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21/04/2009

Le rêve

Karel de Stoute, autrement dit Charles le Téméraire, rêvait d'un empire sur lequel le soleil ne se couche pas. Ce rêve, Charles Quint son petit-fils le réalisa. Pierre d'Aragon rêvait d'une terre d'Oc unifiée dans laquelle les Pyrénées ne seraient plus une montagne frontière mais au contraire l'union des plaines qui l'entourent. Tous les deux moururent sur le champ de bataille, orgueilleuse manière de donner corps à la rêverie.

Dans un autre domaine, on se souvient de Claude Bébéar emmenant le top management d'Axa dans le désert du Ténéré en 1986 pour jeter les bases de la croissance de la compagnie d'assurance, devenue une aventure mythique pour les participants.

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André Masson - Je rêve

On peut préférer deux autres exemples fameux. Le serment de Koufra du Maréchal Leclerc qui se promit de faire flotter ses couleurs sur la cathédrale de Strasbourg, et qui le fit après avoir été le premier libérateur de Paris. Et surtout la phrase de Pierre-Georges Latécoère, béarnais de naissance et toulousain d'adoption, qui avant de lancer la construction de ses avions et d'ouvrir les lignes transatlantiques, réunit le personnel de ses usines pour déclarer : 'Les calculs de mes ingénieurs sont formels. Le projet est irréalisable. Il ne nous reste donc plus qu'à le réaliser".
Le rêve est non seulement nécessaire à toute entreprise, mais il est sans aucun doute la condition de base de sa réalisation. Quel est le rêve de votre organisation ? et le vôtre ?
Ah au fait, la devise de Charles le Téméraire était : "Je l'ai entrepris".

01/04/2009

Karel de Stoute, violent et raffiné

La ville de Bruges présente une exposition d'une richesse historique, esthétique et culturelle extraordinaire : Karel de Stoute (Charles le Téméraire) ou les Splendeurs de la Cour de Bourgogne. Ayant la volonté d'unir toutes les Flandres et tous les flamands, et bien au-delà, Karel de Stoute dessina le rêve qu'accomplit à sa suite Charles Quint : celui d'un empire sur lequel jamais le soleil ne se couche. Rêve de tous les dictateurs fous, dira-t-on et pléonasme par dessus le marché. Mais le plus étonnant n'est pas là. Il est dans l'ambivalence de Karel de Stoute. Elle s'exprime d'une part par l'immodérée promotion de toutes les formes d'arts, dont la tapisserie des mille fleurs constitue l'un des meilleurs exemples de ce que les Flandres ont pu produire de raffiné.

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Tapisserie aux mille fleurs - Bruges - 1466

Et d'autre part, par le fait que Karel de Stoute fut un guerrier redoutable et n'hésita pas à massacrer, pendre et noyer des garnisons entières quand ce n'est raser des villes, telle celle de Liège à l'hiver 1468 qui finit en horrible chasse à l'homme. L'époque n'était pas, à vrai dire, à la demi-mesure comme en témoigne le tableau de Gérard David représentant un juge corrompu écorché vif. La scène est certes tirée de l'histoire pour être transposée à l'époque de sa réalisation, mais elle correspond à une pratique encore en vigueur jusqu'au XVIIIème siècle.
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Gérard David - Le jugement de Cambyse - 1495

Cette juxtaposition de violence et de raffinement interroge sur l'ambivalence de Karel de Stoute, mais au-delà de chacun d'entre nous. Elle invite à réfléchir aux contradictions que chacun porte en lui et peut être même à penser que la vérité de l'individu réside profondément dans la manière personnelle qu'il a de faire vivre les contraires qui l'habitent.