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22/04/2010

Baiser mortel ?

Le projet de décret relatif aux OPCA qui sera examiné le 23 avril par le CPNFPTLV traduit la persistante suspicion de l'Etat envers les OPCA. On ne veut pas parler des obligations de transparence qui figurent dans le décret : que les OPCA publient leurs règles de prise en charge, la liste des 20 organismes de formation qui reçoivent le plus de financements ou encore qu'ils publient leurs comptes, rien que de très normal et les partenaires sociaux auraient du avoir la bonne idée de faire tout cela avant que l'Etat ne le leur impose.

Plus discutable par contre est la COM : convention d'objectifs et de moyens conclue entre l'Etat et chaque OPCA pour trois ans. Dans tout contrat qui se respecte, les parties souscrivent des engagements réciproques. Or, ici il n'y a d'engagement que pour l'OPCA ! l'Etat lui se réserve de procéder à des mises en demeure dans la digne tradition de l'unilatéralisme administratif qui prescrit et ordonne. La République a décidément du mal à se départir de monarchiques attitudes et habitudes. Pour l'OPCA qui n'atteindrait pas les objectifs, le contrat devient ainsi l'instrument de sa perte. La signature de la COM pourrait donc ressembler au baiser mortel désignant le futur disparu.

Le_baiser_1925_259X348_PicassoJuanLesPins.jpg
Picasso - Le baiser - Juan les Pins - 1925

La vision réductrice de l'administration transparait également dans l'approche des frais de gestion : sont considérés comme tels à la fois les frais de collecte, les frais de gestion des dossiers de financement et les services apportés aux entreprises sous forme de conseil ou de diagnostics de compétences. C'est faire masse de coûts qui n'ont pas grand chose à voir entre eux. Si les frais de collecte et de gestion doivent être plafonnés et considérés comme des frais de fonctionnement, les coûts d'information, de conseil et d'accompagnement sont des prestations en nature qui bénéficient aux entreprises au même titre que les financements de formation, qui sont eux des prestations en espèces. Il y a ainsi une supercherie précautionneusement entretenue à traiter de la même manière ce qui relève du fonctionnement et ce qui relève des prestations en nature.
Mais après tout, rien de bien surprenant de la part de l'Etat qui agit conformément à sa nature. Quant aux partenaires sociaux qui trouvent que la férule est sévère, ils ne tenaient qu'à eux de se libérer du joug étatique en négociant le passage à une obligation conventionnelle et non plus fiscale de financer la formation. Qui refuse l'autonomie est mal venu à se plaindre d'être soumis.

Commentaires

"Ils ne tenaient qu'à eux de se libérer du joug étatique en négociant le passage à une obligation conventionnelle et non plus fiscale de financer la formation".... si l'État le veut bien.

Cordialement,

Écrit par : F.F | 22/04/2010

Si dans une négociation on attend que l'autre veuille bien avant de prendre une position, on est pas vraiment arrivé. Il faut déjà être capable de dire ce que l'on veut avant de pouvoir le revendiquer. Attendre que l'Etat le veuille bien c'est d'une part se déresponsabiliser et d'autre part continuer à tout attendre de l'Etat.

Maintenant si votre propos est de dire que le passage à une obligation conventionnelle suppose que l'Etat enlève sa main de la fiscalité, c'est tout simplement l'ouverture proposée par la lettre de juillet 2008 de Christine Lagarde aux partenaires sociaux. La balle était bien dans leur camp et pas dans celui de l'Etat. Ils ont fait le choix de rendre le ballon, tout en râlant qu'on le leur ait confisqué !

Cordialement

jpw

Écrit par : jpw | 22/04/2010

Effectivement, mon propos concerne les deux hypothèses.

L’Etat, en tant que pouvoir exécutif, "avait bien voulu" que les partenaires sociaux négocient sur le niveau pertinent d’une obligation légale, voire l’intérêt d’une suppression totale ou partielle de celle-ci, au bénéfice d’une obligation négociée librement….mais si la suppression avait été décidée par ces derniers, encore faut-il que l’Etat, en tant que pouvoir législatif, "veuille bien" valider cette suppression.

Dans tous les cas, la formule "si l’Etat le veut bien "…fonctionne.

Par contre, il aurait été (me semble-t-il) plus intéressant de nous donner une réponse à la question : "pour quelles raisons les partenaires sociaux ont rendu le ballon à l’Etat ?".

Au plaisir de vous lire...

Cordialement,

Écrit par : F.F | 22/04/2010

Tout simplement parce que ni côté patronal ni côté syndical il n'y avait accord sur ce sujet. Le MEDEF et la CFDT étaient plutôt pour, la CGPME opposée (plutôt la loi qui impose des charges que l'on peut dénoncer qu'un accord qui en assume la responsabilité) et la CGT également (la loi par principe est préférée par la CGT a des accords au nom d'une meilleure garantie). Pour les autres organisations syndicales, il me semble qu'elles auraient pu opter pour le régime conventionnel.

Quand à la formule "le veuille bien" il faut aussi dans certaines occasions savoir aller au rapport de force et ne pas attendre le bon vouloir.

Cordialement

jpw

Écrit par : jpw | 22/04/2010

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