20/03/2012
En situation
En exergue de ce blog figure la définition la plus courte et la plus juste de la compétence, imaginée par Pierre Villepreux. La compétence définie en deux mots : intelligence situationnelle. Ces deux mots renvoient à deux dimensions. La première, l'intelligence de la situation. Etre compétent c'est d'abord poser le diagnostic juste sur la situation pour en déduire l'action à conduire. Rapidité et fiabilité du jugement sont les piliers de la compétence qui permettront l'acte juste, dont il sera nécessaire de maîtriser la technicité, sans laquelle il n'y a guère de liberté d'agir. Et quant à l'action, Pierre Villepreux a toujours été persuadé que le beau jeu était également le plus efficace (ceux qui ne goûtent pas le rugby en auront l'illustration avec Lionel Messi et l'équipe de Barcelone). L'intelligence de la situation c'est donc la compréhension de la manière dont on doit utiliser les moyens dont on dispose pour agir efficacement, ce qui conduira souvent à la beauté du geste professionnel maîtrisé.
La deuxième dimension de l'intelligence situationnelle, c'est de se savoir en situation. De ne pas être dominé par le rôle que l'on joue, de ne pas en être dupe, mais de le jouer professionnellement. Et donc d'avoir le recul nécessaire à la réalisation impliquée et distanciée de l'action, car l'engagement ce n'est pas nécessairement de mettre ses tripes sur la table, mais au contraire de savoir en toute lucidité ce que l'on fait et pourquoi on le fait. L'engagement est une volonté qui se sait volonté. C'est en cela que Villepreux est profondément Sartrien : les joueurs sont libres et exercent cette liberté par leurs choix qui sont nécessaires, ils agissent et font les choix en situation, ils sont ce que sont leurs actes car le faire est révélateur de l'être. Et comme Sartre, Villepreux pense que l'homme est à inventer chaque jour.
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06/06/2011
Première fois
Mieux que les marroniers des journalistes, il y a les thématiques manageriales. Elles reviennent en toute saison, sont indémodables et peuvent être commentées à l'infini. Mais celle qui demeure l'énigme absolue, plus que celle d'Oedipe, c'est la motivation. Qu'est-ce qui fait que l'on se met en mouvement ? qu'est-ce qui conduit à s'investir dans une activité parfois au-delà du raisonnable, qu'est-ce qui allume la flamme tous les matins ou au contraire l'empêche d'éclore ? toutes les théories de la motivation ont pu fournir des bouts et morceaux de réponse, mais peu de certitudes. Peut être parce que la question est résolument individuelle ? peut être. Si la question de la motivation peut ainsi se poser un lundi matin, c'est du fait de deux évènements sportifs survenus ce week-end.
Comment le Stade Toulousain peut-il rester motivé pour aller au bout de l'énergie d'arracher un 18ème titre de champion après avoir été mené pendant 70 minutes (sur 80). Comment l'entraîneur peut-il conserver cette envie formidable de victoire alors qu'il a conquis 9 titres de champion et 4 coupes d'Europe ? Autre lieu, autre sport, Rafael Nadal a remporté son 6ème tournoi de Roland-Garros. Quel mental faut-il avoir pour mettre autant d'énergie dans chaque balle frappée et avoir de l'énergie encore, couronnée par un désir de victoire qui forge une volonté aussi inflexible que les reins d'un danseur de flamenco.
Peut être qu'une des raisons est à rechercher du côté du plaisir. Et peut être qu'une autre est de faire partie de ceux pour qui la 10ème, la 100ème ou la 1000ème fois est fondamentalement vécue, toujours, comme une première fois. Et peut être que ces deux raisons n'en font qu'une. Bonne semaine à tous.
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04/04/2011
Liberté de marcher (et de rêver)
Le panneau est, à première vue, plutôt sympathique. Une invitation a profiter des premiers beaux jours, un appel à s'étendre au soleil, une offre de première herbe de printemps. On se dit que nous voilà en terre accueillante, courtoise, attentionnée et soucieuse de notre bien être. C'est là que le doute commence à s'instaurer dans un vieux réflexe anarcho-libertaire : toujours se méfier de ceux qui veulent votre bonheur avant de vous avoir demandé votre avis. Et le doute se transforme en effroi, laquelle trouve sa résolution dans l'action : arracher le panneau pour ne pas tomber dedans.
Pourquoi l'invite à fouler l'herbe fraîche serait-elle un piège ? parce qu'elle nous laisse penser que l'autorisation est nécessaire pour faire, ce qui signifierait que le principe est l'interdiction. Si l'on doit être autorisé à marcher sur les pelouses, à quand l'autorisation de marcher sur les allées, de respirer l'air frais et de profiter des rayons du soleil ? l'autorisation donnée n'a de sens que si le principe est l'interdiction. Ce qui serait une redoutable inversion de tout notre droit. Heureusement que le principe est l'inverse : la liberté prime par principe et ne suppose pas de texte particulier pour être instaurée. L'interdiction est l'exception et nécessite un texte.
Ne vous laissez pas impressionner par qui vous demande où est le texte qui vous autorise à faire ce que vous voulez. Demandez lui où est le texte qui l'interdit. Et pendant qu'il cherche, ménagez vous une petite sieste dans l'herbe, juste en face du panneau d'interdiction de marcher sur les pelouses : il n'est pas interdit d'y rêver.
00:05 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT, TABLEAU NOIR | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : liberté, droit, travail, pelouse, printemps
21/02/2011
D'une main de maître
Un artiste a nécessairement une technique, si ce n'est de la technique. Il maîtrise des manières de faire qu'il a mises au point par apprentissage, copie, emprunt, recherche, découverte,...Il créé son propre alphabet. Mais cela ne suffit pas à faire un langage. Toute la question est dans l'utilisation de cet alphabet. Pour quoi faire et pas seulement comment faire. Car le comment n'est pas ce qui caractérise le plus l'artiste, dont les techniques sont reproductibles. Quel que soit le talent du maître, l'oeuvre est reproductible dès lors qu'elle est produite. Vous en doutez ? regardez plutôt :
Artiste chinoise et la reproduction du Pape de Bacon
Photo : Michael Wolf
Qui a peur de l'ogre chinois, appréciera les thèmes choisis par ces jeunes filles de Pékin pour exercer leur art de la copie.
Artiste chinoise et copie de Saturne dévorant ses enfants de Goya
Photo : Michael Wolf
Si le travail des jeunes copistes est un travail d'artiste, celui de l'artiste est donc autre chose, au-delà de la technique. Quoi ? ce qui est à la base de toute création dans tout domaine, la condition sine qua non pour que surgisse la vie, je veux parler de la capacité d'imagination. Produire, reproduire, apprendre à faire, tout cela est parfait, mais ce qui fait l'individu ainsi que ce qui fait, au plan collectif, une société, c'est sa capacité d'imagination. Et cela, la main de maître n'y suffit pas.
10:04 Publié dans TABLEAU NOIR, TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : copie, peinture, chine, goya, bacon, michael wolf, imagination, management, ressources humaines, formation, éducation
30/12/2010
Transmettre n'est pas toujours la solution
Au départ, une équation simple : la passe fait courir le ballon plus vite que le joueur. Si l'on veut accélérer le jeu et prendre de vitesse l'adversaire il faut donc transmettre. Tel est le principe autour duquel s'ordonne, depuis des décennies, le jeu des toulousains. Passe avant contact, après contact, jeu debout, redoublements, soutien permanent, un collectif au service de la vie du ballon et du jeu et de la transmission donc. Laquelle ne vit pas que sur le pré. Depuis toujours, le club a des entraîneurs qui ont été joueurs au club, et souvent formés par lui. Tradition jamais remise en cause qui a permis le développement d'une culture du jeu en mouvement, de la polyvalence, de la compétence, de la performance individuelle au profit du plaisir collectif à travers les générations. Ecoutons l'ancien capitaine Jean-Pierre Rives : "Le Stade Toulousain c'est la maison de beaucoup de monde" et le plus récent capitaine Fabien Pelous : "La plus grande fierté de ma vie est d'avoir été acteur d'une histoire qui est celle de toute une région". Voilà comment, loin d'un chauvinisme aux relents de nationalisme rabougri et étriqué, s'exprime un régionalisme ouvert, partagé et qui inscrit sa volonté de gagner dans celle de donner et non de prendre.
Vive la transmission donc ? pas si sur. Car ce qui pour le Stade Toulousain s'est avéré une clé du succès, peut tourner au désastre comme nous le démontre quasi-quotidiennement le cyclisme.
Raymond Moretti - Rugby à Toulouse
Le cyclisme est en effet géré par d'anciens cyclistes. Les dirigeants d'équipes, les entraîneurs, les organisateurs aussi le plus souvent, sont d'anciens professionnels voire d'anciens champions. Le maintien d’un circuit fermé a cultivé et développé la culture du dopage, de l’excuse toute prête et les comportements paranoïaques. Aucun grand champion ne s'est jamais totalement et véritablement exprimé sur les pratiques en vigueur dans le milieu et sur tout ce que les coureurs, amateurs compris, savent. L'omerta est totale car maintenue sans faille par l'ensemble de la famille cycliste qui, comme beaucoup de familles, croit à tort que pour rester soudée il faut taire les secrets, souvent de polichinelles.
Faute d’apport extérieur, de rupture historique, la même culture a pu prospérer et imprégner l’ensemble du milieu.
Pour le Stade Toulousain, le bon choix aura été, et reste, de privilégier une continuité faite d’ambition et d’humilité, pour le cyclisme, le bon choix eût été, et reste, une radicale rupture et une table rase que chaque jour qui passe rend plus difficile.
Une même pratique pour deux aboutissements radicalement opposés. Voilà qui met un peu de plomb dans l’aile aux recettes manageriales prêtes à l’emploi : la bonne méthode, c’est celle qui a un moment donné correspond à une situation, un contexte et un objectif. L’entreprise n’existe pas, il y a des entreprises et des femmes et des hommes qui la font vivre.
00:05 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, TABLEAU NOIR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : management, ressources humaines, stade toulousain, cyclisme, dopage, transmission, seniors, emploi, culture
23/11/2010
Point d'archimède
J'ai toujours été impressionné par l'image d'un enfant faisant voltiger un homme corpulent, par le seul effet d'un bras de levier. La découverte du point d'archimède a été une révélation a plusieurs égards.
En premier lieu, le point d'archimède vérifie que si la réflexion ne doit pas entraver l'action, le temps pris pour comprendre et analyser un problème n'est jamais du temps perdu. La qualité de l'action dépend souvent de la qualité du diagnostic.
En deuxième lieu, il ouvre des horizons et rend possible ce qui semblait ne pas l'être. Ce qui paraît naturellement impossible, qu'un bambin renverse un homme adulte, le devient dès lors qu'il agit de manière adéquate.
En troisième lieu, le point d'archimède démontre que la sophistication de l'outil n'est pas une condition de son efficacité. Voilà de quoi soulever le monde pour peu que le point d'appui soit judicieusement choisi.
Et la quatrième leçon que je tirais du point d'archimède est une remise en question des hiérarchies dites naturelles. Pourquoi l'adulte aurait-il raison de l'enfant ? dans certaines situations, la balance penche du côté inattendu. Fi des statuts, des fonctions et des intentions, c'est au moment de la mise en action que l'on voit qui a choisi le bon côté et le meilleur levier pour agir.
Certes l'action en ressources humaines n'est pas mécanique, mais ce n'est pas une raison pour se priver de faire des bons diagnostics, de rendre possible ce qui semblait inatteignable et le tout en utilisant des outils simples. Mais alors, gare à l'ordre établi ! et c'est pourquoi l'on ne répéta pas trop qu'il suffisait d'un bon levier.
10:14 Publié dans PEDAGOGIES, TABLEAU NOIR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : point d'archimède, ressources humaines, diagnostic, levier, pédagogie, formation
27/10/2010
Savoir d'expérience
« Moi je sais de quoi je parle, j’ai l’expérience ». Les sources de la légitimité personnelle sont nombreuses : dans notre pays la légitimité par le diplôme, ou plus encore par l’école fréquentée, est un peu envahissante. Il n’en reste pas moins qu’elle ne cède pas totalement à la légitimité par l’expérience. Bien plus ancienne, elle possède son icône : Saint-Thomas qui y met les doigts pour constater que le Christ mort est bien ressuscité.
Le Caravage - L'incrédulité de Saint-Thomas - 1602
Ainsi, seule la vérification « de visu » (« de manu » en l’occurrence pour Saint-Thomas), permettrait d’établir la vérité. L’expérience directe comme seule source valide du savoir. Cette légitimité admise est pourtant discutable car elle fait fi de la transmission et des limites de l’expérience directe, sans parler des autres manières d’accéder au savoir.
De la transmission il convient d’ailleurs de se moquer : n’est-il pas ridicule l’homme qui a vu l’homme, qui a vu l’homme, qui a vu l’ours, et qui n’a pas eu peur. Coupé de l’expérience sensible immédiate, le savoir s’étiole. L’idée de l’ours n’est pas plus l’ours que la représentation de la pipe par Magritte ne se fume.
Magritte - La trahison des images - 1929
Pourtant, la transmission loin d’être une déperdition du savoir peut contribuer à son enrichissement dès lors que l’enseignant n’abreuve pas l’enseigné mais construit un dialogue avec lui. Et à partir de ce cadre, il est possible de s’ouvrir à d’autres formes de savoir (la lecture, l’enquête, la recherche, l’échange, la réflexion, la méditation y compris la méditation poétique qui sont autant de sources de connaissance). C’est pour cette raison que les rugbymen font du tableau noir et des séances vidéos : parce que l’expérience du match est insuffisante à elle seule pour parfaire leur savoir. Merci à eux de nous apprendre que l'expérience est indispensable mais insuffisante. Et qu'un grand entraîneur n'a pas forcément été un grand joueur.
Matta - O tableau noir - 1991
La seconde limite est dans le credo de nos sens. Ce que nous voyons, ce que nous percevons, ce que nous entendons, ce que nous touchons, ce que nous goutons passe à l’inévitable tamis de notre personnalité : tel palais éduqué au goût n’aura pas la même sensation que celui qui ne prend guère le temps d’apprécier les aliments rapidement engloutis. Et l’on comprend que l’expérience directe condamne au relativisme à l’infini et qu’il faut dépasser la perception individuelle pour parvenir à une quelconque vérité. En d’autres termes, la vérité de chacun est le meilleur ennemi non seulement de l’établissement de quelques certitudes mais également de la production du savoir. La connaissance, en effet, ne peut croître et se développer que si chacun accepte d’amener son expérience personnelle dans le débat pour mieux apprendre à la dépasser. Jésus l’avait d’ailleurs compris qui répondit à Saint-Thomas l’incrédule : “Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru !” ».
00:40 Publié dans PEDAGOGIES, TABLEAU NOIR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : matta, savoir, expérience, éducation, pédagogie, formation, caravage, peinture, art, magritte, jésus
18/10/2010
Pensée non linéaire
Benoît Mandelbrot est mort jeudi 14 octobre 2010. Il est officiellement, depuis 1974, le père des mathématiques fractales. De quoi s'agit-il ? de mathématiques non linéaires qui reposent sur le principe de l'homothétie ou auto-similarité. En d'autres termes, il s'agit d'identifier des objets dont chaque partie a la même forme que le tout. Et Mandelbrot découvre ces objets et leurs propriétés à la fois par la recherche mathématique, mais aussi par l'observation de la nature : les arbres, les fougères, les alvéoles des poumons, les vaisseaux sanguins, autant d'objets fractals. Esprit curieux, joyeux et ouvert, Mandelbort remarque une fractale dans une peinture japonaise du 19ème siècle, aujourd'hui oeuvre majeure de l'art oriental : la vague, d'Hokusai.
Hokusai - La Vague - 1831
La fractale apparaît dans l'écume de la vague, motif répété qui reproduit la vague elle-même. Mandelbrot affinera ses recherches pour parvenir à une représentation graphique de ses théories qui ne manque ni de puissance d'évocation ni de poésie.
Fractale de Mandelbrot
Les fractales, qui illustrent la théorie de la rugosité ou les mathématiques non linéaires, permettent de comprendre des situations ou des phénomènes naturels, qui ne sont pas appréhendés, ou mal, par les théories qui postulent la régularité des séries, moyennes ou évènements. Leur représentation graphique offre une nouvelle image de la nature, de la pensée et de la vie.
Ensemble de Julia
Mandelbrot aimait la vie, goulument et joyeusement. Il était salarié d'IBM à l'époque de la grande puissance de la firme. Il a réalisé ses découvertes parce qu'il a su sortir du raisonnement disciplinaire et s'est autorisé à faire des relations entre des domaines, des observations, des pensées qui n'ont, a priori, pas de lien entre eux. Il a ouvert largement de nouveaux horizons par un braconnage hors des sentiers battus et une aptitude à la rêverie poétique. Les représentations graphiques des fractales produisent des oeuvres d'art. Mandelbrot présidait tous les ans un concours de représentations graphiques des fractales. En 2009, il termina son discours par ces mots : "Rien n'est plus sérieux que le jeu. Jouons !". Bien éloigné de la vision doloriste de la vie et du travail, un beau programme pour un lundi.
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27/08/2010
C'est pas du velcro !
Rien n'y faisait : les avertissements, mises en garde, démonstrations, illustrations, rien. Il ne servait à rien de dire aux étudiants que les ressources fhumaines ce n'est pas magique et qu'il ne suffit pas d'être enthousiaste, proactif, motivé, passionné pour réussir ses projets. Parfois même au contraire. Malgré tous les discours, invariablement les plans d'action des étudiants comportaient la phase cruciale de la communication : pour garantir la pleine réalisation du projet, il sera important de bien communiquer auprès des salariés et des managers pour leur expliquer les objectifs, les moyens et les résultats. Avec cette communication nous obtiendrons l'adhésion de tous. Sauf que non. Ni l'énergie du porteur de projet, ni la meilleure communication qui soit ne suffiront à transformer les salariés en bande velcro qui adhère de manière automatique. L'écueil n'affecte pas que les étudiants. Combien de responsables effondrés, découragés ou pire aigris, qui ne comprennent pas pourquoi tout leur investissement, toute leur sincérité, tous les efforts fournis ne rencontrent que peu d'échos.
00:05 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT, TABLEAU NOIR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : management, pov, père noël, humour, dessin, bd, ressources humaines, formation
08/02/2010
Improvisation organisée
La chronique de vendredi dénonçait l'improvisation à laquelle donne lieu la mise en oeuvre de la réforme de la formation professionnelle annoncée et préparée pourtant de longue date. A l'occasion de la première journée du Tournoi des six nations, ce blog placé sous le signe de la culture rugby et de Pierre Villepreux, revient sur un sujet récurrent qui ne fait pas débat : l'identité des français, pour le monde du rugby, c'est le French Flair (informons Besson que le débat est clos et que s'il devait être réouvert ce serait sur les identités et non l'identité). Oui d'accord, mais qu'est-ce que le French Flair : historiquement, l'expression est due au journaliste anglais Pat Marshall qui l'utilisa en 1963 pour caractériser l'inspiration des attaquants (qui sont à l'arrière, contrairement au football, car l'attaque est une intention et une volonté qui vient de loin) français. Le French Flair serait donc l'art de l'improvisation. Oui mais alors au sens de l'improvisation organisée du Jazz.
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15/07/2008
Les hommes ou le système...ou les deux
Notre actuel Ministre des Sports, pourtant originaire du Sud-Ouest, n’aime pas la culture rugbystique toulousaine basée sur un système mis au point par Robert Bru, puis développé par Villepreux, Skrela puis Novès. Son reproche : le système lui-même. Le rugby doit être une affaire d’hommes, une aventure collective faite d’aventures individuelles, de communions, d’affectif, d’analyse à l’emporte pièce autour de tables de bistrots, remises en cause par d’autres analyses le lendemain (forcément puisqu’ont été servis d’autres verres), tout cela n’ayant pas beaucoup d’importance car ce qui compte c’est avant tout les liens entre les hommes et la volonté d’agir ensemble. Et l’on comprend mieux qu’avec de telles convictions il ne soit pas à son poste par hasard.
Du côté de l’école toulousaine, le point de départ est bien différent : d’abord un projet de jeu, un principe fort. Celui que le jeu en mouvement est plus efficace que l’affrontement systématique, que l’intelligence dans l’utilisation de la balle est supérieure à la force brute même si elle peut s’y allier, que chacun doit mettre son talent au service du collectif, que la prise de décision et la responsabilité constituent la base du jeu.
Pour mettre en place ce plan de jeu, un credo : le joueur doit être intelligent. D’où les premières sports études de rugby au lycée jolimont de Toulouse, d’où l’exigence de poursuite d’études ou de penser sa reconversion dès son début de carrière, d’où l’ouverture des joueurs vers d’autres activités que le rugby, tout ceci au profit du développement de capacités d’adaptation, d’anticipation, d’intelligence et de prise de responsabilités. Le système prime, mais il ne tue pas les individualités. Il permet simplement que l’aventure ne s’arrête pas lorsque passent les hommes mais qu’elle puisse perdurer à travers une culture dont il était extraordinaire lors de la dernière finale du Top 14 de voir qu’elle peut être partagée par des Toulousains, des argentins, des néo-zélandais, des africains et tonguiens.
Toute organisation doit s’interroger pour savoir qu’elle est la part dans sa performance de la culture qu’elle a su générer et des individus qui la composent.
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29/02/2008
De l'expérience à la compétence
Jouer un match de rugby, c'est une expérience. Qui laisse souvent des traces. Mais lesquelles exactement, si l'on excepte les pommettes enflées par les poires et marmites égarées et les zébrures de crampons sur les parties charnues qui ont malencontreusement dépassé du regroupement ?
Pour ne pas laisser au hasard les fruits de l'expérience, le travail d'analyse et de décryptage des matchs se fait toujours plus précis : statistiques individuelles et collectives fournies quasiment en temps réel, actions et gestes clés identifiés et remontés en séquence continue, analyse vidéo du jeu sous plusieurs angles de vue, retours collectifs sur les phases de jeu, etc. On est loin du tableau noir habituel des entraîneurs profs ou même des paperboards à messages des entraîneurs managers communicants.
Après ce travail d'analyse viendra la modélisation, ou mise en place de principes de jeu sur des phases clés que l'on identifiera d'abord sur le papier avant de les répéter sur le terrain.
Sans ce travail d'analyse, de conceptualisation et d'appropriation du jeu, l'expérience du dimanche précédent risque de servir peu le dimanche suivant. L'expérience ne créé pas de la compétence de manière spontanée et naturelle. Elle n'est pas équivalente à la compétence.
C'est ce que certains candidats à une VAE ont du mal à saisir : il ne s'agit pas de mesurer un niveau de professionnalisme dans son métier et dans son contexte, mais de vérifier qu'il existe une maîtrise suffisante des situations de travail pour que la prise de recul, l'analyse et partant l'existence d'une véritable compétence puisse être attestée.
Si ce passage de l'expérience à la compétence peut s'effectuer de manière plus ou moins implicite chez les individus, qui veut générer de véritables effets prendra soin d'organiser le travail d'analyse et de prise de recul, conçus comme des étapes du parcours d'apprentissage. Et se souviendra que si le tableau noir est indispensable pour gagner les matchs, il n'est pas suffisant.
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