mais non, ça n'a rien à voir, parce que l'Australie c'est
Beaucoup plus que 5 000 fois "Hey guys, how're you going ?"
Un arc-en-ciel parfait sur la route de Cap Jervis, qui enjambe la mer et les collines dans une lumière franche et tonique, pendant que Lou Reed s'envole dans "Such a Perfect Day"
Le petit-déjeuner au milieu des kangourous sur Kangaroo Island, île chamanique où les pierres parlent aux arbres qui répètent tout aux animaux qui dansent avec la lune
Malcolm, vissé depuis 80 balais sur la côte Est qui m'explique en bougonnant que si j'ai pas vu la côte Ouest, j'ai rien vu de la vraie Australie
Les nuages qui s'ouvrent comme la Mer Rouge à notre passage pour révéler les îles Withsundays et tout à coup, comme mille déesses émergeant des profondeurs de la terre, la Grande barrière de corail
L'urgence des surfeurs qui courent sur la plage, dans l'eau et sur leur planche pour se glisser dans les plis de la vie éternelle, car la mer ne meurt jamais
Bruce l'américain, au physique d'acteur américain dont on a oublié le nom, qui importe de la moutarde de Dijon depuis la plage de Mainly
La houle de la mer qui te brasse corps et âme, et l’estomac aussi
Les villes de nulle part, au milieu de nulle part, où la vie n'est pas moins la vie que n'importe où ailleurs
Les murals de Melbourne, comme des livres d'images avec lesquels on peut faire le tour du monde en faisant le tour de son quartier
Abir, l'allemand d'origine indienne qui vit à Londres, en parfaite cohérence avec son prénom qui signifie « mélange de parfums », et me confiai sa passion pour les films de Godard alors que je lui faisais part du choc que furent les films de Fassbinder. Et tandis que le bateau nous ramenait de Fraser Island, nous nous enthousiasmions pour le panthéisme australien tout en constatant que nous ne pouvions vivre qu'au cœur de la culture de la vieille Europe
La lagune aux pélicans, en forme de bec de pélican, que l'on traverse interminablement, en espérant secrètement que cela ne finisse jamais et effectivement cela ne finit jamais
Le sparkling wine chardonnay pinot noir, première cuvée, qui se boit comme de l'eau de source, avec l'esprit des Dieux en plus
S'asseoir sur le Tropique du Capricorne en pensant au Père Miller et au copain Garrigue, lui envoyer la photo et recevoir en retour celle de cézigue hilare en train de courir un 100 m dans le stade d'Olympie, se dire que depuis l'enfance, on n’a pas trop perdu le fil et qu'il en reste encore des tonnes de conneries sublimes qui nous attendent
Tous les jeunes français et françaises aux itinéraires singuliers, croisés au détour, qui ont en commun l'énergie, le désir, le pragmatisme et l'idéal
Les années 70 retrouvées sur la plage et dans les rues de Byron Bay, et un peu partout ailleurs aussi, pas seulement comme une mode vintage mais comme un temps qui s'enfuit moins vite
Les roches de fer de Dunk Island dont l'électricité tellurique demeure, à fleur d'eau, 360 millions d'années après leur expulsion des forges du volcan, ce qui permet de toucher et ressentir les vibrations du temps
25 jours sans odeur de tabac, où que l’on soit
Philip assis dans son rocking-chair lisant le journal au petit matin et me disant du haut de ses 90 balais : "J'ai une femme active, un chien, un chat et mes pilules pour la journée, je suis un homme heureux"
L'évidence que perdre le lien avec la nature est une mutilation définitive
Les pubs irlandais affichant fièrement que la bière est la preuve que Dieu a voulu que les hommes soient heureux
Les Polaroïds de Manon, la jeune picarde expatriée à Sydney qui a saisi avec finesse l'Australie et porte d'ailleurs joliment la finesse en bandoulière
Les retraités qui sortent la caravane à la première occasion, et à la dernière aussi, et qui sillonnent les routes et emplissent les caravane-parks.
La troupe de saoudiens hilares qui auraient pu constituer une solide mêlée et qui ont d'ailleurs plaqué un irlandais saoul et excité et l'ont ligoté en trois secondes, ce qui nous a permis de poursuivre le long vol à travers les fuseaux horaires
La roche, le sable, les pierres, la poussière, et les couleurs du temps accumulées qui composent la croûte de la terre au centre du plus vieux des continents
Les tremblements de terre, quasi-inexistants mais qui empêchent les avions de décoller lorsqu'ils surviennent près des côtes
Toute la littérature élisabéthaine qui semble ressurgir des mers déchaînées du Sud et des falaises rouges fracassées par le ressac. Et les corps naufragés dont la mer n'a que faire
Les jeunes filles sportives de Port Fairy qui tenaient un salon de thé de grand-mères
La clairière magique de Qdos et son jardin de sculptures, parmi lesquelles une Alice sautillante qui ouvre en riant les portes des merveilles
Le choc des 14 films en projection simultanées de Manifesto dans lesquels la belle Cate Blanchett joue 14 femmes dont les mots du quotidien sont les manifestes artistiques du XXème siècle. La preuve que la vérité est sous nos yeux, et qu'elle est insupportable
Avoir fantasmé la Pacific One dans l'Ouest américain, où elle n'existe pas, et la savourer pendant des heures de l'autre côté du Pacifique
Les couleurs et les silences de l'Australie dans les peintures de Nicola Perkin
Les eucalyptus partout, mais tout particulièrement le long de la Great Ocean Road
Lentilles Anyway, le restaurant coopératif de Newton à Sydney, où l'on est servi par des volontaires souriants et où l'on paie ce que l'on veut
Les jeunes lesbiennes déterminées, engagées et décontractées du Nord au Sud et leurs regards clairs
Un dimanche ensoleillé, à Melbourne, qui ressemble à l’ile de la Grande Jatte de Seurat
Les aubes et crépuscules qui se tirent la bourre pour t’en mettre plein la vue
Ange, le rugbyman dont la carrière naissante a été brisée par une vilaine blessure, et qui brûle la vie sans limite pour retrouver ses rêves de gosse
Le jour où je suis devenu un nuage, aussi simplement que l'on se lève le matin pour boire son café. Un nuage bien ancré sur terre.
Le constat permanent qu'ici la nature et les animaux sont les véritables résidents des lieux, et te rappellent que tu fais aussi partie de la chaîne alimentaire
Le médecin à qui l'on rapportait les quatre motivations des médecins en France : "Money, Money, Money and Money", qui n'a pas souri et a simplement répondu : "It's human"
Traverser les grandes régions minières en écoutant Le chercheur d’or, d’Arthur H
La démonstration quotidienne, si besoin était, que cool et professionnel vont très bien ensemble, et que l'un sans l'autre, cela redevient du travail ou du n'importe quoi
Loïc, venu ici sans diplôme et sans parler anglais, et qui a obtenu son visa en se rendant indispensable, exemple parmi d'autres que la mondialisation n'est pas le pré carré des upper-class
Les voiles de l'Opéra de Sydney qui s'illuminent soudainement et se parent de vert et jaune pour fêter l'ouverture des jeux Olympiques
Goûter aux vins des vallées du Sud et boire de la géologie, de la géographie, de l'histoire, de l'aventure humaine, de la météo et du plaisir
Attaquer la Bruce Highway avec les premières notes de Dancing in the Dark, rajuster ses lunettes noires et souhaiter que la route soit encore longue
Les hautes, très hautes, fougères arbustives qui allègent la forêt tropicale de leurs ajours dentellés
Le crocodile blanc, scotché sur la berge d'une rivière poisseuse et qui se foutait bien de nos têtes ahuries
Les refrains lancinants de Blackstar, et la voix troublante de David Bowie, à la hauteur des paysages
Les dizaines de chauve-souris géantes qui finissaient d'obscurcir le ciel en fin d'après-midi par leur vol en rangs serrés
Les dingos, les koalas et les cassowaries qui étaient très beaux sur les photos annonçant leur présence
Les trains de cannes à sucre fraîchement coupées qui sillonnent les grandes plaines du Queensland, serpentant au milieu des champs touffus qui attendent leur tour
Philip que je saluai le matin en lui demandant des nouvelles du temps et qui me répondait : "Demande à la fenêtre"
Les villages qui ne sont pas construits autour d'Eglises mais de stations-service
L'impossibilité d'avoir un regard sur les jeux olympiques : où que l'on soit dans le monde, chaque pays ne montre que ses nationaux
Le chat Friday qui appréciait l'efficacité de Gigi, aussi redoutable businesswoman que lesbienne affirmée et revendiquée
Le rapide constat que la culture aborigène et la culture occidentale sont incompatibles ce qui suppose soit une partition soit une disparition, les deux étant à l'œuvre
La pleine lune qui nous avait donné rendez-vous à notre arrivée et provoqua notre départ avec un jour de retard
L'ivresse permanente des premières fois qui te fait devenir nouveau, comme la vigne donne chaque année un raisin nouveau
La longue liste des animaux qui n'ont pas d'autre prédateur que l'homme
Les peintures de Masson dans ce pays tellurique qui l'aurait enivré et qu'il a peint très exactement sans jamais l'avoir vu
Les baleines sauteuses, qui vont en nombre pair, et les requins de cinq siècles, toujours vifs
L'intégralité de la gamme des rouges uniquement en regardant autour de soi, et aussi les verts, et les bleus et les jaunes et le noir. Couleurs primaires pour une terre primordiale
Cette heure, entre chien et loup, où surgissent tous les animaux
Le soleil et la lune, face à face, un petit matin clair entre mer et montagne
L'impromptue et improbable nuit passée chez un chinois dans cette ville où tout le Pacifique et l'Océan Indien semblait s'être donné rendez-vous
Le sentiment profond que l'Australie, ce n'est plus si loin
Ta main qui trouve la mienne sans hésitation en plongeant dans la grande barrière de corail et les multitudes colorées de poissons et coraux qui nous regardent un instant, et nous qui les voyons toujours
15:42 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : australie, vacances, voyage, photographie, littérature, amitié, rencontres, lune, paysages, vie
18/08/2016
La nature imite l'art (II)
Il suffit de varier un peu les chemins.
Et d'ouvrir un peu le regard.
D'aller voir dans le sable...
...dans les pierres...
...dans les mangroves...
...suivre l'eau...
...revenir vers la plage...
...traverser la rivière...
...retrouver le sable...
...et regarder le soleil se coucher après avoir déposé la dernière touche de peinture.
09:03 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nature, art, peinture, photo, australie, voyage, vacances
14/08/2016
La nature imite l'art
C.G. Jung fondait les archétypes sur l'inconscient collectif, donc sur un facteur psychologique. Il en déduisait l'universalité de certains signes et symboles fondamentaux.
Il notait leur présence chez les hommes mais également dans la nature.
Une interprétation plus matérialiste aurait cherché du côté de l'atome. Ces atomes qui constituent aujourd'hui une pierre se retrouveront peut être demain dans un arbre, une plante...ou un homme.
L'inconscient collectif ne serait qu'une mémoire atomique des éléments qui nous constituent.
Si tel était le cas, il y aurait chez Nicola Perkin tous les atomes de l'Australie.
Nicola Perkin - Watermark
15:31 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : peinture, jung, psychologie, atomes, australie, voyages, vacances
13/08/2016
Le jour où je suis devenu un nuage
D’abord je les ai regardés. Apparaître dans des ciels clairs, raccourcir l’horizon, filtrer la lumière, refléter les couleurs du sol,…
…puis je me suis amusé de leurs formes, de leur dessins, des sculptures éphémères qu’ils érigent dans le vent,…
…et puis je m’en suis rapproché, intellectuellement, puis corporellement,…
…et soudain c’est arrivé. Sans y réfléchir, tout naturellement, en toute logique, je suis devenu un nuage…
….intégré aux autres nuages, aux éléments, sensible à toute chose, suspendu dans le temps, j’étais un nuage…
…du monde ancien ne me parvenait plus qu’un lointain écho d’acrimonie : « Il va bien falloir en redescendre de ton nuage »…
…comme si les nuages n’étaient pas sur terre…
…comme si rien ne vivait à l’intérieur de nous…
…le nuage peut sembler s'effacer, il est présent à jamais.
14:29 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyage, vacances, nuage, australie, photo, image
12/08/2016
HÔTELS
Les hôtels, comme les taxis, sont des places de passages où l'on est immédiatement chez soi, en des lieux aussi inconnus qu'éphémères.
Qui tient la chronique de toutes les histoires, de toutes les chambres, de tous les hôtels ?
Chaque hôtel est une énigme dont la clé s'est perdue dans le temps.
Seul l'imaginaire peut retrouver le fil des histoires perdues.
Mais comment retrouver tous les rêves de tous les dormeurs ?
Les hôtels sont des invitations que l'on ne peut pas toujours refuser.
Car la nuit révèle à l'hôtel, et son hôte, sa vérité primordiale.
C'est pourquoi aller d'hôtel en hôtel n'est qu'une autre manière de continuer l'enquête.
13:03 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vacances, hôtel, voyage, australie, photographie
11/08/2016
LIGHTS
Ici c'est l'hiver. Le soleil bascule rapidement vers l'Ouest, ses rayons déclinant prenant les couleurs des matins d'été en France. La nuit venue, les rues s'éclairent et deviennent autres.
Les perceptions se modifient, les visions s'inversent, les sens s'abandonnent avec plaisir à leur affolement poétique.
Les invitations se font plus explicites.
A moins, au contraire, que l'abstraction s'impose et permette d'entrevoir ce point où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le communicable et l'incommunicable, le passé et le futur cessent d'être perçus contradictoirement.
André Breton vous glisse à l'oreille de prêter attention aux cafés-chantants de l'imaginaire.
Particulièrement à cette heure, entre chien et loup, lorsque les lumières du jour le cèdent à celles de la nuit.
Ici c'est l'hiver. Et la pluie vient parfois forcer le trait des couleurs nocturnes.
Elle exacerbe l'étrangeté des néons qui attendaient impatiemment de déployer leur brillance.
Les injonctions publicitaires ont des allures d'inquiétants messages sculptant notre futur.
Vite, retrouver des repères, du traditionnel, du banal, du connu.
Mais la nuit est la plus forte, et ses couleurs toujours changeantes forment le torrent dont les eaux vous emportent inexorablement.
00:05 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lumière, nuit, photo, vacances, voyage, australie
10/08/2016
Nostalgie
Tout voyage est une nostalgie. Peut être de part sa fin annoncée. Peut être parce que l'on sait que l'on ne repassera jamais dans ce coin là, que l'on ne regardera jamais plus cette rue, ce ciel, cette lumière, ces gens que l'on croise et ceux avec lesquels on échange quelques mots.
Cette nostalgie, inhérente au voyage, elle vous saisit plus profondément à la vue d'un rémouleur des temps pas encore post-modernes.
Où lorsque vos pas croisent une station service qui ne sait pas encore que les années 70 sont terminées.
La nostalgie, dans sa version superficielle, c'est un peu de vintage et les couleurs de son enfance.
Et de manière plus profonde, ce qui vous a marqué, avec lequel vous vivez et qui contribue à vous changer tous les jours.
On n'est pas à Londres, mais le propre de la nostalgie est d'abolir temps et distances. Alors on peut être persuadé que c'est bien ici que les Pink Floyd ont enregistré leur meilleur album.
C'est également ici que l'on joue sa vie comme on joue on flipper : on gagne, on perd, mais toujours on espère s'en refaire une petite...gratuite !
Pourquoi les années 80 ont-elles cette odeur de 70 alors qu'elles en furent la négation presqu'absolue ?
Et pourquoi ces vallons, battus par l'Océan Indien, sont-ils absolument semblables aux grands plateaux de l'Alentejo ? parce qu'ils suscitent tous deux l'envie de s'y établir, de mener une vie chamanique et d'écrire, ou alors parce qu'ils inscrivent en vous, irrémédiablement, un peu de saudade, une tenace nostalgie ?
00:05 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nostalgie, voyage, vacances, australie, littérature, photographie, alentejo
09/08/2016
Murals
Les murals, ou street art, installent la poésie dans la rue. L'intérêt du mural est qu'il est à la fois totalement local, il est inscrit dans un environnement singulier, et potentiellement global car l'artiste peut venir de n'importe où. De la rue d'à côté comme de l'autre bout du monde.
Souvent coloré, le mural peut s'essayer au noir et blanc. Comme dirait Bashung, volutes partent en fumée.
Le gris remonte le temps et fait surgir un rocker improbable aux allures de Ron Wood. Aux murals, rien d'impossible.
On reconnaît le jeune artiste à la recherche d'effets. Il faut montrer la technique, en mettre plein la vue.
Avec le temps, l'art s'épure, comme le geste qui l'accomplit.
Et l'humour trouve sa place.
Mais le Street artiste suit l'actualité. Mélanie Trump a plus de succès que son mari.
Et à propos de politique, il ne vous rappelle personne celui-là ?
Le mural est insolent, créatif, talentueux. Belle trilogie.
Et au fond, très naturel. L'ennui est le roi des arts.
13:18 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : murals, street art, peinture, vacances, voyage, australie
07/08/2016
Côte Est (Postcards)
La photographie se fait plutôt dans les villes : lumières, personnages, architecture, boutiques, les mystères de la rue sont sans limite. Mais lorsque l'on est dans un pays-continent, la notion de limite perd de sa substance. Et le long de la côte Est, les miroirs de sable, les nuages de vent, l'éternel retour des vagues, aimantent le regard.
La terre est rouge. Elle a la couleur des flammes. Et l'on est au coeur de tous les éléments.
A certaines heures, les couleurs font la sarabande. C'est un sabbat céleste sous vos yeux incrédules.
Et quitte à donner dans les clichés, restons dans le no limit. Sur ces côtes, le surfeur barbu aux longs cheveux blonds qui court vers la vague promise, est aussi présent que les pélicans ou les kangourous.
Mais foin de moquerie, il faut quand même la taquiner la vague.
Miroir mon beau miroir, dis moi si je l'ai bien descendue.
En prise avec les éléments, les surfeurs sont en réalité des poètes de l'infini, chaque vague appelant la prochaine.
Et dans les lieux où le panthéisme règne, voir un pêcheur de nuage devient une banale évidence.
Comme l'apparition d'une sirène.
Le ciel habille le surfeur de ses rêves.
Puis se retire en silence.
Et vous laisse un dernier message avant de s'éclipser.
14:29 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vacances, voyage, australie, photographie, plages, nature, surf, sirène, ciel
06/08/2016
JO AUSSIES
A partir d'aujourd'hui, c'est JO pour tout le monde. Pour fêter l'ouverture des Jeux, l'Opéra de Sydney s'est paré des couleurs des équipes australiennes, qui sont les mêmes que celles des brésiliens : auriverde !
Les voiles colorées toisent le Harbour Bridge qui reste de noir vêtu.
Toutes les lumières de la baie, du coup, offrent un coup de jeune aux ternes immeubles du CDB, centre ville sans âme qui se ressource aux douceurs de la baie.
Les éclats de bleu ravivent le pont céleste, ambiance festive, toute en douceur.
Cette douceur de vivre est-elle due aux calmes eaux de la Baie ? pour ce qu'il est possible d'en juger en quelques jours, pas seulement. Car cette douceur s'étend bien au-delà de la ville.
Pour l'heure, l'Opéra attend Hélène Grimaud, dont la présence est une évidence tant ce pays lui ressemble.
Au soleil couchant, les temps se mélangent et les époques fusionnent sans que cela n'émeuve grand-monde.
Et lorsque quelques nuages teintent la baie de belles variations de gris, la douceur demeure.
Le temps d'une escapade sur le Harbour Bridge, pour se frotter aux barres métalliques et au bleu du ciel.
Ces lignes et ces couleurs rappellent quelque chose...
...des lignes droites, du noir profond, du bleu...
...Soulages s'est invité sur le Harbour Bridge. Il est le bienvenu, le pays est à sa mesure.
00:05 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jo, jeux, sydney, rio, baie, mer, vacances, voyage, australie, peinture
05/08/2016
COUPLES
Comme dans une toile de Sisley, un dimanche au bord de l'eau, un instant de paradis pour les couples.
Qui trouvent également leur bonheur, comme le chantait Brassens, sous un coin de parapluie.
Faut-il se ressembler pour s'assembler ? si l'on regarde autour de soi, la réponse est plus souvent positive que l'inverse. L'attirance des contraires ne court pas les rues.
Même si l'on peut se ressembler sans s'assembler. Après le selfie qui fait tourner le dos à ce que l'on veut voir, voici la communication qui engendre le repli sur soi. Mais peut être sont-ils en train d'échanger par messagerie. Tant que le virtuel fera battre des coeurs, il n'aura de virtuel que le nom.
On peut encore voir surgir cette impatience bondissante qui saisit le couple, entre chien et loup...
La capacité d'étonnement est une vitamine précieuse, même elle fait parfois de vous un ahuri sidéré.
Un ange passe...
...il doit être en vacances...
...et taquin il jette un voile d'ombre sur le mystère du couple.
03:10 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : couple, rue, voyage, vacances, photo, melbourne, sydney, australie
04/08/2016
WOMEN II
Ici, il y a des femmes kangourous. Beaucoup. On les remarque davantage que les femmes opposums, qui sont présentes aussi.
Et les femmes-rhinocéros.
Et puis il y a la louve qui fait le tour du monde. Et entoure le monde de musique.
Elle vous fait perdre tout sens de la réalité.
Mais cela fait bien longtemps que les artistes ont montré que la réalité n’existe pas. Il n’y a que des représentations.
Et ces représentations vous mènent par le bout du nez.
Pas de liberté sans imaginaire.
02:01 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vacances, voyage, australie, melbourne, photo, femme, women, représentation, image
03/08/2016
WOMEN I
Une jeune fille regarde le labyrinthe de sa condition. Elle hausse les épaules. Puis revient devant la grande fresque. Ses épaules tressaillent. Elle sait qu'il lui faudra trouver le chemin. Elle n'est pas pressée.
Elle prend le temps de lire. Elle sait que lire c'est vivre. Comme écrire. On lui répète le contraire. Elle n'en croit pas un mot. Elle s'en fout.
Elle aime les photos, la liberté ou plutôt les libertés. Toutes. Celle de faire ce qu'elle veut de son corps aussi. Mais pas ce qu'on lui demande.
On a voulu lui apprendre la patience. Elle a grandi trop vite. Mais en fait elle n'a pas grandi. Personne ne le voit. Elle porte la clandestinité en bandoulière. Personne ne le voit non plus. Elle relit souvent la lettre volée.
Elle perçoit parfois des regards. Le plus souvent elle s'en moque. Elle est rapide. Elle marche vite. Très vite. Elle engendre un flou qui n'est pas le sien. Elle sourit. Elle se souvient que le pouvoir se loge dans les zones d'incertitude. Elle accélère le pas.
Connectée juste ce qu'il faut. Moderne avec modération. Identités multiples garanties.
Elle connaît le théâtre social, la maman et la putain, les jeux de rôle. Le regard est lucide et bienveillant. Le plus difficile.
Elle fait souvent peur aux hommes. Elle est un scandale vivant. Elle marche librement.
00:05 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : femme, jeune, fille, homme, ville, vacances, voyage, australie, melbourne
02/08/2016
Les apôtres et les autres
Au Sud de l'Australie, on peut aller à la rencontre des 12 apôtres. Ces pans de falaise découpés par la houle, sculptés par les vents, érodés par l'acidité du sel, déchirés par les tempêtes, promis à une disparition prochaine, lorsque le temps et les éléments auront arasé ces excroissances éphémères.
Ephémères car il suffit de se mettre à la véritable échelle du temps. Celle de l'histoire ou celle du temps géologique. Pas facile à l'époque des chaines d'actualités en continue et du robinet permanent de l'information qui sanctifie le présent et abolit toute dimension temporelle. Les douze apôtres nous rappellent que la pensée se déploie dans le temps et qu'elle n'est rien dans l'instant.
A la National Gallery de Melbourne, on peut prendre le temps devant un autoportrait aux douze apôtres de Greg Semu. Cette photographie grand format appartient à la série "The last cannibal supper...cause tomorrow we become christians". Elle illustre avec humour la tragédie de l'évangélisation des populations du pacifique et donne un écho particulier aux paroles du Pape François.
Tous ceux qui estiment que les migrants devraient abandonner à la frontière leur culture, leurs habitudes, leurs repères et s'assimiler illico-presto, pourraient s'essayer au temps long et se souvenir de la manière dont l'évangélisation a respecté les cultures locales en Amérique, Afrique ou Océanie. Dire cela ce n'est pas égaliser les cultures ni les valeurs. Encore moins établir une quelconque culpabilité, chacun n'est comptable que de ses actes, pas du passé. Mais ce n'est jamais en niant le passé que l'on peut penser, et agir, dans le présent.
00:05 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : apôtres, religion, culture, christianisme, évangélisation, intégration, assimilation, politique, art, photographie, australie
01/08/2016
MEN
Je cherche l'homme, criait Diogène avec sa lanterne en plein jour dans les rues d'Athènes. Mais il ne voyait que des hommes. Avec moins d'humour, encore que, Sartre se considérait comme un homme, fait de tous les hommes, qui les vaut tous et que vaut n'importe qui. Egalité vs diversité.
Pas simple d'échapper aux représentations quand elles te sautent au visage. La conformité : confort et infirmité.
Pourtant, l'homme ce rêveur définitif. Avec la part de rage des rêves inassouvis.
Les pétages de plombs offrent des pétales de plomb. La paix n'est pas un état naturel.
Et l'histoire ne s'arrête jamais.
Il faut que tu boxes. Une seconde, à peine, pour reprendre ton souffle, et vamos, tu marches.
Car quel homme résiste à la tentation de faire le malin.
Celui à qui on ne la fait pas.
Et qui écrit son nom partout.
02:56 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyage, vacances, homme, photographie, australie
31/07/2016
On the road again
"It's three thousand miles to nowhere, we have a full tank of gas, half a packet of cigarettes, it's dark and we're wearing sunglasses... HIT IT!"
01:42 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyage, vacances, australie, melbourne, route
29/07/2016
De l'autre côté
Comme Alice, la tentation d'aller de l'autre côté est parfois trop forte pour y résister. Mais que trouve-t-on de l'autre côté ? des grands espaces...
...le miroir et son double...
...l'or du temps, ou quelque chose d'approchant...
...et la preuve que Dieu la bière existe ! Bottom's up !
16:46 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vacances, voyage, alice, wonderland, paysage, photo
23/07/2016
Quant tu aimes il faut partir...
C'est un conseil de Blaise Cendrars, qui ne tenait pas en place et n'avait guère besoin de justifications pour tailler la route. Peut être la crainte de perdre la liberté pour une belle geôlière, comme le chantait Moustaki. Reste la solution d'embarquer la susdite, et le tour est joué.
Le paradoxe, c'est que ce blog pourrait bien s'en trouver revitalisé. Blaise Cendrars savait bien que l'envie d'écrire et l'envie de départ étaient les deux faces d'un même désir. Bon, assez causé, on y va.
23:17 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : vacances, départ, littérature, centreras, voyage
27/12/2015
JOYEUX LEON !
Et que la force soit avec vous !
10:56 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (1)